« Voilà là-bas, à côté de Coralie, un jeune homme… comment se nomme-t-il ? Lucien ! il est beau, il est poète, et,
ce qui vaut mieux pour lui, homme d’esprit ; eh ! bien, il entrera dans quelques-uns de ces mauvais lieux de la
pensée appelés journaux, il y jettera ses plus belles idées, il y desséchera son cerveau, il y corrompra son âme, il y commettra ces lâchetés anonymes qui, dans la guerre des idées, remplacent les stratagèmes, les pillages, les incendies, les revirements de bord dans la guerre des condottieri »
Les Illusions perdues racontent l’histoire de Lucien, Lucien Chardon ou Lucien de Rubempré comme il aimerait s’appeler. Lucien, fils d’apothicaire d’Angoulême qui monte à Paris avec un recueil de poèmes et un roman à la manière de Walter Scott, chercher la gloire.
Il se vit, dans Angoulême, comme une grenouille sous sa pierre au fond d’un marécage. Paris et ses splendeurs,
Paris, qui se produit dans toutes les imaginations de province comme un Eldorado, lui apparut avec sa robe d’or,
la tête ceinte de pierreries royales, les bras ouverts aux talents. Les gens illustres allaient lui donner l’accolade
fraternelle. Là tout souriait au génie.
Il est aimé de Louise, Madame de Bargeton, qui règne de son salon sur toute la noblesse d’Angoulême. Lucien imagine que Madame de Bargeton lui ouvrira les portes des salons de Paris.Le personnage de Louise (Naïs) est intéressant : jeune fille lettrée, curieuse, ambitieuse, mariée à un homme plus âgé, plutôt balourd qui s’étiole dans sa province?
Elle adorait lord Byron, Jean-Jacques Rousseau, toutes les existences poétiques et dramatiques. Elle avait des
larmes pour tous les malheurs et des fanfares pour toutes les victoires. Elle sympathisait avec Napoléon vaincu,
elle sympathisait avec Méhémet-Ali massacrant les tyrans de l’Égypte. Enfin…
Et elle croit avoir découvert un génie, un jeune poète, beau et doué : Lucien.
C’est aussi l’histoire de David Séchard, imprimeur, l’ami de Lucien qui se ruine pour soutenir les ambitions parisiennes de Lucien.
Lucien perdra vite ses illusions de succès comme poète et écrivain, mais il réussit une belle carrière comme journaliste, séduit Coralie, une actrice en vogue… tout semble lui réussir. Balzac en profite pour décrire le milieu du journalisme, comment se font et se défont les réputations, comment politique et journalisme s’entremêlent. C’est ce qui m’a le plus intéressée dans ce gros roman.
Une voix lui cria bien : « L’intelligence est le levier avec lequel on remue le monde. » Mais une autre voix lui
cria que le point d’appui de l’intelligence était l’argent.
Lucien a pour capital sa beauté, de l’esprit et la capacité d’écrire poèmes ou articles de journaux spirituels, mais il est pauvre et roturier, même si sa mère a pour nom de jeune fille de Rubempré. Plus dure sera la chute….
A Angoulême, David Séchard vivote dans son imprimerie convoitée par des concurrents terrible. Mais il a une idée, une invention : il va révolutionner la fabrication du papier….
Journalisme, imprimerie, papeterie, sont liés et Balzac nous fait découvrir les mécanismes de l’époque. C’est passionnant!
En revanche, je me suis bien ennuyée quand il s’appesantit sur l’élégance, les costumes, les couturiers et tailleurs. La description des tenues à la mode tient une place démesurée dans le récit.J’avais surtout lu des romans courts (ou de longues nouvelles), ce gros roman de plus de 500 pages m’a parfois découragée.
Et puis, ce Lucien est vraiment tête à claques!