Lisbonne (2) Belem

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Munies de nos cartes de transport, nous trouvons  Place Figueira le tramway 15 pour Belem . Le tramway est le moyen idéal pour visiter la ville.

Après les rues étroites de la Baixa, le tramway débouche sur l’énorme Praça do Comercio dont les arcades font penser à Rivoli, arc de triomphe, à l’arrière le Tage.

Le tramway s’arrête devant le Monastère dos Jeronimos. Eblouies par la blancheur du portail, la finesse des statues, nous en oublions de consulter nos guides. Je ne saurais donc pas identifier ces personnages de Joao de Castilho. L’émerveillement est total quand on entre dans le cloître. La dentelle de pierre, la profusion des décors fait oublier la foule de touristes plus ou moins bien élevés. La palme revient à une famille française qui sort les sandwiches emballés dans de l’alu et s’adosse aux colonnes.

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Nous avons visités des cloîtres tous plus beaux les uns que les autres mais celui-ci surprend encore. Il me semblait qu’après Tomar rien ne pourrait le dépasser en gloire des Grandes Découvertes. A Tomar la puissance des Templiers et de l’Ordre du Christ, leur richesse étaient manifeste. La fenêtre manuéline était une allusion aux découvertes, mais on sentait l’ordre monastique. Le moistero dos Jeronimos est plus exubérant, plus fantaisiste. Les décors de Boytac, de Jérôme de Rouen puis de Jao de Castilho et enfin de Nicolas Chantereine, et de Diogo de Torralvo, sont d’une profusion inégalée. Je m’attendais à des cordages, des nœuds marins, des bateaux, des sphères armillaires : thèmes manuélins, il en a, au milieu de colonnes torses aux boutons de rose, feuilles de vigne, clous…Lequel de ces sculpteurs a eu l’idée de cet angelot qui taquine un oiseau ou de cet autre putti chevauchant un lion qui fait des grimaces. Certaines scènes auraient pu se jouer dans la Renaissance italienne. Dans la dentelle de pierre ajourée qui pare le haut des arcades je reconnais u bateau, une croix des Templiers mais parmi tant de fantaisie. Une photo du 19ème siècle montre le cloître rempli de fontaines de céramiques mauresques. La verte pelouse qui les remplace est bien sobre ! La galerie supérieure est dessinée par Jao de Castilho. De là on entre dans le haut chœur de l’église et on découvre la hauteur de la nef et ses décors tempérés par la pénombre.

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Leçon d’histoire dans une salle : une frise chronologique raconte l’histoire du Portugal et la place dans une perspective mondiale, se déroulant des premiers rois du Portugal jusqu’à la Révolution des Œillets. Une journée entière aurait été nécessaire pour l’étudier dans le détail ! Je me contente du début : de l’Expédition de Tanger (1137) – souvenir des tapisseries de Guimarães – jusqu’au règne de  Manuel (1495-1521). Juste avant la Prise de Constantinople (1453) je note en 1441 l’arrivée des premiers esclaves noirs au Portugal et l’installation de la première sucrerie à Madère (1552).

Avant que Colomb ne découvre l’Amérique en 1492, Dias avait passé le cap Bonaventure en 1488.

1500, les Hyéronimites s’installent à Belem.

1502 Cabral découvre le Brésil, c’est aussi l’année du début de la construction du monastère.

1510 : fenêtre manuéline de Tomar

1512 à 1515 Diogo et Francisco de Arruda fortifient Safin, Mazagan et Ceuta, ce même Francisco de Arruda qui a construit Brotas et Evoramonte mais surtout l’architecte de la tour de Belem(1519)

Je clos ma copie avec l’installation de la première sucrerie au Brésil en 1532.

Autre leçon d’Histoire dans la salle Capitulaire où se trouve le tombeau d’Alexandre Herculano (1810-1877) historien, écrivain, polémiste et journaliste. Cette leçon d’histoire commença avec la Révolution Française dont les idées furent propagées par les armées de Napoléon qui envahirent le Portugal, continuant avec les luttes entre monarchie absoljue et libéraux se concluant avec la Convention d’Evoramonte (1834). Suppression des ordres religieux en 1833.

Beaucoup de textes sont en Portugais et obscurs. Je ne prends pas tout en note.

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Le Réfectoire (1577-1618) est d’une sobriété monastique. Seul décor : une belle frise d’azulejos (18ème siècle) sur des thèmes bibliques.

Nous terminons la visite par l’église Santa Maria qui renferme els tombeaux de Camoes et de Vasco de Gama.

Nous aurions été bien inspirées d’aller à pied à  la tour de Belem (15minutes) plutôt que de reprendre le tram. La tour ne se voit pas de la rue où il passe. On se retrouve au terminus.

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La lige de chemin de fer coupe l’accès aux bords du Tage. Un haut pont la franchit à la hauteur de la Tour de Belem. Seulement 150 personnes sont admises en même temps dans la tour de Belem. Du rez de chaussée on peut admirer la merveilleuse loggia de Francisco d’Arruda, zoomer sur les sculptures. Nous aurions dû nous arrêter là. Après, c’est le piège à touristes : l’escalier qui conduit à la terrasse (93 marches) est en colimaçon ; on ne peut pas s’y croiser. Un astucieux système de flèches rouge et vertes et de signal lumineux est censé réguler le passage. Il ne marche pas toujours. si on rencontre des gens en sens inverse il faut reculer(si c’est possible) ou attendre dans els salles aux étages. Il y a tellement de monde qu’on ne voit rien. Tellement d’attente qu’on ne regarde rien tant on est pressé de sortir.

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On aurait envie de longer le Tage pour rejoindre le Padrao dos Descobrimentos – le Monument des Découvertes . la marina allonge le chemin, pas de banc deux terrasses de café. On se traine jusqu’au monument. Je ne goûte pas spécialement les sculptures gigantesques (52m de hauteur) élevée en 1960 par Leopoldo de Almaida. Un grand vaisseau de pierre porte sur chaque face une théorie de chevaliers, et d’autres personnage qui font cortège au roi Henri le Navigateur debout à la proue. A la poupe, il y a une très grande croix et un ascenseur (4€). Si j’avais pris le guide Vert j’aurais cherché Camoens le roi Manuel et le peintre Nino Gonçalves. Le livre étant resté à l’hôtel, non seulement je ne les ai pas cherchés mais j’ai effacé la photo de la face à l’ombre, où ils figurent.

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La place est pavée d’une grande rose des vents. En son centre la carte du monde raconte les découvertes. Les continents sont en marbre rose, les mers de calcaire beige. On a gravé dans les mers les caravelles et les dates des découvertes.

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Fourbues nous rentrons en tramway. A19h, les pastellarias et notre petit self rangent leurs chaises. IL ne reste plus que les restaurants pour touristes. Miracle ! Au rez de chaussée d’un hôtel au coin de notre rue, Pingo doce la grande chaîne de supermarché a un magasin. J’achète 8 yaourts, des sandwiches et des gâteaux puisque on a un frigo ans la chambre ; Dîner et petit déjeuner sont assurés, on fait des économies !

La place au bas de la gare et de nos fenêtre et éclairée, on dîne aux chandelles. Sur une estrade une chanteuse interprète des tubes planétaires : de la musique cubaine, Cesaria Evora…rien d’original mais cette musique vivante est plaisante. Il fait un peu frais pour rester bras nus sur la place. Notre chambre est un galetas mais le concert est gratuit !

 

le monastère de Batalha

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Batalha : chapelles inachevées et agapanthe
Batalha : chapelles inachevées et agapanthe

Troisième monastère visité dans la semaine (billet groupé 15€). Et aucun sentiment de répétition. Alcobaça : la découverte et surtout les deux histoires : celles de la fondation du monastère (azulejos) et celle de la Reine Morte. A Tomar, découverte de la puissance et de la richesse des Templiers et de leurs successeurs, l’or des Grandes Découvertes avec les symboles manuélins résumés dans la fenêtre célèbre. Batalha est différent.

Mis en valeur sur une vaste esplanade, l’église peut être abordée de tous les côtés. On peut choisir le porche gothique tardif de Huguet aux nombreux personnages gardant l’entrée, ou par le chevet dans l’énorme ébauche des chapelles Inachevées. De l’extérieur c’est la gloire du gothique flamboyant. Belle couleur de la pierre sous le soleil du matin, pierre claire, un peu orangée où la patine grise se mêle harmonieusement.

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On entre dans la nef en contournant la pierre tombale d’un des architectes. Cinq architectes se sont succédé :

  • 1388 – 1402 Afonso Domingues
  • 1402-1438 Huguet
  • 1438-1448 Martin Vasques : Chapelles Inachevées
  • 1448 -1477 Fernao d’Evora : cloître d’Afon
  • 1480-1515 Matéus Fernandez : style manuélin
  • 1515-1533 Style Renaissance
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La nef immense d’Afonso Domingues est éclairée par des vitraux. Dans le chœur les vitraux 16ème s sont très colorés.  Sur les hauts piliers qui semblent  être des faisceaux de plusieurs colonnes soudées les chapiteaux paraissent très petits. Alternent une ronde d’’anges avec de longues iles en V qui forment un zigzag et des feuilles de vigne. A la base des piliers, un motif discret orne chaque colonne. Le chœur et les chapelles autour sont sobres, pas de dorures baroques pour masquer le gothique.

lanterne octogonale de la chapelle du Fondateur
lanterne octogonale de la chapelle du Fondateur

La chapelle des Fondateurs est construite autour du double tombeau de Jao et Philippa de Lancastre. Sur la très haute pierre tombale les deux gisants sont côte à côte. Dans des niches reposent les quatre fils dont Henrique le Navigateur. Huit énormes piliers soutiennent la lanterne octogonale très élégante.

Cloitre de Batalha :
Cloitre de Batalha :

Lorsqu’on entre dans le cloître on change d’univers quittant le gothique pour le style manuélin, dentelle de décors avec les symboles marins des Grandes Découvertes, la Croix des Templiers qui ornait les voiles des caravelles, la sphère armillaire, les nœuds marins et cordages…

Batalha, lavabo du cloître
Batalha, lavabo du cloître

La Salle capitulaire renferme le tombeau du soldat Inconnu. Elle est gardée par des militaires en treillis de camouflage armes à la main. Nous assistons à la relève de la garde. Ce déploiement militaire donne de la raideur et enlève du charme au cloître. Le silence est troublé par le pas martial. Les commandements s’accordent mal avec la méditation. Mêm le murmure de l’eau dans la très belle fontaine ou lavabo, en est troublé ;

Le calme, nous le trouverons dans le cloître suivant, très simple et parfumé de roses qui poussent autour de trois grands cyprès. Des panneaux racontent la vie des dominicains, vie vouée à l’étude.

La visite se termine dans les chapelles inachevées. L’énormité des piliers laisse supposer un monument imposant. La mort du roi commanditaire a mis fin au chantier. Ou peut être sa démesure ?

Non loin du monastère un petit musée est très agréable à visiter. Géologie, Préhistoire, Histoire et Ethnologie. Une exposition temporaire est consacrée aux minees de lignite de la région.

Batalha : chapelles inachevées
Batalha : chapelles inachevées

Les vitrines racontant l’histoire géologique du Jurassique au Miocène m’ont beaucoup intéressée. C’est au Jurassique que vivaient les dinosaures de Lourinha. La paléogéographie montre que le continent était haché de failles correspondant à l’ouverture du Proto-Atlantique avec déppôt de sédiments marins. Au Jurassique supérieur et au Crétacé, le bassin se ferme tandis qu’au Miocène le massif calcaire est relevé. L’érosion karstique se met en place.

A côté des maquettes structurales, de beaux fossiles sont exposés : ammonites, encrines (très beau) aussi dinosaure (stégosaure) et des dents de mamouth.

Un romain en toge occupe le centre d’une pièce ronde où sont regroupés les vestiges romains venant de Conimbriga et de Collipe.

Les étapes de la construction du Monastère sont détaillées par des maquettes.

Je passe distraitement dan la section ethnologique.

Vers midi, nous sommes de retour au Moulin pour un déjeuner sous la treille.

Après midi ensoleillée à la piscine ; Il est plaisant de profiter de ce gîte si joli avec une hôtesse sympathique. La petite chatte Cal, très joueuse nous tient compagnie.

Sitio : les arènes
Sitio : les arènes

Vers 18heures nous retournons au Sitio pour refaire les photos prises hier par temps gris

Tomar – forteresse des Templiers – monastère énorme

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Tomar : l'église des Templiers
Tomar : l’église des Templiers

71km entre Nazaré et Tomar en passant par Alcobaça et la route IC9 toute neuve, vide qui traverse un massif – collines ou montagne ? – plutôt montagne à cause du relief malgré la faible altitude. Ds bancs calcaires sont en saillie.

C’est un paysage très différent de ceux que nous avons vus au Portugal. L’olivier confère un goût de Méditerranée. La vigne est plantée en rangs parallèle assez bas alors que dans le Minho elle grimpe. Villages perchés dispersés. Beaucoup moins de construction que dans la zone côtière. De grands viaducs enjambent les vallées creusées par des rivières invisibles mais nombreuses. On passe à quelques km de Fatima sans s’arrêter. Les apparitions et les sanctuaires du 20ème ne me disent rien.

Le couvent de Tomar est au sommet de la colline. On y accède par une rampe pavée très raide, crest toute une ascension pour découvrir en haut un grand parking, une route et des voitures. Une flèche indique le Castelo.  Château fort ou couvent ? C’est la même chose dit la jeune fille de la cafétéria. Les grosses tours carrées et les remparts ressemblant à ceux d’Obidos cachent le couvent pourtant énorme. Le Castelo était une forteresse des Templiers fondé en 1160 sur un fort maure du 9ème siècle au 12ème. L‘influence proche-orientale se remarque dans les renforcements inclinés des murailles qu’on voit en entrant par une chicane qui ne laisse voir qu’une échauguette surmontant le rempart.

Tomar : murailles
Tomar : murailles

En 1319, l’Ordre des Templiers est dissous et le château passe à l‘Ordem de Cristo.

On découvre après l’église des Templiers bâtie au 12ème siècle sur le modèle du Saint Sépulcre  – la Charola . Le nouveau bâtiment fut érigé par Jao III au 16ème siècle.

Tomar : porche de Joao de Castilho
Tomar : porche de Joao de Castilho

Avant d’entrer on est rempli d’admiration devant la finesse du porche plateresque de l’Espagnol Jao de Castilho : les angelots musiciens grimpent dans les feuilles d’acanthe tandis queu les personnages sont finement ciselés.

La visite est fléchée. Elle commence par le Cloître du cimetière dallé de pierres tombales. Au milieu quatre orangers et un massif sont dans des jardinières d’azulejos qui rappellent les zelliges mauresques. Les arcades sont gothiques avec de petites colonnes géminées aux chapiteaux végétaux. Les murs sous les arcades sont carrelés d’azulejos bleus et blancs aux motifs végétaux.

Cloître du Cimetière
Cloître du Cimetière

Le Cloître des Ablutions (1420 agrandi au 16ème) tient son nom de la présence d’un puits entouré de quatre massifs de romarin. Les arcades sur deux niveaux sont gothiques.

La toute petite chapelle Portocarneiros est entièrement carrelée. Le jaune éclaire cette pièce aveugle.

La Sacristie possède un magnifique plafond à caissons de bois peint (1629-1630). Un long lavabo occupe un mur. L’eau sort de 5 têtes expressives même rigolardes.

Tomar : croix des templiers dans l'église manueline
Tomar : croix des templiers dans l’église manueline

L’église manuéline (16ème siècle) est construite sur deux niveaux. Du chœur haut on découvre la rotonde des Templiers. Dans l’église manuéline  j’admire la finesse des sculptures aux motifs des Navigateurs : cordes, nœuds marins, sphère armillaire ainsi que les croix des Templiers que l’ordre du christ a adoptée.

Charula : église byzantine des Templiers
Charula : église byzantine des Templiers

Une somptueuse fresque précède la Rotonde. Cette Rotonde dorée, surchargée de motifs brillants de bois peint doré est qualifiée de byzantine. Au centre 8 colonnes se rejoignent pour former une sorte de chœur circulaire. Tout autour il y a des statues de bois peint. Une sorte de déambulatoire est orné de tableaux et de fresques.

 

Tomar : cloître principal
Tomar : cloître principal

Le Cloitre Principal (16 ème) a été dessiné par Diogo de Torralva, admirateur de Palladio. Il a un air d’Italie avec ses colonnes « toscanes » premier niveau, ioniennes à l’étage. Les arcs sont ornés de caissons. Une certaine sobriété contraste avec l’exubérance manuéline. Par des escaliers en colimaçon évidés on parvient à la terrasse – terrasse de cire – on y faisait sécher la cire d’abeille. De cette terrasse on découvre deux autres cloîtres : le Cloître des Corbeaux et le Cloitre de Micha. On est aussi très roche des pinacles de la nef manuéline. Je peux photographier les motifs marins. Au centre du grand Cloître la très belle fontaine a une vasque en forme de la Croix des Templiers ;

Le Réfectoire est à l’échelle du couvent : immense ! De longues tables occupent toute la longueur. On peut imaginer les moines dîner en silence tandis que le lecteur se trouvait dans l’une des deux petites chaires finement ciselées.

Les cellules sont réparties de chaque côté de deux couloirs qui se coupent en croix et qui sont ornés d’azulejos. Au croisement, on trouve une curieuse pièce Calefactorie où on allumait du feu pour que les moines  assis sur des bancs puissent se réchauffer.

Tomar : fenêtre manuéline
Tomar : fenêtre manuéline

De l’une des cellules s’ouvrant sur le cloître Sainte Barbara (ou sainte Barbe), on découvre le chef d’œuvre du monastère : la Fenêtre Manuéline. A sa base le « capitaine » soutient à bout de bras deux mâts aux multiples décors. On reconnait des chaînes, des coraux, des algues, des cordes et des câbles. Les cordes sont nouées de nœuds marins. Au sommet la croix de l’Ordre couronne la fenêtre. Tous ces symboles glorifient la puissance et la richesse des Navigateurs.

Il reste encore deux cloîtres à explorer, beaucoup moins ornés que les précédents. Du cloitre des corbeaux il n’y a pas grand-chose à dire. Le cloître de Micha, en revanche est très différent. Il est pavé plus grossièrement et les arcades sont également plus frustes. Le patio n’est pas planté. Son dallage creusé d’une rigole destinée à conduire les eaux de pluie dans une citerne. Nous avons vu récemment en Tunisie des citernes analogues dans la cour de palais ou de mosquées.  Le nom de « Micha » vient de la distribution de miches de pain aux indigents, ce qui explique la relative sobriété du décor .

Il faut descendre par la rampe bien raide aux pavés irréguliers et glissants. On rase les murs pour trouver un peu d’ombre.

Rues de Tomar pavoisées pour la fête des Tabuleiros
Rues de Tomar pavoisées pour la fête des Tabuleiros

La Praça de la Republica est bordée d’un côté par l’église Sao Jao Baptiste au délicat portail manuélin que nous négligeons après toutes les splendeurs du monastère. De chaque côté des boutiques et les terrasses de trois pâtisseries. Le projet était de déjeuner en ville. On ne sert ici que des gâteaux. Le choix est : s’installer sur es terrasses aérées de la place mais ne manger que du sucré (ou presque) ou chercher u n petit restaurant dans les rues étroites par cette chaleur étouffante. On choisit la première solution avec des petits pâtés à la viande et aux crevettes et une sorte d’omelette sucrée au lait caramélisée sur les deux faces, sorte de crème brûlée délicieuse.

Nous avons de la chance : la semaine dernière s’est déroulée la Fête des Tabuleiros qui n’a lieu que tous les deux ou trois ans. Toute la ville est décorée de fleurs, pompons, guirlandes en papier crépon< ; Certaines rues ont une véritable allée couverte avec arcades et guirlandes et même un tapis de fleurs ; Certaines boutiques ont une tapisserie de fleurs en papier ;

La ville moderne commence en delà de la rivière ou une grande roue avec des cruche tourne sur elle-même.

A Tomar se trouve une des plus anciennes synagogue du Portugal, transformée e Musée hébraïque. J’aurais beaucoup aimé la visiter; Fermée quand nous sommes descendues du monastère

Alcobaça – la Reine morte et installation de Cristina Rodrigues

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Eglise d'Alcobaça
Eglise d’Alcobaça

Le monastère occupe tout un côté d’une vaste place, la façade baroque de l’église est encadrée par de très longs bâtiments sobres.

Passé le porche surchargé de décors, dépassés les grandes silhouette de Saint Bernard et de Saint Benoît, on entre dans un monastère cistercien, donc dépouillé. La nef de l’église est haute. Les arcs brisés annoncent le gothique mais on n’a pas ouvert les verrières qui éclairent les cathédrales gothiques. Les chapiteaux sont romans. Il faut se dépêcher de visiter l’église, la Messe va bientôt commencer et on chassera les touristes.

Le tombeau de Dom Pedro
Le tombeau de Dom Pedro

Les tombeaux d’Inès de Castro et de Dom Pedro se font face dans le transept. Ce sont les protagonistes de la pièce de Montherlant, la Reine Morte. Dom Pedro ; fils du roi Afonso V, marié à l’infante d’Espagne Constança, tomba amoureux d’Inès, la suivante de l’Infant, Inès de Castro. Afonso V éloigna Inès. A la mort de Constança, Pedro alla vivre avec Inès à Coimbra. Afonso fit assassiner Inès et Pedro se rebella contre son père. A la mort du roi Afonso, Pedro, révela son mariage secret, fit exhumer Inès, la couvrit de pourpre et la couronna. Il contraignit les nobles de la cour de baiser la main de la reine morte et fit arracher le cœur de ses meurtriers.

Baldaquin dans la salle des Rois : Christina Rodrigues
Baldaquin dans la salle des Rois : Cristina Rodrigues

Cette histoire – macabre – donne un éclairage particulier à la visite. C’est aussi le fil rouge pour une autre visite : celle de l’installation de la plasticienne Cristina Rodrigues dans les murs du monastère. Je suis souvent sceptique à propos de ces installations dans des lieux prestigieux. Parfois le cadre magnifie une sculpture quelconque, parfois il la ridiculise comme à Blandy- les- Tours, j’avais accouru sur le conseil de Télérama pour voir quelques bouts de ferraille. Le travail de Cristina Rodrigues m’a beaucoup intéressée. J’y ai prêté autant d’attention qu’au monument lui-même.

Dans la Salle des Rois, un baldaquin de pompons bleus, blancs et jaunes ; de lacets et de galons de dentelle rayonnaient d’une couronne centrale figurant la royauté. Autour de la salle, les rois du Portugal, en statue grandeur nature, se tiennent debout et racontent l’histoire de  Portugal. En dessous des azulejos 18ème siècle, racontent la bataille de Santarem gagnée par Afonso 1er en 1147 qui fit appel à Bernard de Cîteaux. On voit les moines mesurer les futures fondations du monastère.

dans le cloître : les raisins de la colère
dans le cloître : les vignes de la colère

Le cloître de Dinis ou cloitre du silence est planté de quelques orangers dans des carrés limités par des buis, mais son aspect général est plutôt minéral. En son centre, la plasticienne a disposé une sculpture faite avec des bouteilles à l’envers sur une sorte d’égouttoir et l’a titrée Les vignes de la colère. Quelle colère ? Celle de Dom Pedro contre son père après l’assassinat d’Inès ? Je l’imagine puisque je lie l’installation à l’histoire de la Reine Morte.

chimère romane
chimère romane

Le cloître est bordé d’arcades avec des chapiteaux romans figurant des végétaux et un besstiaie de dragons et chimère. Les chapiteaux romans me touchent.

Dans la Salle Capitulaire se trouvent de grandes statues de terracotta, des anges musiciens.

cuisine
cuisine

Les cuisines sont impressionnantes par leurs dimensions, la hauteur des cheminées carrelées qui font des hottes gigantesques au dessus de la rôtisserie. Combien de bœufs pouvaient tourner à la broche ? Les éviers ont la taille d’une grande baignoire de pierre. Leurs robinets sont des têtes à taille réelle. Le bruit de l’eau est très présent : on a détourné une rivière pour que le monastère puisse boire et cuisiner.

coeurs blancs
coeurs blancs

C’est ici que l’installation est la plus frappante : dans la rôtisserie, sur des tringles sont alignés des sachets de plastique transparents alternant avec des rubans blancs. Le contenu du sachet n’est pas évident à première vue. Je pense à des gargoulettes de céramique blanche. Intriguée, je regarde mieux et découvre des tuyaux à la partie supérieure. Un doute m’effleure : on dirait des cœurs avec les veines et les artères. Le doute est levé quand je découvre une rangée de ces vases en céramique noire accompagnés de rubans rouges posés sur la grande table de pierre. D’autres sont suspendus au dessus de la fontaine. Ce sont bien des cœurs. Equivoque cuisine qui embroche des cœurs ! Me vient l’image de Dom Pedro arrachant les cœurs des assassins d’Inès. Cœurs noirs  et cœurs blancs. Cœur symbolisant l’amour des royaux amants. Le titre de l’installation est parlant : Os amantes !

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Le Réfectoire est dans la pénombre, les moines y dinaient en silence, écoutant la lecture des Saintes Ecritures.  La plasticienne y a dispersé six chandeliers laqués soit de noir soit de blanc. En place des cierges elle y a suspendu des chaines dorées qui scintillent où sont accrochés des bijoux de filigrane. Couchés dur les socles, des angelots, putti, ou bébés batifolent avec des feuilles de vigne, des grappes de raison, bébé laqués de noir ou de blanc.

Dans le Dortoir, à l’étage, la plasticienne a placé des sièges formant un U. Au pied de chaque chaise, se trouvent des pieds en résine noire, des chausses creuses. Chaque chaise est enrubannée, double de crépon. Sur certaines elle a déposé de petits paquets. Scène plus difficile à interpréter. Elle m’évoque un tribunal (rien ne le prouve). Les assassins d’Inès seraient ils jugés ici. A moins que ce soit ici que dom Pedro ait réuni la Cour pour prêter hommage à la Reine Mort.

Bien sûr, ces interprétations sont entièrement personnelles. En dehors des titres, rien n’est explicité. Et tant mieux !

Nous continuons la visite et découvrons par hasard le Cloître des Novices(ou des évêques) ecore plus vaste que le premier, classique et austère (fin 16ème – 17ème ) planté de rosiers dans des carrés de buis.

La plasticienne m’a guidée dans cette visite. J’aurais aussi bien pu emprunter l’audioguide et m’intéresser plus à la vie des moines ou aux aspects historiques. Tout est dans les guides, inutile de les recopier.