Publicité meurtrière – Petros Markaris

LIRE POUR LA GRECE

publicite meurtriere

Athènes, 2005, l’année suivant les Jeux Olympiques,

Deux événements se télescopent : le ferry crétois est détourné par des terroristes et des stars de la publicité sont abattus à bout portant.

Pendant une bonne moitié du livre les enquêtes piétinent et la vie familiale de Kostas Charitos est bouleversée par le détournement du bateau où sa fille est retenue en otage.

Je suis toujours avec grand plaisir les enquêtes de Charitos, sa vie de famille et ses errances dans les embouteillages athéniens. Comme avec Brunetti et Montalbano, je m’attache autant à la personnalité du policier, à son entourage qu’à l’intrigue elle-même, je savoure les rougets barbets grillés ou les haricots cuisinés par Adriani, je me promène dans les rues d’Athènes (sans souffrir de la canicule).

Dès que Charitos suit la piste du pistolet allemand Luger, il remue  l’histoire ancienne,  l’occupation allemande, la résistance communiste de l’ELAS, la prison de Bouboulina …C’est dans ce domaine que Markaris est très intéressant. Les criminels ou les témoins ont une histoire dans la grande histoire, ils s’inscrivent dans un contexte que l’auteur analyse.

Analyse critique de l’influence de la publicité dans l’audiovisuel. La publicité « actionnaire principal » des chaines de télévision….Encore une facette intéressante!

Si cet opus n’est pas mon préféré de la série, mention spéciale à Pain, éducation, liberté et à l’Empoisonneuse d’Istanbul, c’est néanmoins très réussi.

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Du Sang sur Venise : Maud Tabachnik

IL VIAGGIO

le sang de Venise

Le train est arrivé un peu en retard à l‘étape vénitienne du voyage organisé par Eimelle. Il faut prendre le train de nuit pour arriver le matin dans la lagune glisser sur l’eau et sortir de la gare en face du Grand Canal. Cela a beaucoup plus d’allure que d’atterrir banalement à l’aéroport….

Suivant le conseil de Claudialucia, je me suis promenée dans le Ghetto en 1575, à la veille d’une peste meurtrière. L’histoire commence à la veille de Pâques : un enfant est repêché, mort,  dans un canal proche du Ghetto. Inutile de chercher l’assassin, les coupables désignés sont les Juifs et le motif : le meurtre rituel. Des notables sont pris en otages. Un moine franciscain attise le ressentiment contre la Communauté juive….

Rachel da Modena, fille du banquier Asher, intelligente, belle, éprise de culture qui a pour amie Sofia Gritti va mener l’enquête qui innocentera les Juifs.

L’enquête se traîne dans la première moitié du livre – forcément puisque personne ne cherche le coupable – elle est rapidement résolue ensuite. Ce n’est donc pas un thriller qui va vous faire tourner les pages.

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L’intérêt est ailleurs : dans la promenade dans Venise du 16ème siècle au temps du Titien.

Je me suis surtout intéressée à l’analyse géopolitique : Venise commerce avec La Sublime Porte. Les Juifs établis à Smyrne, Constantinople ou Salonique sont des intermédiaires obligés. Après la Bataille de Lépante Venise est en rapport de faiblesse avec les nouvelles puissances L’Espagne et l’Autriche qui menacent sa suprématie. Le Pape exige des gages de Venise, le sacrifice du Ghetto en est un, bien que le Saint Père ne croit pas aux meurtres rituels….Entre deux pages je devine la figure du Duc de Naxos, narrateur de La Senora de Catherine Clément.

Une tombe à Gaza – The Saladin Murders – Matt Rees

SUR MA LISEUSE EN VO

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Les polars font voyager la lectrice dans des contrées inaccessibles au tourisme ou dans la face sombre de pays dont il ne montre que l’aspect présentable.

Repéré sur Babelio, j’ai cliqué sur le bouton d’Amazon qui me l’a envoyé illico sur mon Kindle. J’ai commencé à pester que le téléchargement ne s’était pas fait en ne trouvant pas le titre dans ma bibliothèque. J’ai vite compris que The Saladin Murders était le titre anglais. Conseil pratique aux blogueurs (euses), vérifier soigneusement avant de cliquer la langue, ce n’est pas la première mésaventure de ce genre, j’ai déjà téléchargé de l’Espagnol sans m’en rendre compte.

Cette expérience a été tout à fait positive. Je refuse de visionner un film en VF. Pour les livres, je privilégie les éditions bilingues (quand elles existent) mais la lecture de polars ou thrillers en Anglais s’avère parfois plus ardue que prévu. J’ai traîné mon Harraps sur les genoux pour venir à bout du Tailleur de Panama, n’ayant pas prévu l’extension du champ lexical de Le Carré. Quand un mot me manque de temps en temps, je le devine, mais quand il y en a trop, il faut la traduction. Magie de la liseuse : d’un doigt, je sélectionne le vocable inconnu, et voilà que s’ouvre une fenêtre me proposant deux dictionnaires, l’un anglais, l’autre américain, avec explication  étymologie, tout le tintouin, de quoi enrichir mon vocabulaire! Plus de dictionnaire pesant (le Harraps, même en version allégée, pèse une tonne), plus d’impasses! en revanche l’option Traducteur est à fuir, contresens assurés!

GazaD’emblée, dès le premier chapitre, le passage du poste frontière d’Israël à Gaza,  est glauque, putride, puant l’urine, sinistre à souhait. Ambiance! Et cela ne s’arrangera pas, un khamsin rendra l’air irrespirable, étouffant, le vent de sable durera tout le temps du séjour de Omar Yussef, proviseur du lycée de Bethléem, chargé par l’UNWRA de visiter en compagnie de Magnus Wallender – fonctionnaire suédois  – de visiter les établissements scolaires sous le contrôle des Nations Unies. Un des enseignants est incarcéré après avoir soulevé auprès de ses étudiants un problème  de corruption. De cette arrestation arbitraire découleront des conséquences inattendues toutes sanglantes, meurtrières. De l’enquête en milieu scolaire, on débouche sur une guerre de factions d’une violence extrême.

Scènes de violence, fusillades, meurtres, tortures, autopsies…. rien ne sera caché . Âmes sensibles, fermez la liseuse! La corruption et la violence sévissent à tous les niveaux. J’ai même eu des doutes sur les intentions de l’auteur qui fait passer si peu d’empathie pour ses personnages. Est-ce vraiment aussi terrible dans la réalité? Ou plutôt était-ce, parce que le roman se déroule dans une guerre des factions de l’OLP avant que le Hamas n’ait remporté le pouvoir. Plus de débauche de whisky que de bigoterie.

Et pourtant je me suis prise à cette lecture, pour connaître de dénouement d’une intrigue bien ficelée et par sympathie pour ce professeur d’histoire palestinien qui cherche à libérer ses collègues, à découvrir le pot au roses. Peu d’occasions de découvrir la couleur locale, le paysage ou la cuisine gazaouie. Omar Yussef est entraîné dans des actions sanglantes sans avoir le temps de souffler. Quand il se réveille d’un cauchemar c’est pour entendre une fusillade réelle alors qu’il croyait rêver.

Et je me prépare à lire les autres livres de la série dans d’autres aventures palestiniennes puisque Omar Yussef est un héros récurrent.