VOYAGER POUR LIRE/LIRE POUR VOYAGER
le Roman de Ferrare réunit 6 ouvrages:
DANS LES MURS
LES LUNETTES D’OR
LE JARDIN DES FINZI-CONTINI
DERRIERE LA PORTE
LE HERON
l’ODEUR DU FOIN
dans un gros QUARTO GALLIMARD qui réunit également une préface de PP Pasolini, des entretiens EN REPONSE, « CENT ANS D’HISTOIRE DE FERRARE, et une biographie de Bassani.
Prise come un tout, l’oeuvre de Bassani est mise en perspective.
Il ne m’est pas indifférent que le tableau illustrant la couverture représente un cycliste : la bicyclette est un personnage à part entière à Ferrare. Croyant à ue alternative écologique à la voiture en ville, j’ai aimé cette circulation silencieuse sans me doute que les Ferrarais n’ont pas abandonnée cette habitude ancienne.
Le premier recueil DANS LES MURS convie à une promenade lente, dans les rues de la ville à la rencontre de personnages modestes comme Lida Mantovani ou de notables, le médecin Elias Corcos, la militante Clelia Trotti….le rescapé des camps qui découvre son nom sur la plaque commémorative via Mazzini…Il nous introduit dans la vie provinciale, la communauté juive. Avec lui nous prêtons attention à des lieux secrets de Ferrare.
Aurais-je dû lire ces histoires avant le départ? Ou est-ce que je les goûte mieux en ayant parcouru la ville?
Si j’avais lu Bassani, j’aurais cherché sa tombe au cimetière israélite, je n’aurais pas été étonnée des jardins entre les cimetières et les remparts. J’aurai sans doute cherché la belle propriété des Finzi-Contini. Et la découverte de Ferrare aurait tourné au pèlerinage…
Si Bassani est l’auteur de Ferrare, sa description n’est pas tant géographique : il fait vivre une époque entre fascisme et normalisation de la vie après la seconde guerre mondiale. Sans complaisance : la communauté juive qui a subi les lois raciales de 1938 – période du Jardin des Finzi-Contini – s’était bien compromise avec le fascisme. a part la figure admirable de Clelia Trotti, les opposants à Mussolini n’étaient pas majoritaires à Ferrare dans l’avant-guerre. Les lois raciales ont mis le feu aux poudres.
Les Lunettes d’Or raconte la fin d’un notable, un médecin à la mode, homosexuel. Instinctivement je fais un parallèle entre l’exclusion raciale des juifs et sexuelle. Tant que le notable ne s’affichait pas, on faisait faisait mine de ne rien savoir….L’autteur s’échappe des murs de la ville. Nous prenons le train des étudiants pour Bologne, passons la belle saison à la plage à Cesenatico.
Le héron, enfin se déroule dans le delta du Pô, près de Codigoro. Roman délicat, d’une grande amertume. La guerre finie, les propriétaires terriens dans les terres bonifiées du Delta rencontrent l’opposition des communistes. Le narrateur trouvera de fait une complicité avec un aubergiste, ancien fasciste. Désenchantement?
Bassani est un grand auteur : il recrée un monde, une société avec ses caractères mais aussi ses compromissions, son décor…L’analyse est toute en finesse et en filigrane. Peu nou pas de jugements de valeur.
de quoi prolonger le voyage!
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