Fondation Serralves musée d’Art Contemporain

CARNET PORTUGAIS

Musée d'Art contemporain
Musée d’Art contemporain

10h30 – nous quittons sans un regret notre chambre de l’hôtel Istay. Le gardien du parking nous conseille de suivre la signalisation Boavista ; je me repère un peu mieux sur le plan dans les embouteillages de la Place Batalha puis dans les rues qui contournent le marché Bolhao. Autres repères : la Casa de Musica et l’immense place ronde avec son gigantesque monument aux guerres napoléoniennes avec l’aigle et le lion perchés sur une haute colonne.

Le quartier traversé par Boavista est très différent du Centre Historique, construit de grand immeubles, d’hôtels modernes, puis de très belles maisons à mesure qu’on va vers la mer. On quitte Boavista à un rond point portant une belle sculpture moderne pour arriver à la Fondation de Serralves- Museu de Arte contemporain qui se trouve dans  un parc dessiné dans les années 1930 autour de la Maison Serralves, rose, Art déco résultat de la collaboration de décorateurs français Lalique, Brandt et Ruhlmann. Les arbres sont magnifiques. Le parc mérite à lui seul la visite : sa roseraie, son jardin de camélias,  les jets d’eau des bassins turquoises qui s’étagent, l’allée des liquidambars et les différents bosquets. Des statues sont dispersées dans les jardins : un énorme plantoir rouge qui n’est pas très convainquant, un jeu de glaces et de miroirs cachés dans les frondaisons m’a plus intéressée (sans plus). J’ai donné rendez vous à Dominique près de la Baigneuse de Maillol avant d’entreprendre la visite du Musée d’Art contemporain.

visite du Musée d’Art contemporain

J’ai beaucoup de mal avec  l’art contemporain. Pourtant j’essaie, je tente, je persévère. Persuadée que l’œil s’éduque, que le regard s’affine, qu’il me faut me familiariser avec de nouveaux codes, de nouvelles technologies, j’arrive toujours pleine d’enthousiasme. Parfois j’éprouve du plaisir, parfois non. Quelques fois, je sors irritée persuadée qu’on prend le spectateur pour un imbécile – foutage de gueule prétentieux.

Ce Musée d’Art contemporain de Porto a de nombreux points communs avec le MacVal de Vitry  – une architecture intégrée dans la verdure, de longues salles blanches bénéficiant de l’éclairage naturel par de grandes baies, de hautes salles aveugles pour des projections vidéos ou numériques. Beaucoup d’espace, peu d’œuvres, très éclectiques.

Au Macval j’avais apprécié Ange Leccia dont les projections procèdent de la même technique avec les vidéoprojecteurs. Je m’étais installée pour être au centre de l’installation.

j2_clouds_1051041915587eba5d9c8f

Ici, l’installation est déplaisante. Je suis accueillie par un concert de sons discordants à plein volume, carrément agressée. Je n’ai aucune envie de me poser et de me laisser entourer par toutes les projections sur les murs. L’art a-t-il vocation à être agréable ? Où à faire réfléchir ? On croirait une mauvaise copie de philo. Le sujet prête plus à réflexion qu’au plaisir. Le titre « sous les nuages » est équivoque. Le sous-titre : « sous le nuage du champignon atomique ou sous le cloud digital » explique la débauche de violence bombardée par une armada de vidéoprojecteurs dont les fils s’entrecroisent, on ne s’est même pas donné la peine de les cacher !

Dans les salles suivantes les œuvres sont variées. Je découvre un groupe d’artistes des années 50 qui se présentait lui-même comme « atomique » était-ce alors positif ou négatif ?

Une vidéo montre des tirs ciblés : « la guerre doit être précise pour être économique » peut-on lire en sous-titre d’une vidéo où un homme traverse un patio ; entouré par un lasso numérique. On dirait un film publicitaire d’un marchand d’armes.

Heureusement il existe aussi des installations plaisantes. Deux personnages à silhouette de play-mobiles cherchent à nouer une relation et cherchent un sujet de conversation. L’un d’eux propose de visionner 8 ½ de Fellini. On assiste à une séquence très étrange où Mastroianni, cinéaste, se suicide pendant une conférence de presse.

Je parcours à grands pas cette exposition, curieuse mais peu désireuse de m’y attarder.

Le thème suivant « Un Musée peut-il être un jardin »  est plus prometteur. Le visiteur y est accueilli par des cris des animaux de la jungle, singes et oiseaux.  Un long couloir blanc mène à une salle où les baies vitrées laissent le parc entrer dans l’espace.  Au milieu de la pièce un massif de plantes tropicales en plastique complètent l’effet. Les tableaux exposés aux murs sont colorés ; agréables à l’œil.

Je suis pressée, j’ai rendez vous à la statue de Maillol . Plutôt qu’un jardin-musée, je préfère un vrai jardin, surtout aujourd’hui par cette belle journée ensoleillée et fraîche.

2

La roseraie est malade : les buis sont en piteux état. Le coupable n’est pas la pyrale comme chez nous mai un champignon. Les roses ne sont pas à leur avantage au milieu des bordures de buis desséchées.

A travers le parc je rejoins le grand pavillon rose Art déco où une exposition « le salon marocain » m’attire. Il y a surtout des photos 50×50 d’un intérêt variable, des jouets d’enfants, des fossiles, des feuilles de palmier tressées. La belle salle de bain en  marbre rose et aux grilles de fer forgé me plait plus que cette exposition.

Déjeuner sur la plage

Boavista continue vers la mer jusqu’à Matosinhos à l’embouchure du Douro. Les immeubles en bord de plage ne sont guère engageants mais la plage de sable est belle. Vent frais et drapeau jaune, peu de baigneurs vont à l’eau, plutôt des surfeurs et amateurs de paddle. Le beau  restaurant de plage en face du port de Leixoes  sert un agréable déjeuner : poisson en beignet accompagné d’une macédoine de légumes frais très réussie (en général c’est de la conserve).  Les pommes de terre ont bon goût et les pois sont frais, la sauce agréable. Nous célébrons le début des vacances et nos retrouvailles avec l’océan. Pour terminer, promenade rituelle les pieds dans l’eau.

Expo

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

7 réflexions sur « Fondation Serralves musée d’Art Contemporain »

  1. Hum, j’ai beau insister, moi aussi j’ai parfois du mal. L’autre fois à Beaubourg parfois ça m’allait bien, il y avait quelque chose, d’autres fois, bah, moi aussi j’ai de l’art contemporain chez moi, si on veut.^_^

    J’aime

  2. On fourre un peu tout et n’importe quoi sous l’appellation art contemporain. Il y a du bon et du carrément mauvais, voire foutage de gueule comme tu dis. Ça me rappelle que j’ai l’intention d’aller à Versailles avec sa sculpture scandaleuse ..

    J’aime

  3. J’aime beaucoup l’art contemporain mais… pas tout! Il y a tellement de mouvements divers… je trie, je ne garde que ce que j’aime et finalement il y a beaucoup d’artistes qui me touchent. Mais je suis d’accord avec toi, pour aimer , il faut connaître, il ne faut pas tout refuser en bloc et c’est en regardant qu’on devient amateur. Et puis il faut accepter, accepter que l’artiste se moque de nous pour mieux nous secouer, nous interpeller, ne pas y aller en refusant, laisser aller son imagination… L’art contemporain demande un effort pour nous parce que nous sommes tellement ancrés dans l’art classique.
    Quant à la question de philo … pour y répondre sommairement et d’une manière simpliste, l’art peut-être plaisant mais pas obligatoirement! Il peut-être aussi vital, indispensable, et parfois déplaisant car perturbateur, quand il nous force à réfléchir sur la guerre, la destruction, la haine etc… Mais c’est vrai aussi de la littérature.

    J’aime

  4. Ahh ! qui n’a pas de mal avec l’art contemporain ? moi, personnellement, qui m’en régale, je pense souvent que ce n’est que de la divagation pure d’artistes fortunés qui font un »coup médiatique » par contre d’autres font franchement réfléchir –mais autrement– 🙂 Toujours un plaisir de vous lire, Miriam !

    J’aime

Répondre à Aifelle Annuler la réponse.