Le MAC VAL a 20 ans – Forever young

Forever Young : exposition collective jusqu’au 4 janvier 2026

Chadine Amghar : monument trottinettes emballées, parpaing, pigeon baguette de pain emballée

« A l’occasion du vingtième anniversaire de l’ouverture au public du MAC VAL l’exposition « Forever young » se tourne vers le futur : elle réunit 20 jeunes artistes pour quoi la rencontre avec le MAC VAL a constitué un moment pivot, un tournant dans leurs parcours artistique. 

Fréquentation et compagnonnages sont peut être les maîtres-mots de ce projet. En effet, elles et Ils ont grandi près et avec le MAC VAL » (extrait du texte du commissaire de l’exposition)

Maïlis Lamotte-paulet : goudron, téléphone, bonbons, télévision, nike air….

…Proche voisinage.  J’aime visiter le MAC VAL, où je me sens presque « chez moi » il y règne une ambiance amicale d’ouverture sur la ville de Vitry, sa population mélangée, le Street-Art dans les rues, le marché du samedi, et non loin, un collège où j’ai enseigné autrefois. Musée d’Art Contemporain très accessible. Ce qui est paradoxal. Pas de snobisme. Des visites guidées passionnantes.

Coco de RinneZ devant son autoportrait en Marylin de Warhol.

J’ai eu le grand plaisir d’échanger quelques mots avec la photographe Coco de RinneZ qui s’est « autoportraitisée » en Che Guevara, Basquiat, ElisabethII d’Angleterre, Frida Kalho, Basquiat, Bob Marley, Polnareff marquant ainsi les identités multiples dépassant les catégories de genre, de race, de culture.

Coco de RinneZ : autoportraits
Coco de RinneZ : autoportraits

je n’avais pas remarqué la série de peintures faciale. C’est Coco elle même qui me les a montrés. Encore plus de cosmopolitisme. Et cela va très bien à Vitry!

Mario D’Souza : Home away from Home

L’installation de Mario D’Souza est plus énigmatique : sur trois tapis fleuris l’artiste a disposé des tissus de couleur vive pliés, des cadres contenant des dessins, des oiseaux en bois, et des répliques de fruits exotiques. Devinette : d’où proviennent tous les objets? Un texte en sanscrit nous donne un indice : Mario  D’Souza est né à Bangalore. Home awimpray from Home illustre-t-il l’exil ou le cosmopolitisme?

Dessins de Mario D’Souza : mains cueillant des fruits

Rebecca Topakian née à Vincennes nous transporte avec ses photos en Arménie d’où est originaire sa famille. Certaines sont imprimées sur de curieux supports en verre ou en pierre. 

La chambre rouge de Maïlis Lamotte-Paulet (voir plus haut) est plus énigmatique. Quelle chambre a son sol en goudron? et ces parpaings emballés dans des sacs plastiques roses? Le rose fait girly, le rouge, bordel, bonbons, grenades et jus de fruit sur l’écran de télé, étonnent. Se trouve-t-on dehors ou dedans? Feuilletage des métaphores a dit le conférencier. 

Agitatrice de Chadine Amghar

Agitatrice cette planche à repasser recouverte de Toile de Jouy? L’écharpe d’un club de foot marocain montre l’ambiguïté de cet accessoire normalement féminin, ambiguïté aussi de la double culture franco marocaine. Chadine Amghar détourne les objets ménagers ainsi que les trottinettes emballées dans du polystyrène : monument à la mobilité douce ou au contraire emballage de ces trottinettes décriées. La présence des pigeons est aussi contradictoire : les pigeons, comme les trottinettes sont des malaimés. 

Jordan Roger : Burn them all

Le gentil château de conte de fées en céramique pastel suggère le Chateau de Disney. A première vue, il est bien enfantin et innocent. Si on le regarde mieux, il brûle des flammes de l’enfer. Des inscriptions assassines se découvrent ensuite. C’est une dénonciation de l’homophobie : des contes de Disney où les gays sont les méchants. Rejet même dans la famille de l’artiste qui lui a fait barrer le Roger de son nom.

Je n’ai pas pu étudier, photographier les autres installations. Dommage. A vous de faire le déplacement à Vitry!

Evidemment, il y a aussi les collections permanentes avec des œuvres nettement antérieures. Parmi les noms les plus connus Annette Messager, Agnès Varda, Etel Adnan…. et bien d’autres.

 

John Singer Sargent (1856 -1925) – Eblouir Paris – Orsay

Exposition temporaire jusqu’au 11 janvier 2026

Madame Pailleron

John Sargent,  arrive à Paris à 18 ans en 1874. Carolus-Duran impressionné par la qualité de ses dessins l’admet dans son atelier. Bientôt l’élève surpasse le maître. En 1879, il fait avec Manet le « pèlerinage » au Prado et copie Velazquez, puis part en Hollande avec Helleu pour étudier Franz Hals. L’exposition d’Orsay montre 3 portraits de ses collègues à la manière de Velazquez ou de Franz Hals. 

Portrait de Vernon Lee – historienne de l’art, féministe

Portraitiste virtuose, Sargent est aussi un peintre voyageur : La Bretagne, Venise, Capri lui fournissent des sujets aimables quoique un peu conventionnels et touristiques

J’ai bien aimé ses représentations de musiciens espagnols et de danse de flamenco El jaleo et d’autres danseuses 

El jaleo (Wikipedia)

Peintre-voyageur, ses carnets de croquis de marine sont intéressants .

Frances Sherborne Ridley

Peintre reconnu, il obtient des médailles et expose chaque année au Salon de grands tableaux de belles dames avec de belles robes, ou quatre petites filles à la manière des ménines. Il excelle dans le rendu des tissus, des dentelles ou des tulles fins et mousseux. On imagine les salons mondains du temps de Zola ou de Proust…mais ce ne sont pas les tableaux que j’ai préférés. Je me suis amusée de rencontrer les artistes, ses amis ou collègues : Rodin, Helleu, Monet, Gabriel Fauré

Monet peignant
Helleu dessinant

Mon préféré est la répétition de l’orchestre Pasdeloup

Répétition de l’orchestre pasdeloup

La brillante carrière de Sargent à Paris s’achène par un scandale avec le portrait de madame X, la bretelle de la robe noire qui a glissé a été jugée trop suggestive pour les bien-pensants.

madame X

Ce scandale contribuera à son départ à Londres

David au Louvre

Exposition Temporaire jusqu’au 26janvier 2026

 

Le Serment des Horaces (1784)

À l’occasion du bicentenaire de sa mort en exil à Bruxelles en 1825, le Louvre consacre à David une grande exposition. Exposition sans surprise : les tableaux majeurs sont au Louvre dans les collections permanentes. La plupart des tableaux présentés ici sont très connus, illustration des manuels scolaires. L’intérêt de cette rétrospective est de retracer la carrière du peintre et montrer son engagement politique comme citoyen pendant la Révolution puis son attachement à Bonaparte/Napoléon.

Bélisaire demandant l’aumône

De Paris à Rome (1770 -1779) et de Rome à Paris (1780 – 1783) et même Rome contre Paris

Lauréat du Grand Prix (après 3 échecs) David part à Rome où il peint de grands tableaux antiques, très classiques. Les premiers ne séduisent pas. Il découvre ensuite Caravage, Ribera et se détache du goût « rocaille » pour des compositions très théâtrales comme le Serment des Horaces

Ces grands tableaux sur des sujets antiques sont interprétés par d’autres peintres. Bélisaire a été copié pour un autre commanditaire, mais aussi peint par Vincent (1776) et Peyron (1779). Parmi les autres tableaux antiques  il y a aussi La Mort de Socrate ou La Douleur d’Andromaque.

En plus de ces tableaux héroïques on voit plusieurs versions des Amours d’Hélène et de Pâris (1789). J’ai noté déjà le goût pour le mobilier antique (lit annonçant le mobilier « empire » et le soin dans la peinture des draperies. 

David portraitiste : l’épure sans concession

Dans ses portraits David n’enjolive pas , il fait des portraits réalistes de membres de sa famille. 

David dans la Révolution (1789 – 1792) –

Le serment du Jeu de Paume (étude)

David plutôt que de peindre l’héroïsme comme dans  la Rome antique, s’engage dans l’action politique. Il a ébauché un énorme tableau du Serment du Jeu de Paume (10 mx 6 m) qui est resté inachevé, les personnages sont esquissés seul quatre d’entre eux ont les visages peints, sans doute pour faire appel à une souscription. Curieusement il a dessiné les personnages nus avec un soin particulier pour la musculature. Pourtant sur le projet ci-dessus on les voit bien habillés. 

L’énorme tableau inachevé

– Auprès de Robespierre (1792 -1794)

 

Avec le rapprochement avec Robespierre, David se radicalise. Elu député de Paris à la Convention , il fait aussi partie du comité de Sûreté générale et est ordonnateur de grandes festivités . Avec la mort du roi, un culte des martyrs de la liberté  illustré par La Mort de Marat présenté avec solennité en trois exemplaires . Cette représentation est presque christique.  Un autre martyr est le jeune Bara
La mort du jeune Bara

Pour sa participation à la Terreur, David est incarcéré et a peint cet autoportrait

Autoportrait

Revenir sur le devant de la scène (1795 -1800)

Survivant de la Terreur, épuisé, David se remet au travail sans attendre l’amnistie et peint des portraits. Le plus connu est celui de Mme Récamier

Madame Récamier

 

Les Sabines montrent les femmes faisant cesser les combats et appelant à la réconciliation. Les femmes ne sont plus passives comme dans le Serment des Horaces. Elles sont venues avec leurs enfants. Hersilie, au centre du tableau s’interpose entre son père Tatius, roi des Sabins et Romulus, identifié par son bouclier.

les Sabines

« je vous aime David »/ »Bonaparte est mon héros »

David rencontre Bonaparte en 1797. Il fera des portraits . J’attendais le Sacre il n’est pas dans l’exposition! En revanche une série de portraits en 1812 de l’empereur peuvent être observés avec attention. L’heure à la pendule 4h15, les bougies consumées suggèrent que Napoléon a travaillé toute la nuit et le résultat est une accumulation de lettres et rouleaux de papier…

Exil à Bruxelles (1816 – 1825)

Mars terrassé par Vénus et les Grâces

David ne m’attirait pas tant que cela, les tableaux sont archi-connus pour la plupart. Mais l’exposition a piqué ma curiosité et présenté le personnage engagé en politique, même si souvent j’ai préféré les tableaux de ses rivaux comme le grand Jupiter et Thétis d‘Ingres faisant face à Mars terrassé... De même j’ai préféré la version de Gérard pour Psyché et Amour

 

L’Ecole de Pont Aven (2) Le paysage à l’œuvre

CAP SIZUN ET CORNOUAILLE

Bretonnes dans la prairie Emile Bernard

Les collections permanentes occupent le 2ème étage du Musée de Pont Aven. 

Enseigne de l’ancienne Pension Gloanec peinte à 4 mains Van den Anker et Quignon

J’aurais résumé l‘Ecole de Pont Aven avec les peintres les plus fameux : Gauguin, Emile Bernard, Sérusier et les Nabis. Je suis très étonnée d’apprendre que Pont Aven accueillait les peintres depuis 30 ans déjà avant la venue de Gauguin (1886) et d’Emile Bernard (1888). Dès l’arrivée du chemin de fer (1850) des artistes de diverses origines confluèrent vers la Bretagne et Pont Aven : Américains, Scandinaves, Britanniques, Néerlandais attirés par le pittoresque du paysage et des costumes bretons comme de la modicité de la vie dans cette petite ville. 

Otto Weber retour de l’église

Je  découvre des peintres dont je n’avais jamais entendu parler. Les tableaux les plus anciens sont d’une facture plutôt classique représentant des scènes pittoresques de la vie bretonne : sortie de messe, costumes traditionnels, scènes d’intérieur de mobilier breton.

Van der AnkerLe partage du beurre

La vie artistique était  collective avec des tableaux peints « à 4 mains », certaines œuvres n’étaient même pas signées, certaines peintes sur le mobilier de l’auberge comme une porte, ou cette très belle enseigne de la Pension Gloanec peinte par Van Den Anker et Fernand Quignon. Les artistes étaient si nombreux que Gauguin préféra chercher le calme au Pouldu. La bonne entente entre Gauguin et Emile Bernard ne dura pas très longtemps, la rupture eut lieu en 1891.

Maurice Denis – Régates à Perros Guirec

Les collections du Musée de Pont Aven témoignent d’un foisonnement de styles de recherches picturales : japonisme à la suite de l’Exposition Universelle de 1867 . Avec la diffusion des estampes on voit la proximité avec le cloisonisme, style mis au point par Emile Bernard et Louis Anquelin (1887) . Le Talisman peint par Serusier, icone des Nabis, fut peint au Bois d’Amour (1888) sous les enseignements de Gauguin, une véritable leçon de peinture. 

Pour les 40 ans du Musée de Pont Aven, Gauguin et Emile Bernard s’exposent:

Gauguin Martiniquaises

Tout un mur est couvert de zincographies sur papier jaune  de Gauguin dessinés à Arles, à la Martinique, en Bretagne… Gauguin ou Emile Bernardils sont si proches que parfois je m’y perds comme avec ces bretonnes sur un pré vert. 

Dans la salle suivante, il est question de quête spirituelle avec des tableaux de Sérusier, Marcel Denis et encore Emile Bernard. 

Emile Bernard Le pardon

Un film va illustrer toutes ces recherches picturales : « tout oser! » à l’origine du Synthétisme

Parmi les plasticiens que je ne connaissais pas j’ai bien aimé André Jolly avec ses tableaux frais, colorés racontant la vie bretonne et le travail des goémonier. 

André Jolly : le four

La peinture ne s’est pas arrêtée au début du XXème siècle à Pont Aven, il me faudrait aussi visiter les très nombreuses galeries de peinture. Certaines pour touristes, d’autres intéressantes. Mais je suis saturée de peinture, besoin de respirer sur le sentier côtier!

lire aussi l’avis de Nathalie

Au Musée de Pont Aven(1) – Exposition Sorcières

CAP SIZUN ET CORNOUAILLE

Eleyn de Morgan – Le Philtre d’Amour (1903)

Exposition temporaire  : Sorcières (1860-1920)Fantasmes, savoirs, liberté du 7 juin au 6 novembre 2025

Le Feu et les Bûchers occupe la première salle et sert d’introduction. On y rappelle que 80% des victimes des bûchers furent des femmes.

Sidonia von Borcke Edward Burne Jones

Deux figures historiques sont les héroïnes : Jeanne d’Arc qui devint un mythe pendant la IIIème République et qu’il est inutile de présenter. Sidonia von Borke (Wikipedia) en Poméranie, orpheline, refusa l’autorité de son frère et fut enfermée dans un couvent d’où elle transgressa les règles et fut condamnée comme sorcière(1620) Elle inspira un roman gothique à Wilhem Meinhold et un portrait fameux au peintre préraphaélite Edward Burne Jones.

Les jeux de la nuit 

La lune rousse

 

Des héroïnes littéraires, on peut citer Esméralda, le culte d’Hécate, les sorcières de Macbeth qui inspirèrent avec les feux infernaux, les danses frénétiques graveurs, illustrateurs et peintres. 4 petites gravures de Goya m’ont bien plu. Deux grands tableaux racontent des légendes bretonnes. Diverses illustrations de Notre Dame de Paris sont exposées avec 12 portraits de la main de Victor Hugo, des illustrations de Faust par Eugène Delacroix  ou Luc Olivier Merson pour Macbeth. Cinq dessins de Spilleri pour Maeterlinck et Verhaeren. C’est une section très littéraire.

Certaines œuvres contemporaines accompagnent les plus anciennes.

Au coin du feu

se disent les contes, et dans les contes la sorcière est très présente. Le XIX ème siècle est l’âge d’or de l’illustration des contes de Grimm, Perrault et des contes russes de Baba Yaga

Le feu au corps

Salomé d’Oscar Wilde

Une autre face de la sorcière est celle qui dissimule ses maléfices, un vieille femme horrible ou une séductrice : Méduse de Bourdelle, Circée ou Salomé  Au début du XXème siècle c’est aussi une nymphomane hystérique. gravures de Beardsley pour Salomé d’Oscar Wilde

le Feu du Savoir

la sorcière est aussi la femme guérisseuse, la savante. George Sand dans la Petite Fadette écrit « On n’est jamais savant sans être un peu sorcier »

 

Des artistes imaginent la sorcière alchimiste et savante accompagnée de leur chat noir. Ranson, Incantation et en face la peinture sophistiquée de Waterhouse

Des vidéos accompagnent l’exposition, Méliès et la Fée Carabosse, Loïe Fuller. 

Kandinsky La Musique des Couleurs à la Philharmonie

Exposition temporaire jusqu’au 1er février 2026

..Composition

Avant tout, équipez vous de l’audioguide qui se déclenchera au moment opportun devant chaque œuvre! Mais une fois que j’ai eu l’audioguide et le smartphone dans l’autre main pour les photos, je n’ai pas pu prendre de notes comme à l’accoutumée. Je vais donc illustrer la B.O. !

La B.O.

• Richard Wagner, Prélude de l’opéra Lohengrin, 1850

le plus russe des œuvres présentées?

• We praise Thee (chant russe orthodoxe)

Toussaint

• Arnold Schönberg, Trois pièces pour piano opus 11. Mässige (modéré), 1909

Arnold Schoenberg

• Arnold Schönberg, Quatuor à cordes en fa dièse mineur opus 10. Mässig (modéré), 1907-1908

Le Concert avec le piano de Schoenberg

• Alexandre Scriabine, Poème de l’extase opus 54, 1907

• Modeste Moussorgski, Tableaux d’une exposition, 1874

• Johann Sebastian Bach/Anton Webern, Ricercata (Fugue à six voix), extrait de L’Offrande musicale BWV 1079, 1935

Fugue

• Hanns Eisler, 8 Klavierstücke opus 8, n° 7 andante, 1925

• Alban Berg, Concerto « À la mémoire d’un ange », 1935

..

 

La visite se déroule donc en musique. En plus des tableaux sont présentées aussi des études, des dessins, et de grandes animations en musique projetées sur de grands écrans, il semble qu’on voit le tableau se construire en rythme, des triangles, des cercles bougent, dansent, changent de place. Les Tableaux d’une expositions ont été mis en scène à Dessau à l’école du Bauhaus. Curieuse mise en abyme d’une exposition de peinture que Moussorgski met en musique et qui inspire Kandinsky pour une nouvelle mise en peinture, couleurs synesthésiques? formes dansantes? Architecture. Une autre projection XXL sur un écran : le Salon de musique (1931) conçu pour l’exposition d’architecture de Berlin . 

Composition X (1939) écoute : à la mémoire d’un ange – Alban Berg

Mohamed Bourouissa – les 4 temps – au Louvre –

L’ART CONTEMPORAIN S’EXPOSE AU LOUVRE

j’ai découvert Mohamed Bourouissa au Musée d’Art Moderne CLIC

puis croisé au Palais de Tokyo 

j’aime bien les surprises que des plasticiens contemporains apportent au Louvre comme l’an passé Barbara Chase Riboud je me suis mise en quête de l’installation de Mohamed Bourouissa signalée en bas par une belle affiche.

Mais aucune indication précise sur la localisation, un vague « espace Presse ». Sous la Pyramide, j’interroge un jeune homme vêtu d’un uniforme noir :  sécurité ou accueil? Il est très aimable et me répond :

« je vais interroger ChatGpt »

Diable! moi qui le croyais chargé d’accueillir le public! Et le mieux c’est que ChatGpt lui donne l’information que c’est une exposition virtuelle sans localisation dans le musée. Je retourne au comptoir d’accueil et demande à un monsieur d’un âge certain. L’installation se trouve dans la Chapelle dans l’aile Sully à l’étage. Belle grimpette, 1 étage au Louvre équivaut à 3 ou 4 dans un immeuble d’habitation. 

Une salle vide, sombre, avec 3 poufs poire sur un écran se projette une vidéo les 4 temps au Tuileries

Le soir tombe, les gardiens verrouillent un cadenas, on suit le personnel de sécurité dans les jardins vides à l’arrière d’un coucher de soleil somptueux sur la Défense (jeu de mot, justement à la Défense il y a un Centre Commercial : Les 4 temps). Ronde de nuit pixellisée, à l’arrière des éclairages urbains de la rue de Rivoli. Les statues sont esseulées, elles semblent se mouvoir. …Le matin se lève avec les joggers et les ramasseurs de poubelles. Hiver : les marronniers sont dénudés, le jardin semble appartenir aux corbeaux..

Printemps, ronde des saisons, les touristes sont nombreux….

J’ai aimé voir le temps se dérouler aux jardins, aimé aussi l’attention que le vidéaste prête au personnel de gardiennage ou d’entretien qu’on ne voit pas forcément.

Et merci au monsieur du comptoir!

et zut à ChatGpt qui donne des informations erronées!

Dans la cohue du Louvre j’étais seule dans la Chapelle:

Agnès Thurnauer – Correspondances – Musée Cognac Jay

 marie Thérèse de SavoieExposition temporaire jusqu’au 8 février 2026

Emmanuelle Kant « Portrait Grandeur Nature « et Angelica Kauffmann Autoportrait en bacchante

Le Musée Cognac Jay réunit les collections XVIIIème siècle des fondateurs de la Samaritaine.  Rue Elzevir, non loin de Carnavalet dans un joli hôtel particulier, l’hôtel Donon. Les pièces d’exposition sont particulièrement soignées avec des boiseries d’époque. Les tableaux et bibelots sont présentés avec des meubles précieux . Même hors exposition la visite des collections permanentes vaut la visite. 

Salon Boucher une des plus belles pièces du musée

Dans Correspondances, Agnès Thurnauer projette un éclairage contemporain sur l’art du 18ème siècle et plus particulièrement sur cette période-clé où les femmes peintres, comme Vigée-Lebrun, savantes La marquise de Chatelet ou Madame de Staël ont su s’imposer dans un monde masculin. Deux « Portraits Grandeur Nature » EMMANUELLE KANT et FRANCOISE BOUCHER  gros badges comme des pins monstrueux donnent le la. Exposition radicalement féministe. 

Un merveilleux Canaletto est accompagné de 7 petits tableaux de nuages avec l’inscription NOW.  Commentaire de  Agnès Thurnauer :

« une œuvre est plus contemporaine du regard que l’on pose sur elle que de l’époque où elle a été produite »

La plasticienne va orienter le regard du visiteur, établir des Correspondances entre les œuvres du 18ème S. et son travail exposé. 

La salle suivante aura pour thème : Le Corps à l’Œuvre 

Sleepwalker – Vénus de Poncet et au sol matrices de lettres

 Il faut aussi confronter cet ensemble à l‘Odalisque de Boucher où le corps de la femme est livré comme objet de désir. Sleepwalker accumule les mots de l’artiste acrylique … académique … composition… dyptique… et par dessus le texte, le corps de l’artiste, nue de dos apparait sujet et non pas objet . L’artiste s’affirme créatrice et n’a pas peur à se représenter nue. 

Perrette et le pot au lait (détail)

Performance au féminin occupe la salle suivante .

La figure centrale est Perrette et le Pot au Lait de Fragonard présenté ainsi par les Frères Goncourt

« La laitière du pot au lait montre ses jambes et pleure comme une naïade sur son urne brisée »

Regard masculin érotisé. Perrette pleure-t-elle ses rêves de fortune ou sa vertu perdue?

Agnès Thurnauer : Le Corps à l’œuvre

Ce n’est plus une petite fille éplorée mais une femme puissante dont les seins gonflés rappellent le lait perdu. Elle montre ses jambes bien campées au sol. Seules les couleurs sont celles de Perrette!

Lire, Ecrire, Se Représenter

Emilie e Breteuil Marquise du Châtelet

Cette salle met à l’honneur des femmes majeures du Siècle des Lumières. la figure centrale est Emilie de Breteuil, marquise du Châtelet, mathématicienne, physicienne, traductrice de Newton, représentée ici avec un compas. 

Madame de Staël citée sur la cimaise :

Les femmes : « tantôt elle sont tout, tantôt elle ne sont rien. Leur destinée ressemble à quelques égard à celles des affranchis chez les empereurs, si elles ont du pouvoir, on leur rappelle, si elles sont esclave on opprime leur destinée… »

Prédelles entourant Marie Thérèse de Savoie

Agnès Thurnauer expose les portraits d’autres femmes savantes intercalés entre ses Prédelles noter l’homophonie prédelle/près d’elles.

Le Goût du 18ème siècle

Bonheur du jour

nous entrons dans les collections permanentes avec toutes sortes de bibelots, tableautins, médailles, porcelaine de Meissen. Coup de cœur pour les meubles marquetés et surtout les joli Bonheur du Jour. 

Il faudrait aussi montrer les statuettes, les tableaux d’Hubert Robert, de Boucher, Fragonard…..Je ne pouvais pas fair l’impasse sur l’âne de Balaam de Rembrandt

Rembrandt Ane de Balaam

 

Si je n’ai pas été convaincue par toutes les œuvres d’Agnès Thurnauer abusant de procédés répétitifs avec les lettres, en revanche le regard féministe décalé en fait une merveilleuse pédagogue. Elle guide notre regard, nous apprend à interpréter une œuvre. C’est aussi une féministe résolue qui met en avant des artistes un peu oubliées. 

Georges Mathieu – Geste Vitesse Mouvement – à la Monnaie de Paris

Exposition temporaire jusqu’au 7 septembre 2025

La bataille de Bouvine (250cmx600cm)

Mathieu est un plasticien familier par le Logo d’Antenne2, le revers de la pièce de 10F, les Affiches d’Air France, le trophée des 7 d’Or

Revers de la pièce de dix francs

C’est aussi le personnage mystérieux qui habitait Rue Léopold II dans un hôtel élégant devant lequel je passait en allant au Lycée Molière, dont nous guettions les apparitions et les voitures somptueuses.

 

 

Cette rétrospective à la Monnaie de Paris me semblait tout à fait à sa place mais je ne soupçonnais pas l’œuvre monumentale. Les trois énormes tableaux de 6 m de longueurs qui occupent la plus vaste salle : La Bataille de Bouvine, Les Capétiens partout, La victoire de Denain m’ont étonnée.

Capétiens partout

 Je n’imaginait pas une telle résurrection de la peinture d’histoire et surtout pas dans cette version abstraite  d‘Abstraction lyrique. Autre originalité : ces tableaux ont été peints en public, en un temps record, avec des mises en scènes spectaculaires. Pour la Bataille de Bouvine; Mathieu était costumé et a fait traverser Paris au tableau sur une carriole.

La victoire de Denain

Le happening a été filmé. On voit Mathieu sauter brandir de très longs pinceaux, comme des lances ou des épées et danser une étrange chorégraphie. Les thèmes m’interpellent comme cet Hommage à Louis XI.Un peu plus loin, une salle entière, L’Attrait du Grand siècle rend hommage au Maréchal Turenne, à Delalande à Vauban, et toute une composition présente Louis XIV  en majesté dans l’appartement de la Rue Léopold II

Louis XIV

Dans la salle intitulée Limbes les œuvres sont plus anciennes des années 40 montrent la proximité avec le dripping de Pollock et avec l’allemand Wols. Un voyage au Japon inspire des calligraphies presque orientales, beaucoup plus sobres noir et blanc avec parfois une touche de rouge. 

la Tour de Villebon

Frédéric Rossif a réalisé un portrait du peintre, lui donnant largement la parole pour qu’il explique sa création et sa théorie de l’abstraction lyrique. Il l’a filmé peignant un tableau : la technique est corporelle et très physique? Il commence à se frotter à la toile imprimant deux bandes colorées de son corps, puis il imprime de grands motifs tournant, sorte de calligraphie. Des gants de toilettes en guise de pinceaux XXL pour des tracés épais, des pinceaux de peintre en bâtiment puis des pinceaux plus fins montés sur de longues tiges. il saute, recule, avance. Enfin il écrase des tubes de couleur (acrylique ou gouache) pour donner du relief. Ecrase, recommence, frotte…C’est une gestuelle surprenante. Improvise-t-il ou a-t-il un plan préconçu? 

La Libération d’Orleans par Jeanne d’Arc, presque figurative

Je suis perplexe : impressionnée par ces oeuvres puissantes Impressionnée mais pas franchement convaincue. D’abord je n’ai aucune empathie pour le personnage imbu de lui-même. Presque à l’égal de Dali.  C’est peu dire! Le génie en moins. C’est aussi répétitif. Décoratif mais répétitif. De plus, l’exaltation des batailles médiévales, du faste des rois, n’est en rien ma tasse de thé. Par tradition, ou par provocation, Mathieu s’affirme royaliste. je fais fonctionner à fond mes convictions anti sectaires, et ouvre mon esprit. Cela ne fonctionne pas avec moi!

En revanche, l’exposition Street Art où 4 plasticiens actuels ont peint les cimaises présentant des oeuvres de plus petites tailles de Mathieu, fonctionne bien.

promenade sur la Butte aux Cailles

TOURISTE DANS MA VILLE

Le Boulevard Blanqui, métro Corvisart, la Rue Barrault à l’ouest, la Rue de Tolbiac au Sud et la Place d’Italie délimitent le  périmètre d’un quartier charmant : La Butte aux Cailles avec des rues pentues, parfois pavées entre des maisons basses, souvent agrémentées de verdure. 

Le Street art décore les façades, décors très variés : quelques grands graffs colorés mais finalement assez peu, beaucoup de petits éléments, mosaïques ou pans de miroirs posés en relief, des pochoirs 

La Rue de la Butte aux Cailles est bordée de terrasses de cafés, restaurants, mais aussi d’une bibliothèque, d’un atelier de poterie et arts plastiques, une librairie…des affiches vantent un Théâtre, proposent des improvisations. Rue vivante, sympathique

Et au bout de la rue : la place Verlaine avec son puits artésien, un petit square tranquille, plein de bancs et de sièges et la très belle piscine. Piscine construite en 1922-1924, alimentée par le puits dans la nappe de l’Albien (-582 m) chauffée par le chauffage urbain et « les ordinateurs ». Belle piscine Art Déco avec un bassin extérieur pour cette journée estivale. Les plages horaires sont larges, les prix minimes et l’accueil chaleureux. Cela fait très envie. 

En redescendant vers Corvisart, nous détaillons le street-art, il y a même une artiste qui peint un grand mur ; on se congratule, merci pour égayer notre promenade, merci pour les compliments….

 

En face de la station de métro, sous un porche rectangulaire très haut dans un bloc d’immeubles récents des escaliers montent à la butte. La photo est à l’honneur puisque le passage est la rue Atget qui conduit aux jardins Brassaï, espace vert bien caché.

Dernier souvenir attaché à la Butte aux Cailles le souvenir de la Commune de Paris qui fut le théâtre de luttes sanglantes le 25 mai 1971. Une place est nommée Place de la Commune de Paris et un restaurant : Le Temps des Cerises, restaurant coopératif et militant