Madaba et le Mont Nebo

CARNET DE JORDANIE

 

Mosaïque de Madaba (parc archéologique)

Pour le Mont Nebo je fais confiance au GPS qui nous guide dans les petits chemins et les villages jusqu’à Madaba. Malheureusement, il est réglé sur le centre artisanal de ce nom et non pas sur le monastère. Petites rues embouteillées, nous avons un avant-goût de la conduite dans cette petite ville. La route du Mont Nebo est bordée de pins puis de centres artisanaux et des restaurants pour touristes.

Difficile de distinguer le « mont » sur l’épaulement des collines. Il est coiffé d’une « église » moderne Entrée payante (2JD) le Jordan Pass n’est pas accepté. Les nombreux cars ont déversé des classes de filles. Nombreuses sont « en cheveux » est-ce parce qu’elles sont chrétiennes ou parce qu’elles sont trop jeunes pour être voilées ? Elles ne s’intéressent que très peu aux mosaïques, trop occuper à se photographier les unes les autres. Les touristes les intriguent. Deux grandes (voilées) me font passer un véritable interrogatoire « Pourquoi avez-vous choisi la Jordanie ? – avez-vous visité d’autres pays du Moyen Orient ? pourquoi pas Dubai ? » . Les plus petites exercent leur anglais « what is your name ? ». Elles sont bien amusantes.

Mosaïque du Mont Nebo, la « girafe » tenue en laisse
girafe tenue en laisse

L’église, très moderne est conçue pour protéger une église ancienne et les précieuses mosaïques très exotiques avec des animaux. Un noir tient e laisse une autruche, un dromadaire, des chasseurs transpercent un ours et un sanglier ; thèmes de chasse étonnant dans une église. Cette œuvre remarquable a été datée (530) et signée. Elle conviendrait mieux au Palais de Constantinople qu’à un lieu sait.

La terrasse garde les fondations du monastère. Chacun vient contempler le panorama comme Moïse qui n’a pu fouler la Terre Promise.

Face à la Terre Promise, sur la Terrasse du Mont Nebo, crucifix ou bâton de Moïse avec le serpent.

Pour le déjeuner, les restaurants prometteurs semblent fermés (l’un d’eux avec des  scènes de la Bible en plâtre dans le jardin,  n’ouvrira que pour le dîner) le parking du suivant est encombré de cars…La conduite dans Madaba devient un véritable cauchemar pour Dominique. Le fenêtre « batterie faible » occupe l’écran, au pire moment  l’appareil s’éteint à nombreuses reprises (bien qu’il soit branché sur l’allume-cigare de la voiture depuis ce matin 8h) .  J1’ai programmé le Parc Archéologique c’est un complexe d’églises anciennes en pleine ville. Les rues commerçantes sont étroites, embouteillées ; Les habitants laissent leur voiture au milieu de la circulation, ouvrent leur portière, klaxonnent. Quand, enfin on a garé la voiture à proximité du parc archéologique, ce sont les restaurants qui sont introuvables.

On a tourné près de deux heures au hasard, empruntant toujours les mêmes rues. Enfin, à la limite de la ville, nous découvrons une échoppe de falafels . Pour 1JD nous avons deux pita/falafel et pour un autre JD deux oranges, deux bananes. Déjeuner tout à fait suffisant !

Madaba : église de la vierge, curieuse mosaique ronde

Le parc archéologique expose de nombreuses mosaïques provenant des églises voisines, il contient l’Eglise de la Vierge redécouverte en 1857, érigée sur un ancien temple romain. On voit encore les arches romaines . Le  plan circulaire inhabituel pour une église repose sur les structures du temple. Une très belle mosaïque ronde entourée d’entrelacs islamiques fait la synthèse entre toutes ces origines, l’art byzantin rencontre l’art islamique.

La salle d’Hippolyte raconte la tragédie d’Euripide. On reconnait Phèdre, Aphrodite, et les petits amours. Trois villes sont personnifiées Rome, Gregoria et Madaba (j’ai cherché sans trouver Gregoria). C’est une mosaïque vraiment extraordinaire

Moins spectaculaires, les mosaïques de l’église de Matrouh : les médaillons ronds ou hexagonaux sont entourés de belles frises en camaïeu gris-beige-jaune ou rouge-rose-bleu.

Sur un mur, on voit de belles maisons représentant les villes des environs.

Le decumanus de la ville romaine passe dans le Parc Archéologique.

Il y a aussi une mosaïque provenant de la forteresse de Machéronte  d’Hérode le grand que nous verrons demain.

La mosaïque la plus fameuse est celle du plan de la Palestine qui se trouve dans l’église Saint Georges. A l’issue de ma visite au Parc Archéologique je pars à la recherche de Saint George. Me guidant à un clocher qui dépasse les maisons j’arrive à la grande église Saint Jean Baptiste qui est diamétralement opposée sur le plan. Il faut dire que nous avons tant tourné que j’ai perdu le  nord.

les écoliers de Saint Jean Baptiste

Saint Jean Baptiste est une église catholique encore en fonction avec un haut clocher carré coiffé d’un toit à 4 pentes et surmonté d’une croix. Dans le presbytère, on aménagé une sorte de musée avec la reproduction moderne de la mosaïque de Saint Etienne. Aux murs des photographies anciennes très intéressantes des années 1900 : on voit des paysans et les élèves des écoles catholiques. Les petits garçons arbore une tenue bédouine avec chèche et cordelette, les filles habillées de noir et parfois voilées.

Le prêtre me propose de découvrir les souterrains sous l’église ; C’est une promenade très surprenante. Je ne sais pas trop où j’arrive. Je renonce à l’autre attraction : grimper au sommet du clocher pour avoir une vue plongeante sur Madaba. Des souterrains on débouche dans l’église, très vaste, moderne de peu d’intérêt.

A proximité, notre hôtel Saint Jean. Je retourne à la voiture en mémorisant le parcours. Nous sommes passée dans ces rues, n’avions pas remarqué l’hôtel ni les resaturants alors que les cherchions.

Comme il est déjà 16h et que tout ferme à 17, je choisis les visites les plus proches.

Le Musée est poussiéreux. J’aurais sans doute profité de la visite si un vieil homme à caffieh à damier ne s’était imposé comme guide et ne m’avait imposé ses commentaires en arabe. Les mosaïques ont perdu leur éclat dans la poussière, les lampes à huile en poterie, les lourds bracelets en argent auraient mérité des efforts de présentation.  Par politesse, je laisse mon hôte me détailler chaque objet, il méritera son bakshish !

L’Eglise des Apôtres se trouve en périphérie de la vieille ville. Ce n’est pas une église mais une structure protégeant les mosaïques. Pierre et tuile, rien de l’extérieur ne laisse deviner que c’est une construction relativement récente. Le gardien fait des efforts pour mobiliser mon attention en pulvérisant de l’eau pour raviver les couleurs des mosaïques. Je lui donne un JD qu’il accepte en feignant d’être surpris.

Il est trop tard pour l’église Saint George. Je ne verrai pas la mosaïque la plus célèbre de Jordanie.

Hôtel saint John : lobby

Accueil très chaleureux à l’Hôtel Saint John dont la gestion est familiale. Comme tous les Jordaniens, le réceptionniste s’inquiète de notre perception de la Jordanie et des Jordaniens ?

Notre chambre est simple mais confortable ; Il y a un très grand lit et un écran plat de grande taille (avec BFMTV en français. La climatisation a été inversée pour servir de chauffage. La fenêtre est petite et il n’y a pas de vue, ce qui n’est pas grave puisqu’au 4ème étage la terrasse est très agréable avec une vue étendue sur la ville, le clocher de l’église Saint Jean Baptiste, la coupole dorée et les minarets comme   effilés au taille-crayon, de type turc.

Sur une terrasse voisine, un homme brandit une épuisette à la manière d’un filet à papillons. Il siffle. Une troupe de pigeons arrive à son appel.

Nous y passons le reste de la soirée. Thé à la menthe au soleil couchant en triant les photos dans des fauteuils confortables/ La température a sérieusement fraîchi, j’enfile une polaire et m’enroule dans le cachemire de ma grande écharpe grise.

Des jeunes filles aux longs cheveux lâchés jouent aux cartes en fumant des narguilés. Elles  sont très gaies (et bruyantes). La musique est au volume maximum La lumière passe du rouge au bleu donnant au Skybar une ambiance de boîte de nuit (il n’est pas 19h). De nouvelles jeunes filles arrivent, toutes sur le même modèle, pantalons serrés, blousons gris ou rouge, cheveux très longs, peu ou pas de maquillage à la différence des voilées qui arborent un rouge brillant et des yeux très charbonnés. Embrassades entre filles (discrètes) entre garçons, bises, pas de mélange de genres. Autant les filles sont exubérantes, autant les garçons silencieux.

Quand arrive l’heure de la prière, la musique est mise en sourdine ; l’hôtel Saint John est catholique mais respect le chant du muezzin.

Les pigeons au coucher du soleil

On nous apporte une très grande variété de salades : persil haché et tomates coupées très fin, servie sur des feuilles de salade, humus décoré de feuilles de menthe et lignes de sumac, tehina décorée de pois chiches, fétouche avec des croutons arrosés d’une sauce couleur caramel, une salade absolument  délicieuse de tomates, concombres aubergines finement hachés avec des poivrons, de la pomme et des amandes. Au début nous chipotons, ne picorons que pour goûter – pour garder de l’appetit pour le plat principal – puis on liquide tout. C’est tellement bon ! Quand on nous apporte le poulet coupé en dés dans des oignons recouvert de pita chaude nous n’avons plus faim ; Nous goûtons pour faire honneur au cuisinier en se forçant un peu.

Amman, citadelle et Musée archéologique

les vedettes du musée : statuettes d’Ain Ghazal

CARNET JORDANIEN

Dans l’Odéon – théâtre de poche, très bien restauré, un guide francophone sort me montrer les escaliers qui permettent de monter à pied à la citadelle. Des Jordaniens nous disent de prendre le taxi qui ne coûterait que 1 JD, pour nous ce sera 2.

Grotte préhistorique

La Citadelle est construite à l’aplomb du  théâtre. Comme il n’y a pas de source sur la colline un système de citernes et de collecte  de l’eau est encore visible. Pas une goutte  ne devait être gaspillée. Le site est occupée depuis l’âge de Bronze (1700 – 1550avant JC) On peut voir une grotte

Les Romains ont fortifié la citadelle.

Temple d’Hercule et la main de la statue colossale, au fnd, la ville d’Amman

Un grand temple fut dédié d’abord à Tyché de Philadelphia puis à Hercule. Tyché, la Fortune, divinité hellénistique était vénérée en Orient, à Alexandrie, en Crète, à Antioche. Le temenos d’Hercule fut détruit pendant la période byzantine. Il en reste 6 colonnes à chapiteaux corinthiens (161-166 ap.JC). la figure d’Hercule a été retrouvée sur de la monnaie battue à Philadelphia il était associé au dieu ammonite Milkom. 3 chapiteaux corinthiens sont à hauteur d’homme, on mesure mieux l’énormité des proportions.

Musée archéologique

statuette d’Ain Ghazal

Devant le musée on voit   la main  d’une statue colossale. Le musée est vieillot, un peu poussiéreux mais recèle des trésors. Les vedettes sont les statuettes d’Ain Ghazal (8000-4000 av. JC) certaines sont des statues jumelles : d’un corps sommaire, rectangulaire émergent deux têtes délicates au nez et yeux bien formés ; Les yeux sont soulignés de noir (asphalte). Le Louvre héberge une statue d’Ain Ghazal, c’est même la plus ancienne statue du Louvre ; J’irai lui rendre visite à la prochaine occasion.

Statuettes ammonites

L’âge de fer correspond à la Période ammonite et au site de KHirbet-el-Hajjar (8ème siècle av.JC) les statuettes en calcaire sont originales. L’une d’elle porte une inscription en phénicien.

De la période romaine on trouve des céramiques, des statuettes en terracotta, genre des tanagra, des lampes à huile et une barque funéraire, aussi du verre, ‘industrie du verre romain aurait commencé au 1er siècle ap JC.

Antiquités byzantines

La plus jolie poterie byzantine est une lampe à 7 mèches.  Je photographie aussi un cygne formé à partir d’une coquille de porcelaine. On peut voir sur le site une vaste église byzantine ( 550 ap JC)

La ville bruisse de l’appel à la prière du vendredi et des prêches diffusés par des micros.

Palais Omeyyades

En sortant du musée je découvre le Palais Omeyyade  avec la salle de réception restaurée : on a reconstitué le dôme en bois et les décors d’arcs soulignés par des dents (d’influence perse) agrémentées aussi d’entrelacs et de motifs végétaux. Le complexe palatial comprenait aussi des bains, de l’Iwan ou salle d’audience, il ne reste plus grand chose.

Déjeuner chez Hacheem

Tous les taxis connaissent le restaurant populaire Hacheem  recommandé par le guide du Routard. Les  prix des taxis  ont augmenté depuis ce matin : 3JD . Les tables d’Hacheem sont installées dans une ruelle. Des familles jordaniennes sont attablées ainsi que des touristes. Le service est expéditif : le serveur dispose un film plastique sur la table, des cuillers en plastique, une corbeille de pain pita. Au menu, des mezzés : humus, falafels, tomates et oignons, aubergines. C’est très bon et bon marché (5JD pour les deux), à la bonne franquette mais les remplaçants  se présentent et nous ne pouvons nous attarder.

robes brodées

Après la prière du vendredi, les commerçants ont ouvert les boutiques. Des robes brodées rouges ou noirs sont suspendues ou sur des mannequins, mais plutôt que des souvenirs, je cherche une boutique de téléphone qui me remettra ma carte SIM française, et j’espère redonnera vie au téléphone bloqué. Les boutiques de téléphone ne manquent pas. Gracieusement un jeune homme replace la puce – sans résultat pour ranimer le smartphone –  « go to combany ! » me conseille-t-il. Dans la rue commerçante, je trouve le Nymphée romain monumental mais peu gracieux.

 

Après avoir goûté à une pâtisserie locale le Kunafa  au fromage fondu  chez Habiba  dégusté chaud  dans la rue sur le rebord d’un muret (on n’est pas toutes seules).

 

Nous décidons de remonter à la Citadelle pour voir le coucher du soleil. L’ambiance est différente de ce matin. Les familles ont remplacé les touristes. Des enfants font voler des cerfs-volants qui sont des drapeaux jordaniens agrémentés de franges vertes. Je dessine la ville, le théâtre à mes pieds et les collines en face. Dessiner permet de fixer mon attention ? Amman est très minérale avec ses maisons de belle spierres calcaires, quelques cyprès émergent entre les terrasses. Une mosquée à bandes noire et blanches me fait penser à certaines églises toscanes. Je constate une réelle homogénéité de l’architecture, brisée seulement par deux tours jumelles et un ou deux autres gratte-ciel qui dépassent. Il fait frais, le soir,  à Amman, nous n’avons pas prévu de lainage et retournons en taxi à l’hôtel Retaj.

Amman vue de la citadelle

Omar de l’Agence Enjoy Jordan vient nous apporter un petit Nokia hors d’âge et un GPS que nous lui avons réclamés. Nous lui faisons part de nos ennuis : s’il avait donné le Nokia à ses employés hier, je n’aurais pas verrouillé mon téléphone. Il ne s’attarde pas à donner des conseils touristiques. Pour un peu, nous décourage de faire le circuit des châteaux du désert du guide Bleu en entier.

L’hôtel Retaj n’a pas de restaurant mais il est situé dans un quartier où les restaurants de toutes sortes abondent, du fast food Burger King au chic Moulin(en français sur l’enseigne lumineuse) je découvre même un Carrefour Contact. A 50m du Retaj , sur le même trottoir  Jabri sera notre « cantine » c’est une sorte de self service qui propose de la cuisine jordanienne excellente à manger sur place ou à emporter. Sur place, il y a un décor « self service » sans intérêt, j’emporte donc pour 13.5JD deux plats de riz et poulet et deux yaourt lebaneh. On paie à la caisse et le serveur prépare les plats . C’est très bien servi.  Il y en a pour quatre ! Le riz est le meilleur que j’ai jamais mangé : des grains longs et fins sautés et des amandes grillées, le poulet est excellent quand au yaourt ! du yaourt grec en meilleur, plus épais, plus crémeux, un peu acide, une merveille. Nous en mangerons souvent.

Pour terminer la soirée, nous trouvons la BBC et CNN parmi la centaine de chaines en arabe.