Koba

CARNET SÉNÉGALAIS

Les troupeaux des Peuls dans le petit matin


Juste avant d’arriver au campement de Koba, où nous passons la nuit, nous traversons un gros village. Nous sommes arrêtés par un groupe de femmes armées de balais « Setsetal ! » c’est jour de nettoyage au village. On balaie le crottin des chevaux et des ânes et les saletés éventuelles. Cette corvée se déroule dans une ambiance joyeuse. Notre arrivée est prétexte à faire la fête ; elles frappent dans leurs mains et bientôt sur une bassine. Le rythme endiablé mène la danse ; on me met un balai dans les mains. Le 4×4 est entouré de danseuses. Toutes chantent « setsetal » (nettoyage des rues). Bouba filme. Cet épisode n’a duré qu’un quart d’heure mais sera un souvenir inoubliable. Le village est propre comme un sou neuf.

En ville aussi on sacrifie à cette tradition (épisode du crieur de rues). Faute de recyclage, les ordures sont repoussées hors de la ville, livrées au vent qui disperse les sacs plastiques. Il est question de construire une centrale électrique avec ces plastiques pour combustibles. Ainsi valorisés ils seraient ramassés comme la ferraille qui est revendue et ne traine pas. Au marché les femmes ensachent des minuscules doses de tout et n’importe quoi, épices pour la sauce, beurre de karité, graines, sucre….

 

notre hutte de paille

Le campement de Koba ressemble aux villages des alentours avec leurs cases de pailles et branches et une cuisine extérieure  comme au village. Des barrières limitent un corral plus western qu’africain.  A y regarder de près, les branches formant les barrières sont en paille : on a gainé les barbelés d’un étui de graminées. Plus loin, un véritable village se détache dans la savane.

Chacune des huttes carrées est construite avec une palissade d’herbe et un toit de chaume. Notre case n’a pas de vraie porte. Un panneau en masque l’ouverture qu’il faut caler en coinçant un bout de bois. Mêm technique pour l’ouverture de la salle de bain à l’arrière, dans  une petite cour cimentée à ciel ouvert avec un WC (pas de chasse d’eau, un écriteau nous invite à nous servir du seau sous le robinet) et une douche. Pour le confort, il y a un porte-serviette pliant et une tablette avec un petit miroir. L’eau courante dans la brousse, c’est le luxe intégral ! (on a déjà vu encore plus simple le seau d’eau du puits et l’écuelle comme douche au Bénin). Cette douche est un plaisir inestimable après la si chaude journée ! Sur les bords de l’Atlantique la température oscillait entre 16° et 28°, on a dépassé 35° et peut être atteint 40° à l’ombre.

Deux lits jumeaux sous les moustiquaires, un ventilateur quand le groupe électrogène est en route. Il y a de la lumière mais on a évité de l’allumer de peur d’attirer les moustiques. De moustiques, il n’y en a pas avec cette sécheresse !

Le restaurant-bar est installé sous trois toits de chaume ronds qui se chevauchent. Nous préférons rester à l’air libre. Rafraîchie, dans le soir qui tombe je m’applique à dessiner les huttes. nOus allons à la rencontre du troupeau de zébus qui rentre. Ces bovins aux longues cornes en forme de lyre sont impressionnants de calme et de majesté, ni craintifs ; je n’ai pas peur de les approcher. Une femme vient vers nous. Salutations en français, la conversation n’ira pas plus loin. Dommage si nous ou sétons attardées nous aurions pu assister à la traite. Nous étions tout simplement occupées à faire des images du coucher de soleil. Le coucher du soleil est tout simplement extraordinaire – impression « out of Africa ».

le soir tombe sur la savane

Nos hôtes sont peules, très grands, très beaux. On a l’impression d’être au milieu d’une équipe de basketteurs professionnels, ils sont tous proches des 2m. Quand je leur parle de basket cela les amuse, d’ailleurs, ils en ont joué

Dîner sous les étoiles : Manioc et patate douce, coupés en petits cubes, sont servis en salade, la sauce à la moutarde est servie à part. Brochettes de chevreau délicieuses, oignons et tomates cerises ; nouilles en torsades avec une sauce aux oignons caramélisées. Comme j’ai arrosé es oignons ce matin j’éprouve de la sympathie pour ce bulbe.

Il fait très chaud dans la case. Je reste à l’extérieur le plus longtemps possible. Le ciel est somptueux. Dernier quartier, la lune n’est pas levée et les étoiles sont innombrables. Je m’endors rassurée sous la moustiquaire bien que je n’ai vu ni entendu l’ombre d’un moustique.

5heures du matin, un beuglement très proche nous réveille. Un lion ? Non un zébu ! Au lever du jour le troupeau est à quelques mètres du campement.

De Louga à Koba, à travers la steppe, visite chez les Peuls

CARNET SÉNÉGALAIS

Au point d’au se rassemblent les animaux

Nous nous dégourdissons les jambes dans le petit marché de Potou, marché villageois coloré. Sur le bord de la route des dromadaires en liberté broutent la canopée des acacias tandis que les chèvres s’attaquent aux branches basses. Sur un arbre, un toucan (appelé aussi calao) au bec rouge.

Dans la région de Louga que nous traversons, les châteaux d’eau sont nombreux. Louga est le fief de l’ancien président Abdou Diouf qui les a fait construire. Une forte concentration d’animaux se  trouve à un abreuvoir : un troupeau de zébus, un autre de dromadaire, des ânes et je ne compte pas les biquettes ni les moutons très nombreux dans la steppe que nous traversons maintenant. En mars la steppe est plutôt désertique, sur le sable il ne pousse rien. A l’hivernage, les paysans cultivent millet et arachide mais les rendements sont faibles. La pluviométrie moyenne de 300 à 400 mm/an est insuffisante. Avant Louga on revoit des baobabs et des haies d’euphorbes. Louga est une grande ville avec une voirie large, un palais de Justice à fronton classique et colonnade et même un palais de milliardaire derrière des murs interminables. On déjeune d’un poulet grillé accompagné de salades et de petits pois dans un restaurant italien décoré avec une sorte de rocaille avec cascade et fontaines (sans eau ce midi, nous sommes les seuls clients).

le campement des Peuls nomades

Bouba avise un campement de peuls nomades : une hutte de paille toute ronde ; il gare la voiture sous un arbre aux longues épines le « dattier du désert » (Balanites aegyptiaca). Il me fait répéter les mots de salutations en Peul qui sonnent un peu comme « nomaden » et m’envoie en éclaireuse. J’avance main tendue vers la jeune femme occupée par la confection du repas. Elle porte un pagne bigarré et un haut échancré. Ses cheveux sont tressés et elle porte de très beaux bijoux en or surtout les boucles d’oreilles. Un de ses fils est grimpé dans l’arbre qui donne de l’ombre, il attache avec une corde un deuxième sac rempli du fruit du dattier du désert en haut d’une branche. Il a été les remplir pour donner un complément de nourriture aux bêtes. Les enfants ont aussi confectionné une balançoire avec une corde et un bâton. Pour se balancer, il plante une badine dans le sol.

En signe d’hospitalité  les enfants déploient la natte (des sacs de riz ou d’engrais cousus ensembles) « bismillah » . On se déchausse et on attend. La dame est timide mais surtout occupée à faire cuire le riz sur des braises dans un trou. Quand il est prêt elle pose le plat devant nous. Avec le riz, il y a des légumes, des patates douces, des carottes et de la viande. Je fais (j’essaie) une boulette de riz assaisonné à la tomate et bien gras et j’essaie de manger proprement. Comme il y a du vent qui soulève de la poussière Coumba, la mère,  Badara, Mamadou, ses fils et la petite Maïmouna  vont manger dans la hutte. On attend sur la natte. Une autre famille installée à proximité nous rejoint, apporte sa natte. La cérémonie du thé peut commencer. Bouba qui est peule traduit. Personne n’a été à l’école et ne parle Français. D’ailleurs ils n’ont pas été à l’école coranique non plus. Ils sont nomades et se déplacent avec les troupeaux. Impossible de scolariser les enfants qui sont déjà des bergers confirmés. Les bœufs sont ailleurs, là où il y a des pâturages. On boit les trois verres de la tradition. La séance photo aura lieu après le 2ème. Dominique a une écharde dans le pied. Bouba essaie de l’attraper avec un coupe-ongle ; comme cela ne marche pas un enfant coupe une longue épine de l’arbre qui servira d’aiguille. Les épines nous jouent un dernier tour : le sachet de sucre est percé au passage et je sème une rivière de cristaux.

rencontre sous les dattier du désert

Il fait chaud, très chaud. Je n’ai pas envie de prendre des notes. La steppe est aride. Parfois il y a des herbes sèches, parfois rien. Des hommes ont capturé des ânes, ils les ont attachés deux par deux et barrent la route avec leurs animaux qu’ils iront vendre au marché. Des épiciers mauritaniens en magnifique costume bleu, tête enturbannée passent assis sur une carriole tirée par des ânes.

Un commerçant mauritanien

Langue de Barbarie – Maraîchage

CARNET SÉNÉGALAIS

Jeudi 7 mars : maraîchage,

palétuvier rouge et rhizophores

Le parc naturel de la Langue de Barbarie s’étend des deux côtés du fleuve Sénégal. En face de la Langue de Barbarie, une belle route goudronnée surélevée surplombe des terrains incultes, salés inondés en saison des pluies. Les palétuviers blancs sont de petits arbres (maximum 5m) qui poussent vers le haut et qui ont le même feuillage que le palétuvier rouge rhizophore qui lance ses racines aériennes en arceaux s’enfonçant dans l’eau et se marcottant et atteint plus de 15m de haut.

A l’entrée du village de Gandiol, il y a des marais salants, nappe d’eau saumâtre rose avec des « icebergs » de sel. Les tas de sel coniques sont protégés par des sacs et des branchages.

le champ d’oignon

Dans cette région « inter-dunaire », la nappe phréatique est proche, environ 3m sous la surface du sol et permet des cultures maraîchères. Nous allons visiter un champ d’oignons.

Comme les Sénégalais, j’avance la main tendue : « Salaam aleikoum ! – aleikoum salaam ! ». La suite des salutations se déroule en wolof, Bouba m’a appris ce qu’il faut dire mais j’ai oublié la leçon. « comment ça va ? Ca va bien ! Et la famille ? Et la France…. »

A cette dernière question, nous avons la réponse toute prête sur l’appareil-photo. Nous avons gardé un cliché des bords de Marne sous la neige qui fait toujours son effet. Après les présentations on nous introduit dans le champ. Les femmes ont laissé les claquettes à l’extérieur comme dans une maison ou sur la natte sous l’arbre. Nous gardons les sandales et sommes bien inspirées parce qu’il y a des épines. Les oignons poussent dans de minuscules cuvettes rectangulaires (40cmx60cm environ)séparées par des allées sableuses. Comment ont-elles préparé ces rectangles ? De place en place il y a des puits cimentés. On me donne un seau au bout d’une corde de 4 ou 5m. Au milieu du seau un bâton de bois est disposé en diamètre. On verse deux seaux par rectangle mais il ne s’agit pas de les vider n’importe comment. Il ne faut pas faire un trou par un jet trop brutal au milieu. Adroitement la femme effectue un mouvement tournant que je m’efforce d’imiter. C’est ainsi que se creusent les rectangles. L’engrais : crottes de biquettes dans des sacs. On en met beaucoup. Le désherbage se fait à la main. Il n’y a pas une seule mauvaise herbe dans les plants que j’arrose ; Les femmes nous ont donné des noms sénégalais. Je m’appelle Soukaye et Dominique Khoudia.

engrais bio: crottes de biques

Un jeune garçon est monté au cocotier pour cueillir les noix de coco. On le filme et emporte les noix qu’on a achetées 3000CFA. On en boira le lait ce soir à l’étape. Le cordon inter-dunaire est soigneusement cultivé. Un peu plus loin, on récolte les carottes et les navets. Le long du fleuve est planté un rideau de filaos. Bouba arrête la voiture à l’ombre près d’une plage pour voir l’estuaire du fleuve et l’extrémité de la Langue de Barbarie. Les cactus – figuiers de Barbarie – ont donné leur nom à ce cordon de sable long de plusieurs dizaines de kilomètres et large de quelques centaines de mètres parfois quelques dizaines. Sur le sable, des centaines de petits crabes s’enterrent dans leurs trous à notre arrivée. Certains n’ont qu’une seule grosse pince blanche et l’autre atrophiée marron comme le reste de leur carapace.

Figuier de Barbarie et Langue de Barbarie

visite chez les Maures

CARNET SÉNÉGALAIS


A la sortie de la réserve, une piste poussiéreuse presque invisible relie un village indiqué par un panneau. Après quelques centaines de mètres, une jeune femme enveloppée dans son grand voile orange – le Meufeu – vient à notre rencontre. Adolescente ou fillette ? Elle est en même temps timide et hiératique.

–          « Salaam aleikoum ! – aleikoum salaam »

Les présentations sont simples. Bouba lui demande si on peut venir prendre le thé chez elles. C’est oui. Des fillettes apportent une natte verte et des coussins rembourrés en velours vert à l’ombre d’un acacia aux longues épines. On fixe les coins de la natte avec des morceaux de ciments qui trainent. On se déchausse et on s’assied en tailleur ou à genoux. Dominique qui ne peut pas s’asseoir par terre trône sur un bidon. A la suite des petites filles arrive la mère enveloppée dans un meufeu de mousseline marron à motifs de batik. Elle apporte un brasero, deux théières, un plateau avec trois verres et comme c’est encore l’heure du repas un grand plat rond couvert d’un plateau qui contient du riz assaisonné et deux poissons. Moustafa, le petit (3 ans) se charge des ablutions. Dans une cuvette en plastique, il recueille l’eau qu’il a versée avec une « bouilloire » en plastique vert zébré de rose. S’étant lavé les mains, on fait une boulette de riz entre les doigts (je ne suis pas très habile). C’est très bons mais j’ai maintenant les doigts tout gras.

D’autres enfants accourent en plus des filles de notre hôtesse. De grandes filles,  enveloppées de mousselines colorées, se sont installées autour de la natte. Les garçons arrivent plus tard. La dame n’est pas d’ici mais de Mauritanie. Elle a 31 ans et cinq enfants.

Comment dire merci ? Ce n’est pas Dieuredieuf  – merci en wolof qu’on vient d’apprendre – mais choukran tout simplement.

Les enfants vont à l’école et parlent donc un peu français. Ils se présentent : nom et classe. Le plus petit du CP sort son ardoise. D’un côté les additions, de l’autre les soustractions. 23+3 = ? Il aligne les bâtons à la craie et les compte, un à un. Une fille au très joli voile imprimé, sort son cahier d’arabe. Je prends volontiers une leçon de lecture (j’ai appris les lettres à l’occasion de nos voyages en Egypte). Je compose mon nom avec elle. Puis elle me montre un cahier à grands carreaux où elle a copié des poèmes en français et de la calligraphie arabe. Elle en est très fière parce qu’il n’y a que de très bonnes notes :20/20 et 40/40. L’un des poèmes est l’hymne national sénégalais que tous les enfants chantent en cœur. On filme.

Pincez tous vos koras, frappez les balafons.
Le lion rouge a rugi.
Le dompteur de la brousse
D’un bond s’est élancé,
Dissipant les ténèbres.
Soleil sur nos terreurs, soleil sur notre espoir.
Debout, frères, voici l’Afrique rassemblée

Refrain :

Fibres de mon cœur vert.
Épaule contre épaule, mes plus que frères,
O Sénégalais, debout !
Unissons la mer et les sources, unissons la steppe et la forêt !
Salut Afrique mère.

Sénégal toi le fils de l’écume du lion,
Toi surgi de la nuit au galop des chevaux,
Rend-nous, oh ! rends-nous l’honneur de nos ancêtres,
Splendides comme ébène et forts comme le muscle
Nous disons droits – l’épée n’a pas une bavure.

(Refrain)
Sénégal, nous faisons nôtre ton grand dessein :
Rassembler les poussins à l’abri des milans
Pour en faire, de l’est à l’ouest, du nord au sud,
Dressé, un même peuple, un peuple sans couture
Mais un peuple tourné vers tous les vents du monde.

Pendant ce temps, se déroule la cérémonie du thé. La bouilloire émaillée bleue marine chauffe sur les braises. La petite bouilloire en aluminium sert à mélanger le thé, le sucre et l’eau. Le breuvage passe de la bouilloire bleue au verre et du verre à la bouilloire argentée. La règle de l’hospitalité veut qu’on boive trois verres. Le premier amer comme la mort, le second sucré comme la vie, le troisième encore plus sucré comme l’amour. C’est encore Moustafa qui apporte à chacun son verre.

Entre deux verres : musique. Dominique apprend aux petits une chanson. Facile : la-la-la on claque de la langue, la-la-la- on tape sur ses cuisses. Les enfants adorent claquer de la langue et taper. Re-film ! Enfin, les filles improvisent des percussions sur un bidon en notre honneur. Elles jouent avec leur voile coloré. Chacune l’enroule à sa manière, de façon originale et très séduisante. Elles « minaudent » dit Bouba. Ce dernier m’appelle pour que je sorte de la voiture deux paquets de thé, un kilo de sucre et plein de sachets de gâteaux secs. Je porte le sac d’un  air ravi, « choukran » merci de votre accueil.

On n’a pas croisé ni un homme ni un adolescent. Le plus âgé des garçons devait avoir 8 ou 9 ans. Où sont-ils ? Peut-être à Dakar – ou plus loin – peut être aux champs – quoique, ici en cette saison rien ne pousse. La saison des pluies est courte. Sur la piste on rencontre un petit autobus local plein à craquer des hommes qui rentrent au village.

Tanneries

Sur le bord de la route, trois tanneuses raclent des peaux de mouton avec de grands racloirs  genre machettes. Les peaux ont trempé dans de grande cuves en ciment ronde, dans une mixture qu’elles appellent « gaz » (solide provenant des cartouches de gaz) et de fiente de poules. Une peau se négocie autour de 1000CFA si elle est grande et sans trous.. Elles portent des gants de caoutchouc. L’une d’elles s’est confectionné une moufle avec un emballage de  biscuits. Le mélange corrosif doit être terrible pour la peau. Mais c’est de la tête qu’elles se plaignent à cause du soleil, quémandant de l’aspirine qu’on leur donne volontiers.

Retour à l’Hôtel Diamarek à 17h30 : piscine, 10 allers-retours avant le coucher du soleil. Au dîner blanquette de poulet, champignons et flan de carottes.


 

Arrivée à Dobarsko, Kasha Vassil

CARNET BULGARE

vue sur le Pirin au dessus de Bansko

La pluie a cessé.

Une fontaine, une table, des bancs sous un saule, une pierre tombale.

Je découpe la tranche de pastèque achetée au petit marché couvert de Bansko. Pause parfaite dans la montagne avant d’arriver à Dobarsko.

Dobarsko

Dobarsko est le dernier village au bout de la route à 1070m d’altitude. Ses maisons s’étagent sur la pente. Un ruisseau le découpe en deux quartiers. Il est célèbre pour son église peinte et ses grands-mères chantantes.

Cherchant la Maison Vassil (pourtant, très facile à situer ’à l ‘entrée du village),nous demandons notre chemin aux grands-mères qui causent, assises sur leur banc devant leur porte. Bien sûr, elles connaissent! Leurs explications sont confuses. A la troisième tentative, une dame monte dans la voiture et nous y conduit.

La Kasha Vassil est un gros pavillon de trois étages avec une architecture biscornue, des balcons de bois clair, un escalier en hélice. Katia nous accueille en Français et nous conduit dans notre chambre au premier étage. Deux lits, une lourde table carrée au plateau de marbre, une armoire moderne avec une niche pour la télé, en face, sur quelques étagères, des livres. Deux chaises servent de tables de nuit et, luxe rare, deux appliques à la tête de lit. Impression bizarre de ne pas être à l’hôtel, plutôt dans une chambre d’enfants qu’on aurait repeinte après avoir enlevé photos ou posters de vedettes. Katia  nous montre la terrasse et l’évier caché par le bar où nous dînerons. Elle domine le jardin où poussent des haricots géants qui dépassent d’un bon mètre les maïs déjà grands. Panorama à plus de 240°: nous sommes entourées de montagnes : les sommets du Pirin rocheux, dé coupés qui culminent à 2900m (Vihren) et plus loin, Rila vers le nord ouest. A contrejour, on croirait que les sommets qui brillent, sont couverts de neige. Le lendemain matin, avec un meilleur éclairage, je distinguerai les arêtes rocheuses et dénudées des sommets ;

Que faire ici ? demande-t-on à notre hôtesse qui, pour plus de commodité, fait venir sa voisine, une parisienne mariée à un Bulgare . L’église peinte  ferme à 17heures. Les ours de Belitsa , prévus demain Les Grands mères, elles, se déplacent à domicile pour des spectacles mais c’est cher : au moins 100 levas, elles sont 12. Ce n’est pas dans notre budget !

le petit lac de Dobarsko et les montagnes de Rila

A deux pas, il y a un petit lac:  occasion d’observer l’irrigation des jardins par des rigoles qui conduisent l’eau tantôt chez l’un tantôt chez les autres. Le niveau du lac est bas à cause de la sécheresse. La vue est somptueuse.

Dobarsko est un village vivant, pas un village-musée ni une station touristique. A 18h, les hommes rentrent des champs, souvent sur une carriole tirée par un cheval. Hommes et femmes à pied portent à l’épaule, une lourde binette, presque une houe. Les femmes qui étaient assises tout à l’heure dehors, sur les bancs, sont rentrées préparer le repas. Ce sont les hommes maintenant qui occupent les bancs.Trois font bouillir quelque chose qui bouillonne dans une sorte de lessiveuse sur un feu de bois. Comme il y a un couvercle, j’en resterai avec ma curiosité.

Des adolescentes téléphonent, une gamine écoute sa musique (MP3) très fort. Des enfants dévalent la pente sur leur vélo, prenant de l’élan pour remonter de l’autre côté du ruisseau. C’est un village ordinaire. Les maisons ont été crépie au goût de chacun, orange, jaune ou lie de vin, ou pas crépie avec des briques qui s’écaillent ; si l’argent a manqué pour la peinture on  a laissé le ciment gris, coquetterie : une frise en tessons de bouteilles qui fait le tour de la maison. Autre coquetterie : on a pavoisé avec un foulard à fleurs au lieu du drapeau bulgare. J’imagine un code : quand le foulard est sorti l’amoureux peut venir.

Vers le haut du village, il reste des maisons anciennes de bois sur un socle de galets comme celles de Bansko. Ici, elles s’écroulent un peu, mais sont bien vivantes avec leur tas de fumier et le bois pour l’hiver. J’aimerais continuer dans la montagne le sentier mais les aboiements des chiens m’en dissuadent.

le Pirin vu de Kasha Vassil

J’écris sur la terrasse, regardant le soir descendre sur les montagnes qui nous entourent. La voisine doit avoir un cochon enfermé, je l’entends grogner. J’aimerais que la Française réapparaisse pour que je l’interroge sur la vie villageoise.


Le lever du soleil est somptueux, les sommets du Pirin, sous la lumière rasante montrent leurs arêtes aux contours précis.

Zakuska : Charcuterie, fromages, confiture.

Kovatchevitsa

CARNET BULGARE

 

Kovachevitsa bois et lauzes

Letchen, au contraire, est ravissant, belles maisons de Pierre et bois, jardins, lauzes mais un air « touristique » un peu artificiel. Des panneaux marrons, des cartes expliquent l’action de deux associations ayant pour but de revitaliser les villages et de favoriser l’écotourisme. L’une d’elle est basée à Debnitza (Haw) parraine la fabrication de tambours et de sandales en cuir. A Garmen, on rassemble des archives du folklore. Des contacts par emails sont proposés pour l’organisation de randonnées ou d’activité culturelles. Des parcours « eco-trail » ont été balisés pour les randonneurs. Ce qui est original c’est l’action transfrontalière avec la Macédoine (Fyrom)

Kovatchevitsa

Kovatchevitsa

Signalé comme site touristique depuis la grande route, Kovatchevitsa n’est pas un village-musée envahie par les marchands. Seules, deux gitanes vendent des kilims à l’entrée de la rue principale. Au village, la Galerie vend des photos artistiques des tableaux et un joli artisanat. Une pancarte annonce un hôtel, j’ai découvert un autre B&B, en plus de nos chambres d’hôtes. Nous devons présenter nos vouchers à la taverne. Les trois fils et le mari se lèvent pour porter nos valises. Nous voudrions garer la voiture devant la porte. Un « non » ferme m’est opposé. je plaide : mon amie  a mal au genou. Ils cèdent mais c’est le mari qui prendra le volant pour conduire la Berlingo dans les ruelles tortueuses, mal pavées et étroites. Il n’y a pas de place pour les voitures à Kovatchevitsa. Si on insiste c’est une catastrophe. On a trouvé une place au coin de la rue tout près de la fontaine où tout le quartier se réunit pour bavarder. La grosse voiture rouge fait mal dans le tableau !

notre gîtte à Kovatchevitsa

Kovatchevitsa est un gros village où le ciment n’a pas encore empâté les maisons. L’habitat est homogène : grosses maisons de pierre, balcons de bois et toits de lauzes. Elles sont énormes, massives. Selon la topographie, elles sont construites sur deux, trois,  parfois quatre niveaux. Les plus basiques ont un rez de chaussée de pierre et un étage avec une galerie de bois sous un toit à quatre pentes. A partir de ce plan de base, de nombreuses variations  existent. Notre maison a deux galeries superposées qui occupent tout le devant. Souvent le balcon fait un angle, les trois autres côtés sont crépis de blanc avec de petites fenêtres. Il y a aussi la solution du toit à deux pans avec un grenier fermé de planches de bois. Pour d’autres, c’est le socle aveugle qui est très haut, l’équivalent de deux étages, occupé par un magasin ? Une grange ? Une étable ? Les cheminées de pierre ressemblent à de petites maisons avec un socle maçonné sur lequel quatre ou six pierres verticales soutiennent un toit à deux pentes avec un fronton triangulaire, d’autres sont plus simples sans fronton, une seule dalle coiffe quatre pierres dressées. Les maisons se blottissent les unes contre les autres formant des polygones compliqués. Certaines sont isolées et émergent d’(épaisses frondaisons, noyers, vieux cerisiers, de jardins touffus ou des lianes des vignes colonisent les pruniers couverts de petites prunes jaunes sucrées ou violettes ou roses. Les ruelles pavées sont tortueuses, au milieu les dalles sont à peu près plates tandis que les côtés sont garnis de gros galets sur lesquels je me tords les pieds.

L’accueil à la taverne a été chaleureux, les enfants ont monté les valises. Seul le plus grand parles quelques mots d’anglais. On ne nous a donc pas raconté l’histoire du village. J’essaie de l’imaginer mais en reste aux conjectures. De quoi vivait ce gros bourg de montagne ? Le terrain pentu et rocheux est peu favorable aux cultures. L’altitude est de 1000m. L’été est frais et agréable, l’hiver doit être rigoureux. Eleveurs et marchands comme à Koprivishtitsa ? Le village est enclavé dans  l’étroite vallée de la Kanina à l’écart de la vallée plus large de Gotse Dechev.

Ne pouvant parler avec les vivants, j’essaie d’interroger les morts. Sur chaque porte, comme souvent en Bulgarie, on placarde des avis de décès avec la photographie du défunt. On plastifie la feuille qui peut rester des mois, voire des années ainsi punaisée. La plupart des avis concernent des octogénaires ; le village s’éteindrait logiquement, les jeunes partis à la ville. Exode rural semblable à celui qui a eu lieu quelques décennies plus tôt à l’Ouest de l’Europe. Mais cette extinction naturelle lente n’explique peut être pas tout. La plaque de marbre du monument aux morts de 1913-1918 porte une longue liste sur deux colonnes. Le village comptait une population importante. Le cimetière n’apporte rien de plus : fermé, il est envahi par les mauvaises herbes.

Je furète dans la maison : 5 chambres d’hôte mais nous sommes les seules occupantes. Au rez de chaussée. Au rez de chaussée, dans la haute entrée sont alignés 4 pupitres d’écoliers. Sur le balcon du premier, je trouve une carte des Balkans en relief, puis une carte des Amériques. Peut être logeons nous dans l’ancienne école ? Dans des sacs d’engrais sont entassés des manuels scolaires ce qui confirme cette hypothèse. Mais où seraient les classes ? Le rez de chaussée est tout noir, les chambres sont petites, à moins que les enfants soient vraiment peu nombreux.

Je dois me méfier de mon imagination dans ma démarche d’ »archéologue » ! Jai  confondu les Balkans avec la Grèce . La photo d’une foule massée sur un pont pour un triste exode, me suggère « ce sont les Grecs qui sont partis ». Une observation plus attentive de la carte infirme cette idée : sur la carte, les inscriptions sont en cyrilliques. Ce n’est pas une carte de la Grèce, ce sont les Balkans et  c’est bien un document bulgare. Quant aux gens sur le pont, j’aurai la réponse à la taverne. Seule certitude : la maison a été bâtie en 1786.

Lors de sa transformation en maison d’hôtes, l’agencement des pièces a dû être modifié : on a ajouté des salles de bain. Du coup, je ne comprends plus comment étaient chauffées les pièces. La nôtre ne comporte ni poêle ni cheminée. Ni où était la cuisine. Il y a bien une belle cheminée sur la galerie mais c’est bizarre ce feu dans un espace ouvert (à moins que la galerie n’ait été fermée).

Les nuages se sont accumulés. Il est agréable de se promener en pleine après midi sans crainte du soleil entre les hauts murs. Une dame très gentille parlant anglais me conseille d’aller à la rivière « mais vous n’y arriverez pas ». Je descends dans les jardins. Un indice pour mon enquête : s’il y a des jardins cultivés c’est qu’il y a des habitants ; je goûte une prune. Le sentier est balisé mais il descend raide, il faudra remonter. Une carriole et un cheval gris me barrent le sentier, prétexte pour remonter ! Après le transformateur, plus de balisage. Le village est tout près mais je n’en trouve plus l’entrée.  Des murs, des épines, des clôtures me barrent le passage. A trois reprises je retourne au transformateur. J’arrive les bras en sang écorchée par les ronces.

Exploration de la rue principale, il n’y a pas de magasin (on voudrait du yaourt, la denrée qu’on trouve partout en Bulgarie). Rien, une taverne, Mexana, une galerie, à côté le grand bâtiment portant l’inscription Magazin est fermé. En haut du village l’accès aux misons perchées est énigmatique, pas de rues ; les gens doivent avoir des passages cachés. Je continue la route qui a encore des plaques goudronnées et monte vers les crêtes, c’est sauvages, prés et arbustes. Deux jeeps passent, à bord les visages semblent être ceux de paysans.

Des touristes prennent des photos, des vieilles dames passent, fichu sur la tête, bâton à la main. En face du gîte, des maçons s’affairent dans un chantier, ils rebâtissent plutôt qu’ils ne restaurent. Sous un plafond de ciment, ils ont fixé une mousse isolante bleue avec de faux corbeaux de bois qui fixent la mousse mais ne soutiennent rien. Une parcelle énigmatique contient un barbecue géant et une pelouse soignée avec des arbres en espalier. Endroit soigné qu’inspecte une dame. Je n’arrive toujours pas à décider si ce village est habité ou non. De gros cadenas ferment des entrées rénovées. Par qui ? Des écolos passionnés d’écotourisme ? Des bobos de Sofia ou de Plovdiv, des étrangers séduits par la beauté du lieu ? (une inscription en allemand « l’Homme ne vit pas que de pain »)

Je passe la fin de l’après midi à dessiner.

Dîner à la taverne : la salle est décorée de tout un bric à brac, une affiche à l’effigie de Staline, le profil de Lénine, des appareils phot anciens, fers à repasser, lampes tempête. Je repère la photo de la foule sur le pont qui m’a intriguée. Je m’installe sou al tonnelle sur des tables de granite mal équarri et commande soupe au tripes et pain à l’ail. La soupe est excellente, soupe au lait très légère, avec le pain on apporte une saucière contenant de l’ail pilé dans du vinaigre (ou de l’eau vinaigré) ainsi qu’une salière poivre d’un côté, piment de l’autre. Aucun mode d’emploi. Je verse une cuiller de piment dans la soupe et tartine le pain avec l’ail comme si c’était du beurre ou de la confiture, en accompagnement de la soupe aux tripes, c’est très bon. Après j’aurai une haleine à faire fuir les vampires, ce qui a peut être une utilité dans ce village-fantôme, non loin des lieux où se déroulait le Vampier de Byron de Polydori.

Après le dîner, je fais encore un tour dans le village et rencontre la dame qui m’avait montré le sentier vers la rivière. Elle m’invite dans sa maison, très haute, presque une tour. Son jardin st original. Ses buis ayant souffert à cause de la neige, elle a aillé les branches qui avaient survécu à la manière asiatique. J’ai vu beaucoup de topiaires mais jamais de buis aussi maigre portant des « nuages » vietnamiens ou japonais. Son potager ne contient que trois pommes de terre et encore, elles sont venues toutes seules. Son compost, en revanche est bien rempli. Pour quel usage ?

Au premier étage : deux pièce avec cheminée table basse, argenterie ou dinanderie, plateaux et marmites alignés sur une étagère qui fait le tour de la pièce. Mais comme c’est un musée, il n’y a pas l’électricité ! Au deuxième étage, les pièces sont habitables avec poêle et cheminée. Je remarque des tableaux aux murs. « Toute ma famille est artiste, mes deux enfants sont architectes à Berlin »

Son anglais est laborieux, elle veut m’expliquer comment aller dans les piscines thermales proches de Marchevo, l’eau à 39°, excellente pour les rhumatismes.

Elle me recommande aussi la visite d’un village proche de la frontière célèbre par les « prophéties » de Baba Vanga. Elle essaie de me parler de cette voyante. Là, je n’accroche pas du tout. Les voyantes, ce n’est pas mon rayon. La première et la dernière fois qu’on m’a dit la bonne aventure c’était pour me faire les poches et cela date de 40 ans et de ma première paie qui a disparu. J’ai bien tort de balayer Baba Vanga d’un geste: c’est un  personnage considérable qu’ont écouté des dirigeants de l’Europe de l’Est. Coïncidence, récemment George m’a envoyé un texte la concernant.

 

traversant les Rhodopes de Devin à Kovatchevitza

CARNET BULGARE

paysage des rhodopes


L’orage a sérieusement fait baisser la température.

Zakuska : assiette fromage – saucisson. Dans la salle du restaurant deux télévisions sont en marche. L’une d’elles présente des peintres d’icônes modernes, sur l’autre des chanteuses se trémoussent lascivement dans leurs clips. Grand écart entre orthodoxie et pornographie. Il n’y a pas de juste milieu. Vieilles en fichu, grosses dames peu soignées ou poupées Barbie maquillées, aux ongles bleus et aux lèvres pulpeuses. Pour vendre un climatiseur, l’affiche montre les fesses rebondies d’une fille en string, la vodka polonaise, deux lèvres suggestives et un regard fou…Sur le bord des piscines, des gamines de 8 ou 9 ans prennent des poses aguicheuses. Sans parler de la prostitution au bord des routes près de Varna et des plages…

On reprend avec plaisir la route des gorges. Le lac à l’entrée de Devin n’est pas aussi laid que je l’avais cru. Ses abords manquent de soin. . Je vois la centrale hydraulique, elle est assez grosse. Jusqu’à Teschel, la route emprunte la vallée étroite. Sur les rochers verticaux, des pins s’accrochent comme dans les tableaux chinois. Après Borino, la route gagne les sommets, elle sort de la forêt des résineux. Le panorama est dégagé : plusieurs lignes de crêtes sortent de la brume. Paysage d’alpages. Dans de larges prés fauchés, les champs de pomme de terre sont entourés de barrières de bois aux longues planches horizontales. Il y a de nombreux petits champs de tabac. A Borino, nous avons vu un beau nid de cigogne. Nous sommes arrêtées par la Police des Frontières qui vérifie les papiers de la voiture « passeport !» nous sommes à quinze kilomètres de la Grèce mais il n’y a pas de poste-frontière.

attelage

La route redescend, les champs de pommes de terre sont protégés par des épouvantails. Des attelages à cheval circulent sur la route. Le cheval tire la charrette et travaille également aux champs. Un homme fauche à la main. Grand paix que cette vie d’alpages d’un autre temps.

Détour, par Zneitsa, gros bourg de montagne qui possède une grande mosquée. Le long des rues sont alignés les tas de bois de chauffage. Partout on fend son bois. J reconnais le même foulard que j’ai acheté à Maramures en Roumanie. Foulard orthodoxe ? Bulgare musulmane ? J’aurais envie de montrer cela à mes élèves qui portent le foulard par provocation.

Dospat exploite sa forêt « durablement » et le fait savoir par panneaux pédagogiques illustrés de fleurs, loutres, blaireaux, renards. Cette forêt est composée à 69% de pins d’Ecosse, 27%d’Epicéas de Norvège, le reste de feuillus, bouleaux, érables acacias.

Nous traversons le bourg de Dospat avec sa grosse mosquée à 9 dômes. Je suis déçue de ne pas voir le lac, seulement une grosse canalisation bleue.

Satchova : les cultures de pommes de terre cèdent la place au tabac. Sur el bord de la route, dans la forêt on clive des ardoises, des dalles de schistes, à la main avec des masses, les carriers découpent leurs dalles et les empilent sur des palettes tout à fait modernes que nous retrouverons emballées de plastique dans un vaste supermarché de la pierre le long de la route dans la vallée.

Séchage des feuilles de tabac

Dryanovo : sous des séchoirs à tabacs bâchés de plastique (il y a eu de l’orage ces derniers jours), des femmes enfilent les grosses feuilles rondes de tabac sur de longues aiguilles, assises par terre. Il fait étouffant.

Deben : on passe devant une grande église en ciment. Depuis Devin, nous ‘avions vu que des mosquées.

Debenitza : arrêt devant deux platanes immenses âgés de 600 ans, sur l’église, un nid de cigogne avec trois cigognes.

les cigognes de Debenitza

La petite route monte dans la montagne. Nous traversons Marchevo avec ses hôtels thermaux d’un côté et tout un  quartier gitan aux petites maisons couvertes d’un toit à double pente sans jardin ni verdure. La misère. On nous a déconseillé de nous y arrêter. S’arrêter, pour quoi faire ?

On traverse encore un gros village très animé bâti à flanc de pente. A l’entrée, une rangée de remises ou de garages, et des greniers à foin à clairevoie au dessus des maisons. Le moindre endroit plat est construit. Maisons de ciment au crépis claire, pas de «  maison rhodopienne » . Mais un village très vivant.

De Kardjali à Devin en passant par Shiroka Laka

CARNET BULGARE

 

maison Rhodopienne à shiroka laka


Dans la fraîcheur du matin, le trajet dans la montagne jusqu’à Ardino est très plaisant. Forêts de pins, prés couleur paille, nombreux animaux. A Boino, le minaret, fin et pointu comme un crayon, surgit dans l’axe de la route. Il est en ciment blanc festonné. Sommes-nous chez les Pomaks (Bulgares islamisés) ? Les végétaux ont soif. Les sources sont presque taries.

Ardino est une petite ville pimpante. La mosquée a deux minarets. Ici aussi, les agences proposent des voyages en Turquie. La Grèce n’est pas loin non plus, à peine une trentaine d kilomètres.

Nous avons trouvé un but d’excursion excitant : le Pont du Diable sur la rivière Arda. Il ne figure pas sur notre carte mais il est fléché avec un panneau touristique marron, 10km. On s’engage dans une fraîche et verte vallée occupée par des jardins. La route suit la rivière puis s’élève dans la montagne. Le goudron disparaît, la piste devient de plus en plus mauvaise. Des abris avec des bancs jalonnent le parcours. Il reste encore 5km à parcourir, de gros rochers affleurent, le ruissellement a abîmé la piste. La voiture souffre. Il est plus prudent de renoncer. Si la route n’était pas si longue pour arriver à Devin, j’aurais volontiers continué à pied. Le Pont du Diable est une excursion pédestre, à la rigueur en VTT (on a rencontré une troupe de cyclistes) à proscrire en auto !

Nous avons perdu une heure.  Nous renonçons au détour suggéré par Balkania, par Zlatograd à la frontière grecque dans les villages Pomak,. 30km supplémentaires, c’est au moins une heure de route !

A partir d’Ardino, nous suivons le cours d’une rivière, la route de la montagne offre des panoramas spectaculaires à travers les arbres mais elle est très sinueuse.
Smolyan

Smolyan est présenté par le Petit Futé comme une « ville américaine conçue pour l’automobile ». On s’attendait à autre chose qu’à un conglomérat d’immeubles modernes dans lesquels on a perdu la route. La cathédrale de ciment gris n’offre aucun intérêt si ce n’est sa taille. Dès la sortie de la ville en direction de Pamperovo, le relief devient très accidenté. Les sommets sont pointus et rocailleux. Il y a de petits lacs. Nous évitons Pamperovo mais devinons les pistes de ski qui font des saignées dans la forêt. Des immeubles au style « sports d’hiver » jalonnent la route.

Shiroka Laka

A un petit col, avant Shiroka Laka, nous trouvons le « coin pique-nique idéal » : une petite guérite de bois ronde construite autour du foyer et de la hotte d’un grand barbecue ; la table et les bancs en font le tour. A quelques pas coule une fontaine. Bel emplacement pour un pique-nique d’avocat et saucisse sèche plate et pêches.

village de Shiroka Laka

La forêt est fleurie, rien d’exotique : des épilobes roses et chardons violets, mais en quantité.

Tous les guides et Balkania sont unanimes pour louer Shiroka Laka. Architecture typique des Rhodopes, sites antiques, et aussi la légende d’Orphée pour nous faire rêver. Orphée serait né à Gela et la tradition musicale se serait perpétrée. Stoykite est encore préservé malgré la pression touristique et l’industrie du ski, des constructions neuves pied des pistes. Shiroka Laka est un petit bourg fleuri avec de belles maisons des Rhodopes, des marchands de souvenirs, cloches de vaches, couteaux …Au bout du village le petit pont à dos d’âne est charmant ainsi que l’église ancienne avec de jolies fresques naïves.

Nous cherchons Gela, village d’Orphée, et ne trouvons pas le centre du village. Les maisons sont échelonnées le long de la pente. En revanche, une forteresse thrace est annoncée ainsi qu’une basilique byzantine du 5ème siècle. Pour la forteresse, la piste ne semble pas meilleure qu’au Pont du Diable. La basilique n’est distante que de 500m de la route. Ne pas confondre basilique antique et église du village ! De la basilique, il ne reste que quelques ruines, construite au 5ème siècle, elle a été détruite au 6ème par les Avars. Sa taille est impressionnante. Une anecdote m’amuse : on a trouvé dans le narthex sous une pierre tombale, un squelette ayant une pièce d’or de Justinien (527-528) dans la bouche : obole pour Charon. Cet homme était probablement un ecclésiastique de haut rang, des pèlerinages étant effectués sur sa tombe. Survivance des croyances anciennes ? Syncrétisme ?

Les autres villages nous déçoivent un peu. Etait-ce nécessaire après une longue route de se rallonger encore ?

Devin

Nous sommes pressées d’arriver à Devin. Sur le voucher : Complexe Ismena, le GPS accepte l’adresse et nous y conduit (c’est à l’entrée de la ville)

Le Complexe Ismena est immense, un grand bâtiment le long de la route, style rhodopien (ou Deauville) et une bonne dizaine de pavillons plus bas étagés au flanc de la montagne, deux piscines dont une couverte. L’accueil y est étrange. Les hôtesses ne parlent pas anglais et surtout ne comprennent pas notre voucher. Nous ne sommes pas attendues. Une femme plus mûre prend les affaires en main se sert de trois téléphones à la fois »Dobre, dobre… »Tout semble s’arranger pour nous. On nous conduit dans un appartement composé d’une grande chambre avec télé grand écran et d’un living room (deuxième télé, si on n’est pas d’accord entre CNN et la BBC). Dans al salle de bain de moelleux peignoirs pour la piscine. Je me déshabille pour aller nager avant l’orage qui menace. Je n’ai pas encore enfilé mon maillot que l’hôtesse qui parle le moins mal anglais, frappe à la porte. Balkania a appelé, nous sommes attendues dans un autre hôtel Devina. Il y a eu une erreur sur le voucher. Sans précautions préalables, on nous chasse,  maintenant et tout de suite. Je rends le peignoir, on ne nous aide même pas à porter les valises. Mon téléphone sonne. Filip s’excuse du désagrément, c’est une erreur de l’agence. Nous lui faisons part de la déception d’autant plus que Devina n’a pas de piscine.

–          « vous verrez, Devina est très bien, la piscine municipale est très sympa ! »

La chambre de Devina est très agréable, confortable, plus gaie que les appartements du complexe Ismena. Il y a une terrasse avec une table ronde et des fauteuils. La vue sur la montagne toute proche et l’animation de la station thermale. Mais pas de piscine !

Il nous faudra quand même retourner à Ismena : dans la précipitation j’ai oublié ma montre que j’enlève pour me baigner. L’appartement a déjà été donné à d’autres clients qui l’ont trouvée.

La fin de l’après midi, après que la pluie ait cessé est  consacré à l’exploration de Devin. Un tour en voiture. Très vite on arrive dans les logements des locaux, immeubles crasseux pavillons de briques (pas de maison rhodopienne), une petite mosquée, pas de commerçants identifiables. Que mangent les gens ? Tour de ville à pied dans le quartier piétonnier et thermal. Il y a un certain nombre d’hôtels où les curistes doivent trouver tout ce dont ils ont besoin. On ne trouve pas d’établissement de Cure et très peu de restaurants. Après ratissage des trois rues je finis par trouver deux supermarchés : ce soir, ce sera yaourts !

Enfin je trouve la « piscine municipale » qui porte le nom beaucoup plus poétique de « Complexe Orphéus » composé d’un hôtel de 5 ou 6 étages avec une merveilleuse piscine thermale découverte (6levas) et une couverte (8levas). Malheureusement la piscine découverte est fermée après l’orage

Rhodopes : Kosovo

 

CARNET BULGARE

 

kosovo perdu dans les Rhodopes

De Plovdiv à Kosovo

la route passe par Asenograd, ville  agréable. Perché en nid d’aigle, la forteresse des Asen, est au tournant de la route qui s’engage dans une très étroite vallée, presque un défilé. A droite, la falaise. A gauche, la rivière. J’avais préparé une salade de pommes de terre avec du persil frais. Trouver un coin piquenique est mission impossible aujourd’hui dimanche ! Les places de parking, même les plus improbables sont occupées. Des familles marchent sur le bord de la route avec glacière, chaises pliantes (même en bois) et cannes à pêche. Sur les rochers plats sont étalées des serviettes. Par ce dimanche très chaud, tout Plovdiv et tout Asenograd sont à la rivière !

Si on mangeait au monastère Bachkovo? Le parking  est bondé ! la brioche du mariage n’a fait que retarder la faim. On ne profite même pas du paysage. Les Rhodopes paraissent impénétrables avec les pentes raides. La station thermale de Narechenski Bani S’est installée un peu comme elle a pu dans cette topographie difficile : hauts immeubles coincés à flanc de montagne. Est-elle encore fréquentéeLes hôtels de cure ressemblent aux HLM délabrés et lépreux. Le village de Kosovo devrait se trouver bientôt sur la droite. Le GPS s’affole. Nous montons dans les immeubles et faisons demi-tour à grand peine. Kosovo est 6km après la station thermale.

Kosovo

On ne découvre le village qu’au dernier moment. Il y a deux groupes de maisons accrochées à la pente. Elles paraissent inaccessibles. Accessibles, elles doivent bien l’être puisqu’elles sont habitées. Munie du voucher bilingue (la partie du haut est écrite en cyrillique) j’entreprends des conversations improbables avec des gens qui ne parlent que le bulgare.  Dans une famille, on va chercher le fils de 14 ou 15 ans qui apprend l’anglais à l’école. Rouge de confusion, on n’en tirera pas un mot. Un pépère appelle son fils qui nous guide du balcon »passez le pont sur le ruisseau ! »

Passé le pont…. Je pense au carton dans le film de Murnau, le chemin de terre monte brusquement. Est-il carrossable ? Je monte à pied et découvre une demi-douzaine de voitures garées devant l’auberge.

Svetnana nous attendait. Notre chambre est prête

–           « Difficile de se tromper, dit-elle, il faut regarder votre carte et ne pas écouter le GPS »

L’auberge se compose d’un groupe de maisons rhodopiennes en belle pierre apparente dans les soubassements et aux façades blanches en décrochement sur de belles poutres. Architecture de montagne, solide massive. Leurs lauzes me rappellent les maisons grecques du Pilion.

Le restaurant  a une belle terrasse et une grande salle avec une grande cheminée. Il fait frais le soir en montagne ! Le dîner est excellent. Sarmi (feuilles de chou farcies) très légers cuits à la vapeur, köfte et purée d’aubergine. Avec un verre de vin et une grande bouteille d’eau : 20levas. La carte propose de nombreux plats cuisinés (un peu plus chers). Je vois passer une assiette de polenta avec du fromage râpé qui me fait envie et que je commanderai demain soir.

Notre chambre est blanche sauf le plafond et les meubles de bois foncé, le plus bel ornement : une hotte de cheminée arrondie en bois aux découpes orientales. Une corniche court tout autour de la pièce très haut près du plafond, portant des cruches de cette céramique bulgare utilisée par tous els restaurants. Ambiance montagne. Des kilims colorés réchauffent le sol. Ouvrant le lit, nous découvrons que la couette est remplie d’une chaude couverture qui sera bien utile.

La nuit a été fraîche et silencieuse. Au petit matin, j’entends le bruit du torrent mais surtout, je fais aboyer la chienne, petit berger mince et jeune aux yeux vairons. Petite mais efficace. J’écris sur le pas de la porte assise sur la marche et n’irai pas plus loi. Elle se recouche à deux mètres me surveillant d’un œil (je ne sais si c’est le bleu ou le marron).

Jeravna et Kotel

 

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dans la campagne


Eglise Saint Nikolai

Elle n’est ouverte que le matin, à 9h30 sa visite est gratuite mais pas la collection d’icônes (2levas).

Elle est vaste pour une église de village. Un  tilleul séculaire dans la cour.  Son iconostase est surtout remarquable avec quelques dorures mais pas trop bleue avec un décor baroque floral avec des fleurs en camaïeu rose au dessus des icones des saints, sur fond bleu. La chaire est bleue ainsi qu’un baldaquin décoré de pampres qui a l’air de reposer sur des renards (lions ?), le plafond est bleu à caissons.

Le musée des icônes mérite la visite, les plus belles datent du 18ème siècle.

La route goudronnée se perd dans les pavés de Jeravna. Au lieu de prendre la direction de Kotel nous descendons à travers une belle forêt de chênes et découvrons une rivière paresseuse entre des rochers de grès et un village Katuniste. Nous sommes perdues. Un berger, bâton à la main, suit la rivière, son troupeau de vache se trouvant sur l’autre rive. Je le poursuis avec la carte. Il fait mine de ne pas me voir. Je cours. Avec des gestes, il me donne le chemin de Kotel. Nous avons fait un beau détour.

Kotel

L’entrée de Kotel est déprimante. Le long de la route, des usines, bâtiments en longueur, en ruine. Devant la porte de l’une d’elle flotte le drapeau bulgare. La ville moderne est d’une grande pauvreté, maisons crépies en gris, très peu de véhicules, pauvres pettis commerces. La seule entreprise paraissant florissante semble Western Union. Les gens doivent recevoir des mandats de l’émigration. Autres vitrines pimpantes : Globule et VIVACOM, la téléphonie mobile marche bien !Le petit marché sous un hangar couvert n’a que deux vendeurs : une grosse dame et un homme encore jeune mais édenté<; tomates, pommes de terre, cornichons, melons, poivrons, aubergines et courgettes, produits locaux. Seule exception : les bananes. Nous achetons un gros melon jaune, il n’y en a pas de petits. Ces melons sont exsangues, sans jus ni gout mais très odorants. L’odeur ne peut pas nous guider pour le choix. Celui-là sera aussi insipide que le précédent.

Des gitans d’une maigreur effrayante trainent autour de nous. Des mendiants ? Ils n’insistent pas.

 

Un peu excentré : un  quartier de maisons de bois, plus touristique avec le Musée des Kilims et les Musée ethnographique…

Musée des Tapis

Les murs d’une grande salle sont couverts de kilims de grande taille aux motifs végétaux traditionnels : roses rouge et roses et « écorce de pastèque ».A l’étage, des tapisseries contemporaines : copies d’icônes avec une dextérité remarquable dans les nuances ; D’autres tapisseries sont des copies de tableaux historiques, je photographie Asparouh ; il y a même une imitation des glaneuses de Millet.

Panthéon Rakovski

Panthéon Rakovski

La vaste place de l’Hôtel de Ville semble dater d’un temps ou Kotel était plus florissante. Un monument de granite, vitraux et bronze est pompeusement appelé Panthéon Rakovski . Il fut édifié en 1981 en l’honneur du 1300ème anniversaire de l’Etat bulgare. On descend par un escalier de granite pour découvrir trois salles très bien aménagées : sculptures sur bois, rampes de bronze soignées.

Dans la première salle on a  reconstitué une classe d’école primaire avec bancs et pupitres, estrade et bureau de l’instituteur, matériel pédagogique, dé avec des lettres cyrilliques, mandolines, cartes anciennes. A côte, des livres de prière, évangiles et photo de l’église Saint Stéphane d’Istanbul.

2ème salle, dédié elle aussi aux pédagogues:

un panneau traduit en anglais raconte :

Au 19ème siècle  le besoin d’éducation s’est fait sentir ; le Gouvernement Ottoman n’a pas mis en place de système éducatif en Bulgarie. En même temps une opposition se déclarait avec l’Eglise grecque  qui forçait les chrétiens à utiliser la langue Grecque. Les Bulgares se sont donc organisés eux –mêmes. Deus natifs de Kotel Néophyte Hilendarsky et Peter Baron se sont engagés dans cette entreprise d’éducation dès 1835. Néophyte Hilendarsky était passé par le Mont Athos tandis que Baron ayant fit des études de médecine à Munich a écrit le premier livre de sciences en bulgare. Comme il parlait 9 langues, il a entretenu une correspondance avec les scientifiques européens notamment Humboldt.

Le cœur de Baron est exposé (dans de la résine). Nous sommes bien dans un  Panthéon !

La 3ème salle est dédiée aux Rebelles :

Au temps de la grande Catherine, la Russie avait fait le plan d’aider l’Orthodoxie dans l’Empire  Ottoman. Pendant les Guerres russo-turques en 1806, 1812, 1828 et 1829, la Guerre de Crimée, l’armée russe comptait un corps de volontaires bulgares contre la T5urquie. En 1821, en outre il y eut un soulèvement. 

La salle 4 est celle des Révolutionnaires, dédiée à Rakovski,

Rakovski, héros local, écrivain, journaliste, poète, historien et ethnographe. Il a fait ses études à Istanbul . Condamné à mort, il s’évade et gagne la France avec un passeport grec. Revient à Kotel en 1843. A nouveau emprisonné à Istanbul jusqu’en 1847, il meurt de la tuberculose à Bucarest en 1867

Ainsi renseigné, on pénètre dans la crypte om se trouve la tombe de Rakovski. Une statue, des vitraux, une chapelle laïque construite par le pouvoir communiste, très solennelle, très minérale.

Ce monument s’intègre bien devant la grande mairie sur la grande place, témoignant d’une certaine opulence. Au temps où les industries de la vallée tournaient ?

Place avec hôtel de ville

Nous terminons la visite de Kotel par une pause à la terrasse d’un café sous de magnifiques tilleuls. Il fait merveilleusement bon. Le café frappé est mousseux à souhait. La Mastika a remplacé l’Ouzo, bulgare, elle est moins chère que l’Ouzo importé de Grèce.

Après midi farniente, dessin, cahier. Les vacances sont aussi faites pour cela !