Monte Sirai – Portoscuso

CARNET SARDE

Monte Sirai

Nous avons eu du mal à trouver le site à la sortie de Carbonia, Googlemaps nous a égarées. Finalement sous le trouvons sur la route de Portoscuso. L’écriteau est très discret. La route qui monte à l’Acropole de Monte Sirai est raide. L’emplacement choisi par les Phéniciens domine la mer et la petite vallée où se trouve maintenant Carbonia. De là, on pouvait voir Sulky, l’autre ville phénicienne puis punique. Les Romains se sont installés à Sulky sur la ville punique en réemployant le matériel ou la nécropole. Rien de semblable à Monte Sirai  où l’on découvre la ville punique et ses trois rues, les quatre groupes de maisons, le temple d’Astart(Démeter). Les tombes de la nécropole sont accessibles mais vides .

Monte Sirai Temple d’Astart

Je suis entrée dans la ville par la porte nord entre des murs de gros blocs de trachyte rouge. On remarque encore la trace des gonds. Le temple d’Astart a été construit sur un site nuragique préexistent, sa première phase de construction est datée VIII-VI ème siècle av.JC, une deuxième phas au Vème siècle puis reconstruction sur une terrasse au IIIème siècle. Le trésor contenait de nombreuses offrandes : images féminines en terre cuite masques masculin et bronzetti. La déesse serait la déesse de la fertilité , le dieu serait peut-être Bès ou Baal.

De là-haut, on a une très belle vue sur Carbonia et je reconnais les cités-jardins invisibles d’en bas.

Monte Sirai maisons puniques

La maison du talc est la maison d’habitation la plus ancienne mis au jour (fin VIIème)Elle avait 5 chambres et un étage, le rez de chaussée était occupé par un atelier, la cuisine avec un four pour le pain et la boutique artisanale d’un coutelier avec des pierres pour affûter les lames, des cornes de cerf et une faucille en fer. Un puits de lumière éclairait le centre de l’entrée. On a émis l’hypothèse de l’utilisation d’une couverture translucide.

La maison Fantar date du IIIème siècle. On y a reconnu une boutique, un espace pour le culte domestique, un moulin à grains et des statuettes féminines ainsi qu’une urne contenant des cendres.

La nécropole phénicienne compte 270 tombes.

L’idéal serait de visiter les sites archéologiques au lever du jour ou au coucher du soleil. Il y a peu d’ombre, les pierres gardent la chaleur qui est accablante aujourd’hui. En sortant je croise la visite guidée que je me proposais de suivre. Vraiment trop chaud. Je renonce. La colline du Monte Sirai est aménagée avec un théâtre à l’antique, un bar, des banquettes face à la vue et un kiosque.

Nous évitons la grande route SS 126 et suivons le bord de mer par Portovesme et sa centrale électrique qu’on devine depuis Sant’Antioco. Citernes de carburant, pas moins de 12 hautes cheminées rouges et blanches. La centrale thermique est doublée d’un parc éolien assez important. Au cours de la visite de la mine de Serbariu, la guide avait parlé de cette centrale. A-t-elle utilisé le charbon de la mine ?

Portoscuso : nous passons par des zones urbanisées sans grâce puis devant une belle pinède à l’ombre touffue. On a installé des tables pour l’apéro. Peut-être pourrions nous y faire une pause ? Nous continuons la route vers les plages. Quittant la ville par le nord, nous arrivons au bout de la route dans une sorte de lande où sont installés un parking et une piste cyclable et piétonnière. Un autre jour, je l’aurais bien suivie, mais à midi sous la chaleur ce n’est pas raisonnable. Je me contente de suivre un sentier vers la mer. Et là, surprise : des rochers gris argentés ont les courbes caractéristiques des coulées volcaniques s’écoulant vers la mer. D’où proviennent-elles ? Quand se sont-elles formées ?

Portoscuso

Un peu plus bas, il y a un bel hôtel. Malgré la proximité de la centrale, cette dernière est invisible. Au pied de l’hôtel, une merveilleuse plage dominée par une tour. C’est bien joli. Nous trouvons aussi un petit port avec de nombreux restaurants. Evidemment c’est toujours quand le pique-nique est prêt que nous trouvons les restaurants (et inversement) Non loin, l’embarquement des ferries pour Caloforte, le port de l’île San Pietro . Il y a bien sur la carte une petite route blanche qui relie Portovesme au pont de Sant’Antioco : impossible de l’emprunter.

Nous déjeunons sur la terrasse du gîte. Confortablement et bien à l’ombre. Sieste. Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas accordé une demi-journée de repos. Le vent s’est levé et souffle fort. Sera-t-il possible de se baigner ?

Vers 16h30, je descends à Cala Lunga. Cette petite baie très encaissée est miraculeuse. Sur la plage, les posidonies sèchent volent en une tornade de confettis argentés et de serpentins. L’eau est calme. Je nage sereine. Pas une vague, juste une risée qui n’empêche pas de voir le fond de l’eau. Une planche à voile navigue. Je n’ose pas m’approcher de la mer ouverte ayant peur de ne pas pouvoir revenir. Je fais trois allers retours au lieu de deux les autres jours.

En nageant, j’avise une piste qui monte dans la colline. Le sentier côtier est balisé avec des traits jaunes. Bien sûr cela grimpe dur. J’arrive rapidement sur la crête. Comment rejoindre notre maison rouge nettement plus bas. Non seulement le maquis est touffu mais on a entouré le terrain de barbelés. Je fais donc le détour pour trouver une grande piste deux maisons plus loin.

Nous prolongeons la soirée sur la terrasse bien après la tombée de la nuit. Le vent a chassé les moustiques et nous profitons de la fraîcheur.

les villages miniers de la côte sud-ouest de la Sardaigne

CARNET SARDE

Belvédère sur la corniche avant Nebida

Juste à côté de chez nous Dominique repère un chemin et un panneau Cala Grotta. Un condominium barre la route. Il est construit de villas originales est-ce le village cyclopi ou le village Polyphème ? Un sentier le contourne et va à la falaise : spectacle magnifique mais j’ai oublié de prendre mon téléphone.

Avant le Pont Romain nous entrons dans la Saline pour observer les flamants qui ne sont pas si roses que cela. Calme et sérénité. Les salines ne sont plus exploitées mais il y a de gros tas de sel encroutés sur les bords. La SS 126 – Strada Statale Sud Occidentale – ici les routes ont des noms que le GPS serine – passe à côté de Carbonia et de ses zones commerciales. Il faut quitter la 126 après Gonnesa et prendre la SP 83 pour un parcours en corniche spectaculaire. On remarque la floraison des mimosas.

Fontana da mare

Fontana mare une piste dans une pinède conduit à un parking payant proche des plages. L’une d’elles sableuse qui ne semble pas vouloir se terminer et une autre, séparée par des rochers, a une vue merveilleuse sur de grandes falaises et l’îlot du Pain de Sucre. Baignade bien rafraîchissante pour bien commencer la journée.  Le gardien du parking est sympa, comme nous ne sommes même pas attardées une heure, pour nous ce sera gratuit !

La route entre Fontana Mare et Nebida est extraordinaire : à-pic vertigineux, roches rouges, oranges, falaises blanches qui se détachent sur la mer bleue et le maquis vert vif. L’îlot pain de Sucre se rapproche, Dominique pense à Sarq et moi, au Mont Aiguille. Selon Wikipedia, 133 m de haut, est formé de calcaire Cambrien, ce serait un stack, un pinacle de pierre détaché du littoral par l’érosion.

Nebida

les hautes falaises et le pain de sucre vus du Belvédère avant Nebida

L’arrivée sur Nebida est intéressante : on voit des restes d’exploitation minière, de beaux bâtiments de pierre : la  « laveria », ont perdu leurs toits et sont en ruine. J’aurais aimé en savoir plus sur cette exploitation minière de zinc et de plomb. Des visites sont organisées mais il aurait fallu téléphoner, prendre rendez-vous.

Nebida ruines industrielles

Avant-goût : la promenade autour de l’éperon rocheux juste à l’entrée de Nebida, promenade dallée à plat qui surplombe la Laveria. Une pizzeria a installé ses tables à l’ombre au milieu de l’allée. C’est trop tôt mais tentant.

La petite ville se tasse sur l’autre versant. Une grue pour la construction d’un grand immeuble la surplombe. Quel gâchis pour le paysage !

Masua

Masua roches ruiniformes à la sortie de Masua

Nous trouvons à Masua le restaurant de plage : le Warung Beach Club . Sa terrasse, couverte et fermée, est au-dessus des installations de plages. Classieux et cher, tant pis ! Jolie décoration. Une idée originale comme bouquet de table : trois bouchons de liège sont collés une branchette de lentisque fraîche y est fixée. Sièges metteur en scène très confortable et tables en bois lazuré. Joli, classieux mais très prétentieux. Quand je m’adresse au garçon en Italien, il s’entête à me répondre en anglais. C’est vexant ! Chichis pour remplir (à peine la moitié) du verre de vin. L’eau en carafe est payante (on y ajoute même la TVA) les moules à la tomate (16€) sont absolument délicieuses avec de vrais morceaux de tomate fraîche. La pizza margharita(14€) est petite sa pâte est épaisse (certains aiment, pas nous) mais il y a de vrais morceaux de tomate et du pesto de basilic frais. C’est bon mais bien cher.

Entre les moules et le café, je fais une courte baignade le long des lignes de bouées des gommone

Le restaurant organise également des excursions en mer : 1h Pane di Zucchero 25€, 3h 60€ tour de la mine à Porto Flavia

La mine a été abandonnée en 1999. Elle est spectaculaire, énorme vue de la route.

La route de Buggeru

Buggeru tunnel

Sur a carte Michelin, la route s’interrompt relayée par une piste jusqu’à Buggeru distant de 15 km, aller et retour inenvisageable à 15 heures. Bonne surprise : ce n’est pas une piste mais une excellente route qui franchit une montagne (la grande falaise blanche qu’on a vue de loin) . La montée est très raide et la descente aussi. Au début, paysage ruiniforme avec des pitons et des chicots. Après le col le maquis devient sec et clairsemé.

Buggeru est un village minier. Sa transformation actuelle vers le tourisme efface le passé ouvrier. Les installations industrielles sont vraiment en ruine ? les maisons ouvrières ont été modernisées. Une marina héberge des voiliers de plastique. Un grand chantier est en cours sur le port : on nivelle, on recouvre de terre, on cimente…Si nous étions arrivées le matin nous aurions pu prendre le train touristique qui roule dans le tunnel de la mine. J’aurais pu visiter le Musée. Arriver à 15h en Italie est une hérésie. Tout est fermé. Trente kilomètres pour rien, bougonne Dominique. Pas tout à fait : la route était belle, nous avons entendu les cigales. Et puis le nom de Buggeru m’est familier : à cause du massacre de Buggeru

La première grève eut lieu en 1904. Pour toute réponse, l’armée tira sur les ouvriers : trois moururent, et nombreux furent les blessés. C’était le 4 septembre, …

J’aurais regretté de ne pas y passer alors que nous étions si près.

 

Le tour de l’île de Sant’Antioco par Calasetta

CARNET SARDE

Calasetta

Evitant la grande route SS126, nous partons le long du littoral vers le nord, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Nous empruntons une très petite route entre de très hauts roseaux formant une double haie bruissante qui cache le paysage. J’ai réglé le GPS sur Punta Ditta. Nous entrons dans un terrain privé mais vide avec des hangars. Sur le plan d’eau plusieurs rangées de bouées blanches nous intriguent. A quoi servent-elles ? Au sol des coquilles de moules. Peut être des bouchots ? ou un élevage aquacole ?

Cussorgia

Le petit village de Cussorgia a une petite plage et un restaurant Acqua e sale très bien placé sur la plage. Malheureusement fermé.

Calasetta

palomar Café

Calasetta est l’autre ville de l’île. C’est le port du ferry pour San Pietro et aussi un port de plaisance tout à fait charmant avec beaucoup de bateaux en bois. Sur le qui plusieurs restaurants ont installé leur terrasse. Nous choisissons le plus joli Palomar Café qui a une petite terrasse surélevée à l’ombre avec seulement 6 tables à l’extérieur (il y a une petite salle couverte). Le menu est difficile à déchiffrer, heureusement la patronne parle français. Dominique choisit lasagnetta au pain carascu (carta da musica) : tomate fraîche, fromage et pistou sur un fin fin sandwich croquant décoré rouge et vert. C’est très joli, délicieux mais pas très rassasiant. Pour moi :3 crostadini (pain grillé) thon séché et salé, lamelles de boutargue et le troisième aux anchois. Comme souvent en terrasse je sors mon carnet moleskine pour dessiner les bateaux de bois.

Dans nos assiettes crostadini au premier plan lasagneta au fond

La petite ville de Calasetta est toute blanche comme un village grec ; blanc relevé de bleu, rues étroites en pente montant à une grosse tour ronde (1737) d’où il y a une vue plongeante sur la plage Sottotorre. Il aurait suffi de descendre la rampe pour y accéder à pied. En voiture c’est beaucoup plus compliqué. Baignade agréable dans une eau transparente et très calme malheureusement assez peu profonde.

Nous essayons de coller à la côte pour explorer de nouvelles plages.

Deux accès pour la plage La Salina : un parking payant à l’intérieur du camping ou plus loin une allée dallée qu’on emprunte timidement le long de l’étang et qui conduit à un restaurant de plage (pas encore ouvert, le propriétaire fait de la peinture).

Un peu plus loin Spiaggia Grande proche de la route.

la route côtière entre Calasetta et Cala Lunga

Des chemins desservent des maisons non loin du Rocher Mangibarche où un phare est perché sur un ilôt.

Nous cherchons sans le trouver le Nido dei Passeri (une curiosité incontournable citée sur tous les guides et plans). La vue sur la falaise est vertigineuse.

On se retrouve à Cala Lunga après avoir traversé le lit (à sec) du ruisseau Mercuri au pied du Mont Mercuri (qui a donné son nom à l’hôtel Mercury proche du gîte). Baignade parfaite à Cala Lunga.

Les musées de Sant’ Antioco : village hypogée, fort, nécropole

CARNET SARDE

Village hypogée

Pour visiter les musées de Sant’Antioco, il existe un billet cumulatif à 10€/journée. Faire toutes les visites à la file me paraît indigeste. J’ai donc vu le Musée Archéologique et le Tophet mardi dernier. Le Musée Ethnographique, le Village Hypogée, Le Fort, la Nécropole et l’Aire archéologique se trouvent dans la Ville historique non loin de la Basilique Sant’Antioco sont au programme d’aujourd’hui.

Comme la circulation automobile est un casse-tête nous décidons de garer la voiture sur le Lungomare en espérant trouver de l’ombre avec la fraîcheur de la mer pour Dominique. Sur le Lungomare Vespucci, à l’arrière d’une belle pinède, nous croyons trouver le parking idéal.

La via E. d’Arborea rejoint la Place Umberto 1er(roi d’Italie 1878-1900) la via Margharita (reine et femme du précédent) me conduit à la basilique. Avec les plaques des rues je révise l’histoire d’Italie.

Basilique Sant’Antioco

Sant’Antioco (95 -127), martyr d’origine nord-africaine qui fut réduit en esclavage par les D’après la légende, les Romains auraient condamné Antioche à travailler dans les mines de plomb (piumbaria)  pour avoir refusé d’abjurer sa foi. Il s’en échappa, caché dans une barrique de goudron, et des chrétiens clandestins le dissimulèrent dans les catacombes. En 1615, on retrouva ses reliques. J’arrive pendant la messe. Un prêtre est à l’harmonium, sa partition sur son téléphone portable. L’assistance est étrange, uniquement masculine. Je m’éclipse intimidée. Je les croiserai plus tard dans la ville ce sont des curés. Donc pas de visite d’église encore moins des catacombes. Dommage !

village hypogée : photo ancienne

Le bar en face de l’église s’appelle Villaggio ipogeo, le village ne doit pas être loin ; j’interroge un homme assis sur les marches. Une dame en robe à rayures fines bleues et blanches m’attends « je vais vous y conduire ! Vous êtes en vacances ? » petite conversation bien aimable.

Le Musée ethnographique

Musée ethnographique : outils

On m’ouvre le Musée ethnographique : dans une remise sont entassés les outils du maréchal ferrant, du forgeron, des barriques, tamis, scies, sellerie…à l’intérieur les outils des champs, un pressoir à huile, des pièges.

Musée ethnographique Dentelles de byssys et pinnes

Un panneau explique le travail du byssus d’un énorme coquillage- la pinne – « oro del mar ».

Musze ethnographiques : pains à manger ou à offrir

Sur une table différente variétés de pains et de pâtes.

Le village hypogé

Village hypogé : entrée d’une maison troglodyte

Un homme m’entraîne dans le village troglodytique qui me rappelle les villages troglodytiques tunisiens ou Sacromonte à Grenade, maisons chaulées et fraîches. Dans une pièce on a exposé des photos anciennes du temps où les grottes étaient encore habitées. Dans une autre sur une planche figurant les sarcophages de bois puniques on a placé de la vaisselle et des masques censés éloigner les pilleurs et le mauvais sort (comme le masque de chat que j’ai vu au Musée). Dans une autre grotte, la table est mise. On imagine la vie des Sardes. Les habitants les plus pauvres de la ville s’étaient installés dans les « grutas », caveaux creusés par les Phéniciens, Carthaginois ou Romains.

La billetterie se trouve près du fort Fortino Sabaudo Su Pisu . Il fut construit en 1812 pour protéger la ville des pirates (800 corsaires tunisiens avaient débarqué sur l’île et pillé le pays enlevant 22 personnes) Ce fut la dernière razzia. Les attaques des sarrazins avaient vidé l’île depuis la fin de l’Antiquité où Sulky était une ville importante. Ses habitants l’ont déserté. L’île était terre d’Eglise. La découverte des restes de Sant’Antioco martyr dans les catacombes a relancé l’intérêt de l’Eglise pour l’île qu’elle a cherché à repeupler en distribuant les terres agricoles. Le fort fut construit sur l’emplacement d’un nuraghe dont on devine les pierres derrière un caroubier.

Fortino Saubado

Acropole

Sous le fort on a retrouvé l’acropole punique et les constructions romaines. En haut, une un petit temple et 9 colonnes était précédé d’une rampe où l’on a retrouvé els deux lions du Musée archéologique. Sous le temple il y avait une citerne. On devine plus bas un théâtre romain.

Nécropole

nécropole : tombe peinte

Pour visiter la nécropole, on est équipé d’un casque pour descendre dans les tombes .

Dans la   nécropole punique (VI- IIIème siècle av JC, on dénombre jusqu’à 1500 tombes. Chacune d’entre elles avait un accès, un couloir appelé dromos. Les tombes carthaginoises furent aussi utilisées par les Romains puis les habitants de l’îles en firent leurs habitations ou leurs cachettes.

Le tuf tendre était facile à creuser. Les objets retrouvés donnent des indices sur les personnes décédées, les inscriptions épigraphiques donnent parfois les noms et les âges Dans la tombe de l’ »égyptien » les couleurs sont encore visibles. Certaines chambres ont des niches creusées

Il ne me faut pas plus d’une vingtaine de minutes pour traverser à pied toute la ville et atteindre le lungomare.

 

Carbonia et la Grande Miniera di Serbariu

CARNET SARDE

Piazza Roma : architecture fasciste

Carbonia : Piazza Roma : municipio

Au centre de Carbonia la monumentale Piazza Roma : gigantesque et vide correspondant à la volonté de Mussolini de construire la ville nouvelle pour les mineurs. Mussolini visita la ville en 1935 et inaugura en 1938. Un parcours architectural est mis en place dans la ville à grand renfort de tôles découpées qui sont aussi des éléments décoratifs ; il fait partie d’un programme L’Architecture de la Dictature. Les architectes sont Gustavo Pulitzer et Finali ainsi que Cesare Valle et Ignazio Guidi qui furent appelés pour la construction d’Addis Abbeba.  Cette grande place vide est bordée d’un côté par une église San Ponziano dominée par un très haut campanile sombre et rougeâtre. D’un côté : les arcades jaunes du Municipio (Hôtel de Ville) en L à droite, tandis qu’en L à gauche arcades et galeries du Cinéma-Teatro, le club des travailleurs Doppolavoro termine l’ensemble par une tour carrée.

Carbonia : piaeza Roman côté doppo lavoro

Dans l’espace intérieur : le vide et une statue de marbre blanc de Gio Pomodoro : Fragment du vide.

Cette place me fait penser à un tableau de Di Chirico.

Alors que l’architecture est fasciste, les noms des rues sont plutôt de gauche : Gramsci, Matteoti, Ardeatine…

Ici, on prend encore très au sérieux le Covid 19 : devant une pharmacie s’étale une file de gens masqués FFP2, un seul client à l’intérieur. Pendant la visite que je ferai dans la mine tous seront masqués malgré la grosse chaleur.

Grande Miniera di Serbariu

Serbariu : lampisteria

Musée du Carbone, visite de la mine : à 1.6 km de la ville. La visite guidée commence à 11h30, je dispose de ¾ d’heures pour voir le Musée du Carbone installé dans le beau bâtiment très clair de la Lampisteria

Différents thèmes sont abordés. Je me suis plutôt intéressée à l’Histoire de Carbonia qu’à la formation du charbon ou à la structure chimique du charbon et à l’exploitation minière.

serbariu : fresque des mineurs

Bergers et Mineurs : En 1936, le Sulcis est un désert qui compte très peu d’habitants (environ 3000). Le gisement de lignite fut découvert en 1865 et exploité par de petites structures.

La Ressource Carbone : Avec l’autarcie (1934) le gouvernement fasciste s’intéresse à l’ »immense richesse naturelle » du Sulcis. Mussolini visite la région et « Naît l’idée d’une ville ». En 1938, elle compte 17.848 habitants, 15.293 en 1939, 40.000 en 1946 qu’il faudra loger, occuper. En 1964, fermeture de la mine

L’urbanisme de Carbonia ,

La ville de Carbonia apparaît comme un moment historique des années 30 en réaction aux sanctions internationales, le duce construit une ville :

La Cité-machine est formée de maisons alignées selon un ordre militaire. Pour les premiers occupants, on a construit, s’inspirant des cités-jardins, 600 maisons avec terrasse et 1000m2 de jardin. L’urbanisme traduit les notions fascistes d’autarcie et hiérarchie avec le paternalisme. Cet embrigadement se traduit Piazza Roma, les ouvriers se trouvent  embrigadés dans leur vie au travail comme après (doppolavoro), la grande place vide permet les rassemblements fascistes. Pendant la guerre, les mineurs travaillaient 16 h/jour pour contribuer à l’économie de guerre. En 1942 ils se mirent en grève pour demander des conditions de vie plus humaine.

La visite de la mine

Serbariu : Cable des ascenseurs

La visite de la mine dure 1 heure. On équipe les touristes d’un casque de chantier et la visite commence devant le panneau des médailles dans la lampisteria : les médailles et les lampes à carbures (comparées aux cafetières italiennes) servaient pour les contrôles.

Nous sortons vers le chevalet où on nous explique le fonctionnement des ascenseurs pour descendre dans les puits. Il y a eu jusqu’à 11 puits en exploitation, il n’en reste plus que deux. La guide nous explique le système de communication entre les niveaux, par signaux morses et par communication téléphonique. On peut observer les énormes cylindres où s’enroulent les câbles.

Serbariu extraction traditionnelle et tapis roulant

Un plan des galeries nous montre que la ville actuelle est construite au-dessus. On ne descend plus au fond parce que les pompes ne fonctionnent plus. Notre promenade se déroule sur un parcours aménagé. Si on avait voulu vraiment voir de vraies galeries, les enfants auraient été interdits, les objets électroniques aussi. La législation italienne est très stricte. Nous allons voir plusieurs sites correspondant à l’exploitation de la mine à différentes époques : Au temps où les mineurs travaillaient avec des marteaux piqueurs et

Etraction du charbon avec les machines modernes

, dans un chantier moderne où l’excavatrice avance seule, les armatures métalliques remplaçant le boisage. Cette machine énorme arrive démontée et il faut remonter les pièces dans la galerie. On voit les dernières machines (la mine a été fermée en 2018) dont les 2 fraises travaillent en spirale tandis que des vérins montent automatiquement pour soutenir le toit de la mine, bougeant avec l’excavatrice vers l’avant. Nous terminons la visite par une galerie particulière très basse très étroite où on faisait travailler des déportés, opposants politiques, galerie-prison galerie punition.

Tratalias

Santa maria di Monserrato

Tratalias se trouve à une quinzaine de kilomètres de Carbonia, à l’intérieur des terres. Le village de Tratalias a été ravagé dans les années 50 après la construction du barrage de Monte Pranu, l’ancien village a été abandonné et la population relogée plus loin. Il ne reste à Tratalias Vecchia que la Cathédrale Santa Maria di Monserrato (1213) de style roman-pisan et un bourg fantôme avec de jolies maisons colorées très photogéniques, une place avec un puits et un très bel arbre.

Tratalias : jolie place pour un village fantôme

13 heures, il fait très chaud ; Nous cherchons la fraîcheur de la mer à Porto Botte . Un chemin blanc passe entre la mer et l’étang. Des bateaux son amarrés, ceux qui sont sur la mer sont pleins de nasses et de cannisses, ils sautillent dans les vagues sous l’œil attentif d’un cormoran. Nous déjeunons d’une salade pommes de terre-saumon-anchois assises sur des bancs de pierre. Il n’y a pas d’ombre mais le vent procure de la fraîcheur. Un peu plus loin, il y a une plage avec du monde où je vais nager. De retour à Cala Lunga je fais une baignade merveilleuse dans mon petit fjord.

Sant’Antioco : Musée Archéologique et Tophet

CARNET SARDE

Il y a deux Offices de Tourisme à Sant’Antioco.

A 9h30, Dominique me dépose Piazza Repubblica devant l’un des bureaux, le plus petit, Pro Loco, où une jeune fille me donne un plan de la ville et énumère les plages de l’île. Cala Lunga ne lui plait pas, moi si, nous n’avons pas les mêmes critères. J’abrège.

9h35, Dominique et la Lancia ont disparu. Je multiplie les appels pour savoir où elle est garée. Je comprends au bout d’une dizaine qu’elle a sûrement oublié son téléphone au gîte. Comment se retrouver ? Sans téléphone, elle n’a pas de GPS non plus pour se repérer dans le labyrinthe des sens uniques. Je l’attends sans bouger d’un mètre et c’est d’autant plus bête que j’ai derrière moi le grand bureau d’Information touristique de la région et que je n’ose pas y entrer.

10h30, enfin ! la matinée est déjà bien entamée. Nous allons au Musée Archéologique Ferucio Barreca, piazza Cartagine, à l’extérieur de la ville à côté du cimetière moderne. Coïncidence ou presque, le Musée est installé à côté du Tophet – nécropole carthaginoise.

Visite guidée en Italien pour moi toute seule du Tophet et du Musée.

La Bible raconte qu’on sacrifiait les premiers-nés phéniciens qui étaient brûlés au Tophet. J’ai déjà visité des Tophets, à Tharros , Motzia, en Sicile, à Carthage en Tunisie.

Musée archéologique : reconstitution du tophet

Le tophet de Sulky (Sulky est le nom ancien de sant’Antioco et le nom de la région du sud de la Sardaigne est Sulcis) est le mieux conservé. On a disposé au sol des poteries qui sont les copies de celles qu’on a retrouvées et qui sont conservées au musée. Les urnes funéraires étaient entassées, accompagnées parfois de stèles. Quand il n’y avait plus de place on recouvrait le tout de terre et on recommençait au- dessus construisant ainsi un tumulus. Le site était appelé la collina delle pentole. Les stèles, en trachyte locale le plus souvent étaient sculptées. Ce sont des ex-votos. Les archéologues du XXème siècle ont fait une étude systématique des restes contenus dans les urnes. La présence de nombreux fœtus infirment la thèse biblique : on ne sacrifie pas un fœtus avorté ! il s’agirait plutôt d’un cimetière d’enfants n’ayant pas passé les rites d’initiation pour entrer dans la communauté que le feu aurait purifié avec des animaux sacrifiés. Les stèles auraient été mises par les familles après la naissance d’un enfant vivant en remerciement à la divinité Baal- Amon ou Tanit.

Au musée on a reconstitué la stratigraphie du tophet ; on remarque qu’en dessous, on trouve de simples pierres, sortes de Bétyles, tandis que les stèles des niveaux supérieurs sont sculptées parfois dans le style égyptisant, parfois hellénisant, parfois un animal est représenté (ovin) parfois avec la lune qui se lève. Rarement la pierre est du marbre.

Musée archéologique

Sant’Antioco Musée archéo. Bronzetto archer

Je refuse l’audioguide en français, c’est encombrant et cela m’empêche de prendre des notes, d’autant plus que les cartels sont complets et très nombreux. Je n’aurai pas le temps de les lire parce que la visite est guidée en italien. Une vidéo présente les sites historiques du Sulcis(sud de la Sardaigne) Sulky = Sant Antioco, Tratalias et Santandi que j’ai envie de visiter.

A Sulky on a mis en évidence une colline nuragique et une cité phénicienne autour du port ; les Romains se sont installés à l’emplacement de la cité punique. La cité punique comptait 9000 habitants. C’était un port très bien situé sur la route des Baléares et de l’Espagne vers l’Ouest, de Carthage et de l’Orient. Phéniciens et Carthaginois étaient des commerçants. Ils pouvaient exporter le plomb argentifère dont la Sardaigne est riche. La ligne du littoral a bougé, le port de la ville punique se trouve immergé. On a mis en évidence un temple immergé mais il reste le pont romain à côté du pont moderne. Une belle maquette représente la ville avec son port et les bateaux.

Dans les premières vitrines, on voit les objets nuragiques : céramiques, restes alimentaires. On a pu reconstituer le régime alimentaire des hommes de l’âge du Bronze : viandes, rongeurs avec ce lapin-rat que j’ai vu en Corse, coquilles de mollusques.

L’objet le plus spectaculaire est un merveilleux bronzetto : un archer. Il faudrait vraiment que j’aille à Cagliari voir les bronzetti ! A Oristano, se tient une exposition de faux bronzetti forgés à l’intention du roi de Sardaigne Carlo Alberto di Savoia qui avait participé à des fouilles en 1841.

Sant’Anioco musée archéo Lions puniques

On entre dans la salle suivante en passant entre deux lions de pierres retrouvés dans la zone archéologique romains mais en réutilisation. Ils décoraient la porte punique. Une mosaïque romaine est une représentation bachique figurant des félins qui boivent du vin dans un cratère sous des pampres.

Dans la salle sombre une vidéo projetée montre la fouille de deux tombes puniques avec des objets très bien conservés dans une caisse de bois ainsi que des restes humains dans leur cercueil de bois. Une des tombes a même conservé les couleurs d’origine. Ces tombes ont été mise au jour dans les rues de la ville actuelle lors d’un chantier.

Sant’Antioco Musée archéo : bijoux

On a retrouvé en parfait état des flacons à parfum et des cruches contenant du vin ainsi que de l’huile de lentisque utilisé comme conservateur et parfum.

On voit dans les vitrines de magnifiques bijoux en or. Une bague est réalisée en filigrane. Il y a aussi un sceau en cornaline et toutes sortes d’amulettes dont certaines sont des scarabées provenant d’Egypte mais aussi fabriquées sur place. Colliers en cristal de roche, verre coloré…

masque de félin protecteur de la tombe

Certains objets sont magiques comme le masque de félin, l’œil de Santa Lucia porte-bonheur et les coquillages, cônes et porcelaines symboles de fertilité (ils ressemblent à un sexe féminin). Les objets romains sont aussi de qualité : une vitrine a pour thème la musique avec un sistre, un joueur de flûte de pan et une musicienne (genre tanagra).

Après un passage à Conad nous cherchons une plage et un restaurant de plage pour déjeuner et passer l’après-midi. A Maladroxia, nous trouvons tout cela avec un parking facile. Le kiosque l’Oasi a installé quelques tables à l’ombre d’un parasol sur la plage. Exactement ce que nous cherchons. En revanche, la gastronomie n’est pas au rendez-vous. On commande et on va chercher soi-même son plateau à l’appel de son prénom. Les salades sont servies dans des assiettes en carton. Les ingrédients sortent directement d’une boite de conserve (maïs, haricots verts, thon) pas assaisonnés, la vinaigrette est en sachet. C’est un peu cher : 30€ pour deux mais c’est ce que nous cherchions : je n’ai que 5 m à franchir pour me tremper après m’être changée dans des cabines. La baignade est très agréable dans de l’eau transparente. Près de la plage, l’eau est peu profonde. Un peu plus loin c’est suffisant mais il faut contourner les massifs de posidonies qui cachent des rochers qui affleurent. Une jolie rencontre : un tout petit cormoran remonte à deux mètres de moi, me regarde et replonge.

Capo sperone

Pour terminer l’après-midi, nous suivons la côte jusqu’au Capo Sperone : paysages somptueux, petits ilots, tour sur la mer turquoise.

La 4G est revenue (l’opérateur a changé, c’est Vodaphone). Nous cherchons un hébergement pour les 4 jours de la fin du séjour. C’est hors de prix mais tant pis !

La maison à Droite de celle de ma Grand-mère – Michaël Uras

CARNET SARDE

Maison à droite de celle de ma grand-mère est rouge, celle de gauche est bleue. Celle qui se trouve en face de la porte d’entrée est jaune. La nôtre est verte. Traverser la rue, c’est passer par toutes les nuances du spectre. Une plongée dans l’arc-en-ciel. Rien n’est plus coloré que notre espace vital, rien ne semble plus joyeux que notre village. Sauf que les gens ont les cheveux mal coiffés, les dents mal plantées et les habits usés.

J’aime accompagner les vacances par des lectures « locales » pour étoffer la vision d’une touriste de personnages ou de coutumes, donner une épaisseur au voyage. J’ai donc choisi cet ouvrage dans une des listes « Sardaigne » de Babélio je l’ai téléchargé pour éviter le poids du papier dans la valise.

Parce que notre vieux village a une autre particularité. On dessine sur les murs. Des fresques, des caricatures,
des objets, des animaux, rien n’échappe aux pinceaux des artistes. Une sorte de bande dessinée à ciel ouvert,
géante, envahissante.

L’auteur écrit en français, il est d’origine sarde,  comme le narrateur, traducteur qui revient au village pour revoir sa grand-mère qui selon le télégramme reçu vit ses derniers instants.

Bosa et son chateau

La lecture commence donc bien, dans ce village sarde coloré. Je reconnais les maisons peintes, les murales. Les plages où les familles descendent avec les glacières. Tout correspond, les hommes taiseux, les réunions de familles véritables tribus où trônent les anciens. Tout est conforme, trop conforme. Peu de surprises, si une grande : la Nonna n’est pas du tout à l’article de la mort. Le voyage du traducteur va durer plus que prévu. Une amourette se trame… et je m’ennuie. Cette Sardaigne idéalisée vue par celui qui a émigré me paraît bien superficielle. J’attendais quelque chose de plus authentique, de plus proche de la réalité. Où se trouve-t-il ce village coloré? Comment y vivent vraiment les autochtones?

 Les hommes sardes parlent peu, c’est une tradition. Même si l’on naît volubile, les années sur l’île ont tôt fait de
vous le faire comprendre. Parler, c’est manquer de maîtrise. Chaque soir, été comme hiver, durant la promenade, des groupes d’hommes silencieux arpentaient les rues sans dire un seul mot. C’était assez étrange car se retrouver pour ne pas parler me semblait assez incohérent. Enfin, ici, on communiquait différemment. Un peu à la manière des arbres.

Une lecture facile et agréable mais sans vraiment d’intérêt. Lire plutôt les auteurs sardes, il y en a beaucoup!

 

Vers le sud : de Torre del Pozzo à Sant’Antioco

CARNET SARDE

C’est la fête de Saint Antoine de padoue à Fluminimaggiore

161 km par la route principale, nous choisissons un itinéraire plus touristique.

les rizière près d’Oristano

Nous avons évité Oristano en passant par les rizières. Je remarque un verger de grenades en fleur. Nous quittons la SS131 (2×2 voies) à Terralba, grosse bourgade sans intérêt. La SP 126 – route droite dans la plaine – est bordée de jolies montagnes aux crêtes déchiquetées qui culminent au Monte Acuentu à 785 m. Joli dénivelé à quelques kilomètres de la mer.

Guspini

Gustini – San Nicola

Guspini (12.000 ha) est une petite ville ouvrière qui se rappelle l’activité minière de Montevecchio toute proche. On peut visiter la mine désaffectée, nous l’avions fait lors de notre précédent voyage et c’était passionnant.

Du haut de son large escalier San Nicola di Mira (1611) a sa façade crénelée ornée seulement d’une rosace et de colonnettes tronquées autour du portail. Deux têtes de marbre blanc sur des chapiteaux sont assez étranges. Qui figurent-elles ? des nobles espagnols ? Des saints ? un homme entre, se signe, fait une courte prière et retourne à ses occupations, une jeune fille fait de même, lorsque je sors j’en croise un troisième. Je me sens un peu intruse avec mon appareil photo. Je nais qu’une courte visite sans prêter attention aux arcs gothiques cités par le Guide Vert.

De Guspini à Arbus, 5 kilomètres seulement mais une succession de virages impressionnants.

Arbus (6300 ha) est une petite ville en pente raide. Des artisans couteliers sont indiqués ; j’ai renoncé à remplacer le Laguiole de mes 50 ans, le moindre couteau vaut 60€ et je les perds. Arbus semble plus touristique que Gustini.

la route dans la montagne après Arbus

La route SP126 est vraiment spectaculaire avec tous ses tournants dans la chênaie. Après le Passo Bidderi (485m) la route traverse un maquis dense de lentisques et arbousiers avec des falaises et des rochers apparents sur lesquels s’accrochent avec ténacité des oliviers qui font penser à un tableau chinois. La descente continue avec beaucoup de virages.

Fluminimaggiore

Fluminimaggiore fleurie et pavoisée pour la fête

C’est jour de fête à Fluminimaggiore (2900 ha) : 13 juin est la Saint Antoine de Padoue. Nous arrivons après la procession (dommage !) la rue principale est piétonnière pour la fête, fleurie de lys odorants, décorée de nœuds et de rubans et ballons. De nombreux jeunes déambules en costume traditionnel. Tout le monde occupe les terrasses des bars. Les murs des maisons sont peints de murales et une exposition de photos occupe les places disponibles, photos anciennes en noir et blanc, en couleurs pour les photographies d’actualité : femmes indiennes ou manifestation des femmes irakiennes.

Le long de la route coule un ruisseau dans la verdure, le moulin à eau abrite un Musée Ethnographique malheureusement fermé le lundi.

A la sortie du village, des panneaux touristiques signale la mine, une cascade et des promenades mais il faut marcher 4 km (et retour) un peu loin pour une journée de route. Des bâtiments industriels sont à l’abandon, témoins du passé minier de la région. On pourrait aussi visiter une grotte. Fluminimaggiore ne manque pas de ressources touristiques !

Temple d’Antas

Temple d’Antas

Le Temple d’Antas se trouverait à 2 km du bourg selon le Guide Vert, en réalité beaucoup plus. Je commence même à m’inquiéter. A-t-on loupé la route ? le site sera-t-il fermé le lundi ? L’embranchement est bien signalé, le portillon est ouvert. Entrée 5€ avec un guide en français, un plan du site et de nombreuses explications. C’est un temple romain. L’inscription sur la frise au-dessus des quatre colonnes permet de le dater et de l’attribuer à Caracalla. Il est dédié au dieu local Sardus Pater Babi . Le premier temple romain d’Auguste (38 av. JC°) était alors délabré. Le petit temple est dans un écrin de verdure qui le met en valeur.

Au pied du temple romain se trouvent les restes du temple punique (Vème siècle av. JC) édifié en l’honneur de Sid Addir Babay. Un rocher sacré servait d’autel. Plus tard, en 300 av. JC, il fut restauré et a restitué des décorations externes, des inscriptions et des objets en or et amulettes égyptisantes.

Un village nuragique (1200 av. JC) est formé de quelques pièces circulaires tandis que la nécropole nuragique se trouve au pied du sanctuaire.

On peut accéder à la carrière romaine à 1 km environ.

Pour étoffer la visite, des panneaux explicatifs décrivent la faune(buses, martre, hermine, couleuvre) et la flore du maquis.

Après Iglesias et Gonnesa nous cherchons une plage et traversons un paysage d’Apocalypse, une décharge recouverte de terre fait une pyramide nue, une faille menace d’écroulement la montagne, des installations industrielles rouillent sur place. Impression étrange.

Sant’Antioco – Cala Lunga

Gîte Cala Lunga

16 heures :  installation au gîte de Cala Lunga. L’appartement qu’on nous destine est à l’étage après une montée d’une dizaine de marches.  Impossible pour Dominique. Nous avions pourtant spécifié qu’elle était handicapée. Heureusement, il y en a un autre disponible en rez de chaussée.

Déception : nous avons payé plus cher qu’à Dolce Luna qui était luxueux. Ici c’est spartiate. Il n’y a ni climatisation, ni WiFi, ni télévision, ni machine à laver le linge, ni même une serpillière ou une éponge pour la vaisselle. Evidemment pas de produits d’entretien. Pas de sel ni poivre. Même pas de sacs poubelles.

Echange de mails plutôt aigres avec le propriétaire à qui je réclame au moins un balai à franges et un allume-gaz et qui met en avant le caractère « naturel » et « écologique » de son gite. Il ne met pas à disposition des détergents nocifs pour l’environnement. Les balais et les éponges sont-ils antiécologiques et nocifs ? pas de réponse. Le voisin qui nous a ouvert le gîte nous donne son briquet pour remplacer l’allume-gaz.

Cala Lunga

Heureusement, à moins d’un kilomètre, se trouve une plage merveilleuse : Cala Lunga au bout d’un petit fjord bleu marine taillé dans le tuf volcanique blanc. Je nage avec délice jusqu’au bout du fjord mais ne me risque pas en haute mer puisque je suis seule. Je fais des allers et retours. « Attention aux méduses ! » me prévient un monsieur avec masque et tuba. Effectivement, j’en rencontre deux. Les piqûres ne sont pas trop méchantes ne laissent pas trop de traces.

Le soir, je reste sur la terrasse jusqu’au lever de la lune, énorme, et assiste au ballet des chauves-souris. Côté moustiques, rien de méchant avec la bougie à la citronnelle

Dimanche : baignades à S’Archittu et Santa Catarina di Pitturini

CARNET SARDE

Santa Catarina di Pitturini

Nous craignons toujours l’affluence des dimanches sur les plages où les Sardes viennent en famille. Pour notre dernier jour à Torre del Pozzo : un dimanche tranquille sans longs trajets en voiture.

Temps idéal pour les baignades, prévu 27°à l’heure la plus chaude.

Santa Catarina di Pitturini

Toute petite station au nord de S’Archittu, si petite que nous l’avions ratée en revenant de Bosa. Le grand parking est traversé par un ruisseau canalisé. Un seul café en bord de plage, un bar sur la route, un restaurant perché sur un rocher, un hôtel avec piscine en haut de la falaise, une tour rond. De l’autre côté de la route, des pavillons modernes, diffus.

les plages de Santa Catarina di Pitturini

Côté plage : une petite plage de sable comprise entre la falaise et le café, puis des galets. Attention ! le sable est un piège, dès qu’on met un pied dans l’eau on trouve de gros galets glissants. Les chaussons sont indispensables. L’avantage avec les galets est que l’eau est plus limpide. Enserrée entre deux falaises, l’anse est abritée, la surface de l’eau lisse, à peine agitée de temps en temps par une légère houle. Je peux y nager comme à la piscine et je ne m’en prive pas. Quelques jeunes sont debout sur des paddles. « On peut louer des canoës pour explorer les grottes » annonce un panneau, mais je ne vois ni canoë, ni loueur.

Je monte à la tour par deux volées d’escalier bien caché entre les villas. La tour, bien plantée sur son promontoire, ronde et trapue, ne porte pas de date de construction ni de renseignement sur qui l’a fait construire. Après la tour, un sentier en corniche surplombe la falaise. Des langues de roche blanche s’avancent dans la mer très bleue. Calcaire ou tuf volcanique ? Au sol, nombreux indices de volcanisme venant du Montiferru tout proche.

petite centaurée

Comme le smartphone capte bien la 4G , j’herborise et identifie du Limonium en baguette, la Petite Centaurée qui fait des bouquets as et une toute petite giroflée des dunes.

S’Archittu

S’Archittu

Dino Bar pizzeria

Pour donner une note festive au dimanche nous allons au restaurant, ou plutôt à la pizzeria située au bout de la Croisette. Jolie terrasse bien située. Le personnel très aimable nous fait patienter puis nous donne une table très bien située. Le menu est assez étrange : li faut cliquer sur le QR code et lire le menu sur le téléphone.

Ce n’est pas un menu gastronomique on propose même du poisson pané avec des frites ou des salades de la mer avec du surimi. Nous commandons deux pizzas, de belle taille, correctes sans plus. Ce n’est pas une expérience gustative mais une halte bien agréable dans un joli cadre, avec la fraîcheur de la brise de mer et spectacle dans la salle des familles sardes qui viennent avec la grand-mère et les petits enfants sur de grandes tablées. Pour le bruit, c’est volume maximum ! Nous sommes en Italie, on ne va pas demander aux gens de se taire ! On est au restaurant, pas à l’église !

Je retourne à l’arche pour me baigner. L’eau est calme, transparente, fraîche. Je nage sous l’arche, la température baisse quand je passe à l’ombre. Je m’engage dans le petit fjord jusqu’à la mer ouverte où je fais demi-tour parce que cela bouge plus et qu’il n’y a personne. Extraordinaires nuances de vert, de bleu nuit sous l’arche, vert fluo à la sortie, au soleil. Je suis seule à nager mais, sur le rocher, des adolescents plongent en faisant un saut périlleux (pour les plus doués) ou de bruyantes éclaboussades ? Certain ont loué des canoës mais il restent à l’avant de l’arche sauf un couple qui s’y est engagé mais qui reste juste à l’entrée. La plage est bondée à ne plus savoir où planter un nouveau parasol mais je reste seule dans le fjord ; C’est magique !

coucher de soleil vu du gîte

La Théologie du sanglier – Gesuino Némus – Actes Sud

CARNET SARDE

Est-ce un roman policier?

Certes, il y a d’abord  un disparu, une femme qui attente à ses jours, un autre disparu, un enfant….Nous suivrons l’enquête que mènent les autorités. Les autorités? Le Maréchal, un gendarme piémontais dans un village de la campagne sarde  est un parfait étranger, il ne parle pas la même langue, se heurte à l’omerta et se trouve plus souvent moqué que de raison.

Ça suffit, maréchal ! Vous espérez quoi ? À part le fait qu’ils sont de l’Ogliastra ou de la Barbagia… vous
voudriez quoi ? Qu’ils vous disent que c’est leur cousin qui a volé des brebis ? Ici, ils sont tous parents. Au pire,
ils se les volent entre eux, les brebis. À Pâques, ils mangent celles qu’ils ont volées à Noël et à Noël celles qu’ils ont volées à Pâques. Ils s’invitent entre eux, ça leur évite de s’entretuer.

Une chronique villageoise?

Le petit village est presque coupé du monde à l’heure où l’homme pose son pied sur la lune. Ses habitants vivent dans la misère :

Plus que d’omerta, c’était question de misère. Les enterrements coûtaient cher, et un bandit en cavale qui disparaissait sans laisser de trace rendait un double service à sa famille : il alimentait l’espoir qu’il était encore en vie, et, par conséquent la légende de son impunité, véritable rente à durée indéterminée[…] en ne se faisant pas retrouver il permettait aux siens et surtout à l’église de réaliser des économies substantielles….

A Telévras, le médecin est vétérinaire, et le curé Don Cossu sont les notables avec l’instituteur, un propriétaire terrien, le chauffeur de l’autocar….En dehors de la mortalité non élucidée, les évènements les plus notables sont les parties de chasse au sanglier et les soirées à boire le vin local : le cannonau ou d’alcool loccal plus fort le fildeferru. 

Le sanglier est une prière. Avec les chiens c’est un rosaire. Sans chiens, un Te Deum. Sans chiens, de nuit et
illégalement, c’est l’Hosanna. C’était, à peu de chose près, l’incipit du texte contenu dans le cahier noir à liseré rouge, qu’il avait provisoirement intitulé Théologie du sanglier (selon Cossu don Egisto). Une œuvre unique, écrite sous forme de journal intime qui, en d’autres temps, eût été vouée au bûcher.

 

Ce sont donc les écrits de Don Cossu qui ont donné le titre au livre. Don Cossu est un jésuite lettré, humaniste qui essaie de donner une bonne éducation à Matteo, le fils d’un bandit, et véritable prodige, et Gesuino, incapable de s’exprimer à l’oral qui a une vocation d’écrivain.

Baisser le rideau de fer d’un bar à Telévras, sans rien dire à personne, à huit heures du matin, signifiait deux
choses : soit la Russie avait envahi la Sardaigne et il fallait aller festoyer sur la place publique, soit il était arrivé quelque chose de vraiment, de terriblement grave.

J’ai beaucoup ri et j’ai apprécié la couleur locale alors que j’ai lu ce livre en Sardaigne. Les nombreuses phrases en sarde ajoutent encore à la saveur du livre. La construction un peu compliquée avec des sauts dans le temps m’a un peu perturbée, mais pas plus que cela!

Une lecture très dépaysante!