CARNET CATALAN

C’est avec beaucoup d’émotion que nous retournons à Marcevol.
Je me souvenais du lac de Vinça où nous nous sommes baignées. J’avais oublié la présence majestueuse du Canigou qu’on a l’impression de toucher tant il est près. Il me semblait que nous étions au bout du monde. En effet, la petite route s’engage dans des gorges granitiques avec des rochers qui pointent vers le ciel, puis elle passe par des forêts de chênes bas et touffus. Sur le bas-côté poussent le thym et la lavande. Le prieuré n’est pas isolé comme je le croyais, il se trouve à proximité d’un village avec une jolie chapelle qui pointe au-dessus des toits des maisons. Le prieuré n’est donc pas isolé. Des champs d’herbes aromatiques, rangées de thym, de lavande alternent avec la plantation récente d’arbres fruitiers, pêchers ou amandiers, en cette saison on ne distingue pas sur ces jeunes plants. Ces plantations n’existaient pas il y a 38 ans ! Ni les chevaux qui paissent tranquillement dans un pré. En revanche nous arrivons à identifier l’emplacement du camping où nous avions nos tentes, la montée dans la nuit. L’église est ouverte : elle est sombre. Les photos seront loupées. Nous retrouvons nos souvenirs, ici en rond, il y avait des séances de méditation qui nous donnaient des fous-rires.

Le bloc construit regroupe l’église romane. L’appareil de la façade consiste en pierres soigneusement maçonnées, taillées en blocs réguliers, avec quelques cavités. Le porche en marbre rose de Conflent se détache sur la façade. Il est particulièrement soigné. Au-dessus la fenêtre centrale est aussi bordée de marbre rose tandis que deux ouvertures sont à peine visibles. Comme beaucoup d’églises dans la région le clocher est un mur-clocher avec quatre arcades, deux grandes et deux petites ; Le mur-clocher est bizarrement décalé par rapport à l’axe défini par le porche. C’est une reconstruction à la suite du séisme de 1428 qui endommagea aussi les bâtiments conventuels.

Nous tournons autour des bâtiments pour voir les autres constructions, malheureusement c’est fermé ( normal puisque c’est un gîte).
Je m’intéresse – tardivement- à l’histoire du prieuré bâti au 12ème siècle par des chanoines de l’Ordre du Saint Sépulchre . Cet ordre fut fondé après la prise de Jérusalem en 1099 par les Croisés et était en charge de veiller sur le tombeau du Christ. Il fut dissous en 1484 par le Pape. En 1129, l’Evêque d’Elne leur fit donation de la Chapelle Nostra Sinyora de les Grades située non loin. En 1484, le prieuré passa sous l’égide des prêtres de Vinça. Les chanoines suivaient la Règle de Saint Augustin. A la Révolution il devient bien national. On dit que la mère d’un Pape serait enterrée au prieuré, morte en route vers Saint Jacques de Compostelle. Le prieuré reste un lieu de pèlerinage le 3 mai.
Depuis les années 70 le prieuré est un lieu hébergeant des groupes, classes vertes. La fondation qui le gère a aussi des actions d’agroécologie et d’agroforesterie, particulièrement autour des plantes à parfum. En effet une balade est annoncée sous forme d’affiches pour le 15 avril pour herboriser les plantes aromatiques. C’est aussi un but de promenade, plusieurs sentiers de randonnées arrivent au pied du prieuré.
Nous pique-niquons sur de gros blocs de granite face à l’église. Il fait très bon. On croit voir fondre les neiges du Canigou.
Un beau lieu pour de beaux souvenirs !
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