CARNET CRÉTOIS
Ce n’était peut être pas une bonne idée de revoir le film juste après avoir relu le livre. Imprégnée de ma vision personnelle de Zorba, j’avais peur d’être déçue. Un film même long (2h) est toujours réducteur. De retour de Crète, je voulais revoir les décors naturels, savoir si ce que je croyais avoir reconnu à Stavros était bien dans le film.


Au début, donc, j’étais sur la réserve. Anthony Quinn a su me séduire. La ressemblance avec le véritable Zorba dont j’ai vu la photo au Musée Kazantzakis, est flagrante. Irène Pappas est une veuve impressionnante.

Lila Kedrova campe une madame Hortense merveilleuse (le rôle était à l’origine proposé à Simone Signoret), touchante, jamais ridicule.
J’ai été moins convaincue par Basil- Alan Bates. L’acteur n’y est peut être pour rien. C’est le metteur en scène qui a modifié le personnage, faisant de l’écrivain hanté par son livre sur Bouddha, un Anglais en panne d’écriture plutôt falot.
Le DVD ajoute en bonus une très longue interview de Cacoyannis qui parle alors que le film se déroule à nouveau. J’ai donc vu le film une deuxième fois, muet, alors que le cinéaste commentait ses choix, ses difficultés, sa façon de filmer. Il racontait aussi Kazantzakis qu’il avait rencontré à Cannes, Théodorakis qui a composé la musique. Rien que pour ce bonus je me félicite d’avoir acheté le DVD!
J’avais oublié que Zorba était en Noir et Blanc, puis cru que c’était parce que c’était un film ancien. Non! Cacoyannis a fait ce choix arguant de la lumière grecque particulière qui exalte le Noir et Blanc. Noirs, les costumes des Crétois, leur bandeau, noires les femmes en deuil, Irène Pappas, magnifique, noirs les popes, blanches les maisons chaulées, les roches chauffées à blancs….
Certaines scènes sont magnifiées par le cinéma : la cohorte des travailleurs qui chantent en allant à la mine et surtout la lapidation de la veuve, terrifiante et la catastrophe du téléphérique!et bien sûr la scène finale de la danse, tellement connue …
Théodorakis : son premier concert à la chute des colonels, pitié, le noir et le blanc pour nos larmes…
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Virginie Dumez :
– « Bien plus qu’une visite guidée de la Crète, Zorba le grec est surtout la magnifique histoire d’amitié qui lie deux êtres totalement dissemblables. Autant Zorba est exubérant grâce à l’interprétation gargantuesque d’Anthony Quinn, autant Alan Bates joue avec pudeur un anglais coincé qui s’ouvre progressivement à la vie. Ce couple amical trouve un équivalent féminin avec d’un côté l’extravagante Lila Kedrova en Bouboulina (rôle d’anthologie pour lequel l’actrice a décroché un Oscar) et de l’autre, la sévère Irène Papas qui retrouve ici un emploi identique à celui qu’elle tenait dans Electre. Outre la force des sentiments qui lient ces quatre personnages décalés, Michael Cacoyannis décrit avec précision et en même temps une certaine répugnance, une société rurale totalement minée par les préjugés, par le rejet de l’autre et de tout ceux qui sortent de la norme. Ressemblant aux portraits de l’Italie du sud réalisés par les frères Taviani dans les années 60-70 ou encore par Emanuele Crialese dans Respiro, Zorba le grec milite à sa façon pour la tolérance. »
(avoir-alire).
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@JEA : merci de vos commentaires détaillés et savants! Ce serait bien que les blogs s’enrichissent mutuellement de lectures et citations. pour les citations, vous êtes champion!
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Un film qui ne prend pas une ride tant l’interprétation d’A Quinn est superbe et la musique toujours aussi belle
Théodorakis comme dit JEA pour moi c’est la Grèce libérée des colonels
Cela me donne envie de revoir Z
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@Dominique : envie partagée, je crois que je vais le commander!
Théodorakis c’est beaucoup plus que la musique des films, cela me donne envie de faire un autre billet…..
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Tu me donnes furieusement envie de revoir Zorba, pas vu depuis longtemps.
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Je viens enfin de voir ton mail et ton billet, j’aime beaucoup ton avis nuancé. J’aimerais bien avoir le DVD pour partir en vacances mais je ne suis pas certaine d’y parvenir. Merci beaucoup !
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