CARNET DU MEZZOGIORNO (BASILICATE)

Agréable déjeuner à la pizzeria Austin très bien située sur une place en face du monastère de San Augustino (16ème – 17ème) avec une vue dégagée sur les sassi, pas de pizza pour nous mais baccala avec des poivrons séchés (plus pour le décor que pour le goût, ils sont si secs qu’ils sont immangeables et pour moi des spaghetti avec cime de rapa (légume intraduisible, avec des feuilles et fleurs de navet ressemblant à des brocoli) de petits morceaux de saucisse et les poivrons rouges secs.
Bien sûr, j’entre dans San Augustano qui a une très belle façade mais un intérieur blanc assez sobre et un bel orgue. Surprise : une église rupestre se cache à l’arrière de la grande église ; Elle est peinte à fresques mais récentes et assez décevantes.
La troisième église du billet collectif acheté hier est San Pietro in Barisano. D’après le plan, elle est tout près du restaurant. Malheureusement le plan n’indique pas le relief, je monte beaucoup trop haut sur la via Cesarea (Internet me réservera la surprise d’apprendre que San Basile était évêque de Césarée et depuis que nous sommes en Basilicate il est beaucoup question de moines basiliens) . De la via Cesarea je vois la pointe du clocher de San Pietro In Barisano qui semble me narguer. Je vois l’église, adossée à son rocher ; mais comment descendre ?

L’église rupestre est vaste, aussi haute de plafond qu’une église construite. L’église primitive 12ème -13ème siècle a été agrandie et remaniée au 15ème , 16ème et 18ème siècle. On a creusé des chapelles latérales et la façade est de 1755. A l’intérieur on peut voir de nombreuses fresques, des autels sculptés et une jolie Vierge de la Consolation en tuffeau. Cet après-midi, après les visites du matin aux églises rupestres, ce ne sont pas les fresques qui retiennent mon attention mais une installation contemporaine de la Brésilienne Louise Manzon les sculptures sont soit en céramique, soit métalliques, les têtes de céramique se marient avec les matériaux de l’église.
Cette installation se nomme Aion nei sassi
« selon les Grecs ancien, pour indiquer l’heure, il y avait Aion, kronos et Kaïros »
Aion suppose la longue vie, l’éternité, la migration des femmes (et des hommes) mais ce sont les femmes qui sont représentées ici

« Un groupe de reines habillées par des vagues, emprisonnées dans une armure »
Ces reines africaines règnent au milieu de la nef.
Sur un cartel je lis Anime in attese (céramique, filet métallique) avec ces réflexions : « l’Attente est la condamnation du clandestin, l’Attente est patience sans se rendre. «
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Environ 120.000 ans : une femme en robe de mariée métallique, laiton, or ou cuivre, elle est très belle c’est probablement elle qui symbolise Aion, elle est très belle. Une autre, vêtue de noir a pour titre « peur d’espérer «
Ces mots résonnent en moi, comme les sculptures dans l’église.
Devant un autel, sous la Vierge et l’enfant, la sculptrice a installé trois poissons de céramiques, dans un ensemble Mare Nostrum, il mito parmi les trois poissons Scilla, nous en revenons avec l’évocation de l’Odyssée.
Cette exposition ne marie tellement bien avec les lieux, elle me parle, me voici réconciliée avec Matera 2019 qui n’est pas seulement l’arrivée en masse des touristes dans des « lieux touristiques » mais aussi un tremplin et un écrin pour une création contemporaine exigeante. Me voici comblée quand je découvre une installation inspirante.
En cherchant, je suis tombée sur une vidéo de l’expo. Je ne comprends pas l’espagnol (sauf des mots par-ci par là) mais ce que je vois est vraiment splendide. J’aurais adoré cette expo : https://www.youtube.com/watch?v=9E3qVn1aZAg
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MERCI pour le lien! c’est une belle video mais ce n’est pas de l’espagnol mais de l’italien; Normal à Matera
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