Paris 1925 – l’Art Déco et ses architectes à la Cité de l’Architecture

Exposition temporaire jusqu’au 29 mars 2026

 

Le titre aurait dû être L’Exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris 1925 . L’exposition de la Cité de l’Architecture se concentre sur cette Exposition Internationale et présente quelques pavillons réalisés par des architectes de renom. 150 pavillons dont une centaine français et de nombreux étrangers, l’Allemagne exclue, les USA empêchés. 

Jiriart Tribout Pavillon des Galeries Lafayette

Ces constructions se devaient être des créations originales et modernes. Plusieurs contraintes pesaient sur leur conception :les pavillons devaient être démontables, la hauteur imposée 5 m, et les arbres et la végétation ne devait subir aucun dégât.

MALLET STEVENS : pavillon des renseignements et du tourisme

Robert Mallet Stevens (1886-1945) a intégré les arts appliqués et  a travaillé en collaboration avec des sculpteurs, vitraillistes .

Albert Laprade – Pavillon eu magasin du Louvre

Albert Laprade a commencé sa carrière au Maroc, réalisé aussi le palais de la Porte Dorée. C’est un des premiers inventeurs des jardins contemporains

Le Corbusier (1887-1965) a construit le Pavillon de l’Esprit Nouveau avec un arbre inclus dans la terrasse-jardin (pas facile à photographier j’ai loupé la photo)

PERRET GRANET Théâtre de l’Exposition

Auguste, Gustave Perret et André Granet ont conçu un théâtre très épuré, très clair 

Favier décor pour le pavillon de l’Intransigeant

Favier et Brandt ont aussi fait des grilles pour la Porte d’Honneur de toute finesse

Favier et Brandt grilles

Il faudrait aussi citer Süe et Mare parmi les fondateurs de l’Art Déco ainsi que Marast qui a aussi imaginé l’église de Vincennes des Jardins, de conception méditerranéenne 

Exposition très pointue, pédagogique mais uniquement centrée sur l’Exposition. J’attendais aussi des constructions Art Nouveau dans les environs…

Ce qui se trame – Histoires tissées entre l’Inde et la France – Manufacture des Gobelins

Exposition temporaire jusqu’au 4 janvier 2026

 

Somptueux Kalamkari au cyprès et aux paons

Les textiles, cotonnades, indiennes voyagèrent de l’Inde à la France en nombreux allers-retours, influences s’entrepénétrant, comme chaîne et trame d’un tissage métissé. J’avais déjà vu ces influences à Orange à la présentation de la fabrique Wetter où étaient manufacturées des « indiennes » et au Musée de la Toile de Jouy.

L’Exposition « Ce qui se trame «  se déroule  sous  le patronage des Manufactures nationales, de l’Institut Français, de l’Ambassade de France en Inde mais aussi de Louboutin, directeur créatif de l’exposition, de la Maison Lesage Intérieurs et 19M, et enfin, du programme de résidences artistiques à la Villa Swatagam. 

L’Antichambre

La visite commence dans l‘Antichambre, exemple parfait de métissage : le mobilier, la cheminée et ses bûches, le lampadaires sont tapissée de cotonnade aux motifs et couleurs indiennes . Tendues, au-dessus de nos têtes, des lanières de tissu figurant la toile d’une tente moghole. Sur le mur d’entrée aux arcades indiennes on a tendu de la toile de Jouy aux motifs bucoliques, images de France…métissage inversé.

Nid contenant une tente moghole

Rouge indien, rouge voisin du corail et bleu de l’indigo, les couleurs indiennes de base. Le nid inversé sur un miroir où est posée une tente moghole est l’œuvre de Lesage, contemporaine et surprenante. 

madame de Pompadour et un caraco d’Indienne

Quand Madame de Pompadour faisait la mode à la Cour, l’indienne était de tous les accessoires, ici en caraco sur une jupe de coton. Le coton venait d’Inde.

Broderies de Sumakshi Singh

La salle suivante est blanche, blanche comme la dentelle d’Alençon, ou la mousseline brodée. Dentelle de France, broderie indienne, s’épousent s’échangent. Le blanc est la couleur de deuil en Inde. Une merveilleuse installation Blueprint of Before and After de Sumakhsi Sing CLIC est composée de très fines broderies sur des modèles végétaux, feuilles de lotus ou d’herbes aquatiques suspendues par des fils presque invisibles. Légèreté, transparence. Les broderies étaient sur un support que la brodeuse a dissous chimiquement pour qu’il ne reste que ces nervures. la disparition de la matière pour ne garder que le squelette correspond à ce thème du deuil. A la fragilité de la vie. Je suis revenue contempler cette oeuvre qui me plaisait beaucoup à la fin de la visite. De la fenêtre venait une lumière rose du coucher du soleil éclairant les motifs et leur donnant un aspect nouveau. 

au coucher du soleil la lumière rose colore les broderies de Sumakshi Singh

Rouges panneaux qui se répondent : tentures napoléoniennes de la salle du trône du Palais de  Versailles avec les pans  des tentes mogholes. Sari brodé, caftan contemporain.

Pan de tente moghole

et au plafond des fils d’or tendus d’un tissage d’une finesse évanescente tandis qu’au milieu de la salle Lakshmi Modhavan CLICa installé une 96 navettes de bois chargées de fil d’or sauf certaines contenant des cheveux noirs de son fils,  symbolisant la transmission de la tradition et de son savoir de tisseuse. Le tissage à la main de ces fils d’or est si fin que des mots se lisent par transparence EVERYBODY /ANYBODY/NOBODY:

Fil d’ors fins comme un cheveu et leur ombre portée

suspendus le Kalamkari au cyprès (voir ci-dessus) imprimé au bloc, découpé, appliqué sur un fin voile de coton puis rebrodé au point de chaînette pour dessiner les deux paons, deux tigres et des antilopes. 

motifs floraux garance et indigo

Des tissus indiens de légende comme le Chintz peint et teint à la main de délicate fleurs garance et indigo. Shantush si fin qu’il passe à travers un anneau, pashmina

Un escalier monumental conduit à l’étage : sur un écran un film montre les différentes façons de porter le sari. A Varanasi des pèlerins de toute condition vont vers le Gange, des jeunes élégantes le plissent, le replient, en font un voile ou une étole…

Défilé Haute couture

Nous sommes arrivées dans la salle du défilé Haute Couture où des couturiers européens ou indien ont interprété le thème du sari. La robe satin rose est de Christian Dior, The golden Ascendant de l’Indien Gaurav Gupta, la robe du soir d’Yves Saint Laurent. Tandis que Chanel est en organza orange (tunique et bermuda). Spectaculaires anneaux de saturne de Schiaparelli

Anneaux de Saturne de Schiaparelli

Le décor est une immense tapisserie à fond vert et motifs végétaux The flower we grew de Rithika Merchant, Chanakya, CLIC

motif de la tapisserie

réalisée pour le défilé de Christian Dior au Musée Rodin. Elle est composée de 37 panneaux et a nécessité 144000 heures de travail par 306 artisans.

la salle suivante est sur le thème « Sculpter le corps des femmes »

Made in India – Leila Alaoui

la photographe a réalisé les photographies des ouvrières du textile en faisant leur portrait en pied dans une cabine à fond noir. Elle a gagné leur confiance  puis monté 18 photographies de leurs mains ravagées par le travail manuel. (la Haute couture et le Luxe sont loin!)

Dans les sculptures du corps, une très dérangeante Vénus ouverte de Jeanne Vicérial CLIC

Un très grand panneau indigo clôture cette séquence. Indigo de l’Inde. Cascades de fils.

indigo

On entre dans la salle DENIM, denim, la toile des jeans, qui intégre la ville de Nîmes qui lui a donné son nom et l’indigo de l’Inde. Dans cette salle des poufs, canapés invitent à se poser pour regarder le film qui détaille les techniques de teinture au bloc, les broderies avec des paillettes, des perles, les incrustations….

Et pour terminer un retour à la Manufacture de Gobelins avec la grande tapisserie du Corbusier. Le Corbusier a dessiné la ville futuriste de Chandigarth en Inde. 

en conclusion : une exposition merveilleuse qui ne restera que jusqu’au 4 janvier. Courrez aux Gobelins!

Le Câble C1 a pris son envol entre Créteil et Villeneuve-Saint-Georges

TOURISTE DANS MA VILLE

Le 13 décembre 2025, a été inauguré le téléphérique urbain long de 4.5 km reliant La Pointe du Lac (et la ligne 8 du métro) à Villeneuve-Saint Georges- Villa-Nova. En passant par Valenton, Limeil-Brévannes. Inauguration festive avec des jeux pour les enfants, des ateliers, visites naturalistes et même carnaval. La foule était au rendez-vous, surtout les familles, enfants venant des communes mal reliées par des autobus et même complètement enclavées dans des zones ferroviaires, industrielles. 

Je me suis précipitée pour un survol du territoire . On comprend vite pourquoi la solution aérienne s’est imposée pour relier les communes.

RN 406 – SIAAP (assainissement) – ligne haute tension

Les premiers obstacles évités par le téléphérique : la 4 voies RN 406 puis le terrain occupé par le SIAAP (traitement des eaux usées)malheureusement les gros yeux peints par JR que l’on découvre de la route ne sont pas visibles sur les citernes . En revanche on découvre les plans d’eau, les zones naturelles entourant les installations d’épuration. Passe le TGV. Encore un obstacle terrestre à la circulation;

Lignes SNCF à l’approche de Villeneuve-triage

l’emprise de la SNCF est impressionnante. On pourrait deviner les parkings et les endroits de déchargement des containers. Les autobus doivent contourner ces obstacles, ce qui allonge considérablement les temps des trajets.

La plage bleue.

La première station du C1 se trouve à quelques centaines de mètres de la Plage bleue, parc entourant une pièce d’eau. Lieu de mes promenades que je découvre vu du ciel. 

La seconde Valenton se trouve au pied de la pente plantée d’un agréable parc Le Parc Saint Martin traversé par la coulée verte, ou Végétale (anciennement TGVal) des arbres anciens sont complétés par de nouvelles plantations. La station La Végétale. La grosse boite argentée  de la station est perchée sur le plateau de Brie, toute proche de la nature : au dessus du Parc Saint Martin et des Bois de Granville traversé par la belle piste piétonne ou cycliste . Le Câble est coudé et fait un angle pour se diriger vers Villeneuve. Sous les cabines, le territoire est alors peu attrayant, entrepôts, constructions diffuses pavillons mais aussi caravanes, même des sortes de cabanes de jardin puis  des cimetières très étendus. De grands immeubles se succèdent ensuite. Seul attraction : du street art a été réalisé sur une façade aveugle : un magnifique héron fantaisie et plus lins un grand panneau en camaïeu rose orange cubiste moins réussi. 

Il y a foule à la station Villa-Nova, une grande queue attend pour descendre à Créteil, toujours les mêmes jeux pour enfants, une troupe de danseurs et percussionnistes, et surtout une maquette du quartier des Castors, des cheminots ont construits eux même leur pavillon dans une sorte de cité-jardin, initiative tout à fait étonnante. 

Au retour une étape à La Végétale j’emprunte la coulée verte, découvre un verger pédagogique, un champ – curieuse incursion de la vraie campagne – et la Végétale s’enfonce dans le bois. Une promenade rejoint le RER A  à Boissy Saint Léger. Un autre itinéraire va rejoindre le Bois de la Grange et le château du Maréchal de Saxe, au km 7 de la voie verte qui rejoindra au km 17 Santeny puis le Chemin des Roses, 20 km rn Seine et Marne. Le Câble est donc le moyen de faire de très belles randonnées-nature et aussi des circuits-vélo puisqu’il est possible d’emporter sa bicyclette dans les cabines. 

 

Berthe Weill 1865 – 1951 -La petite galeriste des grands artistes – Marianne Le Morvan

EN REVENANT DE L’EXPO DE L’ORANGERIE

J’ai parfois un gros coup de cœur pour un personnage découvert lors d’une exposition. Une découverte! Je n’avais jamais entendu parler de la galériste. Et je n’avais plus envie de la quitter sans mieux la connaître.

Disponible sur Kindle, j’ai téléchargé la biographie que lui a consacré Marianne Le Morvan. Elle est la Directrice et fondatrice des archives de Berthe Weill, elle a aussi été une des commissaires de l’exposition de l’Orangerie. La moitié du livre contient des annexes, bibliographie, liste  et chronologie des expositions que Berthe Weill a organisé, préfaciers des catalogues etc… Du sérieux, une mine pour les chercheurs en histoire de l’art (que j’ai zappé). 

Donc courte biographie qui se lit très vite et avec beaucoup de plaisir.

Kars Portrait de Mademoiselle Berthe

Des illustrations, Montmartre 1900, bals masqués, dessin de Picasso. Des correspondances : lettres  de Dufy qui l’a surnommée « La petite mère Weill »(la petite merveille), lettres de Berthe Weill à Picasso, des extraits de textes très amusants de Berthe Weill dans diverses occasions. Et plein de détails sur la vie des artistes à leurs débuts, à Montmartre.

Elle répond aussi à mes interrogations : comment a-t-elle pu être oubliée? Pourquoi ne s’est-elle pas enrichie?

Maintenant, il ne me reste plus que de lire Pan!… dans l’Oeil que la Galériste a publié en 1933. 

Vous pouvez aussi écouter les podcasts de RadioFrance : CLIC

Et CLIC

Berthe Weill, Galeriste d’avant-garde à l’Orangerie

Exposition temporaire jusqu’au 26 janvier 2026

Georges Kars : Portrait de Berthe Weill (1933)

Deux bonnes raisons d’aller à l’Orangerie voir cette exposition :

  • voir de la belle peinture, : toute une rétrospective des meilleurs artistes de la première moitié du XXème siècle : de Picasso à Chagall, en passant par Dufy, Derain, Modigliani et j’en oublie…
  • Dufy – Trente ans ou la Vie en Rose. A l’occasion des 30 ans de la Galerie B Weill

Faire une très belle rencontre avec une personnalité très originale de l’histoire de l’Art : une femme  juive d’origine modeste qui a eu l’audace d’ouvrir une galerie de peinture sans fortune ni grand nom et dès 1898, d’exposer le tableau Zola aux outrages de De groux. Elle a eu le flair de découvrir Picasso à son arrivée à Paris et être la première à vendre ses tableaux, qui a organisé une rétrospective Modigliani en 1917, la seule avant la mort de l’artiste. Elle  a exposé des styles aussi différents que les Fauves, les Cubistes, les peintres cosmopolites de l’Ecole de Paris. Féministe, elle a défendu des femmes que les critiques hommes faisaient mine d’ignorer, entre autres Suzanne Valadon.

J’achète les trois premiers Picasso

Picasso : La Chambre bleue(1901)

les Picasso sont en très bonne compagnie avec une nature morte de  Matisse et la clownesse de Toulouse-Lautrec. 

Meta Vaux Warrick Fuller
Les Malheurs

Je découvre la sculptrice Meta Vaux Warrick Fuller afro-américaine venue compléter sa formation à Paris qui subit de retour aux Etats Unis de nombreux rejets du fait des préjudices raciaux. Autre découverte pour moi Paco Durrio avec de très beaux bijoux en métal : boucle de ceinture, broche…

Notre Dame des Fauves

La seconde salle montre côte à côte un beau Metzinger – Champ de pavots à côté du paysage aux vaches de Delaunay. Voisinent aussi des Marquet et Dufy, ainsi que le magnifique Pont de Charing Cross de Derain

Delaunay : Le Paysage aux vaches

j’ai aussi bien aimé le cultivateur de De Vlaminck et le Restaurant de la machine à Bougival éclatant de couleurs

De Vlaminck – Le cultivateur

Moins connu Béla Czobel qu’elle expose en 1908

 

Bélà Czobel – L’homme au chapeau de paille.

Deux tableaux spectaculaires de Raoul de Mathan rappellent encore l’Affaire Dreyfus =. le peintre a assisté en 1899 au procès et peint deux toiles en écho : La cour d’Assise et le Cirque

Raoul de Mathan – La cour D’Assise

« Le cubisme soulève les passions » 

André Lhote – Port de Bordeaux.

Sa galerie les expose : Gleizes, Metzinger, Fernand Léger, Lhote. J’ai aimé aussi la tour Eiffel de Diego Rivera (mais je ne peux pas tout montrer). 

« mais qu’ont-ils donc ces nus? »

Modigliani – Nu au collier de corail

Quatre nus de Modigliani font scandale, le commissaire de police demande de les retirer à cause des poils pubiens pour « outrage à la pudeur ».

Groupe plus éclectique

Montre des artistes cosmopolites comme Pascin

Pascin – Portrait de Madame Pascin (Hermine David)

Sans oublier que Madame Pascin était aussi une artiste reconnue, dont quatre dessins sont exposés. Chagall, avec une cage à oiseaux. 

Féministe?

Berthe Weill peinte par Emilie Charmy

Berthe Weill découvre Emilie Charmy en 1905. Leur amitié perdurera à travers les années et c’est cette dernière qui abritera Berthe pendant les persécutions antisémites nazie et prendra la galerie à son nom quand il sera interdit aux juifs de tenir des commerces. 

Portrait d’Emilie Charmy par Pierre Girieud

 

la Petite Dernière – le livre de Fatima Daas – et le film de Hafsia Herzi

UN LIVRE/UN FILM

aux Cinémas du Palais en avant-première

Hafsia Herzi est venue présenter son film La Petite Dernière aux Cinémas du Palais à Créteil la veille de la sortie en salles. Je n’aurais voulu rater  cette occasion de rencontrer la réalisatrice que j’admire beaucoup. Surtout qu’elle n’est pas venue seule, elle était accompagnée de Nadia Meliti et de l’actrice qui joue la mère. 

j’ai beaucoup aimé ce film qui semblait jouer très juste. Sujet délicat: l’homophobie est très présente dans les quartiers mais pas dans le film. Les garçons tolèrent très bien cette fille « garçon-manqué », cela m’a étonné. Côté Paris, bars lesbiens et Gay Pride, très belles images quand Fatima porte sa copine dans le défilé. j’ai consigné mes impressions, sortie de salle, dans mon autre blog Toiles Nomades CLIC

Bien sûr, j’ai voulu lire le livre.

« Ca raconte l’histoire d’une fille qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni
clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec
une homophobie intégrée. Quoi d’autre ? Je pense très

fort. »

J’ai été surprise par la forme. Roman en prose ou vers libres? Chants murmuré en confidence ou chanté avec l’affirmation « Je m’appelle Fatima Daas. », comme un refrain.  Elle décline ses identités multiples, sa place dans la fratrie, son asthme, les origines de son prénom Fatima la plus jeune fille du prophète, la « petite chamelle sevrée ». 

Je m’appelle Fatima

Je suis une petite chamelle sevrée.

je suis mazoziya, la dernière

Avant moi, il y a trois filles

Mon père espérait que je serais un garçon

Son destin dès sa naissance, ses origines algériennes, et sa religion très assumée, très importante. Sa ville Clichy. Mais aussi son dilemme

Je m’appelle Fatima Daas

Je suis une menteuse

Je suis une pécheresse. 

Je lis d’un trait ce chant.

Je n’y retrouve pas tout à fait la Fatima du film. Et je trouve cela très bien. Les adaptations trop littérales affadissent le texte et l’histoire. La réalisatrice a choisi une période courte dans la vie de l’héroïne : la dernière année au lycée et ses premières expériences d’étudiante à Paris avec la découverte de la sexualité, de l’amour, du milieu lesbien. Elle  fait de Fatima une sportive, fan de foot. Ce n’était pas dans le texte et pourtant c’est très bien. Elle a montré la jeune fille faire ses prières, une visite à la mosquée mais n’a pas donné à la religion toute la place qu’elle tient dans le livre. Peut être plus difficile à mettre en scène.

j’ai aimé les deux, le film et le livre et j’ai apprécié qu’ils ne soient pas identiques. Quoique fidèle.

Monet/Sécheret – Dialogues inattendus à Marmottan

PAYSAGES D’EAU/TROUVILLE

Le Musée Marmottan Monet invite des artistes contemporains à dialoguer avec les œuvres de Monet. Sécheret (né en 1957) qui peint souvent à

Trouville a fait se rencontrer deux tableaux de Monet : Camille à la plage et Sur la plage de Trouville avec une collection de ses œuvres

Cherchez Camille!

En face de cet accrochage, plusieurs grands tableaux avec les Roches Noires au premier plan montrent la lumière changeante de Normandie, les nuages toujours différents et à l’horizon Le Havre et ses installations portuaires

Plage de Trouville

j’ai beaucoup aimé cette découverte!

l’Empire du Sommeil et au Musée Marmottan Monet

Exposition temporaire jusqu’au 1er mars 2026

Paula Rego – la Prisonnière des Sargasses

Dans le cadre toujours charmant du Musée Marmottan Monet se tient l’exposition thématique sur le Sommeil, point de chronologie ou d’école, les tableaux sont regroupés autour de différents thèmes.

Le sommeil dans la Bible : Les manuscrits enluminés avec la Création d’Eve pendant le sommeil d’Adam, Jean s’endort pendant la Cène sur l’épaule de Jésus tandis qu’en face les trois fils de Noé contemplent leur père endormi . On saute les siècles 

La Pisana – Arturo Martini

Peinture et sculpture. Affalée endormie la Pisana occupe le milieu de la salle suivant. Rapide recherche sur le net, La Pisana est interdite de Facebook( raison pour moi de la montrer!) mais son auteur Martini était un sculpteur fasciste officiel (raison de la censurer). Dans une vitrine, de petite taille, un Rodin, un Maillol, très petit, très joli, et d’autres petits chefs d’œuvre comme un dessin de Matisse. 

Gravures des petits formats de dessins plus ou moins célèbres, dans les célèbres, un Dürer, un Goya, plusieurs dessins de Victor Hugo, plus loin deux Picasso. Des illustrations des Contes de Perrault, Gustave Doré

Baillements de Beckmann

Hypnos et Thanatos 

De nombreux tableaux évoquent le somnambulisme , dont un Courbet spectaculaire, une Ophélie dont j’ai oublié l’auteur. L’ensemble est assez déprimant. Les Préraphaélites ont été inspirés, pluie de coquelicots, pavots, inspirant le sommeil dans la toile d’Evelyn de Morgan 

Evelyn de Morgan Nuit et Sommeil (1878)

Le Sommeil et les Rêves

Munch – autoportrait en somnambule

Evidemment,  un livre de Freud dans une vitrine

John Faed – Le rêve du poète (dans le brouillard on distingue l’Acropole)

Beaucoup de belles choses dans cette exposition trop fourre-tout à mon goût mais qui m’a permis de voir des tableaux inattendus. En revanche, le détour par Marmottan m’a permis de découvrir un peintre Sécheret en dialogue avec Monet au sous-sol.

 

Chroniques d’une Exploratrice – Alice Gozlan et Zacharie Lorent – à La Maison des Arts de Créteil

THEATRE

L’exploratrice c’est Alice qui a construit avec Zacharie Lorent un spectacle  autour d’Internet. Seule en scène, avec quelques accessoires basiques : un écran, un smartphone, un micro et un siège, elle raconte son exploration dans le côté sombre d’Internet

« Dans le spectacle tout est vrai »

 » C’est drôle et terrifiant »

Affirment ils dans une interview sur Facebook.

De liens en liens, Alice débouche chez les complotistes, les Qanon, les platistes, les complètement barrés. 

Son monologue est prenant, elle semble essoufflée devant ces découvertes inattendues.

Le plus drôle c’est que c’est un lapin, avatar d’un de ses nombreux followers, qui lui envoie les liens vers des endroits les plus glauques, derrière le miroir. Un lapin, Alice, cela ne vous dit rien? Mais c’est vraiment son nom!

Le spectacle tourne encore la semaine prochaine au 104. Courrez -y ! 

 

Manga – tout un art ! au Musée Guimet

Exposition temporaire jusqu’au 9 mars 2026

Je suis toujours bluffée par la richesse et la sophistication de l’art japonais. Bluffée mais toujours un peu perdue « lost in translation ». Il me manque les codes, les mythes, la manière de lire, et bien sûr les textes.

Pour moi, jusqu’à hier les mangas c’était cela :

Dragon boy

Mes élèves étaient fous du Japon, fans de mangas et j’avais assimilé cet engouement à une culture adolescente d’âge collège qui ne me concernait pas. Petits albums à la couverture souple bon marché, dessins animés de Goldorak, je n’avais guère de curiosité pour les suivre. J’aurais dû!

mode manga

Au dernier pique-nique de Babélio, début septembre,  au parc de Bercy, tout un défilé de jeunes gens et jeunes filles costumés en personnages de manga, m’avait interpellée. Perruques roses (ou cheveux teints), tenues militaires, débordements de dentelle ou attitudes stéréotypées, ils m’avaient fait flipper. J’ignorais l’existence d’une mode manga – décidemment j’ignore tout!

journal satirique

Plusieurs origines aux mangas actuels : la rencontre avec l’Occident vers 1850 quand le Japon s’ouvre et l’introduction de la presse satirique avec un Japan Punch, des caricatures et plus tard des bandes dessinées.

kamishibai : théâtre de papier

Une autre source des dessins animés actuels peut être attribuée au kamishibai : des histoires illustrées sur des cartons étaient présentées par des castelets dans des boites de carton pour les gamins des quartiers populaires. 

Dans les années 30, norakoru, officier de l’armée des chiens était inspiré de Félix le chat américain et traduisait le militarisme japonais. 

 

Tezuka Osamu avec la Nouvelle Ile au Trésor, Phenix et Astro Boy (1952) révolutionne la bande dessinée et plus tard le dessin animé en faisant entrer une mise en scène cinématographique dans les cases de la BD avec des plongées, zoom et gros plan

Le dynamisme du dessin, sa sophistication me surprend malgré que je n’y comprenne rien.

de Mizuki Shigaru j’admire la finesse des dessins. En regard l’exposition présente des estampes et dessins anciens de l’époque Edo.

 

album ancien XVIIIème siècle

On devine une belle continuité entre les manga, les estampes et œuvres anciennes

renarde

Il me manque aussi les clés des légendes et mythes anciens que les Japonais identifient d’emblée.

Les mangas sont très diversifiés, mangas pour les filles qui me laissent perplexes. La violence est moins fréquente mais sont-ils féministes? Une série met en scène Marie Antoinette à Versailles.

Admirative de la finesse des tracés, de l’inventivité des cadrages, il me reste encore beaucoup à voir avant de tenter de comprendre!