La Défense – Nanterre avec le Voyage Métropolitain

VOYAGE METROPOLITAIN

La défense : rendez-vous sous l’Arche

Préambule au voyage, rappels sur la Grande Arche et sa construction si bien racontée par Laurence Cossé, un roman, un mythe qui inspire les études sérieuses, ou non. Ceux qui, parmi nous se sont documentés sont tombés sur une foule de productions, y CErgy des Conspirationnistes qui s’en sont inspirés comme des Pyramides de Gizeh. Flatteur pour la Grande Arche!

La Grand Arche située sur l’Axe Historique, Louvre, Concorde, Arc de Triomphe ne ferme pas la perspective. Du côté de Nanterre cet axe se poursuit avec plus ou moins de bonheur. Nanterre est entaillé par un échangeur routier, l’autoroute A14, le RER A qui se ramifie, vers Saint Germain en Laye, et Cergy et Poissy. 

Dans l’axe historique, vers l’ouest: La passerelle Chemtov

La Passerelle Chemetov  (400 m en bois)  se trouve donc dans l’Axe mais elle est fermée, en mauvais état, surmontant les Jardins de l’Arche de Gilles Clément. De part et d’autre, les 2 cimetières de Nanterre et de Puteaux, vus de haut ressemblent à un labyrinthe de jardin à la Française, les arbres taillés au cordeau cachent les tombes. 

Tours Nuages d’Aillaud

Il faut donc faire des détours, passer sous de mini-arches de verre (décidément le thème de l’arche a inspiré les architectes). Nous découvrons un ensemble architectural emblématique de Nanterre : Les Tours Nuages d’Aillaud de la Cité Picasso. C’est un ensemble impressionnant de 18 tours aux mosaïques colorées de Fabio Rietti. En s’approchant, on découvre les fenêtres, certaines hublots, d’autres yeux ouverts sur le ciel. Elles ont inspiré Laurent Kronental pour des photographies remarquables CLIC;

Au pied des Tours Nuages, le serpent en mosaïque de Laurence Rietti

Au pied des tours un jardin de sculptures et de pavés abrite un serpent de mosaïque fait par Laurence Rietti.

Quand on s’approche des tours, on constate que le revêtement de mosaïque est en mauvais état. De plus, la tendance est à l’isolation thermique. Comment résoudre le problème sans toucher à l’œuvre? La présence d’amiante complique les travaux. Une rénovation est proposée avec un placage métallique qui épouserait l’extérieur des bâtiments et intégrerait de la matière isolante, qui ajouterait des ombrières au-dessus des fenêtres.

Le problème de la préservation du patrimoine du XXème siècle se pose avec acuité pour un autre ensemble : les écoles de Musique (ou plutôt le Foyer Maurice Ravel) et l’Ecole d’Architecture œuvre de J. Kalisz inscrits dans un projet d’André Malraux de faire entrer la Culture. Le Foyer Maurice Ravel est vide d’étudiants et le bailleur n’a pas effectué les travaux d’entretien qui s’imposent. Pourtant c’est un très joli ensemble blanc inspiré par les constructions méditerranéennes, avec des patios et des cubes blancs décalés, balcons et jardinets.

Foyer Maurice Ravel Kalisz

L’école d’Architecture, fermée dans les années 2000 est carrément dans un processus de déconstruction. On ne voit plus que l’ossature dans le chantier. Elle va être reconstruite par Eiffage et intégrée à l’université Leonard de Vinci. (fac Pasqua). Ce qui nous fait furieusement penser aux financement des concessions autoroutière. Et chacun de déplorer les privatisations des « biens communs ». 

Nanterre : monument à la déportation

Tandis que nous quittons le quartier Picasso, je m’étonne de ne pas voir de tags ou graffitis rappelant les violences urbaines de Juin 2023, ils ont sans doute été effacés. Quand nous parvenons à l’Esplanade Charles de Gaulle j’en découvre. « JUSTICE POUR NAHËL PAS DE PAIX » s’étale sur un mur et sur des cubes de verre. Un des voyageur remarque les traverses de chemin de fer et un rail circulaire. Une rotonde ferroviaire? Curieux, il n’y a qu’un seul rail! Aucun wagon n’a tourné sur cette place. Il s’agit d’une œuvre d’art : d’un monument de Dani Karavan à la Déportation. Dani Karavan est aussi le créateur de l’Axe Majeur de Cergy. 

Nous traversons le Parc André Malraux, créé par le paysagiste J.Sgard, inspiré par les parcs des Pays Bas ou des pays nordiques : parcs ouverts nécessaires à la respiration de la ville. C’est aussi un espace sculpté dans le terrain bouleversé par les carrières et par les terrassements de construction de la Défense. Parc ouvert jour et nuit, ce qui est inhabituel chez nous. 

Le haut bâtiment de la Préfecture est de Perret. Je commets la réflexion sacrilège de dire qu’il me fait penser à l’Hôtel International de Tachkent ou de n’importe quel Hôtel International soviétique. Oh bévue! Oh gaffe!

En face, nous faisons une halte devant une sobre plaque de marbre commémorant le massacre du 17 Octobre 1961. Combien sont partis de Nanterre, vêtus des habits du dimanche pour manifester? habitants des bidonvilles de Nanterre, ouvriers en bâtiment ou des industries automobiles….Une voyageuse, évoque une manifestation du 14 Juillet 1953 – un bain de sang oublié.

Le Voyage se poursuit devant MacDo où on évoque deux Fiascos fantômes géants d’un futur qui n’a jamais existé : l’Aérotrain train monorail dont il reste le rail et la Tour de Schöffer 342 m de haut, lumineuse 5226 projecteurs animés par la circulation . 

L seconde partie du voyage se déroule au pied du RER Nanterre Université pour visiter La Contemporaine, bibliothèque dépendant de l’Université de Nanterre et Musée d’Art Contemporain.

Champ de la Garde : labourage avec un cheval de trait

Autre site d’intérêt : Le Champ de la Garde  ou Ferme du bonheur oasis de nature et d’agriculture dans cet environnement minéral, parrainé par AgroTechParis , l’INRAE, l’INERIS  menant depuis 2014 des expérimentations sur la pollution des sols et des jardins partagés.

Malheureusement il se met à pleuvoir et l’imprévoyante que je suis commence à avoir très froid, habillée en sandales et T-shirt d’été. Arrivée imprévue de l’automne que je fuis. 

 

Au Bonheur des Dames – Emile Zola

LES ROUGONS-MACQUART t11

Valloton Bon marché

 

« de l’autre côté de la rue, ce qui la passionnait, c’était le Bonheur des Dames, dont elle apercevait les vitrines, par la porte ouverte. Le ciel demeurait voilé, une douceur de pluie attiédissait l’air, malgré la saison ; et, dans ce jour blanc, où il y avait comme une poussière diffuse de soleil, le grand magasin s’animait, en pleine vente. Alors, Denise eut la sensation d’une machine, fonctionnant à haute pression, et dont le branle aurait gagné jusqu’aux étalages. Ce n’étaient plus les vitrines froides de la matinée ; maintenant, elles paraissaient comme chauffées et vibrantes de la trépidation intérieure. Du monde les regardait, des femmes arrêtées s’écrasaient devant les glaces, toute une foule brutale de convoitise. Et les étoffes vivaient, dans cette passion du trottoir : les dentelles avaient un frisson, retombaient et cachaient les profondeurs du magasin, d’un air troublant de mystère ; les pièces de drap elles-mêmes, épaisses et carrées, respiraient, soufflaient une haleine tentatrice ; tandis que les paletots se cambraient davantage sur les mannequins qui prenaient une âme, et que le grand manteau de velours se gonflait, souple et tiède, comme sur des épaules de chair, avec les battements de la gorge et le frémissement des reins. »

Le personnage principal est bien sûr le magasin qui grandit au dépend des commerces du quartier, gonfle, respire, séduit….

Deux figures traversent le roman : Octave Mouret qui était le commis du magasin et qui a épousé Madame Hardouin, la veuve du propriétaire dans Pot-Bouille. Déjà, dans ce roman, il avait pour projet d’agrandir Au Bonheur des Dames, d’acheter la boutique voisine. Au début de Au Bonheur des Dames, ce n’est plus une boutique mais un bazar et le simple commis est devenu un capitaine d’industrie qui risque tous ses bénéfice pour faire grossir l’affaire.

« Vois-tu, c’est de vouloir et d’agir, c’est de créer enfin… Tu as une idée, tu te bats pour elle, tu l’enfonces à
coups de marteau dans la tête des gens, tu la vois grandir et triompher… Ah ! oui, mon vieux, je m’amuse ! »

Denise débarque de Valognes, à peine vingt ans mais mûrie par la responsabilité de l’orpheline sur ses deux jeunes frères. Son oncle, Baudu possède une boutique en face du Bonheur des dames. Il ne peut l’embaucher mais sera une bonne référence. Les débuts de Denise comme vendeuse ne sont pas faciles. Moquées par ses collègues, il lui faut une volonté de fer pour tenir bon. Denise a du caractère. Elle saura imposer ses compétence et gravir la hiérarchie malgré jalousies et cabales. Elle ne se laissera jamais aller à se laisser entretenir. Quand à la morte saison, elle se retrouve renvoyée du magasin, elle trouve de l’aide chez les petits commerçants du quartier mais elle comprend qu’ils sont condamnés à court terme. Mouret lui donne une deuxième chance. Il est fasciné par la personnalité droite et irréductible de Denise….

Le lecteur aura droit à un véritable cours de commerce, ou de marketing.  . On pourrait imaginer le dépérissement des commerces de Centre ville concurrencés par les grandes surface. Mouret a tout inventé, les promotions, les soldes, les évènements, la publicité. On voit émerger la société de consommation. Les femmes sont choyées pour les pousser à acheter plus. Du côté du personnel, la productivité est mesurée avec des primes à la clé, dortoirs et cantine sur place, vendeurs et vendeuses sont sur place, paternalisme et surveillance.

Passionnant et encore actuel!

Histoires Vraies – MacVal

Exposition temporaire collective jusqu’au 17 septembre 2023

Croa croa croa 1.0.3 collective

Apprécier l‘Art Contemporain n’est pas toujours une évidence pour moi. Parfois, je ne sais même pas trouver l’œuvre dans la galerie, ni le cartel qui y correspond.

Une bâche de toile cirée blanche, une théière perchée, une clé c’est l’installation  d’un plasticien Farès Hadj-Sadok’s, le titre « le Moyen Remplacement » est un détournement de la notion du Grand Remplacement de l’Extrême Droite.  

Mehryl Levisse : Le lectrice

Et ces personnages masqué(e)s, aux tenues bariolées, perché(e)s sur de très hauts talons, déambulant un livre à la main ou couché(e) sur un banc, au genre indéterminé, femmes, travestis, drag-queens? Ce sont les personnages à animer de Mehryl Levisse installation vivante qui me met un peu mal à l’aise. Ce même plasticien expose aussi des têtes colorées qui ressemblent plus à une œuvre que ces « personnages » muets. Le nom de l’œuvre Le Lectrice (non! ce n’est pas une coquille).

Heureusement, aujourd’hui, Journée du Patrimoine, le MacVal propse des visites guidées et le conférencier (ci-dessus devant le tableau Croa croa croa a choisi de décrypter quelques œuvres emblématiques pour les béotiens de mon genre. C’est l’œuvre d’un collectif de 3 plasticiens qui ont choisi de détourner le logo d’une fameuse marque de commerce en ligne : le résultat peut être interprété comme un vol de corbeaux menaçants comme dans les Oiseaux de Hitchcock, ou ceux de Van Gogh, « matérialisant la menace de l’omnipotence des  GAFAM sur l’humanité ».

Jordan Roger : » burn them all »
Aurélien Mauplot : Moana Fa’a’aro

Jordan Roger : « burn them all » : Au premier plan un château imitant l’univers rose et sucré de Disneyland, des flammes orange s’attaquent à la construction en multiples incendies. Il figure une bataille entre les forces révolutionnaires et réactionnaires de La Maison d’Armaggedon et de la Maison des Uranistas. Cet univers m’est plutôt indifférent. 

Aurélien Mauplot : Moana Faa’a’aro En revanche, au mur, une collection de photographies, objets naturalistes dans des cadres et des boîtes, cartes…figurent un cabinet de curiosité comme l’aurait exposé un des explorateurs de cette île de l’Océan Pacifique, découverte à deux reprises, perdue… symbole de la construction historique des fake-news.

Suzanne Husky : Les Oiseaux semant la vie

Les œuvres sont très variées et nombreuses. J’en ai sélectionné quelques unes. Les Oiseaux semant la vie de Suzanne Husky est une charmante tapisserie, contrepoint à Croa Croa touche optimiste où les oiseaux reconstituent le sol, sèment des graines et survolent un champ d’éoliennes. Suzanne Husky se définit comme éco-féministe. 

Mary Sibande : Her Majesty Sophie

Mary Sibande sud-africaine,  se représente elle-même en un personnage Sophie, robe élégante et tablier de soubrette, archétype de la servante du temps de l’apartheid, rayonnante. Elle  cristallise ainsi l’histoire des femmes, leur colère, leurs causes. 

Régine Kolle – Trahison de Betty Draper

Le grand tableau de Régine Kolle raconte l’histoire de la trahison du psychanalyste qui racontera au mari de Betty ce qu’elle a livré sur le divan. parfaite illustration du thème de l’exposition « Histoires vraies »!

Aurélie Ferruel et Florentine Guédon : S’éclater le gésier

les deux plasticiennes ont construit une improbable motocyclette en fibres végétales accidentée et dont le « gésier » éclaté germe en jolies figures de verre coloré. Métaphore d’une renaissance?

Les œuvres en vidéo sont aussi nombreuses: un improbable Simblic de Sylvie Ruaux m’a fait sourire. un western canadien où les Indiens seraient les vainqueurs, avec un héros/héroïne « Miss Chief Eagle Testickle » … Yan Tomaszewski se filme en trans-coréen , la K-pop me laisse indifférente…

Véronique Hubert : Culture de la Crainte

Arrivée sceptique, je suis sortie ravie de cette visite!

Pot-Bouille – Emile Zola

LES ROUGON-MACQUART t.10

Portrait de Zola par Manet

Rue de Choiseul, un immeuble bourgeois neuf de quatre étages,  pierre de taille, escalier luxueux de faux marbre chauffé, 

« …la maison est très bien, très bien….Mon cher vous allez voir…et habitée par des gens comme il faut! »

Le propriétaire de l’immeuble y loge, Monsieur Campardon architecte a loué la chambre du quatrième à Octave Mouret qui est apparenté à sa femme, une cousine de Plassans. Les Josserand sont moins à l’aise, caissier dans une cristallerie, ils ont deux filles à marier, et tiennent leur rang pour les marier comme il faut. Les Pichon sont de petits employés mais « d’une éducation parfaite ». Le concierge, M. Gourd veille à la bonne tenue de l’immeuble :

« Non, voyez-vous, monsieur, dans une maison qui se respecte, il ne faut pas de femmes, et surtout pas de ces
femmes qui travaillent. »

Pas de femmes et surtout pas d’ouvriers!

« Vas-y donc, pourris ta maison avec des ouvriers, loge du sale monde qui travaille !… Quand on a du peuple chez soi, monsieur, voilà ce qui vous pend au bout du nez »

Des ouvriers, il y en a deux, un menuisier qui ne peut même pas recevoir son épouse, domestique à ses jours de libertés puis une piqueuse de bottines, que M. Gourd a chassée pour cause de grossesse :

« Une maison comme la nôtre affichée par un ventre pareil ! car il l’affiche, monsieur ; oui, on le regarde, quand il entre ! »

Respectabilité est le grand mot d’ordre de cette maison de la rue Choiseul!

Sous les toits, accessibles par l’escalier de service, les chambres des bonnes. Parce que, même si on oublie de les présenter, de nombreux domestiques vivent ici. Adèle, Lisa, Clémence, Hyppolite, Rachel forment tout une société exploitées par les maîtres, bien vivante, au langage fleuri (plutôt ordurier) qui colporte les ragots et font circuler toutes sortes d’histoires. Dans le couloir des chambres de bonnes, certains messieurs très bien entretiennent une sexualité débridée, droit de cuissage des maîtres, ou initiation de leurs fils.

Pot-Bouille est une charge contre l’hypocrisie du mariage bourgeois : on se marie par intérêt, pour l’argent. On marie ses filles en menant une affaire d’argent. Evidemment ces couples ne sont pas heureux. Encore, les hommes vont voir ailleurs, maitresses entretenues, ou bonniches et cela ne tire pas à conséquence dans la morale de l’époque. Les frustrations des femmes sont plus exacerbées. Scènes de ménages violentes chez les Josserand ou adultères scandaleux. 

 

Octave Mouret, le jeune commis de belle prestance a décidé d’arriver à une position sociale intéressante par les femmes. Il courtise ses patronnes et console les esseulées. Un premier scandale est évité de peu mais un second éclaboussera tout l’immeuble, largement amplifié par le chœur des bonnes. Etrangement (ou pas) il n’en pâtira pas : les hommes peuvent se le permettre!

« C’est plein de cochonneries sur les gens comme il faut. Même on dit que le propriétaire est dedans ;
parfaitement, monsieur Duveyrier en personne ! Quel toupet !… »

Sous le masque de la respectabilité toute cette société fermente, les couples se défont, la violence couve. L’histoire que conte Zola est addictive, je n’ai plus lâché le roman. Alors que je m’étais un peu ennuyée chez dans les salons des femmes du monde de La Curée et dans ceux des courtisanes de Nana,  cette société bourgeoise et des domestique est tout à fait vivante et distrayante. J’ai envie de connaître la suite et j’ai commencé Au Bonheur des Dames à peine Pot-Bouille terminé. 

Un volume très réussi!

LECTURE COMMUNE avec Claudialucia 

Nicolas de Staël – MAM

Exposition Temporaire jusqu’au 21 janvier 2024

1953 Agrigente

Je me suis précipitée hier, le premier jour de l’Exposition au MAM, 15 septembre, impatiente. Je ne pouvais pas attendre. Grand coup de cœur pour Nicolas de Staël l’an passé à Antibes au Musée PicassoPour l’affiche : Agrigente chère à mon cœur, véritable fascination pour la Vallée des Temples où nous sommes retournées plusieurs fois. Enormément d’attente, et aucune déception, énormément d’émotion. 

1953 Agrigente (encore)

Retour sur des tableaux connus que j’ai revus comme des amis retrouvés.

1953 Sicile

Découverte de ceux que je ne connaissais pas.

Eblouissement.

Comme il est juste ce jaune de soufre qui me rappelle les mines de soufre proches d’Agrigente peintes par Guttoso

1948 – Lavis et encre

Rétrospective chronologique qui couvre toute la carrière de Nicolas de Staël depuis ses voyages marocains (1936), ses tableaux abstraits . Ses compositions où les formes se déclinent, s’épurent, s’empâtent dans une salle appelée Condensation

1950 Composition

les tableaux sombres s’éclaircissent. les à-plats épais se fractionnent en tesselles de tableaux mosaïques,

1951 La ville blanche

Mon préféré dans la salle présentant ces Fragmentations est un bouquet de fleurs si transparentes et si épaisses que je les avais prises pour des glaçons

1952 Fleurs

Je zappe les footballers du Parc des Princes archi-connus pour m’intéresser  à une série de marines et de ciels qui s’éloignent complètement de l’abstraction, petits cartons aux formats de poche ou tableaux plus grands. 

1952 Ciel à Honfleur,

ou ces très petits du Lavandou

.
..

 

 

 

 

 

Surprise par une très grande composition, théâtrale, symphonique. on se croirait portée sur une scène d’opéra. Illusion. Ce sont des bouteilles

1953 Bouteilles dans l’atelier

Eté 1953, Nicolas de Staël entreprend un voyage vers le sud : Provence sur le conseil de Char, puis Italie et Sicile. je n’ai pas eu la patience de suivre la chronologie pour présenter ces toiles lumineuses.

En 1954, il s’installe à Antibes . Je retrouve les toiles mystérieuses où apparaît une femme, Jeanne, son amante. Simplification des motifs, on dirait presque du Morandi. 

merveilleuse exposition!

 

Nana – Emile Zola

LES ROUGON-MACQUART t.9

Nana est la fille de Gervaise et de Coupeau de l’Assommoir. Nous l’avons quittée en apprentissage de fleuriste sous la garde de sa tante, très dégourdie, elle a déjà un protecteur plus âgé. 

Nana,  au début du roman, a une vingtaine d’années,  est mère d’un petit garçon chez une nourrice. Actrice à succès au Théâtre des Variétés. 

« La Blonde Vénus sera l’événement de l’année. On en parle depuis six mois. Ah! mon cher, une musique! un
chien!… Bordenave, qui sait son affaire, a gardé ça pour l’Exposition.

Et Nana, l’étoile nouvelle, qui doit jouer Vénus, est-ce que tu la connais? Nana est une invention de Bordenave. Ça doit être du propre! »

 

Le roman s’ouvre au  Théâtre des Variétés.  Zola nous fait découvrir la scène, les loges, les répétitions, les acteurs, les coulisses, les éclairages. Les journalistes aussi, les auteurs, les jalousies et petits arrangements…Et parmi les spectateurs, les messieurs qui viennent dans les loges comme au bordel. D’ailleurs Bordenave, le directeur du théâtre nomme ainsi son théâtre.

« Paris était là, le Paris des lettres, de la finance et du plaisir, beaucoup de journalistes, quelques écrivains, des hommes de Bourse, plus de filles que de femmes honnêtes; monde singulièrement mêlé, fait de tous les génies, gâté par tous les vices, où la même fatigue et la même fièvre passaient sur les visages. »

Nana est une piètre actrice

« Jamais on n’avait entendu une voix aussi fausse,
menée avec moins de méthode. Son directeur la jugeait bien, elle chantait comme une seringue. »

Et pourtant elle a un succès fou :

« cette grosse fille qui se tapait sur les cuisses, qui gloussait comme une poule, dégageait autour d’elle une odeur de vie, une toute-puissance de femme, dont le public se grisait. »

Plus qu’une actrice, Nana est une courtisane qu’hommes d’affaires comme le banquier Steiner, aristocrates comme le Comte Muffat ou Le Comte de Vandeuvres, et bien d’autres, sont prêts à se ruiner pour elle. Sa fidèle bonne Zoé place tous les prétendants dans des pièces différentes pour qu’ils ne se croisent pas, c’en est cocasse. Il y a peu de sentiments, de l’intérêt. Et pourtant, même dans ses plus grands succès Nana est à cours d’argent pour payer les extravagantes dépenses. Elle est souvent à la recherche d’expédients

Elle tombe amoureuse  d’un comédien qui la traite très mal. Un jeune homme, presque un adolescent réussi à l’émouvoir ; il consentira à tout pour garder ses faveurs. Ses plus fidèles amitiés seront féminines, sa bonne Zoé prête à tous les artifices, Satin, une rouleuse du boulevard qu’elle a retrouvée dans la dèche lui sert de compagne.

Difficile d’avoir de l’empathie pour cette fille, souvent superficielle, capricieuse,  toujours intéressée, qui dévore des fortunes sans aucun scrupule et n’est même pas affectée par les tragédies dont elle est la cause.

Pourtant on sent surtout la rage de la petite fille de l’Assommoir qui n’oublie jamais d’où elle vient et  qui venge les humiliations, les privations qu’elle a connues. Elle prend sa revanche dans son hôtel rue de Villiers. Et pourquoi devrait-on la juger? Ce sont les hommes qui sont les cochons et qui se pressent auprès d’elle.

« Nom de Dieu! ce n’est pas juste! La société est mal faite. On tombe sur les femmes, quand ce sont les hommes qui exigent des choses… Tiens! je puis te dire ça, maintenant: lorsque j’allais avec eux, n’est-ce pas? eh bien! ça ne me faisait pas plaisir, mais pas plaisir du tout. Ça m’embêtait, parole d’honneur!… »

Dans le monde des Rougon-Macquart, cet épisode entraine le lecteur dans le demi-monde et le grand monde qui se mêlent. Nous découvrons donc le théâtre, les restaurants à la mode, les courses et les paris, les soirées brillantes…mais la rue n’est pas loin, ni les rafles de la police qui ramasse les prostituées, les encarte et les emprisonne. 

Sarah Bernhardt Clairin 1876

J’ai, présente à l’esprit, la merveilleuse Exposition Sarah Bernhardt au Petit Palais. Sarah Bernhard a vécu dans ce monde, encartée à la police, protégée du Duc de Morny. Mais, elle était bourrée de talents et a su rapidement s’élever au-dessus de sa condition. 

Plus que les intrigues embrouillées ou les histoires sentimentales, j’ai apprécié la description de la vie mondaine et les analyses sociétales de Zola.

Françoise Pétrovitch – Aimer.Rompre au Musée de la Vie Romantique

Exposition temporaire jusqu’au 10 septembre

Intriguée par le titre et par l’affiche, j’attendais une occasion pour retourner au Musée de la Vie Romantique. 

L’exposition est logée dans deux salles à l’écart de la maison principale : l’une L’imagination fait le paysage fait alterner des lavis d’encre sur papier représentant des îles imaginaires, désertes et inquiétantes que j’ai appréciées et des personnages : adolescentes le plus souvent au regard éteint derrière des paupières baissées. Cette filles aux chevaux verts est-elle une noyée tirée de l’eau par un personnage dont on ne devine que les mains et les bras? Toutes les filles semblent incapables de tenir sur leurs membres et sont soutenues par des inconnus. Cette évanescence me met mal à l’aise.

A l’étage au-dessus, L’espace entre eux présente de grands tableaux à la verticale, deux diptyques se font face tandis que trois tableaux occupent le mur. On y voit des couples de très jeunes gens qui fument. Ils ne se regardent pas, ne se touchent pas. Ce ne sont pas des portraits, les traits sont impersonnels, souvent les yeux clos. Grande froideur. 

Je ne vois pas le « romantisme » annoncé, mystère de BD ou de publicité!

Les autres œuvres sont dispersées dans les collections permanentes dans la maison d’Ary Scheffer remplies de souvenirs de l’Epoque Romantique : au rez de chaussée on traverse une salle Ary Scheffer avant d’arriver aux souvenirs de George Sand représentée sur divers portraits, une jolie sculpture, les bijoux de George Sand sont dans deux vitrines, on voit aussi des images de Nohant

George Sand peignait aussi : paysages d’aquarelles et dendrites (j’ignorais cette technique). Une salle est consacrée à Pauline Viardot et à sa soeur La Malibran avec divers portraits, une autre à Renan qui épousa la fille d’Ary Scheffer. Une autre illustre le Romantisme : scènes peintes d’Atala de Chateaubriand, de Walter Scott, de Shakespeare, Victor Hugo.

Parmi ces œuvres fortes, et les très beaux meubles d’époque on a accroché les tableaux que Françoise Pétrovitch a peint exprès pour cette maison : le rose flashe sur les tentures dorées et les meubles patinés par le temps. La figure féminine qui fume est une évocation de George Sand, symétrique une évocation rose et androgyne de Maurice Sand pas en costume contemporain pas plus réussi que sa mère. 

j’ai eu grand plaisir à retrouver les objets authentiques des collections permanentes et comme il faisait très beau, nous avons terminé l’après midi dans le jardin attablées au salon de thé. Un vrai bonheur!

Zola – Le Ventre de Paris (t. 3 des Rougon-Macquart)

« Est-ce que vous connaissez la bataille des Gras et des Maigres ? »

Le marché aux poissons Joachim Beuckelaer

Le Ventre de Paris : ce sont les Halles, nouvellement construites (1853 à 1874) que découvre Florent après 8 ans d’absence

« Et Florent regardait les grandes Halles sortir de l’ombre,  sortir du rêve, où il les avait vues, allongeant à l’infini leurs palais à jour. Elles se solidifiaient, d’un
gris verdâtre, plus géantes encore, avec leur mâture prodigieuse, supportant les nappes sans fin de leurs toits.
Elles entassaient leurs masses géométriques ; et, quand toutes les clartés intérieures furent éteintes, qu’elles
baignèrent dans le jour levant, carrées, uniformes, elles apparurent comme une machine moderne, hors de toute mesure, quelque machine à vapeur, quelque chaudière destinée à la digestion d’un peuple, gigantesque ventre de métal, boulonné, rivé, fait de bois, de verre et de fonte… »

Dans ce ventre de Paris convergent toutes les nourritures : légumes et fruits, marée et viandes, volailles, charcuterie, fromages et même fleurs. Le roman commence avec l’arrivée du tombereau de Madame François, maraîchère de Nanterre !

« tombereau de choux et un tombereau de pois, au pont de Neuilly, s’étaient joints aux huit voitures de navets et
de carottes qui descendaient de Nanterre ; et les chevaux allaient tout seuls, la tête basse, de leur allure continue et paresseuse, que la montée ralentissait encore. En haut, sur la charge des légumes, allongés à plat ventre, couverts de leur limousine à petites raies noires et grises… »

Le tombereau heurte Florent, presque mort de faim, d’une maigreur à faire peur, évadé du bagne de Cayenne, déporté après les journées de décembre 1851 arrêté près de la barricade rue Montorgueil. Florent est recueilli par son frère  Quenu, prospère charcutier, gras et bien nourri comme sa femme Lisa, la belle charcutière.

Les descriptions des dentelles et des soieries des toilettes de Renée Saccard dans La Curée, des décors de l’Hôtel de la Plaine Montceau, m’avaient plutôt lassée. J’avais trouvé que  Zola se complaisait dans des longueurs. En revanche, j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette exubérance des légumes et des fruits,  surabondance de la nourriture, énumération des victuailles, les descriptions des étalages de la charcuterie . Le Ventre de Paris plonge le lecteur dans le monde odorant de l’étal de la marée avec ses poissons, ses moules, ses huitres, dans les paniers remplis de plumes des volaillers, ruisselant des grandes lessives, dégoûtant de sang, d’humeurs et d’excréments.

Luis Egidio Melendez nature morte avec pastèques

Et c’est un peintre, Claude Lantier, qui décrit le mieux ces tableaux naturalistes, opposant l’art moderne, le naturalisme. Son art est croquis ou tableau, mais son œuvre suprême, c’est avec des boudins, des langues de bœuf, des jambons jaunes qu’il l’a construite.  Il cherche ses sujets dans le peuple des Halles

« Cadine et Marjolin s’aimant au milieu des Halles centrales, dans les légumes, dans la marée, dans la viande. Il les aurait assis sur leur lit de nourriture, les bras à la taille, échangeant le baiser idyllique. Et il voyait là un manifeste artistique, le positivisme de l’art, l’art moderne tout expérimental et tout matérialiste ; il y voyait encore une satire »

Le naturalisme revendiqué en peinture par Claude, est aussi le style littéraire de Zola. Claude, plus loin, l’étend à l’architecture

 

« Je m’imagine que le besoin de l’alignement n’a pas seul mis de cette façon une rosace de Saint-Eustache au beau milieu des Halles centrales. Voyez-vous, il y a là tout un manifeste : c’est l’art moderne, le réalisme, le
naturalisme, comme vous voudrez l’appeler, qui a grandi en face de l’art ancien… »

Dans la bataille des Gras et des Maigres l’auteur met en scène, dans le rôle des Gras : les commerçants des Halles, poissonnières et charcutières, volaillers et cafetiers, toute une société prospère qui se concurrence, se jalouse, s’observe, s’enrichit…

« C’était le ventre boutiquier, le ventre de l’honnêteté moyenne, se ballonnant, heureux, luisant au soleil, trouvant que tout allait pour le mieux, que jamais les gens de mœurs paisibles n’avaient engraissé si bellement. »

Bonne conscience de la Belle Lisa et de sa concurrent la Belle Normande, travailleuses, honnêtes, bien nourries….Certains personnages sont plus nuancés comme les jeunes Marjolin et Cadine, les enfants Muche et Pauline qui jouent dans la boue. Deviendront-ils des Gras quand il seront adultes?  Et la vieille Saget la fouineuse avec son cabas, qui surveille les autres de sa fenêtres, s’attarde pour écouter les rumeurs et qui colportera les ragots : une Maigre? 

« mademoiselle Saget avait certainement laissé dans sa vie  passer une occasion d’engraisser car elle détestait les gras tout en gardant dédain pour les Maigres »

déclare Claude Lantier. 

C’est cette dernière qui déclenchera la guerre en convoquant les commères pour dévoiler le secret de Florent. Et cette mauvaise action se déroule dans les odeurs de fromage. Les odeurs contribuent à l’ambiance :

Elles restaient debout, se saluant, dans le bouquet final des fromages. Tous, à cette heure, donnaient à la fois.
C’était une cacophonie de souffles infects, depuis les lourdeurs molles des pâtes cuites, du gruyère et du
hollande, jusqu’aux pointes alcalines de l’olivet. Il y avait des ronflements sourds du cantal, du chester, des
fromages de chèvre, pareils à un chant large de basse, sur lesquels se détachaient, en notes piquées, les petites
fumées brusques des neufchâtels, des troyes et des mont-d’or. Puis les odeurs s’effaraient, roulaient les unes sur les autres, s’épaississaient des bouffées du Port-Salut,

 

Comme les tomes précédents de la série des Rougon-Macquart, le Ventre de Paris est un roman politique, qui raconte l’histoire du Second Empire : son avènement avec les barricades et les déportations de 1851 et les oppositions clandestines : les conspirations des révolutionnaires dans les arrières salles du café ainsi que la surveillance des espions et des mouchards, les dénonciations des honnêtes gens qui voient dans l’Empire une stabilité et une prospérité qui garantie leur commerce.

« C’est la politique des honnêtes gens… Je suis reconnaissante au gouvernement, quand mon commerce va bien, quand je mange ma soupe tranquille, et que je dors sans être réveillée par des coups de fusil… C’était du propre, n’est-ce pas, en 48 ? L’oncle Gradelle, un digne homme, nous a montré ses livres de ce temps-là. Il a perdu plus de six mille francs… Maintenant que nous avons l’empire, tout marche, tout se vend. Tu ne peux pas dire le contraire… Alors, »

C’est encore Claude qui aura le dernier mot

Alors, Claude leur montra le poing. Il était exaspéré par cette fête du pavé et du ciel. Il injuriait les Gras, il disait
que les Gras avaient vaincu. Autour de lui, il ne voyait plus que des Gras, s’arrondissant, crevant de santé,

Magistral!

 

Orsay déambulation au hasard

TOURISTE DANS MA VILLE

Cézanne : Achille Emperaire

Si j’étais touriste, j’aurais visité méthodiquement le Musée d’Orsay qui mérite une demi-journée et même plus. Négligente, je me dirige vers les expositions puis je gagne la sortie. Merci à Sonia qui m’a recommandé d’acheter la Carte Blanche qui sert de coupe-file également à l’Orangerie, 3 expositions suffisent à rentabiliser le prix annuel et surtout m’offre l’entrée  aux collections permanentes.

Théodore Rivière : brodeuse tunisienne

Par un dimanche maussade, j’ai flâné sans but dans les deux premiers niveaux et fait de jolies découvertes. Peintures orientalistes : Delacroix, Gérôme, Fromentin… et surprise cette brodeuse tunisienne!

J’ai cherché des souvenirs de la Commune de Paris, et voici la Pétroleuse

Ginotti : La Pétroleuse vaincue

Cézanne a aussi peint des portraits, des scènes dramatiques, cette Olympia moderne, pas de pommes ni de montagne provençale.

Cézanne : Olympia moderne

Il y a aussi en ce moment une petite exposition de vases émaillés (projets, ce sont des aquarelles) de Soyer

Soyer : modèles pour vases émaillés

Au fond du hall, des maquettes de l’Opéra Garnier passionnantes ainsi que des maquettes de décors (Aïda) . on peut marcher sur un plancher de verre au dessus de tout le quartier de l’Opéra. Un énorme tableau montre Paris vu de montgolfière (1855) de Victor Navlet amusant! 

J’aurais pu aller voir les Impressionnistes dans les étages, ou l‘Art Nouveau, les valeurs sûres! J’ai préféré rester au 1er et au 2ème niveau découvrir des peintures et des peintres parfois célèbres parfois oubliés… amusantes rencontres . Tableaux monumentaux et ennuyeux, statues de petits formats du Prince Troubetzkoi.  Il y a tant à découvrir!

La Situation – Karim Miské

MASSE CRITIQUE BABELIO

Thriller politique noir? Dystopie?

Difficile de qualifier cet ouvrage : la Situation désigne une guerre civile déchirant la Région parisienne en 2030. Anticipation, emballement de la situation politique actuelle. Remake de la Commune de Paris. C’est un peu étrange de lire ce roman dans les échos des mortiers d’artifice des émeutes à la suite de la mort de Nahel. 

Un président opportuniste à la tête d’un parti s’appelant Egalité, mène une politique antisociale, ultra-libérale. Fuyant la guerre civile, son gouvernement a fui Paris pour Chartre. Il est prêt à tendre la main aux Ligueurs, l’extrême droite qu’on appelle parfois les Versaillais (comme en 1871). Les Ligueurs ont mené le 6 février (référence au 6 Février 1934) l’attaque de l’Assemblée (comme celle du Capitole) qui s’est soldée par le massacre des députés noirs et arabes et même la pendaison de la Chef du Gouvernement noire. A la suite de la tentative de putsch l’extrême gauche (wokiste, islamiste, gauchiste, trotskistes…) on fait une alliance pour  contrer les Ligueurs.

Le roman s’ouvre par un massacre dans un bar du XIème (rappelant les fusillades des terrasses de 2015)… Tout est outré  mais rien d’invraisemblable.

Lecture haletante.

Beaucoup d’empathie pour le héros de l’histoire, un écrivain sexagénaire qui s’est terré chez lui pour éviter la violence et que le décès dans le bar de son quartier a forcé de prendre parti : il veut voir les criminels prisonniers des Ewoke ( ultra-gauche) qui ont tiré sur

Ahmed, Eminé, Sarah, Gilles, Océane, Kévin Coumba, Denise, Fatima, Mamadou, Bocar, Tijani »

L’analyse simpliste Ultragauche contre Ligueurs ne fonctionne pas. Les luttes de pouvoir compliquent tout. L’écrivain se trouve entraîné dans une véritable épopée…

Là, j’arrête, je ne veux pas spoiler!

J’ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, je me suis amusée à relever les clins d’oeil à l’histoire ou à la politique actuelle. Références littéraires aussi. Exotisme du mélange et métissage des cultures dans le

« polygone Belleville, Goncourt, Père-Lachaise, Parmentier »

et que dire de la dalle d’Argenteuil:

« la visite de Sarkozy est restée dans les mémoires comme le prologue des émeutes les plus violentes que la France n’ait connues depuis mai 1968(et jusqu’à ce que la Situation fasse passer ces périodes de troubles pour d’aimables plaisanteries). La dalle d’Argenteuil, depuis ce temps, c’est l’Esplanade des mosquées de Jérusalem pour un politicien israélien. Tu n’y joues gros bras que si tu penses que le moment est venu de déclencher une énième intifada. »