29. Santo Antao – Cova – la descente aux 77 virages

CARNET DUCAP VERT 2002


A 7h30, l’aluguer de Porto Novo nous emmène à Cova  pour 500$.
Cette route mérite à elle seule le voyage : nous roulons sur les crêtes au dessus d’une mer de nuages. J’avais un peu oublié la route de l’aller ou plutôt, j’avais tout télescopé : le cratère, le chemin de crête… Dans mon souvenir tout était situé dans le même coin et nous aurions pu marcher ensemble sur la route de crêtes après avoir fait le tour du cratère, erreur !  Une dizaine de kilomètres séparent les deux sites. Le cratère est beaucoup plus près de Porto Novo,  dans une belle forêt de pins, cyprès,  tamaris et eucalyptus.
A la descente du HIACE , une douzaine d’ânes gris clair et blanc, très petits et très poilus, passent portant des bidons. Deux enfants galopent pour rejoindre la troupe. Cavalcade sympathique. Nous descendons dans le cratère pour en faire le tour. Mais ce n’est pas une balade occupant toute une journée.
Nous partageons le pique-nique et nous séparons. Je ferai la descente mythique seule et Dominique me rejoindra à Passagem en aluguer.
J’escalade le rebord du cratère sur un mauvais sentier (il en existe un meilleur mais je ne l’ai vu qu’après). Pierres blanches, poussière claire. A mi-pente, je me retourne pour regarder les champs de maïs formant une mosaïque, on dirait la piste d’un cirque, les ânes galopent ; deux cavaliers à cheval semblent sur un hippodrome.
Au petit col, sur le rebord de la crête, je découvre le fameux sentier aux 77 virages. Le panorama est magnifique mais je n’ai  aucune impression de vertige : un parapet en bon état protège le chemin muletier pavé. Si j’avais mes chaussures de randonnée j’aurais pu dévaler la pente, avec mes tennis je sens chaque pavé.  Il n’y a aucun danger. Les gens ont exagéré la difficulté sans doute pour magnifier leur exploit. La est  balade merveilleuse.  Le sentier épouse tellement la paroi qu’on ne le voit même plus quand on se retourne.

Je compte les tournants : au 19ème, trois jolies vaches rousses paissent sur une petite terrasse.   50ème, de magnifiques champs de choux bleutés bien pommés et une levada ruisselante.  Au 60ème, un jeune homme habillé de blanc, cheveux longs bouclés, se présente : « je suis Laurino, ma profession, agriculteur, voici la maison de mon père« . Il me montre fièrement les terrasses. Deux tournants plus tard une petite fille m’offre un bouquet de fleurs rouges et jaunes ressemblant à des giroflées géantes, puis un petit garçon, des capucines. J’apprécie à leur juste valeur les présents, les fleurs sont un véritable trésor dans cet archipel désertique. Après avoir descendu la muraille minérale, je suis dans un jardin fleuri. Les caféiers sont aussi en pleine floraison : bouquets blancs sur des arbustes plus hauts que moi aux feuilles sombres et brillantes. A la première maison, on me propose de l’eau de source fraîche « qui sort de la montagne » dans une bouteille décapsulée. Ce n’est pas gratuit 120$ (en ville le tarif des restaurants est seulement de 100$). Comme je n’ai pas de monnaie, c’est 150$. je n’ose pas la boire pensant m’en débarrasser dès que je verrai la première merceria.
Un petit garçon me conduit chez Sandro qui attend les touristes devant sa porte et me fait monter au premier étage de sa maison rose. Il a envie de bavarder et n’insiste pas pour me vendre les souvenirs qu’il confectionne lui même : des allumettes collées sur des bouteilles qu’il ponce et vernit ensuite et remplit de grogue. C’est très laid. Les napperons brodés de sa copine capverdienne ne valent pas mieux, maladroits, j’en aurais fait autant… Sandro est français, de Hyères. Il me questionne sur notre périple au Cap Vert.

15
J’ai mis une petite heure pour rejoindre le premier village (après les 77 tournants). Il reste 8 km pour arriver à la ville de Paul. Sandro m’assure que j’y serai avant Dominique. Je trouve rapidement le village au dessus de Passagem où nous nous étions arrêtées avant hier. Je reconnais le manguier où les enfants jouaient à l’awélé. Au manguier suivant, une petite fille m’offre des mangues que j’achète 20$. Elle est ravie. Je m’installe sur le muret où nous nous étions arrêtées pour manger les fruits mais le parapet  est en pente, une mangue roule, la petite fille accourt m’en donner une autre et les enfants me tiennent compagnie.
Au moment de reprendre la route, je m’aperçois que je n’ai plus mes lunettes. Je remonte le chemin en courant. Peut-être les ai-je laissées chez Sandro ? Les enfants les ont peut-être ramassées. Je suis toute rouge et essoufflée de la remontée quand je trouve Dominique dans un vieux pick up. Nous essayons de retourner chez Sandro. C’est loin. Au village, j’ai l’idée d’appeler Sandro qui m’a laissé sa carte avec son numéro de téléphone. Nous demandons où il est possible de trouver un appareil. Le téléphone se trouve dans une curieuse maison ronde dont les murs sont en bouteilles de bière et le toit en paille. Le propriétaire, blond, européen, anglophone, a toute les commodités modernes : téléphone et ordinateur.
Nous reprenons le chemin connu et déjeunons sous un bel arbre à pain repéré la première fois. Un pick up s’arrête. On nous propose de nous emmener à Ponta do Sol mais nous voulons nous arrêter à Ribeira Grande pour passer à TACV et remplacer les lunettes de soleil perdues.
Un  Hiace transporte des passagers. C’est la poissonnerie ambulante. Nous voyageons à l’arrière avec un carton plein de merlans séchés, des bassines de mangues ainsi qu’une balance. A chaque hameau, le chauffeur klaxonne, des enfants échangent les mangues contre du poisson séché, une femme vient avec un saladier vide qu’on lui remplit pour 50$. C’est très sympa, deux garçons assis avec nous croquent dans les mangues, nous nous arrêtons dans tous les villages. Nous sommes ravies de ce nouveau mode de transport. A Paul, un autre passager monte, souliers cirés, belles fringues. Il propose de parler à Sandro de mes lunettes et de me les faire parvenir.
Sur la corniche, Dominique veut prendre en photo en souvenir de ce voyage sympathique. Je trouve tout de suite des lunettes noires au marché africain pour 500$ mais même avec une pile neuve ma montre ne fonctionne plus. Le vendeur reprend sa pile et ne fait rien payer. Le bureau de TACV est fermé, tout le personnel est à Ponta do Sol pour l’atterrissage du seul avion de la semaine. Dommage, nous avons raté cet événement !
Dominique aujourd’hui a prix six aluguers différents et a confirmé le vol ce matin.

Il fait lourd et humide à Ponta do Sol, ailleurs il faisait beau. Pour me rafraîchir je retourne me baigner avec les enfants sur le port. Je suis la seule blanche.
Pour dîner Fatima nous sert un magnifique garupa, beau poisson rouge à chair délicieuse.

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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