A Sevran, une mère et sa fille. Salima, la mère est professeur de Français. Nina, la fille, 14 ans, joue du violon, bonnet de laine, jeans coupés, cheveux longs, c’est un ado assez conventionnelle. La mère et la fille s’entendent bien. Jusqu’à la crise. La mère rentre d’Algérie où a eu lieu l’enterrement de sa mère. Nina arrête le violon, elle cache un gros livre à sa mère et lui tient des propos moralisateurs. Salima ne s’est aperçue de rien. Nina s’est fait embrigadée par des djihadistes sur Facebook à son insu.
Le sujet de la pièce est double : l’embrigadement des jeunes filles mais aussi les rapports mère/fille.
La pièce pourrait être une tragédie, le départ de Nina pour la Syrie est déjà organisé. Le drame est désamorcé par l’intervention tout à fait involontaire de sa mère. La fin est tragi-comique. (je ne vous la raconterai pas! Na!)
Du même auteur, Ahmed Madani, j’avais préféré la pièce F(l)ammes jouée à la Manufacture des Oeilletsà Ivry où dix femmes issues de l’immigration intervenaient avec leur histoire, leur humour, leur énergie en un choeur magnifique. J’ai rencontré Dieu sur facebook n’en a pas la force dramatique, elle est tout à fait intéressante et pédagogique. Comme j’aimerais que mes anciennes élèves la voient pour désamorcer cet « hameçonnage » qui les menace, jeunes idéalistes qui rêvent d’un prince charmant du désert….
une création d’Hamid Rahmanian – Spectacle de théâtre d’ombres (8/12/18-16/12/18 (anglais surtitré- 1h10)
Merhâb, le gouverneur de Kaboul, sa femme Sindokht et Roudabeh
Shâhnâmé du poète persan Ferdowsi est une épopée de 50 000 vers écrite au 10ème siècle d’une renommée équivalente à l’Iliade. Il compile les traditions orales et raconte l’histoire des rois persans et des héros. Hamid Rahmaniana choisi de raconter l’histoire de Zâl, chevalier de la province de Zabôl amoureux de la princesse Roudabeh.
Le spectacle de Théâtre d’ombres est destiné à tous les publics. Mercredi après midi, les enfants étaient nombreux dans la salle Claude Lévi-Strauss, fascinés ils sont entrés dans le spectacle.
les amoureux Zâl et Roudabeh
Au début, le générique « superproduction américaine » agace un peu, allons-nous nous voir une film ou des ombres chinoises? Les silhouettes découpées se détachent sur des photos de montagnes enneigées, c’est joli mais cela me perturbe un peu.
les jardins des miniatures
Puis ce sont des fleurs tout à fait persanes et je me laisse entraîner d’autant plus que le conteur utilise un langage facile à comprendre sans avoir recours aux surtitres projetés sur plusieurs écrans. C’est un conte, les silhouettes découpées sont merveilleuses. Selon l’angle on voit le profil d’un homme ou d’un félin, pour les père de Zâl, Sam, chevalier à la cour du roi de Perse, Manuchehr.
Sam sur l’ordre du Roi des Rois menace Kaboul
Le Simorgh emplumé a parfois l’allure d’un homme, parfois d’un oiseau. Les personnages féminins sont très gracieux. Je suis séduite par les mouvements des mains, comment peut-on faire bouger des marionnettes avec tant de grâce. C’est à la fin du spectacle quand les acteurs sont venus saluer que j’ai compris l’astuce : ils portent les masques sur la tête et les masques sont formés de deux profils formant un angle aigu (env 60°). Les cartons découpés sont très nombreux, 150 à peu près, ils figurent les décors mais aussi des animaux fabuleux comme le dragon marin, le lion ou l’éléphant….Certains sont comme des vitraux colorés.
Éléphant et palanquinÉléphant et palanquin
C’est une histoire d’amour, Zâl et Roudabeh appartiennent à des clans ennemis, Le Roi des rois ordonne à Sam de marcher sur Kaboul. Remake de Roméo et Juliette? Ps vraiment….
En arrière plan des palais, minarets, tours comme à Khiva, Boukhara ou Delhi. je voyage dans mes souvenirs de Rajahstan ou d’Ouzbekistan. Ce qui me donne encore plus envie d’aller en Iran.
Pourquoi pas? Les conflits modernes s’apparentent à la tragédie antique. L’interprétation d’Antigone qui m’a le plus touchée est celle du Théâtre National Palestinien que j’ai vue à Ivry il y a quelques années. Là où il y a des guerres, il y a des héros à ensevelir, des résistantes, Antigone non au pouvoir!
J’étais donc très intriguée par cette Antigone, d’après Sophocle&Brecht. Je ne connais pas celle de Brecht, mais j’ai bien reconnu Sophocle. En Russe surtitré? Cela n’est en rien gênant, le texte est si connu. Le chœur antique : des rockeuses déchaînées: pourquoi pas? La prison en parpaing qu’une grue soulève devant nous.
Le texte m’a paru très resserré, un peu trop peut être, pièce vite finie, tout du moins l’ont cru les spectateurs qui ont applaudi quand la lumière s’est rallumée. Fausse sortie : des gradins descend un magnifique Tirésias. Une cérémonie funéraire avec bûcher enflammé se déroule…
Beau spectacle. Finalement beaucoup moins exotique que je le pensais en lisant le dossier de presse que j’avais consulté.
Décor : moche! un mur noir, des chaises dépareillées, un drap en guide d’écran qui pendouille, un séchoir, type tancarville en suspension, une vieille télé… du théâtre militant???
3 filles; Mélanie jeans, polaire, Claire, jeans T-shirt, , et deux hommes, un jeune, Nadir porte un bonnet, Simon ancien soixante-huitard, ancien de Libé et d’Actuel, nous convient à la séance de rédaction du journal télévisé de la nouvelle chaîne EtikTV.
Décor pauvre, (les couvertures polaires sur les genoux pour palier le manque de chauffage) . Spectacle minimaliste. On débat de tout et surtout du rapport à l’image. Critique acerbe des médias. Citations alambiquées : Debord ou Godard? Non! vous n’y êtes pas c’est Mylene Farmer!
Le dilemme, ne faire aucun compromis et ne pas avoir de spectateurs ou sacrifier au goût du public pour le sensationnel. Le apprentis journalistes débattent puis mettent en scène le journal le plus misérabiliste qu’on puisse imaginer….
Au théâtre, j’aime bien qu’on m’étonne, qu’on m’émerveille. Ce ne sera pas le cas pour la merveille, pour l’étonnement si! Et je me prends à rire. Les acteurs font appel à la connivence des spectateurs. Et cela marche!
Parfois,le spectacle s’enlise un peu, jusqu’au final, qui est farce et fait jubiler la salle.
Comment on peut faire réfléchir sur les médias, critiquer les images, et surtout – ce qui fait plus mal – la récupération de la critique, la critique de la récupération, la sincérité des fondateurs d’EtikTV et la perversité de la récupération…et pourtant, se payer une soirée de rigolade!
Après la visite d’Alcobaça, la lecture de la pièce s’imposait!
De Montherlant, je n’avais qu’un vague souvenir du Maître de Santiago, grandeur, style, impressions adolescentes.
Je croyais trouver une sorte de Roméo et Juliette , tragédie de l’amour fou, impossible. C’est plutôt le Roi Lear!
Pedro et Inès ne sont pas les héros de la pièce.
Montherlant a campé la figure du roi Ferrante – roi vieillissant – qui impose un mariage politique avec l‘Infante de Navarre à son fils qui ne peut le conclure puisqu’il est déjà secrètement uni à Inès de Castro. Ferrante est le personnage principal de la pièce, monarque, il incarne l’Etat et la raison d’Etat. La raison d’Etat s’opposant à l’amour, c’est classique dans la tragédie. Il ne s’agit pas uniquement de cela. Ferrante, vieillissant délire, il signe un pacte avec Aragon, sachant que ce traité lui sera défavorable, il convoque ses conseillers, courtisans flatteurs ou félons auxquels il n’accorde aucun crédit. Il exerce son pouvoir absolu et capricieux plus par le goût du pouvoir que par souci de l’intérêt du Portugal. Il se grise de son pouvoir, il méprise aussi bien son fils que ses courtisans. Il a pouvoir de vie et de mort sur l’évêque de Guarda, sur Lourenço Payva, sur Inès. S’il épargne l’évêque par politique vis-à-vis du Pape, il est seul maître du destin des deux derniers. Pourquoi ordonnera-t-il l’exécution d’Inès? Pour prouver qu’il est le roi? Parce qu’il a été défié par son conseiller? Parce qu’enceinte, elle porte la vie alors qu’il est au seuil du trépas?
L‘infante de Navarre est l’autre personnage fort de la pièce qui commence par ses stances. Personnalité royale, elle aussi. Offensée par le refus de Pedro, elle ne cherche pas à nuire à sa rivale. Au contraire! Elle cherche à l’attirer à elle en Navarre. Elle en tombe amoureuse.
Inès est autant mère qu’amoureuse. Amoureuse, certes quand elle va voir Pedro en prison, mais c’est en tant que mère qu’elle irrite Ferrante. C’est l’évocation de l’enfant à venir qui cèlera son arrêt de mort.
La Reine morte m’a donc réservé des surprises!
J’ai été très intéressée par les présentations de la pièce de l’édition Folio THEATRE, imaginer Madeleine Renaud dans le rôle d’Inès, imaginer aussi l’impatience des spectateurs en 1943 sachant que le métro passait à 11h20 à Palais Royal. Allusion du film de Truffaut! J’ai hâte de voir la pièce en entier!
PS je viens de visionner le film. Il s’agit bien de film et non de captation de théâtre. Beaux décors, je reconnais Tomar. La fin m’a surprise. La mort de Ferrante très plastique voulue par Montherlant et le rôle du page a été modifiée. Le metteur en scène a préféré terminer sur l’hommage de la cour à la Reine Morte, comme on m’a raconté la légende à Alcobaça.
J e ne connaissais pas la pièce de Schiller. je ne savais pas non plus qu’elle serait en néerlandais (surtitrée). Le personnage deMary Stuartm’intéresse et c’était donc une surprise totale quand la pièce a commencé.
Mise en scène d’une sobriété confinant à l’ascétisme : sur scène, rien, même pas une table ou une chaise. Une rambarde métallique où les comédiens s’appuient ou s’assoient. un rideau de scène métallique, très fine grille où seront projetées plus tard des images. Les costumes sont à l’avenant : les trois femmes en noir, talons-aiguilles, les hommes en costumes noirs assez mal fichus, j’ai eu du mal à les distinguer les uns des autres. Austérité du cachot de Mary
L’œil étant peu sollicité, l’attention est donc portée au texte traduit projeté. L’oreille s’habitue au néerlandais que je ne comprends pas mais qui me semble une passerelle convenable entre l’Allemand – la langue de Schiller- et l’Anglais – parlé par les personnages historique. Les Hollandais prononcent à merveille les Lady ou Sir…
Pendant les premières scènes j’ai du mal à identifier les personnages masculins et à situer l’action. Mary est prisonnière. Elle sollicite une entrevue à Elisabeth. Cette entrevue est un morceau de bravoure. Chacune défie l’autre, la provoque, devant un parterre de courtisans dont on ne sait pas à qui va la loyauté. Mary, la séduction. Elisabeth, l’autorité. Toutes les deux femmes de pouvoir. la gestuelle est chorégraphiée. On oublie le texte traduit on suit le langages des corps.
Deuxième partie, on sait que Mary va être exécutée, on se demande si Elisabeth triomphera ou si elle en sortira éclaboussée du sang. Sombres complots qui entraînent Mortimer et Leicester… Les reines sont toujours les vedettes dans des robes élisabéthaines magnifique.
Je sors ravie. 2h45, je n’ai pas vu le temps passer. Il me semble que je rêve en néerlandais.
Des rois, je n’en ai pas trouvés. Ils sont nombreux dans les tragédies et les pièces historiques, mais ici, c’est autre chose, c’st la nuit de l’épiphanie, nuit d’hiver, nuit bien folle! Pour une comédie endiablée.
En Illyrie, après un naufrage, comme dans la Tempête? les jumeaux VIOLA et SEBASTIEN ont été séparés, chacun croyant l’autre disparu. Viola se travestit en homme, pour sa sécurité, et devient le page d’ORSINO. Gémellité, travesti, que de confusions réjouissantes pour une comédie!
» Esprit si c’est ton bon plaisir, mets-moi en bonne veine de folies », dit le BOUFFON
Folie, bouffonnerie. Le bouffon du comte, père d’OLIVIA, joue un rôle important, il joue de la musique et égaie la maison d’OLIVIA. Mais il est loin d’être le seul fou. SIR TOBIE est fou de la bouteille et son acolyte SIR ANDRE ne vaut pas mieux. Folie d’amour d’ORSINO. Folie de deuil d’OLIVIA. Folie d’orgueil de MALVOLIO.
La bouffonnerie est aussi l’oeuvre des domestiques, de MARIE qui organise la mystification de MALVOLIO pour les plus grand plaisir de tous. On est dans la farce! « En bas jaunes et en jarretières croisées! » nous a tous mis en joie.
La mise en scène de Clément Poirée nous fait entrer dans la sarabande avec un rythme endiablé. Les scènes se succèdent sans temps mort. Le final termine la comédie entraînante. Il est servi par des acteurs épatants qui n’épargnent pas leur peine pour nous faire rire. Seul bémol, le décor est tristounet, les lits évoquent un hôpital ou un pensionnat, les couleurs sinistres. pourquoi?
Que dire de la technique parfaite des danseurs, de la souplesse de contorsionniste, de ce patineur dont je n’ai découvert les patins que bien après son apparition sur scène. le cerceau est-il virtuel ou réel? les danseurs sont-ils devant ou derrière l’écran? l’ont-ils traversé?
L’irruption des images numériques dans la danse n’est pas nouvelle mais elle est ici parfaitement maîtrisée. Elles ne remplacent pas le corps, le corps joue avec elles avec le plus parfait naturel. Le spectateur, lui flotte dans l’incertitude poétique.
Ce n’est pas le premier spectacle de Mourad Merzouki à Créteil. J’ai aimé Yo Gee Ti qui se joue prochainement à Maisons Alfort!
Les grandes pièces résistent à tout quand le texte est servi par un grand acteur comme Torreton. La mise en scène tristounette et même calamiteuse m’a déroutée. Cyrano dans un hôpital psychiatrique – décor moche, gris : lit d’hôpital, fauteuil skaï brun seule couleur dans un mobilier fonctionnel blanc, chrome ou gris – costumes minables, survêtements pendouillant des patients. Pas besoin d’éclairage séduisant. Un juke-box pour la musique We are the champions(les élèves de 4ème ont adoré), les Trois Cloches et Jean François Nicaud (là, c’est moi qui ai des frissons, cette chanson me fait toujours cet effet). On skype – pourquoi pas? mais pourquoi donc? Les Gascons en survet? j’aime bien les pourpoints, les grands chapeaux, j’en serai pour mes frais. Plus grave, Guiche inaudible, a forcé sa diction pour devenir incompréhensible.
Et malgré tout, le plaisir du texte est toujours là. Torreton sauve la mise. Même plus c’est un formidable Cyrano. Si la mise en scène manque de classe, le panache, Torreton en a!
Et pour le plaisir encore, j’ai cherché une vidéo de la tirade des nez