Les trois vies de Babe Ozouf – Didier Decoin

BALADE NORMANDE – COTENTIN

Le nez de Jobourg

Elle avait pris la ferme de Jobourg pour cette sensation de vivre en face d’un espace illimité, d’un presque néant
de landes rases, d’eau et de nuées. Depuis la lucarne du fenil, le regard se perdait à l’infini. Parfois, sur le coup
d’octobre ou de novembre, un mur de brume venait s’appuyer contre les clôtures, mais Babe savait que ce
brouillard-là n’avait rien à cacher ; il était le prolongement visible du monde informe au-delà de sa ferme, terres
où levaient des murets si bas que les agneaux de Pâques eux-mêmes, dès le lendemain de leur naissance, se
sauvaient d’une pâture à l’autre. Sauf en été où les ombres étaient franches, les vagues de l’herbe et les vagues
de la mer avaient une même couleur – un malentendu gris et bleu fermait là-bas au bout. Le bout du monde, c’est justement là

Pour rester encore à La Hague après avoir fini Avec vue sur la mer du même auteur. 

Les Trois vie de Babe Ozouf est un roman en trois parties, trois vies, trois femmes. Babe Ozouf (1893), Catherine dans  les années 30, sa fille, Carole (1944) la petite fille. Unité de lieu : La Hague. Un destin commun : naufrageuses. Une constante : le feu. Et toujours la présence de la mer sauvage, des tempêtes. 

Didier Decoin évoque avec vivacité les falaises, la lande et les genêts, ainsi que la vie rurale traditionnelle au début du XXème siècle et j’ai eu grand plaisir dans ce dépaysement.

Histoires d’amour et de passion avec la figure fière et flamboyante de Babe Ozouf, en demi-teinte avec le mariage de Catherine, à peine sortie de l’enfance et du peintre Louis. Cette histoire à la limite de la perversion me laisse un peu dubitative. Il fut un temps ou Lolita ne posait aucun problème, maintenant on est plus critique. Pour Carole de Chicoutimi, l’amour est secondaire son destin se confond avec la Résistance, même si…

La Hague est autrement belle, ce soir, empourprée et toute retroussée de vent comme une fille qui danse. Je suis
moi-même une fille qui danse, pense Carole, je vais danser devant un feu, danser devant un grand bateau, un
navire orgueilleux qui a fait régner la terreur dans les fjords, à la fin je le faucherai d’un croc-en-jambe et il se
couchera sur le flanc, mais

La nuit sur la Hague, qu’elle soit feutrée par les brumes ou pleine du hurlement des tempêtes, libère de singuliers
démons.

je recommande ce livre à tout touriste, visiteur, vacancier dans le Cotentin. A lire sur place ou au retour!

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Les trois vies de Babe Ozouf – Didier Decoin »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :