Couleurs de l’incendie – Pierre Lemaître

« ….Le grand coupable, c’est l’impôt. le grand ennemi c’était l’Etat.

Le gouvernement observait avec inquiétude les couleurs de cet incendie qui gagnait sans cesse du terrain….. »

Couleurs de l'incendie par Lemaitre

Lemaître sait raconter des histoires. Je l’ai découvert avec Au revoir là-haut, et naturellement j’ai voulu connaître la suite!

Au revoir la-haut était plutôt un roman de garçons, d’amitiés viriles, Couleurs de l’incendie met en scène des figures féminines : Madeleine, la fille du banquier Péricourt, fille de, ex-femme de, mère du petit Paul, au début du roman,  prend de l’envergure tout au long de l’histoire, Léonce, sa confidente,  la belle garce, Solange Gallinato, la diva, et l’inénarrable Vladi, qui ne s’exprime qu’en Polonais.

Les hommes détiennent le pouvoir et l’argent, indissociables. C’est une histoire d’argent qui commence avec l’enterrement du Banquier Péricourt rassemblant tout le gratin, même le président de la République. L’héritage de la banque sera convoité, l’héritière flouée…Mauvaise gestion, investissements hasardeux, ou crise de 1929 qui de toutes façon aurait rebattu les cartes?

Madeleine ruinée va se venger (mais je ne vous en dirai pas plus).

C’est un roman historique,  une période trouble 1927- 1929 pour la première partie, 1933 pour la seconde. Crise économique et morale, corruption et évasion fiscale. Evasion fiscale et populisme. Certaines ressemblance avec notre époque, ce Charles, président d’une commission contre l’évasion fiscale, pris avec des francs suisses. Cela ne vous rappelle rien? Montée du nazisme, fascination de la droite pour le fascisme de Mussolini. Dans la « reconnaissance de dette« , l’auteur cite ses sources, littéraires mais aussi historiques, la reconstitution de l’époque est basée sur de réelles recherches.

Roman d’aventure, vengeance, roman touffu avec de nombreux personnages mais aussi très amusant, parfois tournant à la farce. Je ne me suis pas ennuyée ; j’ai dévoré ce gros livre.

Qui se souvient du café Rubens – Georges Memmi

LECTURES TUNISIENNES

Georges Memmi est l’auteur de Une île en Méditerranée que j’ai eu le plaisir de lire à Djerba.

Qui se souvient du café Rubens a été publié en 1984, l’auteur, « à 50 ans, se souvient de son enfance juive à Tunis[….]Une fête de couleurs vives, d’odeurs raffinées, de saveurs douces qui prendra un goût amer : celui de l’exil » nous apprend le 4ème de couverture. 

Contemporain de la Villa Jasmin de Moati, cet ouvrage est aussi un hommage à ses parents et à son enfance tunisienne, qui se terminera par le départ des Juifs tunisiens et l’exil. Toutefois, c’est un livre bien différent. Les deux enfants juifs ne sont pas issus du même milieu : l’enfant du Café Rubens, est fils de bourrelier et habite dans une ruelle.

Le livre commence par un véritable hymne à sa mère, alors qu’il se souvient de sa petite enfance lorsqu’il pouvait encore la suivre au hammam..la mère tendre. La femme analphabète qui connaît des histoires :

« elle était notre théâtre et, cent acteurs à la fois, elle nous enseigna le juste et le bon l’inévitable. Et combien Rabbi Samuel du Kef qui tenait le mal pour masque de la vie et apprenait à le réduire.  Âgée de douze siècle au moins, ma mère se souvient de la reine Kahena…. »

La mère cuisinière et nourricière, et le livre devient presque livre de recettes des douceurs tunisiennes ou guérisseuse. Beignets au miel, makroud, ou pigeon farci. On imagine les saveurs, les parfums de Tunis.

L’auteur se souvient aussi de ses frères et sœurs. Il évoque le Seder de Pâques, les cabanes dans la cour..

Quand il a grandi le père le prend en apprentissage et nous apprenons les secrets des meilleurs bourreliers, les cuirs, les outils et les gestes. Évocation du père, de sa fierté mais aussi de son amertume : la guerre arrive, les Allemands vont occuper Tunis. Disette, bombardements. Mais aussi les humiliations spécialement dirigées contre les Juifs :« au dire des Allemands et des pétainistes, les bombardements sortaient de nos doigts comme une vannerie habile. Du sol et dans la nuit nous dirigions les avions allés grâce à des signes secrets »

La demande d’un Allemand au bourrelier de faire une blague à tabac avec le parchemin de la Torah.

L’exil, le départ de toute la communauté juive est évoqué avec nostalgie alors que les Juifs étaient en Tunisie depuis des siècles et des siècles, depuis les temps de Carthage

« Les navires de la princesse Didon ont jeté l’ancre à l’ombre de ces rives neuves, de ces collines boisées sur lesquelles va bientôt naître Carthage. Mille esclaves enchaînés aux flancs de ces galères ont ramé jour et nuit. Parmi eux des juifs dont on récompensera la tenacité. Ils seront affranchis sur cette terre sauvage, africaine… »

Déracinement.

Je ne peux oublier ces absents, et je cherche leurs traces, étoiles de David sur les bijoux, les portes ou les décors et lis avec émotion ces récits.

 

L’ordre du jour – Vuillard / la Ville sans Juifs – Hugo Bettauer

VIENNE ET L’ANSCHLUSS

Tout a été écrit sur le Prix Goncourt 2017, style magistral, surtout le premier chapitre qui démontre la collusion des industriels allemands et du nazisme. Livre d’histoire parfait, démonstratif et en même temps littéraire, d’une lecture en même temps rigoureuse (le style encore!) et dis4trayante par tableaux vivants, courts, incisifs. Quelques personnages essentiels, quelques scènes pour décrypter la faiblesse de Chamberlain devant Goering qui abuse de l’hospitalité du premier, faisant traîner un dîner mondain alors que les Nazis entrent en Autriche, Schuschnigg pusillanime humilié par Hitler.

Magistral vous dis-je!

Et pourtant je suis restée un peu sur ma faim, l’essentiel est dit, l’essentiel, rien que l’essentiel, tout l’essentiel. 150 pages, et c’est fini.

Autant L’Ordre du Jour est un succès reconnu, autant La Ville sans Juifs est une curiosité dont je n’avais jamais entendu parler. Le premier est une mise en scène très littéraire de l’histoire, écrit trois quart de siècle après les événements. Le second est un livre de politique-fiction, on dit maintenant dystopie,  genre très en vogue. Sauf que cette fiction parue en 1925, annonce précisément ce qui va se dérouler dans la décennie suivante. Du point de vue littéraire, il n’y a pas de comparaison possible. Le roman de Bettauer ne se distingue ni par l’originalité de son style, ni par la psychologie des personnages, très conventionnels. Mais par la précision de l’anticipation il est stupéfiant.

 

Certes, l’antisémitisme, en Autriche ne date pas du nazisme. Bettauer a payé de sa vie le succès de La ville sans Juifs, en 1925 son assassin, en revanche , Rothstock, fut libéré d’asile psychiatrique dès 1933, comme homme libre. Dans la préface, Olivier Guez écrit :

« il s’agit moins d’un livre prophétique toutefois que d’une fiction politique car Bettauer ne croit pas, ne peut pas croire aux « Heil » grotesques et aux brassards à croix gammée, à la haine absurde qui provoquerait la ruine d’une ville et de tout un pays…. »

Et justement, c’est cela qui m’a frappée, la description précise de l’évolution politique :

« après la prétendue politique de redressement qui a duré deux ans, la situation financière de l’Autriche s’est à nouveau détériorée? Quand la valeur de la couronne autrichienne est tombée à deux-centièmes de centimes, les désordres ont commencé..[…] des incidents se produisaient tous les jours, des magasins étaient pillés, il y avait des pogroms , la colère et le désespoir de la population ne connurent plus de borne et finalement on dut prodéder à des élections…. »

Le lois anti-juives furent votées et les Juifs expulsés.

« Après la grande expulsion, tout Vienne se transforma en un camp de porteurs de croix gammées. Hommes et femmes, adolescents et enfants, presque tout le monde exhibait l’emblème que l’on voyait sur toutes les affiches, sur les drapeaux et les insignes. »

« nous n’avons plus aucune chance de nous rattacher (à l’Allemagne), ou bien croyez vous que les Allemands sont aussi crétins que nous et qu’ils vont flanquer leurs Juifs dehors »

Véritable prophétie, l’auteur montre tous les travers des Nazis. On se demande comment, sachant ce qu’il savait, on n’a pas pu éviter la catastrophe.

Le roman de Bettauer est d’un optimisme étonnant. Selon le roman, les Juifs, détenteurs des richesses et du commerce, ruinent l’économie en émigrant. L’Autriche est ruinée par leur départ. On réclame leur retour. Et ils rentrent en triomphateurs.

Ce que Bettauer n’avait pas prévu, c’est la Seconde Guerre mondiale!

An Odyssey – A Father, a Son and an Epic – Daniel Mendelsohn

LIRE POUR LA GRECE

Lire Homère sous un olivier

C’est Dominique   qui m’a donné envie de lire le livre de Mendelsohn paru récemment en français, Une Odyssée, un père, un fils, une épopée. Et je la remercie encore ici pour cette découverte et son billet très intéressant. Comme je préfère toujours, à l’écrit comme au cinéma, la Version Originale, j’ai téléchargé An Odyssey en anglais.

L‘Odyssée m’a toujours accompagnée.  Depuis mon enfance,  avec les Contes et Légendes. Plus tard, j’ai lu  le texte d’Homère. Malheureusement, j’ai abandonné le Grec ancien et je n’ai jamais été capable de le lire en VO.  Dans le livre de Mendelsohn , le père a délaissé l’étude du latin avant d’aborder Virgile….Mon meilleur souvenir de lecture de l’Odyssée fut à Ithaque : assise sous un olivier, j’avais lu les passage  racontant le retour d’Ulysse.  Cet été, nous avons visité la Grotte de Calypso sur Gozo et celle de Polyphème à Himarë (Albanie) ….

Il fallait donc que je lise Mendelsohn!

Le narrateur, Dan Mendelsohn, professeur d’université, organise un séminaire autour de l’Odyssée. Son père, octogénaire, propose de le suivre.  Ils partent ensuite en croisière à la suite d’Ulysse...Une intimité d’établit entre le père, un mathématicien peu communicatif et son fils qui  le connait mal. Au cours du récit, vont se mêler intimement les deux récits, celui de l’Odyssée qui est la trame, et le récit familial qui se construit au fil du séminaire puis du voyage.

Ithaque

Mendelsohn suivra scrupuleusement le plan de l’Odyssée : noté en grec PROEM (invocation) TELEMACHIE (Education) – APOLOGOI(aventures, racontée par Ulysse aux Phéaciens) – NOSTOS -(Retour)  ANAGNORISIS (Reconnaissance) – SÊMA(monument funéraire). Le séminaire est très rigoureux, les vocables grecs sont soigneusement étudiés et traduits. La pédagogie est intéressante – classe inversée dirait-on aujourd’hui – les étudiants lisent 2 livres avant la séance, posent leur questions et continuent éventuellement la discussion par mail.

Jay, le père, joue un rôle non négligeable dans la  discussion autour du texte. Il n’aime pas Ulysse, et récuse le statut de Héros. Ulysse ou plutôt Odysseas, est pleurnichard, il ne triomphe des épreuves que grâce à l’aide des Dieux qui le sortent de pétrins dans lequel il se met lui-même par vantardise.

La Telemachie donne le rôle principal à Télémaque, fils d’Odysseas, qui ne connaît pas son père. Athéna, l’envoie à Pylos auprès de Nestor puis à Sparte rencontrer Ménélas et Hélène. Ces voyages et ses rencontres lui servent d’instruction, il rencontre les héros de la Guerre de Troie qui lui parlent d’Odysseas, et apprend les difficultés du marriage avec le drame d’Agamemnon. On pourrait parler de roman de formation ou d’apprentissage.

Parallèlement Jay, le Père, et Daniel, le fils évoquent un voyage qui les a déjà réuni avec un retour « en cercles » . De cercles, de boucles, il sera souvent question dans ce livre. Comment naviguer très longtemps (dix ans, moins 7 ans dans la grotte de Calypso) pour parcourir la distance finalement courte entre Troie et Ithaque? En faisant de nombreux détours, des boucles, des digressions dans le récit. L’auteur suivra donc cette démarche. Comme dans le récit homérique certains épisodes sont contés à plusieurs reprises, parfois même doublés si on imagine que Circé et Calypso étaient peut être une seule et même nymphe.

Les aventures Apologoi, retracent le périple d’Odysseas en Méditerranée. Le héros en fait le récit aux Phéaciens. Mais Ulysse est un menteur et un vantard. Quel crédit doit-on lui accorder? Autre grief de Jay à l’encontre d’Ulysse : il rentre seul, il a abandonné ses compagnons; quel chef de guerre oserait se présenter sans ses soldats au retour de la guerre?

Nostos, le retour, est à l’origine de notre mot nostalgie. Il y seera question du retour à Ithaque, retour simultanée d’Ulysse et de Télémaque avec une histoire de chiens qui m’avait marqué autrefois. Dans la famille Mendelsohn, il y a aussi un épisode de chien enragé qui aurait marqué la personnalité de Jay. tout au long du livre, le fils reviendra à cette histoire qui lui paraît cruciale. Episode qui sera raconté selon différentes versions selon différents témoins. Tout au long du livre le professeur exercera le même esprit critique sur le texte ancien que sur le roman familial.

Anagnorisis : Odysseas doit se faire reconnaître, Argos, le chien, Eumée, le porcher fidèle, la nourrice Eurycléia le reconnaîtront. Il en sera autrement pour Télémaque et Pénélope. Tout d’abord parce que Odysseas se cache sous l’identité d’un pince Crétois (encore les fameux mensonges crétois!) . La preuve finale est celle du lit d’Ulysse (en parallèle un lit que Jay avait bricolé pour son fils enfant). C’est aussi l’occasion d’une déclaration d’amour de Jay pour sa femme, la mère de Daniel.

La croisière ne nous apprendra guère plus sur l’Odyssée, le séminaire est terminé, père et fils profiteront de cette occasion pour mieux se connaître. Le père se révélera un personnage charmant,  apprécié en société, et même audacieux loin du mathématicien silencieux et rigide que son fils avait présenté au début de l’ouvrage. La croisière n’atteindra pas Ithaque : élégant remplacement de la visite de l’île d’Ulysse par la récitation du poème de Cavafy qui est mon poème préféré.

Sêma : monument funéraire, monument funéraire d’Achille ou du marin Elpenor. On pressent le décès du père. Le monument que son fils lui érige n’est-il pas l’ouvrage tout entier?

Lecture passionnante, commentaire érudit, émouvante histoire d’une rencontre tardive entre un père et son fils, une Odyssée inattendue.

Lire aussi le billet de claudialucia

 

La course à l’abyme – Dominique Fernandez

CARNET MALTAIS/LIRE POUR L’ITALIE

C’est avec un plaisir immense que j ‘ai relu cet ouvrage.  Je relis les livres de Dominique Fernandez à l’occasion de mes voyages,  en Sicile, à Rome. C’ est un passeur d’histoire merveilleux et un fin analyste.

A la première lecture, je ne connaissais pas le Caravage et c’était une découverte à la veille de notre voyage à Naples. De retour de Malte, j’ai repris ce livre. entre temps j’avais lu Le Piéton de Rome qui consacre de nombreuses pages à Michelangelo Merisi. 

Plutôt qu’à la personnalité du peintre,  je me suis intéressée aux analyses des tableaux que, maintenant, j’ai vus et aux thèmes récurrents, surtout le Saint Jean Baptiste qui m’a impressionnée à La Valette mais qu’il a peint à nombreuses reprises :

« Quand ils (les Français) représentent la tête de saint Jean-Baptiste sur le plateau de Salomé, on ne voit ni les veines qui pendent du cou ni les flots de sang qui dégoulinent. je veux moi, qu’on prenne cet épisode de la Bible pour ce qu’il est : un homicide répugnant. »

A plusieurs reprises dans le livre il revient sur ce thème :

A Malte : « pour le plus grand tableau qu’on m’eût jamais commandé j’étais invité à peindre un assassinat par décollation »

et cette scène inspire plusieurs interprétations:

« je m’identifiais à Jean, je rêvais au bonheur de mourir de la main d’un bourreau aussi beau et radieux que lui… »

ou la scène de l’assassinat de son père :

« meurtre, un meurtre qui s’était produit réellement, la mort de mon père poignardé par les tueurs dans une rue de Milan »

Toute une étude est réservée à la peinture de ce saint depuis Leonard de Vinci dont le portrait androgyne l’inspire.

Autre figure récurrente : le Bacchus , je me souviens du Bacchus malade de la galerie Borghese et le Jeune homme à la corbeille de fruits exposé juste à côté.

Autre lieu, autres scènes et tableaux qui m’ont impressionnée : les tableaux représentant Matthieu dans l’église de saint-Louis- des-Français. Le séjour du Caravage à Rome est raconté avec toutes les intrigues dont celle autour des peintures dans cette églises que j’ai visitée en suivant l’itinéraire de Dominique Fernandez dans le Piéton de Rome.

Lectures, visites, tableaux se répondent et je vais de l’un à l’autre sans me lasser.

HISTOIRE DE MALTE – Jacques Godichot Que sais-je?

LIRE POUR MALTE

Quelles lectures avant un voyage à Malte?

Malgré mes appels sur Facebook, peu nombreux ont été les conseils de lecture.

Quand on ne sait pas quoi lire, il existe toujours cette collection inépuisable Que Sais-je? à la boussole (PUF) . Sur n’importe quel sujet,  un petit ouvrage de 128 pages, a été écrit par un éminent spécialiste et va à l’essentiel. Lycéenne, puis étudiante, j’ai consulté des opus de cette collection, j’en ai trouvé de nombreux dans la bibliothèque familiale.

En vieillissant, je l’ai  abandonnée, puis elle m’a un peu intimidée avec sa sobriété, son manque de séduction apparente, peur d’une lecture aride.

Et j’ai eu bien tort!

L’histoire de Malte, du Naufrage de Saint Paul à celle des Chevaliers de l’Ordre-de-Saint-Jean-de-Jérusalem est assez passionnante pour qu’on n’ait pas besoin de plus de romanesque. les faits se suffisent à eux-même. Le Grand Siège de  1565, les conséquences de la Révolution Française et l’irruption de Bonaparte dans la géopolitique méditerranéenne, la main-mise des britanniques au 19ème siècle, le rôle stratégique de l’île pendant la Seconde guerre Mondiale….en font une histoire haletante.

J’ai pris des tas de notes que je ne recopierai pas toutes ici mais qui m’ont bien inspirée :

Malte est l’île des ports…ainsi ce sont les multiples ports qu’offre l’île de Malte aux navires qui traversent l’a Méditerranée de l’uest à l’est, et du  nord au sud…. »

Malte a appartenu aux peuples qui ont dominé la Méditerranée : Phéniciens, Carthaginois, Romains…..arabes, Malte est au centre de toute thalassocratie c’est à dire de toute domination méditerranéenne

Selon l’auteur les Phéniciens qui n’ont laissé que peu de trace ont quand même laissé une empreinte tangible : une langue sémitique qui dériverait peut être du phénicien  peut être de l’arabe?

De l’influence des Arabes reste donc cette langue particulière, le maltais, la toponymie des villes et villages, et la condition claustrée des femmes. Selon l’auteur, Les Arabes transformèrent l’île en un nid de Corsaire. qui rayonnaient vers les côtes des pays chrétiens et opéraient des razzias. 

Après la conquête normande en 1240 les Maltais poursuivirent leur piraterie, ils étaient liés à la Sicile aussi normande pour leur subsistance. l’Université fut une institution originale ayant pour rôle principal la redistribution des blés siciliens. L’italien devint la langue du commerce.

De nombreux chapitres relatent l’histoire de l’Ordre de Malte depuis sa création jusqu’à son installation.  sur Malte et détaillent son organisation et sa hiérarchie. Le Grand siège et la Construction de la ville de La Valette furent ses heurs de gloire.

Très intéressante étude de l’influence de la France dans la Méditerranée par l’intermédiaire des Grands Maitres qui furent souvent français. La décadence de l’Ordre et la révolution française va changer la donne. J’ai été surprise des initiatives russes dans cette région bien éloignée de leurs bases. .

Dès 1814,  Malte devint une possession anglaise 

L’Angleterre comprit rapidement que le moyen d’attirer les bâtiments à vapeur était de constituer de gros dépôts de charbon

Depuis Nelson à 1936 Jusqu’à cette époque ils considéraient Malte comme la plus importante des bases qui jalonnaient la route des Indes par la Méditerranée….

Pendant la 2ème Guerre mondiale n a pu parler de Troisième grand siège  .

Les derniers chapitres traitant de l’Indépendance de l’archipel m’ont laissée sur ma faim,  de même la Préhistoire qui m’a semblé si intéressante sur place sur les sites et dans les musées archéologiques.

La vie ne danse qu’un instant – Theresa Révay

Merci à Babélio et aux éditions Albin Michel de m’avoir offert ce livre !

Alice Clifford est correspondante de presse, intrépide reporter de guerre est  sur tous les fronts, de l’Abyssinie 1936, quand les troupes de Mussolini ont chassé le Négus, Madrid 1937,  à la Guerre d’Espagne, puis la Nuit de Cristal à Berlin novembre 1938, jusqu’à Monte Cassino aux côté des troupes américaines.

Fine journaliste, elle interviewe  Mussolini, fréquente un prince romain introduit au Vatican, publie des articles analysant les mécanismes du pouvoir fasciste. Dans les premières prévient des atrocités contre les Juifs dans les camps de concentration.

Entre ses reportages de guerre, Alice Clifford vit à Rome où elle a un appartement et un amant.Ou elle retourne se ressourcer à Alexandrie où vit son père et son ex-mari.

Ce roman historique, très bien documenté rappelle dix ans d’histoire européenne.Si je suis restée un peu sur ma faim pour ce qui concerne la Guerre d’Espagne, tout ce qui se déroule en Italie, aussi bien à Rome que dans les guerres de conquêtes mussoliniennes est très intéressant. Le rôle des papes Pie XI et Pie XII est intéressant.

Je me suis moins attachée au roman d’amour. La jeune femme si belle, si désirable, si intelligente….qui se veut libre et non-conformiste est comme on dirait « trop ». « Trop » beaux, séduisants, bien-nés, riches….ses amants. Quand à Fadil, l’ex-mari il est tout simplement parfait. Tant de perfection me lasse.

En bref, c’est un roman historique intéressant, mais c’est un roman historique, pas un témoignage direct ni une oeuvre littéraire qui vous emporte.

Même si Alice est américaine, nous baignons dans une atmosphère italienne tout au cours du roman.  Ce qui explique pourquoi je publie le billet dans le mois Italien.

L’image contient peut-être : ciel, plein air, eau et texte

Le Pouvoir au Féminin – Elisabeth Badinter

MITTELEUROPA

LE POUVOIR AU FEMININ – MARIE -THERESE D’AUTRICHE – 1717 -1780 L’impératrice -reine

 

Du Siècle des Lumières, j’ai toujours eu un éclairage très franco-français, Louis XV, Louis XVI, la Révolution, Bonaparte….pour ce qui est du pouvoir politique. Voltaire, Diderot, Rousseau, les Encyclopédistes…. peut être Casanova? Evidemment j’ai entendu parler des souverains célèbres comme Frédéric II, la Grande Catherine, mais toujours en rapport avec Voltaire, despotes éclairés.

Un coup de projecteur sur Vienne, plus que nécessaire, donne une vue plus centrée sur l’Empire Austro-Hongrois, et l’émergence de la Prusse. Les Guerres de Succession d’Autriche (1740-1748) et la Guerre de Sept ans (1756-1763)  sont apparues en filigranes à de nombreuses occasions sans que je n’y comprenne rien. Voilà un ouvrage qui répare ces lacunes ! Enfin, j’arrive à situer la Silésie annexée par la Prusse alors que la jeune Marie Thérèse venait d’accéder au pouvoir – la Reine nue – et dont la reconquête par l’Autriche  a été le motif de ces deux guerres. Je comprends mieux aussi le fonctionnement du Saint Empire Romain-Germanique et les manœuvres des elections de l’Empereur.

Le livre d‘Elisabeth Badinter est un livre d’histoire détaillé. Les notes en bas de page, les référence dans les correspondances d’époque, la liste des sources et la bibliographie en annexe, témoignent du sérieux de l’ouvrage. Il est très loin des romans historiques aux détails croustillants, aux fêtes en costumes, aux aménagements de Schönbrunn. Si vous comptez suivre l’enfance de Marie Antoinette, ses tenues, son éducation vous serez déçu! Peu de frivolité, de la politique, de la diplomatie! J’ai eu du mal à me repérer dans les premiers chapitres du roman parmi les nombreux personnages de la famille de Habsbourg. A l’avènement de Marie Thérèse au pouvoir, je me suis attachée à sa personnalité.

Elisabeth Badinter est une historienne féministe. Elle analyse le Pouvoir au Féminin de cette souveraine exceptionnelle qui sut concilier son métier de reine et ses maternités. Elle mit au monde 16 enfants et ne négligea pas  leur éducation. Reine amoureuse de son mari François-Etienne, duc de Lorraine, dont elle partagea la couche jusqu’au décès de ce dernier (ce qui n’était pas l’usage dans les cours de l’époque). Elle était enceinte pratiquement tout le temps, redoutant plus les accouchements que les périls de la guerre. Marie-Thérèse mit à profit sa féminité. Séductrice dans sa jeunesse, on ne pouvait rien lui refuser quand elle se présentait en larmes près de perdre Prague et la Bohème. Mère de son peuple, elle était aimée tandis que François-Etienne était méprisé. Solidarité féminine? Elle acquit de solides réseaux dans les cours auprès des femmes.

 

Tableau de la vie quotidienne :maternités, mortalité infantile et fièvres puerpérales. Petite véroles. Un tableau clinique de la santé au 18ème siècle. Les cours ne sont pas épargnées.

 

Les élus – Steve Sem-Sandberg

les-elusLes élus sont les enfants qui ont été euthanasiés à l’hôpital du Spiegelgrund à Vienne de 1941 à 1945.  789 enfants, incurables pour certains, atteints de maladies neurologiques, ou  handicapés, mais aussi indésirables pour d’autres raisons indisciplinés, abandonnés par des parents, enlevés à leurs parents alcooliques, ou d’origine juive ou tsigane.

Ce roman raconte une histoire douloureuse et vraie. Deux destins se croisent, l’un bien réel de l’infirmière Anna Katschenka, et celui, fictif d’Adrian Ziegler, enfant qui a survécu à l’enfer du Spiegelgrund (inspiré de la vie de Zawrel). Histoire  des médecins nazis qui ont dirigé l’opération. Histoire hallucinante quand on sait que l’un d’eux a exercé dans ce même hôpital jusqu’en 1981, utilisant pour des recherches neurologiques  les organes prélevés sur les enfants euthanasiés. Recherches officielles et publiées ouvertement.

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Lecture difficile du récit des tortures infligées aux enfants. Criminels mais aussi sadiques, les soignants du Spiegelgrund. Difficiles à soutenir aussi les réactions des enfants violents et imprédictibles. On comprend à la fin que certains parents n’ont pas abandonné leurs enfants et ont encore l’espoir de les récupérer vivants. La cruauté est alors sans bornes.

Malgré l’horreur, j’ai été prise dans la lecture et je n’ai pas lâché le livre avant la fin. Je voulais savoir comment l’hôpital serait libéré, ce qui adviendrait d’Adrian à qui je me suis attachée, et du personnel soignant, s’ils seraient jugés.

Quoi de neuf au Moyen Age à la Cité des Sciences à la Villette

PARIS/BANLIEUE  EN EXPOS

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J’étais très impatiente de me rendre à la Villette à cette exposition. L’archéologie m’intéresse beaucoup ainsi que le Moyen Age. 

L’exposition s’articule sur deux niveaux.

En bas, dans une galerie sombre : la chronologie de 11 siècles :à partir de 325 -christianisation de l’Empire Romain sous Constantin et au concile de Nicée, jusqu’à 1492, découverte du Nouveau Monde et fin de la Reconquista.

Quelques personnages (ou évènements) sont emblématiques de chaque siècle.

  • 4ème, Constantin
  • 5ème Attila
  • 6ème Clovis et Justinien
  • 7ème Dagobert et Mahomet
  • 8ème Pépin le Bref et Charles Martel
  •  9ème Charlemagne et le débarquement des Vikings,
  • 10ème , Cluny, installation de Rollon en Normandie
  • 11ème, Schisme entre la chrétienté d’Orient et d’Occident, conquête de l’Angleterre, 1ère Croisade
  • 12ème Aliénor d’Aquitaine, construction de Notre Dame, assassinat de Thomas Beckett,
  • 13ème pillage de Constantinople,
  • 14ème : la papauté s’installe en Avignon, Peste Noire,
  • 15ème commence avec Azincourt, Jeanne d’Arc, puis Gutenberg et la Prise de Constantinople.

Ce rappel chronologique s’accompagne de quelques photos projetées sur un mur, panorama d’un paysage et de quelques images sur des panneaux plus détaillés.

Au niveau supérieur , des boites en contre-plaqué illustrent des thèmes variés. Invasions, ou migrations?  techniques  de métallurgie ou du travail des os de bovins, moulins divers à grain ou à foulons, vie dans les campagnes, jeux.…..

Chaque thème est illustré de vidéogrammes: enquête des archéologues sur un point précis. Un cimetière dans une église, un hameau retrouvé, un four….Ces vidéos courtes sont remarquables, amusantes, très rigoureuses du point de vue scientifiques.

Dans des vitrines, ou sur des tables, quelques objets sont présentés. Présentation  décevante : il y a très peu d’objets, plutôt des maquettes (destinées aux enfants).  Les objets quand il sont présents, ne sont pas mis en valeur. Le matériau choisi : contreplaqué brut ne les met pas en valeur ni les bijoux en émail cloisonné, ni les boucles damasquinées , ni les dés, boutons ou peignes en os.

On a privilégié les activités « interactives » sorte de jeux, sans doute destinées aux enfants , peu convaincantes pour les adultes. Les enfants, s’ils ne sont pas guidés font n’importe quoi, les adultes cherchent sans doute autre chose.

Dans trois caissons de bois, des personnages « animés » racontent leur histoire en regardant le spectateur dans les yeux  Hildegarde de Bingen et Thomas Beckett on retenu mon attention mais ne m’ont pas séduites. Pourtant ces personnages me fascinent. Mais pas sous forme de figures 3D animées. J’ai même trouvé cela de fort mauvais goût.

Je suis ressortie plutôt déçue de ma visite. Visite instructive, certes, mais peu satisfaisante esthétiquement. J’ai cherché (et trouvé) sur Internet quelques unes de ces vidéos que je regarderai à nouveau avec beaucoup d’intérêt. J’ai mis au propre ci-dessus la chronologie pour mémoire.

En revanche, je me pose encore la question « Quoi de neuf au Moyen Age? ». L’idée était de détruire les idées préconçues sur une période sombre, sans intérêt. Il me semble que je n’ai pas ces préjugés. Remplacer le concept de « Grandes Invasions » par celui de migrations progressives est une très bonne chose, surtout par les temps qui courent (envoyer un certain Nicolas réviser ses notions sur les Gaulois). Le travail de l’archéologie actuelle aurait pu sans doute être mieux mis en valeur.

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J’ai terminé l’après midi par une traversée du Parc de la Villette à la tombée de la nuit, quand les pavillons et fabriques s’illuminent, quand les dernières lueurs du couchants se reflètent sur les Grands Moulins de Pantin et le Canal de l’Ourq, quand la grande halle et la Cité de la Musique s’éclairent et j’ai préféré cette promenade au parcours dans l’exposition.

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