CARNET SARDE

Fluminimaggiore est une bourgade sur la route d’Arbus à Iglesias dans la montagne. Plusieurs attractions touristiques ont attiré mon attention : le Temple Antas, punique et romain, un Musée de la Meunerie, la Grotte Sa Manau, et des balades dans la montagne.
Distant de plus de 60km de Torre dei Corsari, nous sommes parties un peu tard. La route a été longue. Passant par Montevecchio, nous voyons le Monte Arcuente sous le soleil. Les sommets de lave aux formes tourmentées qui m’avaient impressionnée sous la pluie me semblent familiers. Soudain, une colonne de fumée s’élève ; c’est un début d’incendie : une voiture brûle sur le bord de la route. Une douzaine d’autos sont arrêtées. Les gens regardent. Un homme en salopette orange court avec un extincteur. Où sont les pompiers ? sont-ils prévenus ? Il parait aussi dangereux d’attendre comme les badauds que la voiture n’explose et que le maquis s’embrase que de rouler à côté. Nous suivons le pick-up d’un fermier qui dépasse l’incendie. Croisons quelques instants plus tard le véhicule de la protection Civile : l’arrière est chargé de bonbonnes rouges, sans doute d’autres extincteurs. Toujours pas de pompiers. A Montevecchio je descends au bureau de tourisme de la Mine. La guide y vend des billets. Elle est au courant ; Elle a téléphoné aux pompiers mais nous remercie d’être passées.
A la sortie de Montevecchio, sept immeubles de ciment gris, vides, quartier fantôme, logements des mineurs, déserts après la fermeture de la mine. En contrebas, une large plaine et la ville de Gustini.
Arbus, la capitale de la province, s’étage au flanc des collines et dans le creux. Vision d’ensemble coloriée, gaie. Nous ne nous arrêtons pas au Musée de la Coutellerie, couteaux fins et aiguisés au manche en corne ressemblant aux Laguioles. J’ai perdu mon Laguiole remplacé par un petit Columbia trouvé au Marché aux puces de Sofia. Je suis fidèle à mes couteaux, montres ou stylos. Je n’ai pas envie de remplacer le petit Columbia même si les couteaux sardes sont magnifiques.
Entre Arbus et Fluminimaggiore la S126, belle route de montagne avec beaucoup de lacets mais large, traverse des forêts de chênes-lièges et de pins parasols, des vignes parfois mais aussi des zones brûlées, ravagées par les incendies. Pourrons –nous repasser cet après midi par Montevecchio ? Du côté du ravin, des roches vertes affleurent. Une mine abandonnée ? Pas question de s’arrêter pour contempler le panorama, il n’y a pas de parkings.
Nous aurions mieux fait de visiter la Meunerie en arrivant à Fluminimaggiore , le Musée ferme de 13h30 à 17h tandis que le Temple d’Antas fait journée continue. Nous avons raté la Meunerie.

Le Temple d’Antas se trouve sur la route d’Iglesias. Le trajet semble interminable dans un vallon boisé, touffu aux flancs raides. On n’imagine pas un sanctuaire dans un site aussi sauvage,et reculé. Cathaginois et Romains n’avaient pas de berlines confortables ni de routes asphaltées.
Même de la billetterie (4€) on ne voit toujours pas le temple. Munies d’un plan nous le découvrons enfin dans une clairière herbue. La colonnade du fronton a été remontée. On devine les inscriptions datant de Caracalla.
Je traduis et résume les explications du panneau
a) Temple Romain
Découvert par le général Alberti Lamamora en 1832 dans une forêt de chêne, ce dernier a pensé que les colonnes pouvaient appartenir au temple légendaire de la ville cachée de Metalla fondée par les Romains à mi-chemin entre Saki et Neapolis dans le golfe d’Oristano. Ce site fut cité par Ptolémée avec Tharros et le fleuve Tirso. La campagne de fouille commença en 1967.Le temple punique était encore utilisé à l’époque romaine. Il est possible de retrouver un temple d’Auguste mais c’es Caracalla qui le restaura. L’inscription sur le fronton :

TEMPLE DE SARDUS PATER BABB(A)I
On a retrouvé un doigt de la statue de 3m qui devait être dans la cella
b) Temple Punique
Reste d’un temple carthaginois qui d’était installé dans la vallée pour profiter des mines de plomb. La Sardaigne était un lieu stratégique entre l’Espagne et l’Europe. Le temple punique avait un autel à ciel ouvert. On y a retrouvé des objets en or et des amulettes égyptiennes et des pièces battues en Sicile, Sardaigne et à Carthage.
Botanique
Sur le parcours les végétaux sont identifiés par des étiquettes : oliviers, lentisque, poirier sauvage, arbousier, aubépine, chêne-liège. Je recopie le nom latin et quelques propriétés qui m’ont étonnée.
Chêne-liège : quercus suber : l’écorce de liège protège l’arbre qui survit aux incendies décidemment c’est le jour !)
Lentisque : Pistacia lentiscus : il rend service par son bois, le fourrage pour les chèvres. On peut faire de l’huile avec ses fruits une fois bouillis ce qui a rendu service pendant les périodes de famine. Ses feuilles, en infusion donnent une teinture jaune.
Aubépine : Crataegus monogyna peut vivre 500ans a donné la couronne d’épine de Jésus.
Poirier sauvage : Pyrus amygdaliformus : bois apprécié en menuiserie. On peut faire sécher ses fruits sur la paille. Le poires deviennent douces et comestibles en cas de famine.
Arbousier : arbre » patient » ses fruits mettent un an à mûrir.
A l’écart, un sentier mène au village nuragique. Des cercles de pierres assemblées avec de la boue forment la base des grandes huttes du village.
Nous renonçons à la promenade vers la Carrière romaine (20mn en plein soleil) en plein midi.
Une autre promenade d’un quart d’heure très agréable parce qu’à l’ombre conduit à un très vieux chêne.
D’autres parcours sont possibles jusqu’à la grotte mais c’est plutôt un trek.
Nous avons déjeuné sur de longues tables à l’ombre d’un magnifique chêne-vert (Quercus ilex) carottes râpées et jambon.
Détour (1km) pour la Grotte de Sa Manau. Le prix (10€) et l’attente m’ont découragée. La route du retour sera longue.
Nous ne saurons jamais si l’incendie s’est propagé. Le GPS a trouvé un autre itinéraire par Guspini où nous sommes passées sans nous arrêter devant la belle église San Nicola di Mira. J’ai admiré de loin la belle rosace catalane (selon le Guide vert). La route a traversé la plaine et longé la lagune de Marceddi où on a vu des flamands roses et une aigrette.
Nous aurions bien poussé jusqu’au Capo di Frasca que l’on voit de Torre dei Corsari c’est terrain militaire.
La journée s’achève sur la plage de Porto Palmas aussi appelée Tunaria. Cette baie abritée est idéale pour nager. La plage est tranquille. Les habitués ont planté leurs parasols. Les zodiacs montent et descendent la rampe. Je fais mes allers/retours.
La pizzeria de la Kambusa sert des plats à emporter. Les tables sont dressées sur une terrasse avec vue panoramique à 360°. Je commande des calamars frits et légumes grillés. Excellents. Les légumes sont des tranches de courgettes et d’aubergines juste passés au barbecue, saupoudrés d’ail et de persil. La peau violette de l’aubergine a gardé sa couleur fraîche. Les tranches sont moelleuses.
