LIRE POUR L’ARMÉNIE

L’Anabase est un souvenir du lycée. Je n’ai jamais oublié « Thalassa! Thalassa! » et j’associe ce texte à une séance-diapos de veille de vacances où la prof nous avait montré l’expédition en Dauphine avec d’autres profs du lycée à travers la Turquie, Ephèse, mais aussi la Mer Noire « Thalassa! »…
A Yerevan, au Musée historique et au Musée D’Erebouni, les conférencières avaient abondamment cité Xénophon. Il était temps de revenir au texte.
Je n’ai pas tout lu. L‘Anabase raconte la retraite des Dix Mille – Grecs partis soutenir Cyrus dans la guerre contre son frère Cléarque – de Counaxa près de Babylone où il subi une défaite jusqu’à Trapezonte (Pont Euxin). Reporter de guerre mais aussi général, Xenophon a rapporté le plus grand reportage de guerre de tous les temps!
Comme il serait passionnant de poursuivre l’itinéraire des Dix Mille à travers l’Irak, le Kurdistan, Iran et Arménie, Géorgie et Turquie! Quoique la géographie moderne a morcelé le pays des Cardouques (Kurdes) et celui de l’Arménie. Les Grecs du Pont Euxin et du Caucase ont maintenant été « rapatriés » en Grèce (lire Kazantzakis) ….
Je me suis contentée des chapitres concernant l’Arménie pour vérifier les dires des conférencières enthousiastes! :LIVRE IV Ch III : Arrivés au bord du Centritès qui sépare l’Arménie du pays des Cardouques…. qu’est-ce donc que cette rivière? un affluent de l’Euphrate? Les Grecs passent à gué, Xénophon donne tous les détails….
Le ChIV : me plonge dans la perplexité « Les Grecs se rangèrent et se mirent e route à travers l’Arménie, pays entièrement plat.. »près des sources du Tigre, « où le satrape Tiribaze y avait un palais. » Les sources du Tigre seraient dans le Taurus et Tiribaze satrape de Sardes en Lydie. Nous voici beaucoup plus à l’ouest que je ne l’imaginais! Ou peut être la cartographie au 4ème siècle était-elle bien approximative? Dans cette Arménie plate les Grecs rencontrèrent une grande abondance de neige[….]qui tenait chaud aux hommes couchés » mon étonnement croît! – non pas que le haut plateau soit enneigé mais que cela puisse réchauffer les troupes. En revanche pas de trace de ski annoncé par la conférencière d’Erebouni. Les « vivres excellents…raisins secs, vins vieux parfumés, légumes de toutes espèces.. » concordent plus avec mes impressions d’Arménie.
Au ChV, les soldats peinant dans la neige furent pris de boulimie. Ils subirent aussi des conséquences plus graves : aveuglement dû à la blancheur de la neige, gelures et pieds gangrenés « que l’on combattait en se remuant sans jamais rester au repos et en se déchaussant pour la nuit ». Toutes ces remarques précises rendent la lecture passionnante.
C’est là qu’ils découvrent des habitations souterraines dont l’ouverture ressemblaient à un puits.J’ai autrefois en Cappadoce visité de grandes villes souterraines. « Il y avait aussi du vin d’orge dans des cratères.. les grains d’orge mêmes nageaient à la surface et il y avait dedans des chalumeaux sans nœuds, les uns plus grands les autres plus petits. Quand on avit soif, il fallait prendre ces chalumeaux entre ses lèvres et aspirer. Cette boisson était très forte si on n’y versait pas d’eau…. «
Autre détail charmant : l’histoire des chevaux arméniens consacrés au soleil. Le comaque apprit à Xenophon à envelopper de petits sacs les pieds des chevaux pour les mener dans la neige…
Ch VI : ;les Grecs arrivent au Phase que je connais : c’est l’Araxe. bientôt ils arrivent à la mer.
Le chapitre VII réserve encore une anecdote pittoresque : l’empoisonnement avec du miel!
J’ai eu bien du mal à retrouver sur une carte moderne le voyage des Dix Mille et je crois que l’époque n’est pas propice pour refaire cet itinéraire….entre guerre en Irak, frontières fermées, troubles en Turquie..mais je me suis régalée avec cette lecture rafraîchissante.




















