Citânia de Briteiros

CARNET PORTUGAIS 

Une rue de la cité de l'âge du Fer
Une rue de la cité de l’âge du Fer

La campagne bruit des cloches et des chants de la Messe quand nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse.

Mon smartphone prend des initiatives : non seulement il me géolocalise et m’envoie la météo du point où je me trouve mais encore il m’envoie des suggestions de visites : Citânia de Briteiros est à 11km , il me sert même de GPS alors que ne lui ai rien demandé. Dans la voiture une voix féminine continue à nous guider même loin de la wifi qui ne traverse pas les murs. Nous avons déjà visité Citânia il y a 16 ans, en avril, sous la pluie. J’en avais gardé un excellent souvenir.

Une haie d'agapanthes
Une haie d’agapanthes

Dès que nous quittons la route 310, la route est bordée d’une rangée d’agapanthes bleues parfois blanches qui se mêlent aux hortensias, faisant une jolie haie d’honneur conduisant au petit village de S.Sebastiao de Briteiros, interrompue par un très beau portail aux portes de bois vert encadrées par des montants jaunes munis de pointes. L’église et son clocher banc aux parements de pierre portent des plaques gravées. Au sommet du clocher une sphère armillaire rappelle, même dans les montagnes  la vocation maritime du Portugal, patrie des grands navigateurs. Au pied de l’église le cimetière est fleuri de frais. Sur chaque tombe se trouve un très bouquet d’immortelles bleues et blanches ou de glaïeuls oranges ou rouges disposés à la manière des fleuristes. Un curieux monument en forme de hutte ronde est érigé en souvenir de 70 passagers victimes d’un naufrage : la porte incisée d’une svastika attire mon attention. La place de l’église est pavée et très en pente ; Les maisons autour en granite sont charmantes derrière leurs roses. De là part un GR.

maisons de granite à Sao Sebastiao de Briteiros
maisons de granite à Sao Sebastiao de Briteiros

Citânia de Briteiros

Le site de Citânia de Briteiros est perché sr une colline boisée (337m). Citânia est une cité de l’âge de Fer étudiée dès la fin du 19ème siècle par l’archéologue Martins Sarmento. Elle compte plus de 150 maisons. Depuis notre premier passage, un Centre de visiteurs a été construit. On nous donne un plan détaillé pour une visite libre. La rue principale monte à l’oppidum puis le circuit gagne les bains tout en bas.

Citânia de Briteiros : maison circulaire
Citânia de Briteiros : maison circulaire

Un empilement d’artefacts ronds rappelle l’importance de la culture des céréales (blé, millet, avoine) : ce sont des moulins manuels de pierre facilement reconnaissables.  La  rue pavée est bordée d’un petit canal,  parfois couvert,  qui conduit l’eau d’une source à travers tout le village jusqu’aux bains. A un angle de la rue, on reconnait un abreuvoir rectangulaire. Les murettes le long des rues sont moussues et portent des plantes grasses à fleurettes roses très gaies. De chaque côté on reconnait les bases des maisons circulaires et un peu plus loin, les structures orthogonales de villas rappelant les villas romaines. Les ruines se trouvent dans un bois de chênes verts et de chêne-liège. On a tondu ras la bruyère et les  fougères – le site est bien entretenu. Ce site me rappelle le site de Romancesu en Sardaigne à cause des grandes cases rondes, des chênes liège e du granite. IL est pourtant différent, on n’a pas mis en évidence de bassin rituel ni de temples. A Citânia ce sont plutôt les 4 lignes de remparts protégeant la ville qui sont remarquables. Une grande case communautaire de plus large diamètre permettait aux assemblées de se tenir. Elle n’a pas été construite n’importe où . De là, on avait une vue dégagée sur le cours des rivières Ave et Cavado, routes fluviales important des marchandises de la Méditerranée. On pouvait aussi surveiller les pâturages sur les sommets. L’acropole était habitée  La notice indique que les habitations familiales avec des structures destinées au rangement des outils ou au stockage de la nourriture ainsi que des citernes. Le mur d’enceinte large d’un mètre en appareil cyclopéen est d’une solidité étonnante.

Dans la montagne, résonnent des carillons et les chants de la Messe. Deux huttes circulaires ont été remontées sous les directives de Francisco Martins Sarmento. Il y a aussi une chapelle et un cimetière chrétien démontrant une occupation autour du 10-11ème siècle.

Citânia de Briteiros : bains
Citânia de Briteiros : bains

Je ne regrette pas d’avoir poussé la promenade jusqu’aux bains en bas de la colline. Ils n’ont rien à voir avec des thermes romains. De petite taille, l’établissement était compartimenté entre vestiaire,  bain froid et sauna. On jetait de l’eau sur les pierres brulantes. Une « belle pierre » (pedraformosa) sculptée en fermait l’entrée ; elle était percée d’une ouverture très petite à la base pour garder la vapeur. En automne et en hiver, on recouvrait le hall d’un « matériau périssable » (?)pour l’isoler. Rien à voir donc avec les grands établissements avec piscines, galeries et gymnase des Romains. La position éloignée du village exclue aussi l’hygiène quotidienne ?

Le billet d’entrée au site est combiné avec celui du Musée de Briteiros, 2 km plus bas, installé dans la maison-même de l’archéologue Francisco Martins Sarmento : le Solar da Ponte. L’étage supérieur est consacré à l’archéologue lui-même. On voit son bureau, sa bibliothèque, le piano sur lequel sa femme jouait. Des vitrines contiennent son matériel photographique (grandes chambres à soufflet) ses photographies et ses carnets de terrain.

Des ouvrages d’archéologie font un panorama des recherches à son époque : Schliemann sur Troie et Mycènes, Boucher de Perthes, études sur l’Egypte, la Mésopotamie. Ouvrages de Sarmento sur les Argonautes.

camilo castelo bracoDans cette maison, se réfugia aussi l’écrivain – ami de l’archéologue – Camilo Castelo Branco. J’ai son roman Amour de Perdition sur ma table de nuit au gîte !

 

Au niveau inférieur sont présentées les trouvailles intéressantes du site, en particulier les éléments de décoration : des linteaux découverts par Samento (1874-1883). La plupart sont interprétés comme des symboles procurant une protection spirituelle : doubles cordes, volutes…Datés de 2ème siècle av JC jusqu’à 1er siècle AD . On voit aussi une tête humaine (bien usée-) une tête de sanglier et un groin de pierre ainsi que divers éléments de céramique décorée, des outils métalliques et des ornements. Un pressoir à vin en granite a été remonté.

Pedra formosa
Pedra formosa

Au fond de la pièce une magnifique Pedra Formosa servant d’entrée aux bains de vapeur est beaucoup plus ornée que celle visible sur le site. La dame de l’accueil recommande de faire une visite virtuelle du site sur www.msarmento.org et pedraformosa.blogspot.com.

Bel endroit pour un pique-nique?
Bel endroit pour un pique-nique?

Comme il est midi, nous songeons au déjeuner. A l’entrée de Briteiros, au bord de la rivière (bien à l’étiage) court une promenade plantée d’agapanthes, ombragée, équipée de bancs de pierre et de tables à pique-nique. L’endroit est idéal face à un petit pont. Mais nous n’avons pas de provisions. J’avise une pâtisserie qui vend aussi des pizzas.

Un monsieur, son pain sous le bras, nous interpelle :

  • « vous êtes perdou ?»
  • « non, on cherche à déjeuner ! »
  • « cela se mange mieux à Povoa, dans la vieille ville, pas dans la nouvelle, il y a plein de restaurants pas chers et très bons. Vous n’allez pas acheter leurs pizzas ! »

Nous renonçons donc au pique-nique au bord de la rivière.

L’église de Sao Sebastiao est ouverte et chantante. Les bouquets blancs à l’entrée signalent un mariage. L’église est pleine, on a même installé dans la chapelle latérale un écran plat où l’assistance peut voir le curé. Des azulejos blancs et bleus décorent les murs. En l’honneur des mariés on a fait un chemin avec des marguerites blanches. Cette église a une chorale, à l’étage, avec des vrais musiciens. Plaisir de rencontrer des villageois.

La route de Povoa passe devant un grand supermarché ouvert 7/7 , de 9h à 21h. On achète donc de quoi manger sur la belle table de pierre à l’ombre d’un velum. Puis je file à la piscine.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Citânia de Briteiros »

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