James – Percival Everett

James, c’est Jim, le compagnon de cavale de Huckleberry Finn, le narrateur du roman de Percival Everett. Il raconte  leur périple sur le Mississipi. Esclave de Miss Watson, la bienfaitrice de Huck, il apprend qu’il doit être vendu à un planteur et donc séparé de son épouse et de sa fille et décide de s’enfuir vers les Etats du nord où il n’y a pas d’esclavage afin d’y gagner de quoi racheter la liberté de sa famille. Jim et Huck vont se rencontrer sur l’Ile Jackson, aménager un radeau et se laisser porter par le courant. Mark Twain, dans Huckleberry Finn raconte leur aventure et Everett ne s’éloigne pas du récit mais il ne s’attarde pas aux périls de la navigation. En effet, le point de vue de Huck et de Jim sont bien différents. Qui se soucie d’un gamin de douze ans, sans famille, petit vagabond assez aimable pour qu’on lui laisse un dollar, qu’on l’invite à dîner ? Jim est esclave en fuite, une prime importante sur sa tête  pour qui le dénoncera. Personne ne prend au sérieux la version de Huck qui serait le maître de Jim. La couleur de sa peau désigne l’esclave dans les Etats du Sud. Le sujet du livre d’Everett n’est pas un roman d’aventures mais la dénonciation du racisme et de l’esclavage.

« ce serait perdre mon temps que de vouloir discuter avec Jim. On ne peut pas apprendre à un
nègre à raisonner. » pense Huck dans le roman  de Mark Twain

Percival Everett prend à contrepied les clichés racistes qui dépeignent les Noirs comme naïfs, ignorants et crédules. Jim est instruit, même lettré. Dans la bibliothèque du Juge Thatcher, il a lu les philosophes, Voltaire et  Locke. Ces deux derniers lui parlent dans ses rêves. Dans leurs naufrages du canoë ou submersion du canoë, il ne sauve que les livres qu’il fait soigneusement sécher. En plus de ses livres Jim possède deux trésors : un morceau de verre qui fait loupe pour allumer le feu et un crayon, très chèrement acquis.

Je m’étais introduit clandestinement dans la bibliothèque, je m’étais demandé ce que les Blancs feraient àun esclave qui avait appris à lire. Que feraient-ils à un esclave qui avait appris aux autres esclaves à lire ?

Jim sait aussi décoder les langues : l’anglais logique et correct des maîtres et des livres et le langage appauvri des esclaves. Il a même enseigné comme une langue étrangère ce parler-esclave aux enfants. 

Essaie avec “sû’ que”, dis-je. Ce serait la version correcte de la grammaire incorrecte. – Ce pain de maïs,
sû’ que jamais j’ai mangé un aussi bon

Jim a une passion : l’écriture. Il veut témoigner par écrit de la condition des esclaves. Se procurer du papier, un crayon voler un carnet répondent à cette nécessité d’écriture. 

Jim a aussi une très belle voix de ténor. Au hasard de leurs pérégrinations, il est acheté/embauché dans un orchestre de musiciens qui se  produit en blackface. Episode grotesque qui serait risible s’il n’était pas tragique.

Aide-moi à comprendre, dis-je à Norman. Je dois avoir l’air d’un Noir authentique, mais il me faut du maquillage. – Ce n’est pas exactement ça. Tu es noir, mais on ne te laissera pas entrer dans l’auditorium
si ça se sait. Donc il faut que tu sois blanc sous le maquillage pour que tu puisses avoir l’air noir aux yeux
du public.
[…]
Jamais situation ne m’avait paru si absurde, surréaliste et ridicule. Et j’avais passé ma vie en esclavage.
Voilà que, tous les douze, nous descendions d’un pas martial la rue principale qui séparait la partie libre
de la ville de la partie esclavagiste, dix Blancs en blackface, un Noir se faisant passer pour blanc et grimé
de noir, et moi, un Noir à la peau claire grimé de noir de façon à donner l’impression d’être un Blanc
essayant de se faire passer pour noir.

Cet épisode de blackface fait aussi apparaître tout un camaïeu de nuances, le métis blanc de peau qui se veut noir, mais qui grâce à sa peau claire pourra passer pour un blanc et pour le maître …le chef d’orchestre antiesclavagiste déclaré qui achète Jim en insistant bien qu’il « l’embauche » amis qui ne le laissera plus partir…l’esclave qui se contente de sa servitude, celui qui fuit. La situation simpliste enfant blanc/esclave noir se complique encore quand une relation père/fils s’ébauche. Et Jim devient James . Il se découvre même un patronyme Faber, la marque du crayon. 

Même si l’auteur respecte le canevas du livre de Mark Twain qui l’a inspiré, il a créé une œuvre originale plus complexe qu’on ne l’imagine d’entrée. Réécriture très réussie.

 

Huckleberry Finn – Mark Twain

Pressée de découvrir James de Percival Everett (Pulitzer 2024), j’ai préféré commencer par Huckleberry Finn qui a inspiré Everett. Précédemment, j’ai lu On m’appelle Demon Copperhead (Pulitzer 2023)de Barbara Kingsolver sans avoir lu David Copperfield et j’avais regretté de ne pas avoir en tête le roman-source. Bizarre, cette attribution consécutive pour deux « réécritures » de classiques !

Comme pour tous les classiques du XIXème siècle, l’édition numérique est très bon marché mais elle est aussi aléatoire. Le fichier arrivé sur la liseuse traduit par WL Hughes, est une adaptation pour la jeunesse. J’aurais préféré l’œuvre intégrale. En revanche, elle est très joliment illustré avec des gravures anciennes. Il aurait été préférable de lire en VO le texte original puisque la langue de M. Twain est( selon Wikipédia) fondatrice de la littérature  américaine.

Huck, le copain de Tom Sawyer est le narrateur. Au début du roman, il a une douzaine d’années. Les deux compères ont découvert un trésor. La part de Huck est en dépôt chez l’avocat en attendant sa majorité. Huck est un sauvageon qui préfère dormir dans un tonneau et mener une vie libre. Miss Watson tente de lui inculquer une bonne éducation et de l’envoyer à l’école tandis que Tom Sawyer, grand lecteur de romans,  l’enrôle dans sa bande pour des aventures rocambolesques – jeux assez enfantins où on fait « comme si... » 

« Avec tout ça, dis-je à Tom, je n’ai pas vu un seul diamant. — Il y en avait des masses, répliqua-t-il, et des Arabes et des dromadaires aussi. — Pourquoi ne les avons-nous pas vus alors ? — Si tu avais lu les Aventures de Don Quichotte, tu saurais pourquoi. C’est la faute des enchanteurs. Les soldats, les mules et le reste étaient là ; mais les magiciens ont transformé la caravane en école du dimanche, par pure méchanceté. »

Ces aventures livresques ne m’ont pas passionnée.

L’histoire prend une tournure dramatique avec le retour du père  ivrogne et violent qui le bat et le séquestre, espérant mettre la main sur la fortune de son fils. Huck s’évade et se fait passer pour mort. Plein de ressources, il se cachera en pleine nature dans l’île en face de Pitsburg de cueillette, pêche et chasse. Il va rapidement découvrir un autre fugitif sur l’île : Jim, l’esclave de Miss Watson, qui veut le vendre à un planteur, le séparant de sa femme et sa fille. L’action se situe vers 1840, avant la Guerre de Sécession, dans le Missouri, état du Sud esclavagiste. Jim pense trouver la liberté dans un état du nord et racheter sa femme et sa fille. Les poursuites des habitants de Pittsburg devenant pressantes, les deux fuyards s’embarquent sur le Mississipi sur un radeau et un canoë. Ce périple sur le fleuve m’a embarquée littéralement : les dangers du fleuve, courants, brouillard, orages, épaves ou trains de bois, les péripéties n’ont pas manqué de me ravir. 

Au fil de l’eau Jim et Huck font des rencontres : deux aventuriers qui se présentent comme un Duc Anglais et même comme le dauphin Louis XVII. Ces personnages vivent d’expédients et de filouterie, ils entraînent Huck dans leurs supercheries et le lecteur tremble pour Huck parce que cela risque de très mal tourner. Huck est aussi entraîné dans une sorte de vendetta entre deux familles tandis que Jim est caché non loin de leur radeau.  Finalement après des méprises et un hasard extraordinaire, Huck arrive chez la tante et l’oncle de Tom Sawyer qui détiennent Jim dans un cachot en attendant que le planteur viennent récupérer son esclave. Contraste entre la gentillesse de ces gens et la cruauté vis à vis de Jim.

Tom Sawyer aidera à la libération de Jim. Il voudra donner un aspect « littéraire » à cette nouvelle aventure. J’ai trouvé assez pénible la tournure de cette libération avec corde à nœuds, araignées, tunnels, inutiles alors qu’il aurait été si facile d’ouvrir la porte maintenant Jim en captivité. 

Oui ; mais vous avez promis de ne pas me dénoncer. — Si l’on apprend que je t’ai gardé le secret, on me
traitera de canaille d’abolitionniste et on me montrera au doigt. N’importe, j’ai promis, je tiendrai… —
Vous vous êtes sauvé aussi, massa Huck. — Oh ! ce n’est pas la même chose ; je n’appartiens à personne ;
on ne m’a pas acheté.

Au fil de leur navigation, Huck prend conscience de la condition d’esclave de son ami. Au début, il a des remords de ne pas renvoyer Jim à sa propriétaire, Miss Watson qui est aussi sa bienfaitrice. Les abolitionnistes sont des canailles très mal considérés dans le Missouri. Les deux fugitifs tissent une relation d’amitié. A plusieurs reprises Huck va sauver Jim.

puis, je songeai à moi. On saurait que Huck Finn avait aidé un nègre à prendre la clef des champs, et si,
un jour ou l’autre, je regagnais ma ville natale, je n’oserais plus regarder les gens en face. Tom Sawyer lui même refuserait de me serrer la main. Plus j’y songeais, plus ma conscience m’adressait des reproches et
plus je me sentais coupable. D’un autre côté, je pensai à ce long voyage durant lequel Jim avait si souvent
tenu le gouvernail à ma place plutôt que de me réveiller. Je le voyais sautant de joie le matin où nous
avions failli nous perdre dans le brouillard.

Anti-esclavagiste, Huck? Il le devient progressivement mais les très, très nombreuses assertions racistes témoignent des mentalités du Sud

Je vis que ce serait perdre mon temps que de vouloir discuter avec Jim. On ne peut pas apprendre à un
nègre à raisonner.

Et ce n’est pas gagné, Huck veut sauver son ami. Il reste prisonnier des préjugés et il s’étonne même de la bienveillance de Tom Sawyer.

Voilà un garçon bien élevé, ayant une réputation à perdre, dont la famille avait toujours manifesté un
profond mépris pour les abolitionnistes et qui n’hésitait pas à se couvrir de honte, lui et les siens, en
protégeant un nègre évadé ! Non, je n’y comprenais rien. Moi, c’était différent. Jim était mon ami,

En tout cas, si on veut supprimer le n-word et récrire Huckleberry Finn, il y a du boulot!

Et maintenant la suite à venir dans James!

Toutes les époques sont dégueulasses – Laure Murat

A la suite de la lecture de Demon Copperhead, Je lis je blogue m’a signalé que le Masque et la Plume  l’avait cité à propos de James de Everett. CLIC

Comme la lecture en miroir de David Copperfield/Demon Copperhead m’a intéressée, j’ai conçu le projet de renouveler l’expérience avec Huckleberry Finn/James. Avant de me lancer dans l’aventure, j’ai fait le détour par l’essai Toutes les époques sont dégueulasses de Laure Murat dont le thème est justement la récriture/réécriture dans le cadre de la Cancel Culture. 

Laure Murat,  s’est intéressée à James Bond, Miss Marple, Tintin, ainsi qu’aux ouvrages de  Road Dahl(que je ne connais pas).Ces œuvres  posent de graves problèmes de racisme, sexisme et colonialisme et ont fait l’objet de récriture.  Elle a également cité Ourika (1823) de Claire de Duras.  Huckleburry Finn et James  sont plutôt un cas de récriture. Enfin, elle évoque l’appel fait aux sensitive writers par certains écrivains pour une écriture politiquement correcte. 

En préambule intéressons nous à ces deux concepts : réécriture et récriture

 le verbe réécrire (ou le substantif réécriture) pour désigner l’action qui consiste à réinventer, à partir d’un
texte existant, une forme et une vision nouvelles – comme l’a fait, par exemple, Racine en écrivant La
Thébaïde, Iphigénie, Andromaque ou Phèdre à partir d’Euripide.

récrire (ou le substantif récriture) pour désigner tout ce qui a trait au remaniement d’un texte à une fin
de mise aux normes (typographiques, morales, etc.) sans intention esthétique.

Réécrire ou Récrire procèdent de deux démarches très différentes. 

réécriture relève de l’art et de l’acte créateur, la récriture de la correction et de l’altération.

La Réécriture est acte de création, on s’inspire d’une œuvre connue du public pour en écrire une nouvelle, originale. Le plus souvent, l’auteur situe l’action dans une autre époque, un autre contexte politique. Le lecteur qui a déjà des références culturelles appréciera, ou non. Personne n’ira reprocher à Joyce d’avoir utilisé Ulysse

La Récriture, en revanche, est la correction de l’œuvre originale sans forcément l’assentiment de l’auteur. On débarrasse le texte des mots choquants principalement les n-words ou les remarques racistes, antisémites, grossophobes et autres. Ces corrections sont aléatoires et très approximatives. Pourquoi ne pas blesser les Noirs et blesser les  Coréens? Remplacer un patronyme juif par un autre (qui se trouve juif aussi) dans Tintin. La correction sera toujours imparfaite à moins de vider le texte de toute saveur et de tout sens. Laure Murat démontre que le but de la récriture est commercial :

C’est exclusivement pour conserver leur valeur lucrative que les éditeurs ont procédé à ces nettoyages
approximatifs, avant que les héros canoniques comme Miss Marple ou James Bond, notoirement racistes
et sexistes, ne deviennent complètement ringards.

L’effacement du texte original est aussi dangereux.

Car éliminer ce qui gêne aujourd’hui au motif que cela nous offense, c’est priver les opprimés de l’
histoire de leur oppression. Faites de James Bond un féministe ou seulement un homme respectueux
des femmes, et dans cinquante ans, on ne comprendra plus rien à l’histoire de la misogynie ordinaire
dans les années cinquante. 

Refus de l’appropriation culturelle et relecture par les sensitive writers, censure de la cancel culture ne sont qu’un volet de la censure qui règne aux Etats Unis d’aujourd’hui. La Censure officielle qui enlève des bibliothèques scolaires des milliers d’ouvrages. Celle qui supprime les travaux comme els études de Genre ou de Diversité est beaucoup plus perverse. 

Je ne vais pas copier/coller le texte de Laure Murat plus longtemps.

Lisez-le! Il est court et percutant. Et si le titre vous choque c’est à Artaud qu’elle le doit.

On m’appelle Demon Copperhead – Barbara Kingsolver

Mon pavé de l’été : 624 p ou 824 selon les éditions!

Ne pas s’effrayer, il se lit très bien.  Vers la moitié, quand on est bien accroché, on ne veut plus le lâcher.

Malheureusement, je n’ai pas lu David Copperfield de Dickens dont Barbara Kingsolver s’est inspirée. C’est un classique que tout lecteur anglophone a lu ou étudié. La lecture est sûrement plus riche quand on le connaît, je viens donc de le télécharger. 

Demon Copperhead est né dans les Appalaches, dans le County de Lee, en Virginie, zone rurale plutôt déshéritée : mines de charbons abandonnées  et culture du tabac. Les habitants ont pour surnom Rednecks , ce qui n’est pas vraiment un compliment, ploucs ou péquenauds, dirait-on. 

Demon n’a pas connu son père. Sa mère, junkie, accro aux opioïdes, n’est pas toujours en état de l’élever. Elle succombe à une overdose quand il a dix ans. Il sera confié à des familles d’accueil par les services sociaux, débordés et incompétents. Encore à l’école primaire, Demon doit travailler, avec les vaches, dans les champs de tabac, réduit en  esclavages comme les autres enfants placés chez  ce fermier. Confié à  une autre famille, c’est encore pire! A douze ans, Demon est capable de travailler comme un adulte et décide de fuir.

Je ne vais quand même pas dévoiler tout le livre!

Le début, très sombre, m’a fait craindre un misérabilisme déprimant. Loin de là! Demon a de la ressource,  il fait de belles rencontres et devient même une vedette de football américain. Un accident le plonge dans les opioïdes, sur ordonnances. Dépendance aux comprimés, drogue, alcoolisme font des ravages dans tout le comté de Lee.

Barbara Kingsolver a su créer tout un monde tout autour du personnage principal. Loin de tout manichéisme. Parmi les personnages secondaires, il y a des méchants, mais aussi de très belles personnes. Il y a surtout une solidarité familiale et villageoise qui ne laisse personne de côté. On s’attache à tous ces gens qu’on a le temps de voir évoluer pendant une vingtaine d’années . On découvre une Amérique méconnue, complexe, aux prises avec le chômage, les addictions et le mépris des élites urbaines. 

Tout ce qui pouvait être pris a disparu. Les montagnes avec leurs sommets explosés, les rivières qui coulent noires. Les miens sont morts d’avoir essayé, ou pas loin, accros que nous sommes à l’idée de rester en vie. Il n’y a plus de sang à donner ici, juste des blessures de guerre. La folie. Un monde de douleur, qui attend qu’on l’achève.

Barbara Kingsolver ne m’a jamais déçue.  Elle sait créer des mondes variés autour de thématiques différentes avec de vrais personnages. Un prix Pulitzer bien mérité!

Moscou X – Thriller – David McCloskey – Verso

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

 

Ouf! Enfin je suis venue à bout des 589 pages, en 10 jours…

Et pourtant je lis vite et j’aime les thrillers, l’espionnage m’intéresse, surtout quand c’est Le Carré. Ce qui se passe en Russie et en Ukraine excite ma curiosité. D’Ukraine, il n’en est pas question. Normal, puisqu’il n’y a pas de guerre, c’est une opération spéciale… pas de reproche de ce côté là.

Pour la Russie,on saute de Saint Pétersbourg à Moscou et dans un domaine, un haras finalement en Carélie. Dépaysement? On boit beaucoup, ce n’est pas un scoop ; cela occupe des dizaines de pages. Les espions américains ont même droit à un stage pour apprendre à supporter les toasts forcément très alcoolisés. Gueule de bois de la lectrice. Les protagonistes sont des oligarques proches du pouvoir. Ils ont des goûts de luxe, s’habillent en Prada, conduisent des voitures occidentales. A-t-on besoin de connaître les marques ? Prada, Louboutin, Gucci….Clichés! 

Violence et informatique. On coupe des bras, des orteils, on s’entretue.

L’informatique est très présente. J’aimais  mieux le temps de la psychologie, des coups tordus et des boites à lettres secrètes.

En bonus, les chevaux. Bonne idée de blanchir des fortunes avec des étalons. Les chevaux  voyagent au mépris des sanctions occidentales, du Mexique en Arabie Saoudite, en Russie. Bonne idée, les chevaux! enfin autre chose que les clichés connus. Les balades au Mexique comme dans la forêt russe me font rêver. L’attachement de l’espionne froide et retorse pour la jument m’a émue.

Les espionnes ont remplacé les James Bond, cela ne rend pas le roman féministe pour autant. Elles tiennent le devant de la scène mais se comportent comme des machos.

Peut être ce monde brutal est celui de l’Amérique d’aujourd’hui?

Encore une fois, je préfère les espions britanniques.

 

 

Barbara Chase-Riboud au Palais de Tokyo et au Louvre et Porte Dorée

Exposition temporaire

Quand un nœud est dénoué, un dieu est libéré

Barbara Chase-Riboud

Barbara Chase-Riboud est à l’honneur cette année à ParisSon œuvre se déploie dans huit musées parisiens prestigieux, dont Le Louvre, Orsay, le Quai Branly…

Ses sculptures trouvent leur place parmi toutes les installations du Palais de TokyoSes sculptures noires, colonnes doubles ou stèles, s’alignent dans une pièce noire . Sur les cimaises, des tableaux blancs, textiles. Fils noués qui accompagnent les grandes colonnes  noires et lisses. Ces bronzes rendent honneur aux femmes noires et aux luttes pour les droits civiques. 

Prise au dépourvu je n’ai rien compris à cette installation monumentale.

En revanche, j’ai beaucoup aimé, dans la petite salle attenante, l’écoute  de ses poèmes lus en anglais avec texte bilingue projetés sur l’écran From Memphis and Peking.  Textes évoquant les voyages à travers le monde, des villes, peut-être adressées à son mari la photographe Marc Riboud. 

Barbara Chase-Riboud est l’auteure de La Virginienne qui relate l’histoire d’amour de l’esclave Sally Hemings et de Thomas Jefferson, 3ème Président des Etats Unis.

Plus je recherche, plus Barbara Chase-Riboud m’intrigue. Deux podcasts ont occupé ma matinée de marche en forêt. Le premier des Midis de Culture est centré sur l’exposition actuelle

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/barbara-chase-riboud-artiste-plasticienne-70-ans-de-creation-enfin-celebres-1268651

et le second, d‘Affaires culturelles est plus ancien.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-culturelles/barbara-chase-riboud-est-l-invitee-d-affaires-culturelles-6002190

Cette rencontre sur YouTube permet de mieux la connaître

Barbara Chase Riboud au Louvre

Et comme la personnalité de cette artiste m’a beaucoup intéressée, je me suis précipitée au Louvre pour voir 3 autres œuvres.

Colonne d’or sous la Pyramide du Louvre

En majesté, sous la Pyramide s’élève fièrement la colonne dorée. Mise en évidence dans un emplacement d’honneur,  voire…La pyramide est beaucoup plus grande qu’on ne l’imagine. Vue du dessous, elle est presque invisible. D’ailleurs, je suis passée sans la voir à ma visite précédente au Louvre. Il existe bien un escalier qui permettrait de l’approcher, interdit aux visiteurs. Trop loin pour pouvoir vraiment apprécier le travail du bronze à la cire perdue.

La Cape de Cléopâtre

Barbara Chase Riboud a visité dans sa jeunesse l’Egypte et ce voyage a beaucoup compté pour elle. La Cape de Cléopâtre est exposée dans le Département des Antiquités Egyptiennes. Pour parvenir à la statue, il faut parcourir toutes les salles et c’est un véritable plaisir de redécouvrir les statues, objets, instruments de musique…Tout à côté du plafond astronomique de Dendara. 

Découverte entre les granites sculptés: la Cape de Cléopâtre

Le lit de Cléopâtre se trouve dans la Salle des Caryatides dans le département des Antiquités Grecques. Il me faut donc retourner sur mes pas, retraverser les salles égyptiennes, descendre de nombreuses marches, en remonter autant parcours initiatique? 

Salle des Caryatides

Le lit de Cléopâtre est aussi constitué de plaquettes carrées de bronze mais elles sont mats. Ces sculptures sont accompagnées par les vers tirés de l’Opéra Portrait of a Nude Woman as Cleopatra, publié en 1987.

Lit de Cléopâtre

Non loin de là,  l’Hermaphrodite est couché sur son lit de marbre.

hermaphrodite endormi

Barbara Chase Riboud dans le Salon des Laques au Palais de la Porte Dorée

Le salon des Laques du palais de la Porte Dorée

j’ai continué ma poursuite des sculptures de Barbara Chase Riboud

Alors que j’avais été déçue de la mise en scène au Louvre, ici les sculptures Zanzibar noir et Zanzibar doré sont mises en majesté.

Zanzibar noir rehaussé de soie rouge
Zanzibar doré dans le Salon des Laques

les deux stèles s’accordent parfaitement avec les laques noires et les panneaux dorés, les œuvres se répondent.

Il reste encore cinq musées pour découvrir le reste de l’exposition. Je visiterai sans doute Orsay, Le Musée Guimet, le Quai Branly d’ici la mi-janvier mais cela fera l’objet d’un autre billet!

Bandes de Génies – Mémoires du Montparnasse des Années folles – Robert McAlmon – Séguier

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

Merci à Babélio et à l’éditeur pour cette aventure livresque dans les années folles!

J’avais coché avec enthousiasme la case dans la liste de la Masse Critique après ma récente visite au Petit Palais du Paris de la Modernité et plus ancienne des Pionnières au Luxembourg et de L’Ecole de Paris au Majh et de celle de Chana Orloff au Musée Zadkine. Il me semblait que je me trouverai un peu en pays de connaissance entre le Musée Bourdelle, la Maison de Giacometti. 

Robert McAlmon est un auteur américain. Marié à une richissime anglaise ce qui lui procure une grande aisance aussi bien pour mener une vie de dilettante que pour fréquenter le grand monde anglophone. C’est aussi l’éditeur de Gertrude Stein et d’Hemingway. Bande de Génies est le récit de 10 ans de vie de bohème dans le monde aisé (et alcoolisé) des intellectuels anglophones expatriés en Europe. De Londres à Barcelone, en passant par Berlin, Venise et la Côte d’Azur. 

Bande de Génies est une sorte de journal de bord, de compilation d’anecdotes, parfois très répétitives de rencontres autour d’un verre (plusieurs) de gens qui se prenaient pour des génies mais dont je n’avais jamais entendu parler. Il faut dire que je ne suis pas très au fait de la littérature anglophone. Des noms ont traversé ma mémoire, Sylvia Beach, Djuna Barnes, Natalie Barney sans que je ne les identifie comme génies…La marque de whiskies et la composition des cocktails m’importe peu et ces récits mondains m’ont paru bien ennuyeux. Que de gens riches et prétentieux qui n’ont pas laissé de trace dans l’Histoire! 

Des Génies, j’en ai identifié au moins deux : Joyce et Hemingway. Joyce ivre rentrant chez sa femme excédée n’est peut être pas montré sous son meilleur jour. En revanche ceux qui figurent à mon panthéon personnel : Picasso, Brancusi, Duchamp, Man Ray sont cités en passant, sans anecdote marquante, un détail Brancusi en paysan roumain portant des sabots m’a fait sourire mais on ne saura rien de Picasso, pourtant bien connu de Gertrude Stein. On croise Cocteau et Antheil à propos d’un spectacle musical  mais MacAlmon préfère s’installer près du bar plutôt qu’écouter la musique de Stravinsky ou de Satie. Même indifférence condescendante envers les dadaïstes qu’il cite en glissant rapidement. Il me faut feuilleter l’index pour trouver la page où l’on mentionne Zadkine. 

Pourtant, toutes  ces 450 pages ne sont pas insipides, certaines sont franchement distrayantes. Elle racontent surtout des voyages,  Berlin ruiné du début des années vingt, observations acérées des nouveaux usages au débuts des années fascistes en Italie. Certaines pages sont même « géniales » comme ce portrait de Gertrude Stein en éléphanteau, ou une corrida en compagnie d’Hemingway , une randonnée en Espagne avec Dos Passos où un paysan les prend pour des contrebandiers. Finalement, je me suis ennuyée à Montparnasse mais j’ai aimé ses excursions. 

Les folles années vont se terminer : la Grande Dépression va mettre fin à l’insouciance et les intellectuels vont trouver en Espagne une source d’inspiration autrement plus tragique que la corrida, mais ce n’est pas le sujet de cet ouvrage….

 

Adieu mes Frères – Peter Blauner -Harper Collins NOIR

MASSE CRITIQUE DE BABELIO

410 pages, traduit de l’américain par Estelle Roudet.

Un thriller qui va vous emporter au Caire en 1954 sur le tournage des Dix Commandements de Cecil. B De Mille et accessoirement dans une base de Daech. 

Trois thèmes sont abordés :

l’engagement d’Alex, jeune adulte, encore adolescent auprès de l‘Etat Islamiste.

La prise de pouvoir de Nasser et l’éviction de Naguib dès 1954 ainsi que les purges auprès des Frères Musulmans

le tournage du film et la cinéphilie de Ali Hassan, le grand-père d’Alex

Accessoirement, les rapports entre l’adolescent et son grand-père sont la trame de ce roman épistolaire.

Ces trois thèmes avaient tout pour m’intéresser. Et pourtant cela n’a pas fonctionné comme je l’aurais aimé.

D’abord, la forme : les échanges de mails sont assez frustrants. Le jeune homme, écrivant clandestinement envoie des messages assez dénués d’intérêt (on comprend pourquoi mais on reste sur sa faim). Au contraire, le grand-père envoie un long « livre » en pièces jointes :  l’histoire de sa jeunesse à ce petit-fils qu’il a peur de ne plus revoir. Cela donne un roman déséquilibré.

chefren et le sphinx

Ensuite les personnages : Alex est tout à fait désincarné. Pourquoi a-t-il rejoint Daech? Comment est-il arrivé sur le théâtre des opérations (y-est-il même parvenu? Tout ce qu’il raconte concerne un jeu vidéo qu’il aurait aussi bien pu inventer dans sa chambre américaine. Une « épouse » esclave sexuelle yezidie fait une courte apparition dans les échanges épistolaires. Rien sur les opérations militaires ni sur les conditions de vie…

Le grand-père est beaucoup plus intéressant : c’est un jeune éduqué, cinéphile, amoureux, mais influençable. Il ne sait pas choisir son camp et se laisse entraîner plus par faiblesse que par conviction dans les manœuvres des Frères Musulmans. Il se donne le beau rôle, évitant un attentat puis un massacre; on ne comprend ni pourquoi ni comment. Ces retournements de veste et ses atermoiements m’ont lassée.

Le plus réussi, c’est le tournage du film. Les caprices du metteur en scène qui est un véritable dictateur. Mais comment régir des milliers de figurants, des acteurs à l’égo surdimensionné, des techniciens peu efficaces? Et réussir un chef d’œuvre qui récoltera  un Oscar et deviendra un  classique de la télévision américaine.

J’aurais aimé plus d’analyse politique, plus d’histoire, moins de politique-spectacle dans l’ascension de Nasser et sa prise de pouvoir. J’aurais aussi aimé sentir vibrer Le Caire, son peuple, ses cafés et ne pas rester dans les hôtels coloniaux et leur golfe. Un thriller bien américain!

L’Extinction des Espèces – Diego Vecchio

HISTOIRE DES SCIENCES

Merci à Claudialucia qui m’a indiqué ce titre qui résonne en écho avec des ouvrages sur l’Histoire des sciences : l’Invention de la Nature,d’Andrea Wulf les Arpenteurs du Monde d’André Kehlmann et d’autres…

« Les océans qui avaient été un des lieux les plus agréables de l’univers, devinrent d’une extrême dangerosité. Avant l’Ordovicien précoce, les êtres vivants pouvaient se promener dans toute région sous-marine et profiter des beautés d’un récif corallien ou admirer les formes plumeuses des crinoïdes. C’était désormais inenvisageable. Des mafias de poissons aux mâchoires acérées montaient la garde partout, prêts à planter leurs dents dans le moindre visiteur. les assassinats au grand jour se multiplièrent, même dans les endroits les plus fréquentés, bien souvent gratuits pour le simple plaisir de tuer. Cet accroissement de l’insécurité eut pour conséquence un des faits les plus importants de l’histoire de la vie : la conquête de la terre ferme. »

Histoire de la Terre, Paléontologie, expéditions pour rechercher des fossiles de dinosaures, ne peuvent que me passionner.

Muséographie : le  Smithsonian Institute avec ses musées géants et ses publications ne me sont pas non plus inconnus (surtout les publications et les collections de carottes sur lesquelles j’ai planché autrefois pour ma thèse).

Attention, sérieux s’abstenir! C’est un livre léger, drôle, facile à lire, très divertissant. Surtout pas un livre scientifique de référence. On le lit, le sourire aux lèvres en se demandant parfois où est la science et où est la fiction. Cela ne fait rien. On s’amuse en s’instruisant.

C’est une vision américaine (pas uniquement étasunienne, l’auteur est argentin) . il est beaucoup question de valeur marchande des fossiles (en Europe c’est un aspect sacrilège), question aussi le l’attraction du public par des expositions spectaculaires, de la rentabilité économique d’un musée. Un musée qui n’aurait que peu de visiteurs serait en danger….(cela nous gagne peut-être?)

Vision américaine aussi que cet intérêt pour la « vie primitive » alors que la destruction des prairies, des bisons, et des Indiens, natives. Là aussi, on se demande où est la limite entre la fiction et la science. Ces tribus primitives ont-elles vraiment existé? Pointe aussi la réflexion sur le genre, le rôle des femmes (réflexion XIXème ou XXIème siècle) ? Peu de réponse sérieuse à toutes ces questions?

mais cela ne fait rien, j’ai passé un bon moment de lecture.

Un Autre Monde – Barbara Kingsolver

LE PAVE DE L’ETE

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Frida Kalho et Diego Rivera ont inspiré de nombreux auteurs, Le Clezio, Diégo et Frida (1993), Padura dans L‘Homme qui aimait les chiens (2013) raconte l’assassinat de Trotsky, Claire Berest dans Rien n’est noir (2020) s’est plutôt attachée à la biographie de Frida. Il existe sûrement d’autres ouvrages que je n’ai pas lu. Et pourtant, j’ai dévoré le livre de Barbara Kingsolver! 

Le héros du livre est un écrivain, Harrison William Shepherd fils d’un fonctionnaire du gouvernement américain et d’une aventurière mexicaine qui l’entraine à 12 ans à Isla Pixol, dans l’hacienda  de Don Enrique, un riche pétrolier. L’enfant, livré à lui-même, découvre au cours d’une plongée sous-marine, une grotte La Lacuna qui est le titre du roman en VO et que je préfère au titre français que je n’ai pas bien compris. Il apprend la cuisine avec le cuisinier de la hacienda et particulièrement la confection de pâte pour les tamales, empanadas, et autres pâtés de la cuisine mexicaine. L’enfant consigne toutes ses expériences sur de petits carnets et découvre ainsi son amour des mots, de l’écrit. 

La Mère, aventurière, l’emmène à Mexico puis l’expédie à son père à Washington pour qu’il poursuive des études. Washington, en 1932 subit la Crise, des chômeurs occupent les rues, des vétérans de la Grande Guerre, campent pour réclamer leurs indemnités. Les tensions sociales sont à leur comble. En fait d’études, le jeune Harrison est scolarisé dans une  d’institution militaire pour crétins ou délinquants où il n’apprendra pas grand chose. Plus intéressantes sont les manifestations de rue, la lecture de l’Odyssée et les vadrouilles avec son copain Bull’s Eye à la recherche de son copain Nick Angelino

Bonus Army. Nick Angelino, un cousin de sa mère qui vient de Pennsylvanie. Parfois on arrive à le dénicher dans le village de tentes, parfois non. Ils sont tellement nombreux là- bas maintenant, des hectares d’êtres humains, et les gens qui vivent sous du papier goudronné ont tendance à ne pas rester en place. Nick Angelino s’est rendu célèbre en escaladant la clôture de la Maison Blanche sans se faire arrêter ; il a laissé un cadeau à la porte de Hoover : ses médailles de l’Argonne, et une photo de sa famille.

En 1935, nous retrouvons Harrison Shepherd à Mexico assistant Diégo Rivera à gâcher le plâtre des murales du peintre grâce à ses compétences en cuisine qui lui donne le surnom de Petit pain. Assistant, cuisinier, secrétaire, il s’installe chez Diego et Frida dont il devient le confident. Assiste à l’assassinat de Trotsky.

Compromis, il retourne aux Etats Unis chargé de livrer des tableaux de Frida en 1941. Dans cette deuxième partie du livre, la narratrice, l’archiviste, apparaît. Shepherd devient un écrivain à succès dont les romans historiques se déroulant au Mexique doivent faire l’objet d’adaptation au cinéma. Il échange des lettres avec Frida

« Comme Cortès, je fais mon rapport à ma Reine sur un monde nouveau et merveilleusement étrange. Feliz compleanos, mon amie depuis l’Amérique où l’on fait avec ce que l’on a »

A la suite de la deuxième guerre mondiale, la Commission des activités antiaméricaines se penche sur son cas. La chasse aux sorcières est lancée dans les milieux du cinéma. On demande à Shepherd de signer un formulaire d’allégeance, affirmant sa loyauté au gouvernement des Etats Unis. Le piège commence à se refermer lorsqu’on lui demande de jurer qu’il n’a jamais été communiste. C’est l’implacable chasse aux communistes qui va s’abattre sur le secrétaire de Trotsky qu’on accuse de stalinisme…

La deuxième partie du livre qui se déroule aux Etats Unis raconte cette période sombre. Elle est passionnante. Je vous laisse découvrir les persécutions réservées aux sympathisants communistes….

La plupart de ces gens ne savent pas ce qu’est le communisme, ne sauraient pas le reconnaître dans une file de suspects. Ce qu’ils savent, c’est ce qu’est l’anticommunisme. Les deux sont pratiquement sans rapport.– Vous êtes en train de me dire que l’anticommunisme et le communisme sont sans rapport. Ça n’a pas de sens.– Ça n’a pas de sens pour vous. Vous êtes un homme de mots et, par conséquent, vous pensez qu’il s’agit d’aimer le thon et de ne pas l’aimer, mais ça n’a rien à voir. Nous parlons de thon et de grippe espagnole. »

 

Ce « pavé de l’été » m’a tenu en haleine pendant toute la lecture!