CARNET DES CYCLADES

Forfait fixe pour les taxis(38€) de l’aéroport à Athènes, bien pratique, nous n’avons pas à nous soucier du parcours. Le taxi tourne dans les rues aux noms antiques Evripidou, Sofokleous, Socratous avant d’arriver à Clisthenous, où se trouve l’Hôtel Economy. Le réceptionniste est toujours le même, il avoue ne pas nous reconnaître.

La chambre 604 a un petit balcon sur la grande Place où se trouve la Mairie, bâtiment néo-classique jaune pâle. Rectangle dallé qui se termine par un site archéologique : le Cimetière acharnien qu’on ne visite pas mais qui est visible de la dalle. En face de la Mairie, la Banque de Grèce est aussi une construction jaune à corniches néo-classiques.

Des cris au mégaphone, des sifflets m’interpellent. Je traverse la place pour aller voir de près. Les manifestantes ne sont pas bien nombreuses. Des femmes, 40 à 50 ans, bien coiffées, vêtues de noir se tiennent derrière une banderole brandissant des ballons de mousse noire au rythme des sifflets. « Pas d’argent pour la banque Nationale ! » crient-elles. Les Grecs, inventeurs de la démocratie, et semblent adorer se rassembler dans la rue pour clamer à haute voix leurs doléances. Pas un voyage à Athènes ou à Thessalonique sans qu’on n’assiste à un défilé. Devant l’Université, des séides d’Aube Dorée ont apporté des drapeaux grecs et des pancartes dénonçant « l’islamisation ».

Avant le déjeuner, je fais un tour au marché : l’Agora – tout un programme – Je me saoule de parfums méditerranéens de l’huile d’olive, sur les étals, des olives sont de toute couleurs, calibres, et provenances des senteurs des aromates séchés sur les étals. Les effluves aigrelettes de la fêta et des fromages qui baignent dans le petit lait. Des fruits mûrs, parfois trop murs exhalent des odeurs sûres.

Les épiceries ont suspendu des saucissons, des guirlandes d’ail, de piments rouge et même d’aubergines séchées et coupées violettes, de courgettes en tronçons verts dont il ne reste que la peau. Des bouquets de camomille, de lavande et d’herbes de la montagne embaument. Dans des casiers on a déposé des tranches d’oranges et de citrons séchés, des boutons de rose. Les brocanteurs ont accumulé des marchandises diverses : marmites, ustensiles pour le café, chaussures sous des instruments de musique suspendus, luths bouzoukis et guitares. Plus loin, ce sont éponges et loofahs qui garnissent les tours de portes (une recherche sur le net m’apprends que ces fibres qui servent de gant de crin sont les fruits d’une cucurbitacée comestible la Loofah d’Egypte. Verte elle ressemble à un concombre renflé.

Souvlakis et kebab au déjeuner (paketo que j’emporte pour la terrasse) avec des fraises et des cerises du marché.
Le mardi n’est pas très favorable pour les visites, de nombreux musées sont fermés. J’improvise une promenade par les petites rues derrière la Banque de Grèce jusqu’à Stadiou, Panepisthémiou juqu’à Syntagma dans l’Athènes Néo-classique du 19ème avec colonnes fresques et frontons sculptés de l’Université de de belles maisons. Entre Vassilis Amalias et Vassilis Sofias, le Jardin National offre une promenade ombragée. Je passe le long d’une rangée de palmiers à très hauts fûts. Les arbres remarquables sont étiquetés comme dans un arboretum ; ils ont été acclimatés des cinq continents. Une aimable compagnie se promène, jeunes ou vieux, touristes ou SDF. Une troupe théâtrale en habits 19ème déclame en marchant. J’imagine que faisaient ainsi les philosophes de l’antiquité. Je me gave de chaleur. Le bien être m’envahit.

A la sortie du jardin, je découvre le Zappéion que je ne connaissais pas : palais 19ème (1874-1888) rêve d’Evangelos Zappas, homme d’affaire grec vivant en Roumanie mais ayant combattu pour l’Indépendance grecque et désireux de faire revivre, avant de Coubertin, les jeux olympiques. Il a servi lors des jeux Olympiques d’Athènes en 1896 et plus tard. Le Zappéion sert maintenant de Hall d’exposition, c’est là qu’a été signée l’adhésion de la Grèce à l’Union Européenne en mai 1979. Le fronton rectangulaire à colonnes plat ne laisse pas imaginer le patio à colonnes rond.
Non loin du Zappéion, se trouve un cinéma de plein air et un très beau restaurant (ou café). Le cinéma sous les étoiles est pour moi un souvenir très ancien, quand en 1968 j’avais été invitée à Glyfada par des collègues grecs de mes parents. Nous avions vu Romeo et Juliette de Zeffirelli. Je me souviens des écorces de pépites par terre (en Israël aussi) .
Non loin, j’aurais dû trouver le stade de Marbre, stade antique restauré pour les premiers Jeux Olympiques. Impossible de le trouver, je longe l’Ecole de Gastronomie, un très chic club de tennis, pas de marbre. Il est caché par les arbres mais je ne le savais pas.

En revanche j’arrive à l’Olympéion Temple de Zeus Olympien. Il est fini le temps où je présentais ma carte professionnelle et où avec deux ou trois mots de Grec, j’entrais gratuitement dans les sites ! Pour obtenir la réduction senior je dois sortir ma Carte d’Identité dument inspectée. La construction du temple fut initiée par Pisistrate, le petit fils du tyran en 515av JC sur le site d’une construction archaïque. Elle fut interrompue en 508 après la chute du tyran. C’était un monument gigantesque d’ordre dorique en calcaire sur le modèle des temples d’Asie Mineure. Construit en marbre au 4ème siècle il resta inachevé, puis il fut reconstruit par les Romains et complété par l’Arc de Triomphe d’Hadrien. 104 colonnes était encore debout en 1852. Sur une vaste esplanade un peu chauve, les colonnes restantes sont gigantesques ; j’ai déjà entendu ce refrain à Agrigente (encore un temple de Zeus avec ces géants les Télamones. Le gigantisme sied à Zeus ! L’Arc de Triomphe d’Hadrien est plutôt gracile pour un monument romain, original avec ses deux parties superposées très différentes.
Retour par Plaka avec ses restaurants, ses boutiques de pacotille ; cette année des bottes à lanières – sandales qui s’enroulent jusqu’au mollet, ses écharpes de mousselines, le linge de toilette et les ponces teintées de couleurs criardes à destination des touristes attablés aux « happy hours ».
Fin de la soirée en regardant le jour tomber et l’Acropole s’illuminer.
Le réceptionniste ne vous a pas reconnues, mais ça fait combien d’années ? Toute cette blancheur et cette lumière, pas de doute, c’est un autre pays.
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La dernière fois il y a 3 ans mais aussi bien d attesgoisauparavant . La lumière en Grèce est merveilleuse
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Bon voyage 🙂
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@maggie : Merci mais je suis déjà rentrée! je n’aime pas voyager avec mon ordinateur, le carnet de voyage paraît en décalé.
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