Kaunas – promenade en voiture

Laisves Aleja – les « Champs Elysées » de Kaunas, une très longue avenue terminée par l’église orthodoxe Saint Michel Archange. Cette artère de près de 2km est piétonnière. Au centre une double haie de tilleuls et sur les côtés les trottoirs les plus larges dalles de ciment, vide, disproportionnée. Disproportion, vide, me font plutôt penser à Bucarest qu’aux Champs Elysées. Laisves Aleja est bordée de boutiques de luxe – plutôt genre Nike que Cardin ou Giorgio Armani !

mosquée tatare de kaunas

 

Nous déjeunons dans le Parc Ramybes où se trouvent deux églises orthodoxes et la petite mosquée tatare blanche avec coupole et minaret. Le parc est proche de la Gare des cars Eurolines

Synagogue chorale de Kaunas

La « synagogue chorale » se trouve rue Ozeskienes – fermée. Logique, un samedi ! De l’autre côté de la rivière nous allons voir l’emplacement du ghetto où étaient concentrés les Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Comme on pouvait s’y attendre, à la place il y a des maisons modernes, HLM soviétiques ou petits pavillons. J’aurais regretté de ne pas y être allée.

La maison de Chiune Sugihara, le Schindler japonais, consul du Japon qui a sauvé des 6000 Juifs lituaniens en leur donnant des visas est fermée le samedi.

Nous n’irons pas au IX ème fort ou 80 000 Juifs de Kaunas et même de France sont morts. Je n’ai pas le courage d’imposer à Dominique, réticente, cette visite ; pas le courage non plus pour moi d’ailleurs.

Nous avons vu la plupart des « points d’intérêt » de la ville. En quête d’une vue générale nous allons à l’arrivée du funiculaire espérant avoir un panorama intéressant. Raté !

La colline porte une église en béton Eglise de la Résurrection du Christ que le Guide Vert compare successivement à un radiateur géant, un grille-pain ou un hôpital aseptisé. C’est surtout la démesure qui étonne. Encore un spectacle amusant : une noce quitte le parking suivant une limousine noire grande comme un autobus sur laquelle sont collés des œillets blancs en plastique(existe aussi la version marguerites) Une autre noce se prépare et une jeune fille a bien du mal à garder sa robe noire que le vent remonte et à verser dans des flûtes en plastique le mousseux à l’avance. Le vent est glacial !

Monastère de Pazaislis

On quitte la ville en direction de la Mer de Kaunas, un lac de barrage aménagé avec des plages. La pluie tombe et nous n‘avons guère envie de nous promener. Construit et décoré par des architectes et des peintres toscans, ce monastère baroque est richement  décoré de marbres roses et de fresques ? Celles de la sacristie sont belles. D’autres ont des couleurs passées rose-orangé.

Trop tard pour visite rue Zamenhof le Musée de Musique traditionnelle. Que cette rue soit nommée Zamenhof me console un peu Zamenhof est cher à mon cœur.

Comme la pluie a cessé, nous retournons rue Vilnius. Trop tard pour les magasins qui sont fermés, trop tôt pour les cafés et restaurants vides.

Kaunas semble pauvre, un peu minable, ex-capitale méritant une restauration qui n’est pas arrivée. Avec un peu de peinture elle aurait pu être comparée à Sibiu qui lui ressemble un peu.

fresques

Kaunas, le samedi matin : on se marie!

 

Hôptel de Ville, le "cygne" salle des mariages


Mariages

Le soleil ravive les couleurs, hier,  fanées de Kaunas. Samedi est jour de mariage. Il semble qu’on se marie beaucoup à Kaunas. Une limousine attend à la porte de l’Hôtel de Ville, dont le beffroi est une tour blanche à six étages au faîte pointu qu’on a surnommé « le cygne ». Dans la cathédrale Pierre et Paul, mariages et baptêmes se déroulent à la chaîne. La mariée est en blanc, les hommes souvent en costume mais ils sont bien mal chaussés, en tennis souvent.

Château

Château de Kaunas

Une grosse tour ronde de briques, coiffée d’un toit conique tout neuf, dépasse des fortifications d’un appareil grossier en galets énormes. Situé au confluent du Niémen et de la Néris, le château défendait la frontière contre les Chevaliers Teutoniques qui le détruisirent en 1362 comme les Russes en 1655. De la tour, la vue est agréable sur la rivière et le parc.

Un petit marché s’est installé sur une esplanade non pavée, pleine de flaques. Les petits producteurs arrivent avec une glacière de fromage bio, quelques bottes de carottes ; de minuscules betteraves rouges. Les herbes aromatiques embaument. Nous achetons du gâteau roulé au pavot.

Arrivée à Kaunas par temps maussade

rue Vilnius

Les abords de Kaunas sont ceux d’une grande ville, un périphérique embouteillé, des échangeurs, des buildings modernes.

Le Centre, au confluent de la Neris et du Niémen,  est de taille réduite.

L’ hôtel Amberton Cozy 4*, estsitué derrière l’Hôtel de Ville. La chambre au rez de chaussée est immense, elle a des poutres apparentes et trois petites niches creusées dans le mur soulignées par des  arcades de briques. L’épaisseur des murs, les niches signent une demeure ancienne, le mobilier contemporain, l’épaisse moquette et salle de bain voûtée, le 4*.

A 18heures, sous une pluie fine : le centre de Kaunas est bien conservé. Les façades des maisons 16-18ème sont colorées. Est-ce la lumière du soir pluvieux ou la patine ? Les maisons n’ont pas l’air pimpant de celles de Riga ou de Tallinn. Les murs défraîchis s’écaillent. La Place de l’Hôtel de Ville est très vaste, l’Hôtel de Ville blanc gracieux mais des cafés aux auvents contemporains encombrent la place et un « arbre » de planches peintes en vert porte les blasons de dizaines de cités hanséatiques. Ce décor incongru choque. Autour des troncs des vrais et beaux arbres les bancs sont bien abrités mais il traîne des bouteilles vides, donnant un air négligé.

La Cathédrale St Pierre et Saint Paul (15ème ), gothique en brique, d’aspect massif et austère cache un intérieur Renaissance et Baroque qui ne me surprend qu’à moitié : il en était de même en Italie à Bologne ou à Parme. Les dimensions aussi correspondent. Là s’arrête la ressemblance parce qu’aucun Corrège n’a eu le talent de peindre les voûtes qui sont seulement chargées et pompeuse et que les peintures de Michele Elviro Andrioli, fils d’un capitaine de Napoléon ne soutiennent pas la comparaison avec les merveilles vues récemment en Italie.

Surprise pour nous qui arrivons du  Nord où les boutiques restaient ouvertes jusqu’à 23heures, à Kaunas tout ferme à 18heures ou à 19h. Les rares boutiques encore ouvertes sont sombres. La rue Vilnius aux belles maisons est occupée par des terrasses de cafés. Pour les cafés, c’est trop tôt ! Des musiciens accordent leurs instruments, les consommateurs sont rares. Nous sommes un peu déçues, désenchantées.

Kaunas n’a pas fait d’efforts de séductions pour les touristes. Mes pensées vont aux absents, aux 80 000 Juifs morts au IXème Fort et aux déportés. Le ghetto se trouvait de l’autre côté de la Neris mais où vivaient-ils ? D’humeur morose, je n’arrive pas à faire des efforts d’empathie pour Kaunas.