vers le Nord / Olafsfjördur – Siglufjördur

CARNET ISLANDAIS

Nous ne voulons pas quitter le Lac Myvatn sans avoir vu les faux-cratères, le volcan Hverfjall et surtout Dimmuborgir, le siège des elfes et des trolls selon les guides et l’entrée du domaine du Père Noël selon la pancarte à l’entrée du site.

Il fait très beau, le soleil exalte les oranges et les ors des buissons qui contrastent avec le basalte noir ; volcans et faux-cratères se reflètent dans le miroir du lac.

Dimmuborgir

Dimmuborgir, domaine des trolls et des elfes

Les colonnes de lave et les rochers tordus correspondent à la solidification de la lave dans lac. Piliers, arches ou aiguilles tordues ressemblent aux formations volcaniques marines, en se solidifiant rapidement au contact de l’eau froide la lave acquiert des formes étranges.

formes fantastiques de la lave à Dimmubotgir

Depuis les années 40, les Islandais ont pris soin de préserver ce site tout à fait exceptionnel en construisant des murs brisent-vent pour empêcher que le sable ne vienne noyer les rochers tortueux. Tout un travail de conservation a été réalisé avec des itinéraires balises et des cordelettes interdisant le passage des touristes. Si on considère la taille du parking, le site doit être très fréquenté ; à 8h30 je suis presque seule sur les sentiers et si les elfes et les trolls ne se manifestent pas la géologue est comblée. On se croirait dans un parc ! Il n’y a pas un papier, pas un mégot, pas une cannette.  En revanche, faire pipi coûte cher : 200 ISK pour actionner le tourniquet et entrer dans les lieux.

Route circulaire d’Akureyri

Lac Myvatn

Pour la troisième fois, sous un soleil voilé. La cascade Godafoss se voit de la route, nous faisons un court arrêt, nous commençons à être blasées de cascades.  Nous évitons soigneusement le tunnel, la route le long du fjord est très jolie.

Godafoss

Après avoir traversé Akureyri sur les bords de l’eau nous remontons vers le nord sur la route 82 très tranquille en corniche jusqu’à Dalvik. Eau tranquille bleue, paysages champêtres avec quelques fermes et des bottes de foin ; des petits ports invitent les passants à faire une excursion en bateau pour observer les baleines. Nous descendons à Haugarnes (124 ha), un port de pêche minuscule et un restaurant pittoresque derrière un drakkar viking et une mâchoire de baleine. C’est l’heure de déjeuner, le menu nous convient soupe de poisson ou fish&chips. La salle est vide mais des cartons « réservé » sont sur toutes les tables.

– « C’est complet ! »

– « même pour 2 ? »

– « Really sorry !»

Nous voilà désappointées.

 Dalvik est une agglomération plus importante (1300 ha) avec des commerces, une banque et un port actif mais les restaurants sont sur la rue. Nous faisons les difficiles, nous voulions manger sur le port.

La route continue en balcon au-dessus de l’Atlantique. Nous pique-niquons près de la pointe : saumon à l’aneth et salade russe au poisson sur des pains type WASA. Pique-nique de luxe mais nous regrettons encore le restaurant au drakkar.

La pointe se termine par des falaises et une montagne infranchissable. La route pénètre dans un tunnel à une seule voie creusé directement dans la roche et tout obscur. On a pratiqué des emplacements pour se croiser qui sont annoncés. Priorité pour les véhicules en face ; il faut repérer les phares et se garer quand on le peut ; avant la courbure il y a un feu rouge. Les parois ne sont pas cimentées, on voit la roche brute ou une sorte de bâche sur lesquels on a fait des graphs ; train fantôme sur 7 km.

Olafsfjördur

Hôtel Brimnes : notre cabine au bord du lac

Nous logeons à l’Hôtel Brimnes au fond du fjord très étroit terminé par un lac. Si le soleil brillait ce pourrait être tout à fait charmant. La réception est fermée. Les attractions d’Olafsfjördur se résument à un musée d’Histoire Naturelle avec des animaux empaillés et le souvenir d’un géant.

Siglufjörður

le port de Siglufjördur

 

Siglufjördur (1200ha) est distante de 17 km que l’on parcourt presque entièrement sous terre par deux tunnels modernes à deux voies, éclairés.

Le Musée du Hareng

Musée du Hareng

Le Hareng est la source de la prospérité de la ville : pêche, salage, conserverie, expédition jusqu’en Allemagne at aussi loin que la Grèce ou la Russie. Tout a commencé à la fin du 19ème siècle avec les Norvégiens qui pêchaient dans les fjords de l’est et qui commencèrent à acheter des parcelles en Islande afin d’y construire des appontements, des entrepôts et des usines de traitement. Les harengs qui n’étaient pas vendus salés étaient transformés en farine comme nourriture pour les animaux, ou en engrais. On récupérait aussi la graisse pour l’industrie chimique et la savonnerie. La prospérité eut une fin quand les bancs de harengs se rarefièrent. En 1969 ils avaient complètement disparu. Maintenant les stocks se reconstituent au large de la Norvège et reviennent sur les côtes islandaises.

barriques de hareng salé

Le Musée du Hareng occupe la grande maison rouge et les entrepôts face aux quais du port. dans la grande maison, au rez de chaussée on voit les tonneaux de bois, les pochoirs métalliques pour marquer les barriques et les étals de salage. Au premier étage, de nombreuses photographies anciennes et différents objets montrent les aspects de la pêche et de l’exploitation. A l’étage supérieur, sous les combles se trouvaient les logements des ouvrières tout comme le raconte le roman Karitas qui a travaillé avec sa mère et ses sœurs dans les mêmes conditions à Akureyri. Je vois les chambrettes, la cuisine, les habits qui sèchent ;

salage des harengs

Un hangar est aménagé en salle de spectacle. Toutes les machines de transformation des poissons sont exposées là : fours, séparation de l’eau des graisses, gros outillage. Cette industrie était à grande échelle.

Les maisons colorées jaunes, rouge ou vertes, du port de Siglufjördur sont des pubs. Autour du port l’Hôtel Siglo a bâti de belles constructions de bois sur pilotis.

A notre retour à Olafsfjördur, la ville nous semble grise et triste. Ici non plus, nous ne trouvons pas le restaurant de poissons de nos rêves. De restaurant en activité, il n’y en a qu’un seul (pas terrible) plus la cafeteria de la station-service Olis. Comme on nous a attribué une cabine de bois avec une cuisine équipée, nous préférons acheter au supermarché la bisque de homard en conserve.

Le tour du cap Bon, Sidi Daoud, El Houaria,Kerkouane, Kelibia

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

Tempête sur le Cap Bon

La météo agitée ne nous a pas découragées. Dès le matin l’averse de grêle a tambouriné sur le toit ; La pluie s’est abattue avec la puissance d’une mousson tropicale. Quand nous sommes sorties pour le petit déjeuner le soleil est revenu. Toute la journée nous connaîtrons cette alternance d’éclaircies au chaud soleil et d’averses violentes, avec même, éclairs et tonnerre.

Zhora a apporté les plats du petit déjeuner dans le désordre le plus complet. Fromage et gâteau, café, pain tabouna et l’Âssida : une sorte de bouillie de farine au goût d’orange, baignée d’huile d’olive décorée de dattes dénoyautées, avec un petit tas de sucre à la cannelle. Délicieux ! j’ai lampé l’huile à la petite cuiller.

Sidi Daoud

Sidi Daoud port thonier

Sidi Daoud zest un port thonier où l’on pratique la Matanza comme en Sicile. Aujourd’hui, aucune chance de voir la crique rougie du sang des thons. Des crêtes blanches hérissent la mer ; tellement blanche que j’avais cru apercevoir une ville de maisons blanches. Sidi Daoud doit être le village du vent, on a choisi d’y implanter un parc éolien d’importance. Autre indice d’un endroit venté, les paillassons qui protègent les petits arbres, les haies de roseaux et les canisses, brise-vent de protection des cultures.

Les îles Zambra et Zambretta sed détachent au-dessus des vagues. De gros nuages gris foncé se déplacent à grande vitesse et crèvent en grains brefs mais bien mouillants. La petite route suit le littoral puis rentre dans El Houaria.

au large de Sidi Dauoud : Zambra et Zambretta

El Houaria : tout le monde connaît les Grottes à la base de la falaise. Ce sont des carrières romaines dans un grès dont la stratification est creusée par l’action du vent et des vagues. Avec la tempête qui soulève l’écume le spectacle est parfait avec l’éclairage rasant qui sort des nuages menaçants.

El Houaria : les Grottes

L’association de la Fauconnerie est située juste au-dessus du Restaurant La Grotte. Le gardien me montre les faucons dans leurs cages. Il y a aussi un aigle un peu miteux et deux couples de buses bien énervées. Le gardien sort un faucon et le pose sur son poignet, l’oiseau est docile , il vient se poser sur le mien. Je suis étonnée de sa délicatesse. Peut être celui-ci est particulièrement doux avec les visiteurs. Photo de Khadafi avec les faucons. Une cigogne baguée ici a été retrouvée en Rhodésie (l’affiche doit être ancienne plus personne n’emploie le mot de Rhodésie). Un faucon a été observé au Kazakhstan. Le faucon est l’animal emblématique de El Houaria : il y a un festival du faucon au printemps et selon le Guide Bleu, on y croiserait des fauconniers avec leur oiseau.

Oeil de faucon

Olivier d’Eshraf

Selon la pancarte il aurait été planté par les Carthaginois il y a 2250 ans.

Oliviers planté par les Carthaginois

La ville punique de Kerkouane

Cette ville carthaginoise fut détruite lors des guerres puniques mais à al différence de Carthage et des autres villes antiques que nous avons visitées, elle n’a pas été romanisée. On voit donc ce qui reste d’une ville punique presque complète avec ses remparts, ses tours de défense, ses rues et ses habitations mitoyennes, ses places et son temple.

sgne de Tanit

Le projet transméditerranéen « A la suite du Magon » est une coopération tuniso-italienne qui a installé de nombreux panneaux explicatifs. Le Magon est un vin tunisien vin passerillé – analogue au moscato de Pantelleria. Pantelleria est vraiment très proche, Olfa qui habite Kelibia la voit de sa fenêtre. De nombreux indices montrent l’intérêt des Carthaginois pour le vin : ils en faisaient commerce, importaient de la vaisselle grecque. Une œnochoé est décorée avec Ulysse et Polyphème, clin d’œil au vin et à l’ivresse. Dans les tombes on a retrouvé la vaisselle pour assurer l’ivresse au défunt au paradis.

Kerkouane ville punique

Kerkouane était une ville d’artisans : les fours de potier sont presque intacts à l’extérieur de la ville. On travaillait aussi la pourpre . Le Murex fut importé par les Phéniciens. On raconte que Melqart/Herakles avait trouvé que le museau de son chien qui avait mangé des murex était teint. Dans le musée on montre un bol avec des coquilles de murex.

Les bijoux étaient aussi d’une grande finesse.

Le Temple était, selon les panneaux, de modèle sémitique, analogue à celui de Melqart à Tyr ou au Temple de Salomon à Jérusalem.

Les maisons mitoyennes étaient confortables ; les baignoires-sabots sont enduites du même enduit rouge qu’on reconnait aussi à Sélinonte. Je ne m’en souviens plus, peut être ne les ai-je pas vues ?

Au point le plus éloigné de l’entrée, près des murailles de la ville, la grêle s’abat sur moi. Je m’abrite sous un tamaris, abri provisoire, je suis trempée lorsque j’arrive au Musée, très intéressant, malheureusement mal éclairé et aux céramiques un peu poussiéreuses. Les bijoux sont très beaux.

Kelibia

La forteresse de Kelibia

Kelibia est une ville de 46.000 habitants animée avec ses commerces et un port important, les bateaux sont de bonne taille. Nous traversons des quartiers résidentiels avec de jolies villas dans des jardins. Du port on grimpe jusqu’à la poterne du fort  domine de très haut la ville (150m) Sur des fondations punique, les Byzantins ont fortifié la colline mais les constructions visibles sont 16ème siècle, donc ottomanes. Deux promenades s’offrent à moi : le chemin de ronde derrière les créneaux qui offre des points de vue spectaculaires sur le port, la ville et la mer. A l’horizon, je crois deviner une terre embrumée, Pantelleria ? Deuxième promenade à la base des hauts murs de pierre pour en apprécier la qualité de la maçonnerie ?

Du fort, nous rejoignons Menzel Temime sans passer par le centre-ville de Kelibia. Nous passons devant de grands hôtels vides en hiver. A Menzel Temime il fau trouver la petite route qui coupe le CapBon pour retourner à notre gîte sur l’autre côte. D’après la carte elle passe à Skalba et Tazoghrane. Je me renseigne auprès des chauffeurs de taxi, qui, bien sûr connaissent la route mais leurs explications sont confuses. Un monsieur nous vient en aide. Il monte sur la banquette arrière et nous met sur la bonne route. A 16h30 nous somme revenues devant notre portail blanc et j’appelle hamed au téléphone pour qu’il ouvre.

Soupière et Magon

Hamed a allumé le feu dans la salle à manger. Zhora apporte tous les plats en même temps : une soupe de potiron délicieuse, des escalopes nappées dans une sauce jaune (safran ?) fortement citronnée, la « salade » est chaude, c’est une jardinière de légumes aux carottes, petits pois, betterave rouge, et du riz à l’ail, persil, poivron comme accompagnement . Une tarte aux aubergines arrive plus tard. Nous n’avons plus faim, on en coupe 4 parts pour demain midi !

Tant qu’il y a un joyeux feu dans la cheminée, je ne résous pas à quitter la pièce et écris mon compte rendu de la journée en attendant que les trois petites bûches achèvent de ses consumer.