15ème jour – villages sur la route de Kalamata : baignades

CARNET PÉLOPONNÈSE ET CRETE 1999

eau limpide très tentante!

 

 

Pour la troisième fois, nous reprenons la route d’Aeropoli et, enfin nous nous faisons le détour pour voir le fort de Kélépha : il ne reste pas grand chose, un mur d’enceinte rectangulaire avec deux grosses tours rondes . Impossible d’imaginer les Turcs qui ont élevé cette forteresse qui domine le village d’Itylo et la mer.

Liméni est un très joli petit port/ Sa taverne est sur un plancher au dessus de l’eau. Nous faisons des photos d’une charmante église au toit crevé.

Nous remontons dans la colline pour visiter le vieux village d’Itylo avec ses belles maisons de pierre avec de vertes tonnelles. Les austères tours du Magne semblent loin.

village d’Itylo

La route de Kalamata longe la côte de très haut, les montagnes sont arides ; dans le petit matin elles sont violettes et roses. Nous suivons un panneau « beach »et descendons une pente très raide dans une forêt de chênes verts. Nous avons l’impression de foncer dans l’eau, c’est assez effrayant. Jolie baignade dans une eau transparente pour moi mais Dominique est si préoccupée par la remontée qu’elle n’en profite pas.

Le Guide Bleu promet monastères et églises le long de la route. De monastère, point. Les églises sont ravissantes, dispersées dans les oliviers ou sous les pins mais elles sont presque toutes sur le même modèle de briques mêlées à la pierre en jolis motifs de croisillons avec des toits de tuiles. Malheureusement elles sont toutes fermées.

Peu de ravitaillement, dans les épiceries de village rien qui nous convienne et pas de supermarché ni taverne. Nous descendons vers la mer. Au début nous sommes déçues, la plage est hérissée de rochers très pointus, et pas bien propre . Face à une chapelle toute blanche, deux maisons cubiques au toit de tuile en pyramide, tonnelle de vigne, nous trouvons enfin un endroit accessible.
Une femme coiffée d’un chapeau de paille est dans l’eau et bat ses tapis, elle parle toute seule.

Jour de lessive!

Encore une baignade parmi les algues, les poissons et les oursins, mais après le cap Matapan nous sommes blasées.

14ème jour – Le Magne

CARNET PÉLOPONNÈSE ET CRÊTE 1999

 

le Magne, rivage

 

Le Magne est la péninsule formant le doigt du milieu entre le golfe de la Laconie et le golfe de Messenie
Pour en faire la tour à partir de Ghythio, il faut traverser la péninsule au Nord en prenant la route d’Aéropoli. On traverse une région montagneuse faisant penser au Dévoluy. Je me  croirais au col de Saume. Au sud d’Aéropoli, la côte est découpée de falaises claires sur l’eau bleue.

Grotte de Dirou

9h  J’irai seule visiter la Grotte de Dirou, Dominique ne veut pas risquer sa claustrophobie. J’embarque avec deux familles d’Allemands sur une rivière souterraine dans une galerie éclairée artificiellement. Au début, on pense à la « rivière enchantée » du Pré Catelan, accompagnés par le bavardage incessant des Allemands. Rapidement nous traversons des salles plus hautes, hérissées de fins stalactites. Nous naviguons entre des colonnes, du plafond tombent des draperies. Je me laisse séduire par la beauté du spectacle. L’eau est très claire  c’était une promenade très cool.

Baignade

Belle plage à l’eau transparente. Au début je ne distingue aucune vie animale, puis je découvre un poisson plat sur le sable au fond, puis un Bernard-l’ermite.

Les tours du Magne

Tour du Magne

Vers le sud, se dressent  les villages fortifiés avec les hautes tours carrées souvent tronquées comme si on les avait écrêtées à la manière d’un œuf à la coque. De loin l’allure des villages est étrange.
Pour prendre des photos je ne suis pas inspirée, à 11 h du matin le soleil écrase tout, l’air est humide et les teintes grisâtres.

Un chemin qui mène à un port minuscule échancré dans la falaise.
La piste devient franchement mauvaise, la Fiat souffre. Nous aboutissons à une de ces fameuses tours rénovée (portail électronique), bifurquons à pied et découvrons une petite chapelle toute en coupole et en rondeur. La porte est entrebâillée les fresques sont en bon état : c’est une jolie surprise.

Dans l’oliveraie, les cigales stridulent en un vacarme assourdissant, de très grosses sauterelles mesurent près d’un décimètre, nous dérangeons des oiseaux, peut être les fameuses cailles de Bertrandon de La Borderie ?

Tours du Magne

Kita

Vantée par le Guide Gallimard pour ses six quartiers fortifiés, correspondant aux différents clans, nous déçoit un peu. Les « quartiers » sont des hameaux dispersés dans la campagne. Beaucoup de rénovations sont en cours. Au lieu de villages déserts, nous découvrons des tours flambant neuves avec grillages en fer forgé alarmes et grosses voitures. La poésie en a pris un coup !

Un souvenir littéraire me harcèle Avril Brisé de Kadaré, c’est exactement le décor que j’imaginais pour cette histoire lugubre de vendetta avec les tours de protections familiales. C’est peut être une erreur car le roman se déroulent en Albanie.
Les villages sont construits à l’écart des côtes, les attaques des pirates, des turcs, sont sans doute la raison de ce retrait.

Nous n’avons pas emporté de pique-nique. Impossible de se ravitailler ici. Il n’y a même pas de taverne sauf à Kita où je suis mal reçue (peut être ma tenue en short ne plaît pas ?) Dans la seule épicerie, il n’y a pas grand-chose. On achète la moitié d’un gros pain, un fromage, une tomate. Le fromage s’avère dur salé, immangeable. Pour trouver un coin pique-nique, nouvelle galère, il n’y a pas d’ombre. Après une heure nous finissons par trouver un banc en plein village. Il est deux heures, sous un soleil de plomb. L’air est saturé d’humidité, des nuages noirs s’amoncellent sur les sommets de la chaîne du Tagetes. Nous expédions notre maigre pitance et rentrons sous un ciel lourd dans une atmosphère étouffante.

Porto Kagio, le Port aux cailles des Normands

Un orage en juillet

Dès les premières minutes de la sieste, les cigales se taisent, les première gouttes tombent sur la vigne. L’orage gronde et la pluie dure une petite heure. Notre terrasse est trempée mais la terre sous les oliviers est toujours aussi sèche et poudreuse.

Le poissonnier m’a vendu deux grosses dorades grises, Dominique les couche sur un lit d’oignons et de citron et les fait cuire à l’étouffée dans une poêle avec un couvercle. Le résultat est excellent.
Après le dîner, Gina nous annonce qu’une pièce de théâtre se joue dans le théâtre antique.

Gythio : théâtre antique mais pièce moderne

Il y a beaucoup de monde le soir dans les rues de Gythio, en Italie on aurait appelé cela la passagiatta. Les rues latérales ne sont pas éclairées elles montent en pente très raide, nous demandons le chemin du théâtre à plusieurs reprises.
C’est un tout petit théâtre tout plat mais très bien conservé. Il est plein. Sur la scène le décor est très moderne et ingénieux : une sort d’échafaudage avec des anneaux de séparation suggère un immeuble avec ses différents appartements, les acteurs sont costumés XVII° ou XVIII° le public rit de bon, cœur

13ème jour – Gythio

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Gythio, vue de notre terrasse

 

Après les montagnes arides entourant Monemvassia  nous arrivons dans la plaine fertile de Laconie à l’embouchure de l’Eurotas. . Aux vergers d’oliviers et de figuiers succèdent les orangeraies et les cultures maraîchères. Les Tomates sont sous des serres de plastique, ce qui me laisse perplexe comme en Sicile.

Gythio

A la sortie de Gythio, nous découvrons le plus joli domicile qui soit. Nous occupons le rez de chaussée d’une maison adossée à la colline bâtie sur trois niveaux. Notre balcon  donne directement dans les oliviers. Pour y accéder nous descendons un des deux escaliers 39 marches de marbres sous une tonnelle à droite de bougainvillier, à gauche de vigne. Sur les marches des pots de basilic, de jasmins, d’hibiscus,  Nous disposons d’une sorte de balcon couvert par la treille, de grosses grappes pendent et une passiflore en pleine floraison grimpe sur la vigne et même sur l’olivier le plus proche. Sur notre terrasse une table de jardin et deux fauteuils. Notre maison a deux pièces, ne petite chambre à coucher et une cuisine où nous pourrons préparer les repas Nous pourrons enfin manger du poisson à un prix raisonnable !
Gina, notre hôtesse est une dame charmante qui parle un anglais parfait, elle a vécu en Australie.
Après le déjeuner sur la terrasse nous faisons la sieste à la Grecque.

Nous explorons Gythio, tout d’abord au petit musée du Magne installé sur un îlot dans une toutde pierre. Une très belle exposition montre les compte rendus des voyageurs, du XV° au XX° siècle,. Nous avons la surprise de lire une lettre en vers et en ancien français de Bertrandon de la Borderie à une Damoiselle Françoise que Dominique a recopiée.
Nous flânons sur les quais animés. A la terrasse d’un restaurant du port on sert l’ouzo avec des poulpes grillés.
La ville de Ghythio est adossée à la montagne, les immeubles de deux ou trois étages sont plutôt misérables : vu de la mer cela forme un bel ensemble. De près, c’est sale et délabré .

Les poissonneries ne manquent pas mais le poisson est caché dans les chambres froides. Nous achetons dix sardines et des pâtisseries orientales.

 

Monemvassia

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monemvassia

 

15h : Monemvassia ou plutôt dans la petite ville qui lui fait face.

Le village dort, sieste oblige. Pour trouver une chambre, il nous faudra réveiller les gens.
Nous choisissons le meilleur endroit : 12000 drachmes,  un studio climatisé avec terrasse à l’ombre donnant sur un jardin. Au bout du jardin : la mer. A l’intérieur, un frigo, la télé et même de quoi se faire un café.
Nous nous précipitons à la plage : une toute petite crique de galets entre des rochers.trois personnes se baignent. L’eau est limpide. Je découvre de nouveaux poissons. Je ne suis pas assez téméraire pour explorer les rochers parce qu’il y a des vagues.

Nous faisons d’abord un tour en voiture pour découvrir la presqu’île de loin.

Une digue qui mène à Monemvassia.  Après la digue, un hôtel de pierre, puis une courte route parking mène à la ville close. Dominique se gare sous un panneau « interdiction de stationner ».

La ville close

moneùvassia ville basse

Derrière ses remparts, la ville close est en partie restaurée. Dans la rue principale, quelques magasins de souvenirs sur une centaine de mètres, puis de très belles maisons aux façades de pierre blonde avec des patios, des terrasses fleuries. Dans de grosses jarres en terre cuite poussent des géraniums, plumbagos, hibiscus, les bougainvilliers débordent des murs. Les entrées sont souvent décorées de petits bas-reliefs sculptés. Des moulures encadrent les fenêtres des maisons vénitiennes.

ville haute

monemvassia ville haute : une ville fantôme

Une rampe escarpée de pierres très glissantes, polies par les ans, conduit à la ville haute. Elle n’est plus que ruines envahies d’herbes folles, de fenouils géants roussis sous le soleil, de chardons sauvages monstrueux gros comme des artichauts, les grosses boules des fleurs de l’ail ont gardé leur couleur bleue violacée .

Hagia Sophia

Monemvassia Hagia Sophia

La seule construction restaurée  est la basilique Hagia Sofia, Sainte Sophie, ou Sainte Sagesse  Les Francs et les Venitiens ont fait des ajouts à la basilique byzantine .D’un côté une aile rectangulaire s’appuie sur les volumes arrondis et compliqués des absides de la partie  byzantine. La vue sur la mer est magnifique, les montagnes bleutées se détachent des deux côtés dans la brume.

Au retour une contravention de 10000 drachmes nous attend sur le pare brise.

 

Monemvassia

Monemvassia rue étroite de la ville basse

Une grosse boule rouge se lève sur la mer Egée : nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse. Nous retournons nous promener dans la ville basse. La lumière est belle et nous pouvons faire des photos des ruelles, des maisons vénitiennes, des églises étranges avec leurs coupoles ou les campaniles italiens. Cette ville a été très florissante et le centre du commerce entre l’Orient et l’Occident, elle a été successivement byzantine, franque, vénitienne et ottomane. Quand on regarde les belles demeures on imagine les riches armateurs et commerçants. Ce dont il ne reste rien c’est du port où arrivaient toutes les marchandises. Elles devaient bien débarquer quelque part ? Peut être même pas ? Ce qui étonne aussi, c’est l’absence d’eau. Comment une telle population se débrouillait elle uniquement avec l’eau de pluie de ses citernes. D’ailleurs, où sont elles, les citernes ?

Contravention

monemvassia

Nous allons à la police pour régler la contravention mais elle est encaissée aux impôts à Moloi. C’est bien compliqué et nous laissons courir et payer Reliable.

 

Baignade
Baignade dans notre petite crique dans les vagues assez fortes, on fait du sur-place montant et descendant au gré de la houle comme des phoques.

12ème jour – la route de Leonidio , Kosmos, Geraki

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monastère au dessus de la route qui traverse l’Arcadie

 

Nous quittons Tolo vers 9 heures par la route de Léonidio sans nous arrêter. La Fiat Punto semble filer et la route nous paraît courte. Après Léonidio, la route s’enfonce dans des gorges étroites dans la montagne calcaire. La rivière est à sec.
Pas de village prévu avant Kosmos: une cinquantaine de kilomètres dans traverser un village.

Dominique remarque
–  « il n’y a même pas un monastère! »
Justement, il y a un, accroché en haut de la montagne. Le bâtiment fait corps avec la falaise on voit des cordes pendre pour le ravitaillement.

Kosmos

Kosmos kafenéion sous les platanes

La route s’élève maintenant dans des forêts de sapins nous sommes en altitude, la végétation rappelle celle de la moyenne montagne en France. Kosmos est un village isolé dans la montagne on retrouve les mêmes maisons de pierre qu’à Léonidio en pierre calcaire blonde avec les balcons en fer forgé.le village est groupé autour de la place ombragée par trois platanes plus que centenaires (1863). Sous les platanes des tables carrées et des chaises de bois.

 

Geraki

Nous redescendons sur la Laconie en pente douce, croisons des troupeaux de chèvres. Des oliveraies occupent tout le paysage. Avant de rejoindre la mer nous traversons des villages dans la campagne.

Visite à Geraki :

Le village aux rues étroites et en pente n’est pas fait pour la circulation automobile ni pour le tourisme. Nous nous engageons à l’aveuglette, faisons deux fois le tour du village. Nous sommes pas spécialement bien accueillies:

– « pou peis ? », demande l’ânier.

En effet, ce qui se visite ne se trouve pas dans le village, mais sur la colline d’en face, au Kastro. Après avoir cherché en vain les 5 églises byzantines promises par les guides nous reprenons la voiture pour le Kastro.

le Kastro

Geraki – kastro

Nous découvrons une sorte de ville fantôme, une femme nous fait visiter une basilique du XII° siècle Hagia Paraskevi (sainte vendredi) elle détaille les fresques en Grec « ici saint Nicolas, ici Saint Georges, … » les fresques sont en bon état mais nous manquons de repères pour les apprécier.

Je monte à l’assaut de kastro – forteresse franque de Guillaume de Villehardouin–  dans une ville fantôme parmi les ruines et quelques églises qui tiennent encore debout. Le château franc est encore plus mal en point. Le ciel est couvert et pour une fois il ne fait pas bien beau ni bien chaud.

Geraki – église

Nauplie : fort Palamède, vieilles rues

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Dominant Nauplie, le fort Palamède

Devant la porte du fort Palamède, Dominique s’aperçoit qu’elle a égaré le sac à dos bleu. Je visite seule la citadelle. C’est un édifice gigantesque et très compliqué des tours, des murs des escaliers des souterrains s’emboîtent les uns dans les autres épousant le relief de la colline. Sans plan et pressée par le temps je ne cherche pas à comprendre la logique des fortifications, je m’attache seulement à prendre des photos. Les conditions sont idéales dans la lumière du soir. L’édifice  sculptural  s’y prête. Je dois me surveiller, j’userais des mètres de pellicule. La photo est plus facile que sur les sites antiques, où trop de pierres très blanches éblouissent et où il manque souvent du relief et de la végétation.

neuf cent marches!

Finalement je descends les 900 marches sans m’en apercevoir, la vue est magnifique sur les toits de tuiles et les coupoles de Nauplie. L’îlot Bourzi se détache vu du haut.

Du fort la vue sur Nauplie est magnifique

Les  rues tranquilles sont bordées de boutiques hors du temps. Sur la place d’une église, une vitrine est occupée par des rangées de moulins à café cylindriques en laiton et en cuivre, des rangées de finjans, des services à café, dans la vitrine suivante, s’alignent les salières en verre coloré. Cela semble d’un autre âge. Les maisons sont en pierre, carrées dans le même style que celles de Jérusalem avec des balcons de ferronnerie, quelques portes sont sculptées. Une fontaine turque porte des caractères arabes.

Je trouve Dominique sur la place qui fait face au port avec les beaux cafés. Elle a fait les courses : des boulettes, des beignets d’aubergine, du tzatziki.

Nous retournons dans la petite anse voir le soleil se coucher avec la vue sur l’arrière du fort Palamède.

10ème jour : Epidaure

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voie sacrée et Propylées

Baignade du matin

Nous n’avons pas pu renoncer à la baignade du matin. C’est vraiment un moment privilégié : il n’y a personne dans l’eau sauf les pêcheurs sur leurs embarcations à rames. L’eau est lisse complètement transparente. Avec le masque, nager prend un nouvel intérêt. Chaque jour, je découvre une nouvelle variété de poissons, de nouvelles couleurs, de nouvelles rayures. Ils sont paisibles, broutent le fond de l’eau. Dominique me montre comment observer en s’accrochant à un rocher. J’ai l’impression d’être tombée à l’intérieur de l’aquarium :  abondance de vie insoupçonnée. Le rocher est tapissé d’anémones de mer au contact bizarre quand je les frôle. Les poissons sont très nombreux.  L’un d’eux a des couleurs très vives : vert, orange, jaune. J’ai pris de l’assurance avec le masque. J’économise mes gestes. Je flotte entre deux eaux, quasiment immobile .C’est très reposant.

Théâtre d’Epidaure

 

Théâtre d’Epidaure

Pour arriver à Epidaure, le matin nous avons le soleil dans les yeux. La route était plus belle vendredi soir ; le parking est déjà occupé par de nombreux cars quand nous arrivons. Nous suivons donc un groupe francophone dans le théâtre. La guide dessine sur le sable des triangles isocèles pour expliquer les calculs d’acoustique des architectes. Il y a 12000 places ? Démonstration : le bruit d’un papier froissé, d’une pièce, s’entend du haut des gradins. Puis elle donne rendez-vous à ses ouailles 10 minutes plus tard dans le car. Nous sommes délivrées des groupes dès que nous dépassons le musée

Restauration de la Tholos

Le travail des archéologues ou des tailleurs de pierre : anastylose.

Le site d’Epidaure fait l’objet de restaurations importantes. Plusieurs équipes d’archéologues, des tailleurs de pierre, des maçons, des terrassiers travaillent à remonter la Tholos, rotonde très curieuse figurant au sol une sorte de labyrinthe avec plusieurs cercles de colonnes et de murs . Les colonnes ont disparu mais on remonte les murs avec les blocs pris sur le site. Comme il manque de nombreuses pièces, des artisans façonnent de nouveaux blocs dans lesquels s’imbriquent les vestiges retrouvés. On utilise les techniques en vigueur au IV° siècle, les burins, coins marteaux et les matériaux trouvés sur place : du calcaire rose très dur. Bien sûr il manque la patine, mais c’est un des principes de la restauration : on doit pouvoir faire la différence entre l’authentique vestige et ce qui a été rajouté, sans que l’oeil ne soit choqué, la restauration doit rester visible.

Le calme et la paix qui avaient tant impressionné Miller sont troublées par tous ces travaux, les bruits des pelles, des marteaux, des chaînes et des poulies. Mais c’est un joyeux bruit. C’est fascinant de voir les archéologues, plans et calques en main, retrouver l’emplacement précis d’un tout petit bloc tout cassé qu’on aura enserré dans un gros parallélépipède de calcaire frais dans lequel on a sculpté un vide. Et tout s’encastre. De grosses mâchoires en fer suspendues à des chaînes ne doivent pas différer beaucoup des engins de levage antiques. Seule concession au modernisme : un pont roulant permet d’aligner les gros blocs. Peut  être existait il aussi ?

Pèlerins d’Asclépios

Nous ne croiserons que trois personnes sur la grande place. Nous prenons notre temps pour lire que les serpents d’Asclépios étaient gardés dans la petite Tholos. Nous retrouvons les thermes grâce au système de canalisation des eaux et aux rigoles d’évacuation des eaux. Les abatons sont étonnants : ce sont  les dortoirs où étaient logés les pèlerins d’Asclépios. Après avoir été purifiés et avoir jeûné ils dormaient là et faisaient des rêves qu’ils faisaient interpréter par les prêtres d’Asclépios. Ici ce n’était pas Lourdes, mis plutôt Freud. . L’endroit paraît très indiqué pour envoyer une carte à Roberte.

Bois sacré

Nous trouvons la Voie Sacrée et les Propylées à l’entrée du sanctuaire. Le charme d’Epidaure, c’est son site boisé. Dès l’Antiquité, il y avait un Bois Sacré. Nous nous trouvons à l’ombre de très grands pins qui embaument. Dans les zones très visitées on a planté des rangées de lauriers roses, magnifiques très touffus, j’avais oublié leur parfum. Quand la chaleur est intense, les vapeurs exhalées par les pins, les cyprès, les lauriers roses épaississent l’air d’un parfum presque suffoquant. Je retrouve ici les odeurs d’Israël. Des images très nettes surgissent un court instant. Peut être est ce aussi une des magies d’Epidaure que de faire émerger des rêves ou des images de l’inconscient ? Pour moi, point de sommeil à l’abaton, il suffit les senteurs.

Pour le pique-nique, nous avions repéré à l’aller une petite chapelle blanche au dessus d’un village. Nous la retrouvons assez facilement. Une piste sablée très raide mais en bon état. Je suis un peu déçue parce que la « vieille chapelle » est toute neuve et que les tuiles rouges qui couvriront la coupole blanche ne sont pas encore posées mais sont empilées à proximité. Pour ce qui est de déjeuner, l’endroit est idéal, la vue est dégagée. Il y a longue table et des bancs, un robinet et de l’eau fraîche. De notre perchoir nous voyons encore des ruines d’une cité mycénienne, nous observons les cigales.

9ème jour Mycènes

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Mycènes porte des lionnes

 

Nous avons été prévenues :  il faut arriver tôt à Mycènes!

Je renonce à mon bain matinal, nous partons part les petites routes et nous revoilà perdues à Néa Tyrintha nous avons donc fait le détour pour rien !

Mycènes

Le site de Mycènes est sauvage, entouré de belles montagnes, pas de route passante comme à Tirynthe, pas de ville moderne.

Mycènes muraille cyclopéenne

Nous entrons encore gratuitement et dans les premières. Nous pouvons donc admirer dans le calme les remparts cyclopéens, la Porte des Lionnes. A l’intérieur de la ville se trouve un cercle de tombes entouré par une double rangée de dalles levées. L’analogie avec les cromlechs bretons est frappante.

Mycènes : cercle des tombes

Puis on monte au Palais. Le guide Gallimard nous fournit encore une reconstitution du Mégaron avec peintures murales, dallages plantations.

masque d’Agamemnon

Mycènes n’est pas un simple jeu de piste c’est aussi le lieu mythique des Atrides. Le mythe est très présent dans mon imagination puisque je viens de relire l’Orestie. Nous visiterons la tombe d’Egiste, celle de Clytemnestre, celle du trésor des Atrides où Schliemann a trouvé le masque d’Agamemnon. Non seulement on peut imaginer les décors, mais on connaît les habitants.

J’ai aussi en mémoire les pages d’Henry Miller qui traduisent son épouvante devant ce lieu tragique.

 

Mycènes : tombe des Atrides


Tandis que nous observons une colonne, une pièce, toutes ces légendes font surface. On peut descendre par des marches dans un puits menant à la citerne secrète. L’entrée est celle d’une tombe, triangle creux caractéristique de l’architecture mycénienne. Il fait noir comme dans un four et nous avons oublié la lampe de poche, le texte de Miller n’est pas rassurant, mais au bout de quelques instants les yeux s’habituent à la pénombre et on distingue les murs et les marches. Après quelques mètres on ne voit plus rien du tout et il faut progresser à tâtons. Seule je ne serais pas allée bien loin, mais une famille française m’emboîte le pas, on continue et je ne rebrousse chemin que quand cela devient très glissant.

Sur le chemin du retour nous trouvons tous les touristes descendus des cars. On les distingue des autres à leurs caméscopes, l’absence de guides bleus ou vert et aux appareils photos jetables. A l’inverse, le voyageur solitaire a les yeux rivés au guide bleu ou vert, porte de bonnes chaussures, et a un appareil photo 24×36.
Si nous voulons « être positif » comme nous le recommandent nos principaux, nous compensons les nuisance de ces troupeaux en suivant sans scrupule les exposés de leur conférencières qui sont généralement très intéressants.

Nous apprenons donc que Mycènes était à l’origine de l’histoire grecque puisqu’on y a trouvé les premiers écrits déchiffrés (en Crête les écrits en linéaire A sont encore mystérieux),et une cité riche en or. Dans la ligne de crêtes du paysage elle nous montre une silhouette d’homme couché : Agamemnon.
Pourtant dans Eschyle il me semblait bien que l’action se situait à Argos!


Retour vers 15h à l’hôtel, déjeuner sur la terrasse et baignades comme d’habitude maintenant.

8ème jour – Lerne, visite d’un monastère, l’Arcadie, Léonidio

 

CARNET PÉLOPONNÈSE ET CRÈTE

 

les côtes de l’Arcadie

Nous longeons le golfe d’Argolide vers le sud. Après Nauplie, la côte est plate. Les familles grecques s’installent pour passer le dimanche à la plage.

Lerne
Cachée par une orangeraie :  Lerne. L’Hydre de Lerne symboliserait l’assèchement des marais sur cette côte sableuse.
Sur le site, aucune trace d’Hercule. Sous un hangar de béton, sont abritées les ruines d’une maison très ancienne de l’âge de Bronze (2600 2200 av JC) : la « maison des tuiles ». Encore un bond dans le temps !

Nous visitons un  monastère

Au détour de la route nous avisons un monastère fleuri et nous nous arrêtons par curiosité bien que rien ne soit signalé.
Dans la cour, une nonne de noir vêtu bavarde avec un livreur. J’ai revêtu ma jupe thaïlandaise mais Dominique est en short  « pas belle » me dit- on pour signifier son indécence. Une autre bonne sœur toute menue, plus petite que moi, apporte une jupe à fleurs froncée que Dominique enfile par le haut. Elle a une belle allure avec ses tennis !

La bonne sœur nous ouvre l’église,toute pleine de dorures et d’icônes, mais toute neuve, les fresques (ou les mosaïques ?) sont en cours de réalisation on voit une ébauche de Christ Pancrator. Je demande la permission de photographier. J’avise une sorte de buffet  portant des cierges avec une fente pour les offrandes. Comme je sors le porte-monnaie, notre guide s’éloigne par discrétion, revient quand elle a entendu les pièces dans le tronc. Elle choisit pour nous un cierge mais ne l’allume pas : « ce soir » précise-t-elle.

Enfin,  elle nous installe dans une pièce très fraîche avec des chaises contre les murs, sans doute le parloir, ouvre un confiturier en argent plein de loukoums et nous offre un verre d’eau glacée. La conversation, en grec, est très limitée mais c’est sympa. Nous ne repartons pas sans acheter un souvenir : une petite icône d’Hagia Katarina. Elle aurait préféré que je prenne Hagia Markina, la patronne du couvent.

Nous faisons une pause dans un petit village avec une forteresse, quelques cafés, un petit port. J’étrenne mes nouvelles chaussures de plages en plastique et nage avec le masque. Je découvre de curieux organismes : de petits disques blancs accrochés au rocher par un fin pédoncule. Ils sont souples et tapissent la roche. J’ignore à quelle branche du règne animal appartient ce disque bizarre.

côte de l’Arcadie

Nous continuons vers le sud et arrivons sur les rivages de l’Arcadie. La route s’élève en corniche, les agrumes ont disparu, les oliveraies sont à l’abandon ; la montagne est très pelée. Les pentes sont à pic, les criques sont difficiles d’accès. Finalement nous trouvons l’endroit rêvé pour un pique-nique et une baignade : quelques rochers de l’eau verte et bleu intense. Une famille grecque est déjà installée / le bain sera très court : l’eau est glacée. Une  dame grecque nous apporte deux parts de karpouzi (pastèque).

Léonidio

Leonidio

Finalement la route oblique vers l’intérieur et Léonidio. La vallée s’est élargie et on retrouve les agrumes et des cultures maraîchères sous serres.

Léonidio est un gros bourg endormi pendant la sieste du dimanche après midi. Les maisons sont faites de belle pierre calcaire blanche, elles sont généralement carrées à étage. Une belle maison fortifiée a été restaurée. Nous parcourons les rues à la recherche d’une fête car nous entendons de la musique. Dans une salle, un banquet est dressé, des femmes dansent en rond les unes derrière les autres sur une musique plaintive bizarre aux accents orientaux. Sous prétexte de photos, je passe et repasse pour écouter la musique.

Le retour est interminable, nous nous inquiétons pour la voiture qu’on aurait dû nous changer aujourd’hui. J’ai téléphoné à l’hôtel, aucune nouvelle de Reliable. Passé Lerne, je vois une forteresse qui s’approche et je crois reconnaître Nauplie et son fort Palamède, un panneau annonce Argos. Je n’avais pas imaginé que la forteresse d’Argos ressemble tant à celle de Nauplie.

7ème jour – Tyrinthe – Argos -Nauplie

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Tyrinthe

 

D me rejoint pendant ma baignade matinale, la plus belle de la journée. L’eau est calme, transparente, je nage beaucoup plus facilement sur de longues distances. Avec le masque le spectacle s’anime, les poissons ne semblent pas dérangés par notre présence.

Tirynthe

Murs cyclopéens de Tyrinthe

Tirynthe n’est distante de Nauplie que de 5 km. A l’entrée de la ville nous nous égarons et visitons la campagne : rencontre inopinée de deux paysans juchés sur leurs  ânes qui rentrent des champs . Nous demandons notre chemin : on nous expédie à Néa Tirynthe petite bourgade tranquille dépourvue de toute antiquité. Il aurait fallu demander l’Acropole. En revanche nous découvrons une tombe mycénienne à tholos cachée dans une orangeraie. Cela fait penser à un Dolmen avec allée couverte de grosses dalles verticales, une coupole conique recouverte par un tumulus. Au centre une grosse table circulaire creusée (un autel ? un meuble ?).

tombe mycénienne à tholos

Acropole d’Argos

L’Acropole est visible de la route principale de Nauplie à Argos.
Notre carte de prof nous donne l’entrée gratuite . Nous montons une large rampe entre des murs cyclopéen. L’entrée est marquée par deux piliers, dans le mur d’enceinte une cavité triangulaire forme une sorte de guérite. Nous  trouvons les Propylées, le Mégaron du Palais Royal et les salles de bain revêtues de dalles très lisses et d’un système d’écoulement des eaux .Vue de la route, avec ses murailles de gros blocs et ses ouvertures triangulaires, la citadelle est spectaculaire.

Théâtre d’Argos

Argos est une ville assez importante, nous ne nous arrêtons qu’au site archéologique. Ici aussi, le professorat est reconnu et l’entrée est encore gratuite.


Du théâtre, très haut, il ne reste qu’une étroite partie de l’hémicycle, la forêt a colonisé les bords. Juste à côté un grand mur en brique appartient à des thermes romains  ainsi que de belles colonnes de marbre vert ou blanc gisant à terre ;, des chapiteaux corinthiens , le parement de marbre u sol et des mur témoignent du luxe de ces thermes.

C’est étrange de penser à l’énorme bond dans le temps que nous venons d’accomplir entre la période mycénienne (1600 ans av JC) et la période romaine tardive 2000 ans se sont écoulés. De plus les Byzantins ont rénové ces thermes après les grandes invasions. Et tout se mélange dans le concept fourre-tout de l’Antiquité !

Après midi à Tolo

Nous sommes de retour à Tolo vers midi pour une baignade rafraîchissante puis nous déjeunons sur la terrasse. J’ai repris de la salade grecque mais Dominique a remplacé le poisson par des calamars moins dispendieux. L’après midi s’écoule entre baignade et sieste.

Nauplie au coucher du soleil

Nous arrivons à la forteresse Palamède qui domine Nauplie sous le soleil déclinant à 18h45. L’horaire de fermeture a été avancé et nous devons renoncer à cette visite.
Nous nous promenons le long de la mer derrière la citadelle près d’une plage tranquille longeant les rochers sur une piste bordée de lauriers roses. L’eau est d’un bleu profond, malheureusement inaccessible.

Au coucher du soleil, nous observons le retour des bateaux puis retournons en ville, achetons un gyropita une omelette du tzatziki et une coûteuse salade verte coupée en fines lanières et assaisonnée d’aneth. C’est très frais,  la salade ici est un luxe exotique, on se contentera de concombres et de tomates !
Nous dînons sur le quai du port de commerce. La ville toute illuminée se reflète dans la mer. Le fort Palamède fait une couronne éclairée à Nauplie. Des pêcheurs partent en mer sur de petites embarcations, il fait bon.