Le Kef – Althiburos

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD 

Althiburos : amphithéâtre

 

Le Kef – Dahmani : trente km environ vers les sud-ouest par une route droite. Quand le relief est plat, les champs sont cultivés de céréales. Le blé est vert ou les champs sont labourés avec la terre à nu. Dans les pentes, des terrasses imperceptibles, bourrelets de terre suivent les courbes de niveau où poussent des buissons ou un rang d’oliviers. Un oued a raviné le sol. Des figuiers de barbarie ressortent, bien verts sur l(orange ou l’ocre. Au sommet des collines : des vergers d’oliviers ou d’amandiers.

la gare de Dahmani

Dahmani bourgade tranquille de 14.000 habitants. Sa jolie gare blanche et bleue, est derrière de grands silos à grain (un peu comme Courville en Beauce). Le carrefour principal est orné d’une fontaine en céramique et bordé de maisons coloniales à belle allure. Pour trouver le site, il faut prendre la route de Medaina – complètement déserte – et tourner à gauche 3km après la sortie du bourg.

Un grillage enclos le site. On voit qu’il est hérissé de blocs, deux ruines imposantes se découpent sur le ciel. Pas de billetterie, deux bâtiments récents qui ressemblent à ceux de tous els sites archéologiques, occupés par des ouvriers. Visite libre – gratuite – je suis la seule touriste, seule femme parmi tous les hommes présents ; Personne ne se porte volontaire pour me guider.

Althiburos : forum

« Votre nationalité ? » – « française ! » – « c’est pour votre sécurité ! » affirme un homme vêtu à l’européenne, anorak et bonnet. Il y a aussi une escouade de travailleurs en djellabas avec des binettes et des houes, pour désherber ou dégager des blocs ?

Un beau panneau métallique présente les fouilles. Un accueil sonore polyglotte : français, anglais, espagnol ou catalan est sans doute l’œuvre des archéologues de Barcelone. Il donne un historique de la ville : fondée au 6ème siècle av.JC , numide puis carthaginoise, elle s’est romanisée avec la création de la Province d’Africa Nova (46av.JC) obtient la condition de municipe sous Hadrien, située sur la route de Carthage à Theveste (Algérie), sous le nom de Municipium Aelium Augustum Hadrianum.  Le site a été occupé après le passage des Vandales en 435 par les Byzantins puis les Arabes jusqu’à la période médiévale où ses habitants partent au village d’El Ksour.

J’ai suivi un chemin tracé entre deux rangées de cailloux pour parvenir au Théâtre avec deux étages d’arcades (il y a même les vestiges d’un troisième niveau). A l’intérieur des excavations que je ne comprends pas trop. Je devine les entrées arrondies pour les spectateurs, peut-être les coulisses ?

Althiburos : Capitole

A un carrefour, des bassins de pierre de grande taille, à la base d’un édifice carré, suggèrent une fontaine, monumentale, un nymphée.  Les rues bien dégagées conduisent au Forum (voir texte 1908). Je reconnais le Capitole bâti sur une estrade : il reste un pan de mur avec deux colonnes plates aux chapiteaux corinthiens encadrant une haute fenêtre. Le forum est bien dallé, les colonnes du péristyle sont encore bien visibles – pas entières, bien sûr, la base ou le chapiteau à ‘emplacement de la colonne. En face sur un socle accessible par 3 marches, un bassin, puis une volée de 5 marche conduit à un petit temple aux colonnes cannelées. Est-ce le temple de Minerve cité par Cagnat ?

Deux piliers carrés très finement décorés, sont peut-être les socles de statues ou la base de l’arc de triomphe offert à Hadrien ? En plus d’Hadrien, Caracalla est cité dans les inscriptions. Je me promène dans les insulae sans reconnaître grand-chose. Les bases des constructions sont bien visibles mais je manque d’indices pour aller plus loin. Sur les rebords de la vallée creusée par le ruisseau qui fait ici un coude, je reconnais des habitations à étage qui me font penser au quartier Hannibal de Carthage (sans doute la ressemblance est-elle dans la topographie ?). Je n’ai pas trouvé le Tophet. Le ciel qui était gris se dégage. Il faut refaire toutes les photos.

Nous rentrons tôt au Kef ; il nous reste des petites choses à faire, courses à Monoprix, lessive (nous sommes parties depuis une semaine et avec le chauffage le linge sèche bien), photos à trier, mails et téléphone. De temps en temps il faut savoir se poser !

Le dîner est toujours aussi fin et cérémonieux : une salade de carottes cuites, ail, piment est décorée d’olives et de quartiers d’œuf dur. Soupe verte de légumes bien chaude (courgettes mais pas que) . Des feuilles de brick roulées avec une farce à l’œuf, persil, câpres, thon et olives. La dorade est désarêtée présentée avec une farce crémeuse de champignons frais, oignon. Au dessert : des mandarines.

 

A la fin du repas, Leila nous fait la conversation. Elle a été tenue au courant de nos visites et de notre passage à Dahmani par la police (nous avons montré nos passeports). Depuis que nous avons quitté Tabarka, nous avons été arrêtées à plusieurs reprises aux barrages. Pas par les policiers armés vêtus de noir qui nous laissent passer, mais par les gendarmes ou militaires, en kaki, qui réclament les passeports.  Les papiers du véhicule ne les intéressent pas, contrairement à la police de la route. Leila confirme : nous sommes étroitement surveillées, et nous devrions nous en féliciter. Le Kef est en zone rouge pour le terrorisme du fait de la proximité de l’Algérie et surtout des montagnes qui ne sont pas sûres, martèle Leila. Avant 2011, on pouvait camper et pique-niquer n’importe où. Plus maintenant affirme-t-elle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Valence romaine, Wisigothe et islamique

CARNET DE VALENCE

Les fouilles sous le musée archéologique : ville romaine et wisigothique
Les fouilles sous le musée archéologique : ville romaine et wisigothique

L’Almoina

Situé derrière la Cathédrale, le Musée archéologique de l’Almoina est en béton.

En 1303, l’Almoina fut fondée par l’évêque pour venir en aide aux indigents, on y distribuait une sorte de « soupe populaire », d’autres usages se succédèrent, prison pour les réfugiés bénéficiant de l’ »asile ecclésiastique » …

Dans ce musée archéologique récent (2007) , nous remontons le temps.

Céramique arabe du temps de Balensya
Céramique arabe du temps de Balensya

période islamique : Du  11ème au 14ème siècle (à part la parenthèse du Cid) une mosquée se tenait à la place de la Cathédrale. Dans l’Almoina on a retrouvé les murs de l’Alcazar (résidence du gouverneur). Les rois de Balenziya frappaient monnaie une poterie pleine de dirhams d’argent se répand dans une vitrine. On présente non loin les objets de la vie quotidienne avec de belles céramiques.

Trésor en dirhams
Trésor en dirhams

Exposition sur le verre antique depuis les Romains on a travaillé le verre à Valence.

Au sous-sol on trouve les fouilles antiques aussi bien romaines que visigotiques ou islamiques. Des reconstitutions en maquettes permettent d’interpréter les restes. Fondée au cours de la République romaine en 138 av JC, elle fut détruite par Pompée en 75 av .JC puis reconstruite au siècle d’Auguste. Sous l’Almoina était le forum. On reconnait des thermes de la période républicaine, et des édifices de la période impériale : une basilique du culte impérial, un nymphée, une halle aux grains (horreum), les dalles de la via romaine sont encore visibles.

De l’époque wisigotique l’abside 7ème se trouve au dessus de la prison romaine du martyre Vincent. Au temps des Wisigoths il subsistait de nombreux bâtiments romains qui furent convertis  en palais épiscopal. On a aussi retrouvé une tombe qu’on surplombe sur un cheminement de verre : les squelettes sont encore en place.

Plaza de la Virgen : sr le bassin le fleuve Turia
Plaza de la Virgen : sr le bassin le fleuve Turia

Après une pause Place de la Vierge dans un de ses jardins ombragés, nous rentrons par la Calle Calatrava et nous installons pour déjeuner sur les tables de la terrasse du restaurant Bon Gust sous la grande fresque représentant une femme sur un grand plat à paella. Calamars fourrés de pommes de terre avec du fromage et des lardons, grillés. C’est délicieux mais un peu léger. Les lasagnes de Dominique sont très bien servies, on les partage.

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13. Volubilis

2003 – De Fès à Rabat en passant par la vallée du Ziz et Meknès.

 

Volubilis - Copie

Nous commençons la journée par des courses dans la ville nouvelle qui est assez dépaysante. Les avenues bordées d’arcades avec de petits magasins me font penser à Athènes. Si les immeubles sont modernes, les commerces sont désuets finalement plus proches de ceux de la médina que de ceux qu’on s’attendrait à trouver dans une ville européenne. Grands cafés avec des terrasses uniquement fréquentés par des hommes. Banques ultramodernes et boutiques de téléphones mobiles sont les seuls commerces du XXIème siècle. Pour se garer, pas d’horodateurs, on laisse la voiture le long du trottoir, un homme en blouse bleue apparaît, c’est le gardien à qui je donne 5 dirhams, ce qu’il a l’air de trouver trop peu. Nous ne restons qu’un petit quart d’heure –Nous commettons sûrement beaucoup d’impairs. Ici tant de choses reposent sur l’ « appréciation » du client. Il existe sûrement un « tarif » que nous ne connaissons pas.

Volubilis

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Volubilis se trouve sur la route de Tétouan, dans de très jolies collines dominant une plaine très verte en cette saison : champs de blé en herbe, verts vif. A flanc de colline de belles oliveraies sont limitées par des rangées d’agaves aux belles feuilles bleutées lancéolées ainsi que par des figuiers de barbarie aux grandes raquettes.

Le village de Moulay Idriss épouse les deux rochers et les cubes blancs s’étagent jusqu’au sommet se détachant sur toute cette verdure.

Volubilis labours - Copie

Volubilis se voit aussi de loin, alignement de ruines, colonnes, et arc de triomphe. Le site est vaste.Ce qui m’a tout de suite plu : ce sont les fleurs ! Fleurs oranges, sorte de soucis sauvages, moutarde jaune, lavande (la même que celle de Cerbère), des asphodèles prêtes à éclore. J’ai plus envie de photographier les fleurs que les ruines.

Nous avons visité assez de sites antiques pour nous sentir en pays de connaissance. Nous reconnaissons tout de suite le pressoir d’une huilerie (production essentielle ici, les oliviers sont la richesse actuelle de la région. En était il ainsi à l’époque romaine ? Nos documents font plutôt état de céréales, les Romains auraient déboisé pour faire de la Maurétanie un grenier à blé.

Orphée charmant les animaux
Orphée charmant les animaux

Nous trouvons les thermes (petits peu spectaculaires, nous avons vu mieux), le forum avec ses boutiques et la basilique.

Nelles, encore, est remarquable et guide notre visite. Toutes les villes romaines n’étaient pas identiques ! Ici, tout est bâti de pierre. L’appareil de brique et petites pierres typique de Rome n’a pas été utilisé .Autre surprise : la simplicité des chapiteaux et des ornementations. Les sites hellénistiques contemporains d’Ephèse et d’Aphrodisias semblent baroques par comparaison. Ici, la feuille d’acanthes simple, presque stylisée. Peut être que toutes les décorations sophistiquées on disparu pour être réemployés à Meknès ? Les jolies colonnes de marbre des palais et du Mausolée viennent de Volubilis.

Volubilis0002 - Copie

Nous voici reparties à notre jeu préféré : à l’aide du plan de la ville et d’écriteaux (bien faits, lisibles et discrets) nous localisons toutes les belles villas décorées des mosaïques. Celles-ci sont en très bon état et très variées, sur des thèmes de la mythologie : Orphée, Ariane à Naxos, les travaux d’Hercule.

Travaux d'Hercule le lion de Némée
Travaux d’Hercule le lion de Némée

Celles de Piazza Armerina  ou d’Istanbul étaient plus belles. Mais ici, dans leur site naturel, dans les fleurs et les ruines, elles sont tout à fait charmantes. Nous restons trois heures et demie très agréables. Les groupes de touristes nous dérangent un peu bien sûr, nous n’avons plus l’habitude d’en rencontrer. Dès midi, ils disparaissent du paysage. Le soleil chauffe, nous devons nous abriter à l’ombre.

Travaux d'Hercule : les oiseaux du Lac Stymphale
Travaux d’Hercule : les oiseaux du Lac Stymphale

Pique-nique dans un endroit charmant en contrebas du site près d’un ruisseau dans une oliveraie ? Nous déjeunons à l’ombre bien tranquilles. Un jeune homme fait semblant de réparer son  grillage près de nous. Un vieux passe avec son âne…Un peu plus loin, je peins les oliviers et les agaves bleutés.

bourricots de labour
bourricots de labour