Abomey : les Revenants

BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

carte postale (nous n'avons pas osé faire des photos)

18h,  Revenants. Nous suivons Gabin  dans les rues poudreuses qui courent entre des murs. Il appelle ces ruelles des couloirs. Le public est déjà en place quand nous arrivons. Les jeunes, perchés sur une sorte de butte. Les musiciens et les dignitaires, alignés le long d’un mur. Gabin nous fait patienter dans une cour avant de  nous présenter .

Costumes

Les Revenants sont masqués. Leurs costumes magnifiques sont rebrodés de paillettes multicolores figurant des emblèmes ou des inscriptions. Leur visage est occulté par une bande de coquillages large de 15cm long de 70 ou 80. Quand le personnage est assis, sa bande me fait penser à une trompe d’éléphants. Les épaisseurs de tissus se superposent sur une grande ampleur. Certains sont décorés par des rubans très larges cousus. D’autres ont revêtu un grand manteau brillant. Tous ne sont pas également éblouissants. Il y en a même un poussiéreux, à la place des coquillages, un grillage comme sur une burka afghane. Les mains ne sont pas visibles non plu. Les revenants brandissent divers objets à travers le tissu.

une place à la tribune officielle

Un Masque, armé d’un sabre de fantaisie et d’une queue de cheval,  nous place sur des fauteuils à côté des musiciens, derrière les officiels. Gabin dépose ses sandales sous mon siège et disparaît. Deux vieux messieurs habillés de blanc s’installent. Ce sont les commanditaires de la cérémonie qui commémore le souvenir de leur père défunt. Les Masques  leur parlent d’une voix contrefaite. On ne sait pas bien s’ ils sont  des hommes ou des femmes, jeunes ou vieux. Plus tard, Gabin nous expliquera que le Revenant s’adresse au chef de famille au nom du défunt, mais aussi au nom de ses ancêtres, il lui parle du passé et de l’avenir.

LesMasques dansent, s’agitent, font des pitreries. Ils portent sur leur dos une sorte de plateau avec une tête en bois sculptée ou une figurine. Parfois les revenants se retournent redressant le masque sur le dos. Tantôt, les Masques se posent, assis. Ils sont très volumineux, plus larges que hauts,  leur bande de coquillages leur donne un aspect pachydermique.
Une autre activité des masques se déroule sur la placette et dans la rue.

Poursuites

Les Revenants poursuivent les jeunes, en  cavalcades,  courses et poursuites autour d’un petit arbre abondamment secoué. Les jeunes rigolent. On ne sait pas où commence la crainte des Revenants et où finit le jeu. Gabin nous dira plus tard, qu’autrefois, le costume des Masques était empoisonné. Maintenant celui que le Masque attrape est seulement chicoté. J’ai déjà entendu  ce mot dans la bouche de mes élèves. Certains jeunes sont armés d’une sorte de badine. La maintenant à l’horizontale, ils contiennent l’avancée des revenants.

Seules!
Gabin nous a laissées seules. On se demande s’il n’est pas, lui aussi, sous le costume d’un Masque.
En plus des Masques, il y a les musiciens, 3 tamtams frappés avec des baguettes recourbées et tout un chœur de vieilles femmes. Irruption soudaine d’un personnage nu, vêtu de raphia et d’herbe, au visage masqué très noir. Duels avec les jeunes armés de bâtons. Les cavalcades deviennent de plus en plus endiablées. Un Masque reçoit une gratification de la part des hommes en blanc et sollicite les Yovos. Nous sommes venues sans sac ni porte-monnaie. Ma robe africaine  n’a même pas de poches. Le ton monte.On sent l’agressivité Heureusement, Gabin nous défend.  Il promet que nous  donnerons une contribution pour la cérémonie.
De retour à l’hôtel, il demande 7000 F que nous lui donnons bien volontiers. Nous sommes sous le coup de l’émotion, conscientes d’avoir vécu une expérience hors du commun.
Gabin retournera plus tard au couvent. En tant qu’initié, il participera à la partie nocturne de la fête. Il est très fier d’être un notable respecté de tous, fêté, invité…

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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