CARNET PORTUGAIS

Ma mémoire me joue parfois des tours et me conforte dans l’idée de tenir mes carnets. Nous avions visité Guimarães par une journée pluvieuse. Je n’avais le souvenir que du Palais de Dom Afonso le premier duc de Bragance. Et encore ! Je me souvenais avoir couru sous la pluie entre le palais et le parking. Mémoire infidèle : le parking est situé en haut sous le Castelo (le château fort). Le Palais Ducal est beaucoup plus loin. Il me semblait aussi que Guimarães était une petite cité. Quand nous arrivons c’est toute une histoire de quitter l’autoroute. De hauts immeubles ceinturent l’agglomération bien avant d’arriver à Guimarães proprement dite.
Le château perché se voit de loin mais il semble s’éloigner chaque fois qu’on l’approche. Un donjon carré, des tours, des remparts à créneaux, il ressemble en beaucoup plus grand que le Castelo de Povoa de Lanhoso visité hier. Trop rénové, trop bien conservé. Je passe sans m’arrêter. Je veux avoir tout mon temps pour le Palais ducal. Un petit stop quand même pour une photo de la statue de Dom Afonso à l’entrée du parc.Il fit construire le Palais en 1420-1422. Fils illégitime de roi, il a beaucoup voyagé et l’architecture du Palais a été influencée ée par les châteaux Normands et Bourguignons. Habité jusqu’à la fin du 15ème siècle, le Palais fut abandonné au 16ème siècle. Restauré en 1937, sous Salazar, il devint Résidence Présidentielle. Il est donc très rénové. Hautes cheminées cylindriques de briques, boiseries, toitures, tout paraît neuf.

La visite n’est pas tant historique à part l’évocation de dom Afonso 1er (Afonso Henriques)1139-1185, puis les conquêtes africaines d’Afonso V (1438-1481). L’aspect historique n’est pas privilégié : le mobilier est 16ème et 17ème époque où le palais était en ruine. C’est plutôt une collection d’œuvres d’art est présentée dans de très belles salles.

Deux immenses tapisseries couvrent le mur du Salon des Pas Perdus- tapisseries de Pastrana réalisées à Tournai en Belgique illustrant les conquêtes d’Asila et de Tanger(1471). La première raconte le débarquement à Asila. On voit un magnifique navire et l’étendard royal avec une roue projetant des gouttes. La seconde décrit le siège de cette ville : à droite Afonso V est à cheval, à gauche le futur roi Jean II. Asila est représentée comme une ville européenne avec des toits de tuiles rouges. En bas on vit le déploiement d’artillerie. En haut les mâts des voiliers dépassent les maisons.

Des porcelaines fines et des tapis persans complètent le décor de la pièce.
La Salle du Passage est meublée dans le style portugais du 17ème siècle, bois de châtaignier sièges de cuir clouté.

La Salle des Banquets est apprêtée pour de nombreux convives. Selon le nombre de commensaux on réunissait plusieurs tables – ici, une douzaine accolées – c’est ce qu’on appelait « dresser la table ». la vaisselle est d’étain on voit de beaux pichets et des plats ornés.
Les cabinets à tiroirs ou cabinets à secrets sont remarquables : 4 rangées de 4 petits tiroirs s’empilent. Ils sont faits de bois précieux incrusté de nacre d’ivoire ou de fils de métaux précieux.
Le salon noble est orné de la Prise de Tanger, prise sans bataille. On voit les Maures quitter la ville, les Portugais y entrer, sans bateau, sans roi ni étendard royal.
Dans la salle de Scipion, 4 tapisseries racontent l’histoire de Scipion et d’Hannibal, œuvre d’Andrea Van Dries. François 1er commanda 22 tapisseries sur ce thème. Scipion était considéré comme le guerrier parfait auquel tout monarque voulait s’identifier.
Une autre série de tapisserie sur un thème romain est dispersée dans d’autres salles.
Au sortir du Palais, je fais un détour par la Chapelle saint Michel dallée de pierres tombales.

La vieille ville est au bas du palais. La circulation automobile est restreinte aux résidents. C’est donc une promenade piétonnière très agréable qui nous mène d’abord sur la place bordée par le couvent Santa Clara qui a une grande façade blanche aux parements de pierre très sculptés, style rocaille (1741). Au dessus d’une statue de Santa Clara brandissant une sorte de lampe, deux guerriers manient le sabre, à leurs pieds trios têtes, anges ou victimes (?) et des coquilles Saint Jacques. C’est un peu incongru. Les bureaux de la Mairie sont installés dans le couvent. On peut visiter dans le cloître une exposition de tableaux d’un peintre local contemporain. Des tableaux, rien à dire. Le cloître, en revanche, est charmant avec ses roses et ses buis (en bon état phytosanitaire).

La petite rua Santa Maria passant sous une arche sous une loggia conduit au Largo Oliveira « une des plus jolies place médiévales d’Europe » selon nos guides. Elle est bordée de belles maisons et de l’église Nossa Senhora de Oliveira. L’Hôtel de ville ancien est posé sur des arcades à cheval sur la Place Sao Tiago. Près de l’église se trouve un curieux monument gothique abritant une croix commémorant la bataille de Salado(1349)où les troupes portugaises et castillanes alliées défirent le roi de Grenade. L’église N. SA de Oliveira est fermée, j’en découvrirai l’intérieur de retour au gîte grâce au livre que le propriétaire nous a laissé. Elle fut bâtie par Jao 1er à la suite d’un vœu en 1388 avant la bataille d’Ajubarrota, en empiétant sur le cloître.

Nous choisissons une table au « Salad Bar » en face du petit monument gothique. Je pars explorer les rues de la ville médiévale. Les toits sont biscornus avec des mansardes rajoutées ou des pièces ressortant du toit. Linge et pots de fleurs égaient les façades. La ville historique est peu étendue. Je débouche fréquemment sur la grande promenade plantée et les places qui ceinturent la vieille ville. La place Toural a de belles façades, à une extrémité, un immeuble à deux coupoles a une silhouette originale.

A la recherche de l’église Sao Francisco, je parcours la promenade plantée. L’église est fermée et rien n’indique quand elle ré ouvrira. Je ne verrai donc pas le décor d’azulejos et d’or du livre.
Pour déjeuner, nous commandons des bolhinos de bacalhau (acras avec du persil) servis dans une grande assiette carrée avec un œuf dur en quartiers, des rondelles de tomate et une salade de petits haricots très fermes assaisonnés d’oignon haché et de persil. (6.5€)
Le Musée Sampaio s’ouvre dans le cloître de N.S. de Oliveira. Sous les arcades, musée lapidaire avec des gisants, des chapiteaux, Jessé sans son arbre. Dans la première salle sont exposée de très belles sculptures de bois peint et doré surtout une émouvante Fuie en Egypte de petit format. La deuxième salle contient de l’argenterie sacerdotale dont je ne suis pas fan. L’étage contient des fresques provenant des églises des environs. Tout le reste de l’étage est organisé autour du Thème de la Bataille d’Ajubarrota. La pièce maîtresse est un triptyque doré, au centre la Nativité sur le côté droit une annonciation et une Adoration des Mages , à gauche Présentation de l’Enfant sous une autre Annonciation. Les personnages sont très soignés, très expressifs et les décors somptueux. Le Roi Jao 1er offrit à la Vierge ce triptyque en remerciement pour la victoire. La tunique que portait Jao et son armure sont aussi exposés avec une série de tableaux sur ce thème qui ne m’ont pas tellement plu.

Il fait chaud. Il reste encore de nombreuses curiosités à voir à Guimarães mais je n’ai qu’une envie : nager dans la belle piscine écolo.
tes photos donnent une envie folle de se transporter là, au pied du château au milieu des lauriers roses
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@Dominique : lauriers roses, hortensias bleus et agapanthes…les fleurs du mois de Juillet
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Tu as bien le droit à la piscine après toutes les beautés que tu as vues! Tu as bien « travaillé »!
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les cheminées au Portugal… de tout styles!
la pause piscine était bien méritée!
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