CARNET BASQUE 2021

Nous aurions pu prendre l’autoroute à Bayonne et filer directement à Hendaye, nous avons préféré passer par les villages d’Espelette, Saint Pée-sur-Nivelle, Ascain, Urrugne et arriver par la montagne. Sous un soleil radieux, les prés sont vert vif, les moutons font des taches blanches. Le printemps explose un peu avant l’heure : épines en fleur, pêchers et ce matin, les poiriers commencent leur floraison. Juste avant de descendre sur Hendaye, je remarque les asphodèles. Les glycines explosent sur les façades de certaines maisons. Nous traversons les villages sans nous arrêter sur la D. 918 qui nous avait conduites à Saint-Jean-Pied-de-Port. Puis on passe vers Urrugne sur la Nationale 10 – amusant de penser qu’avant les autoroutes la RN10 était l’un des routes les plus importantes et que maintenant c’est une route secondaire comme les autres, bordée de beaux platanes quand même !
L’arrivée sur Hendaye selon les conseils de notre GPS est étrange, nous descendons par une toute petite rue à travers des HLM ; le GPS annonce « vous êtes arrivés ! » au milieu de nulle part, dans des rues en pente. Sens interdits, on arrive à la Gare (importante) mais dans un chantier. Non loin, l’Espagne, nous avons un peu peur de nous y retrouver, la frontière n’existe pas trop sur les routes secondaires et en ce moment de Covid, nous n’avons pas de test PCR. Sur la RN10, les gendarmes veillent.
Enfin, nous trouvons le port de pêche et une poissonnerie ! C’est une merveille cette poissonnerie : GO EL MAREE 4 rue des orangers. Le banc de poisson est impressionnant surtout les grondins dont les nageoires étalées en éventail sont de taille, on aurait dit des ailes. Les plats cuisinés sont très appétissants : calmars apprêtés de façons variées, en anneaux frits, à la basquaise rouge, dans l’encre noirs, farcis, les poissons aussi présentés de façon originale. On aurait envie de tout acheter. Je me laisse tenter par la paella au poisson (on est à deux pas de l’Espagne) et pour le pique-nique je me tourne vers la table des tapas : croquettes, brochette de crevettes dans une sauce au safran et au piment d’Espelette, minuscule poivron rouge farci au thon, et crevettes roses.

Le port de pêche se trouve sur l’estuaire de la Bidassoa, en face l’église très espagnole de Fuenterrabia et une forteresse médiévale sont inaccessibles. Sur le plan d’eau, la baie de Chingoudy des rameurs et des rameuses font la course dans d’étroites embarcations avec une quinzaine de personnes, le barreur ou la barreuse crient pour marquer le rythme, en quelle langue ? Ce sont plutôt des onomatopées que je ne distingue pas. Une promenade conduit à une vaste esplanade ou des jeunes font du skate ou de la trottinette, certains parlent Espagnol – les frontaliers sont autorisés à passer. Un peu plus loin, le port de plaisance et le yacht-club.

Nous trouvons la plage après avoir traversé des quartiers de très belles maisons de style basque, presque toutes fermées, ce sont sans doute des maisons de vacances. La plage est immense, large et longue de plusieurs kilomètres. Ce matin samedi il y a un peu de monde, surtout des surfeurs qui traversent la plage, la planche sous le bras. Il y a aussi des familles. On parle Espagnol. Chance, la marée est basse, mais la mer remonte. J’ai le temps d’aller jusqu’aux rochers du côté de Saint Jean-de-Luz sur le sable mouillé. Je passe devant les villas puis le grand hôtel de style basque transformé en appartements. Protégé par un enrochement important, l’ancien casino de style mauresque, lui aussi transformé en appartements. Plus loin, quelques immeubles modernes et des villas plus traditionnelles.
Les falaises et les deux rochers, les deux Jumeaux, sont impressionnants, ils sont colorés, feuilletés. Les petits bancs de roche rose ou orange. Au niveau de la falaise d’autres couleurs : bleu, mauve et même blanc ou jaune. Au-dessus l’herbe est bien verte et on voit le château d’Abbadia. La pointe appartient maintenant au Conservatoire du Littoral, c’est une réserve pour la flore et la faune mais pour trouver le sentier il faut monter au-dessus du camping des deux Jumeaux et de l’Hôpital de Hendaye et aller un peu plus loin (c’est fléché).
La mer monte et bientôt on ne peut plus passer à pied sec surtout au niveau du Casino.

Dernière avanie du Covid : les toilettes publiques sont fermées ! La plage est pourtant bien équipée. Je parcours toute la corniche sans en trouver d’ouverte, une seule, dégoûtante ! Il ne me reste plus qu’à me cacher dans un buisson.
Sans cet inconvénient (mineur mais bien désagréable) la promenade est vraiment très agréable. Des massifs fleuris ornent toute la digue. Des vipérines bleues hautes d’un bon mètre cinquante me rappellent Madère ou les Canaries, déjà en fleurs aussi quelques agapanthe. Le climat est vraiment doux à Hendaye.
Après déjeuner, quelques nuages sont apparus et surtout le vent s’est levé projetant le sable dans les yeux. Nous prenons la route du retour par le chemin des écoliers, nous arrêtant à chaque village.
Urrugne, un peu à l’écart de la RN 10, tranquille, blanche avec les colombages bruns rouge mais sans les afféteries pour touristes, pas de cordes de piments ni de grosses potiches, un village tout simple. L’église est un peu différente de celles de la région, le clocher-porche n’est pas pointu mais tronqué, c’est une église de la Renaissance. Son plafond est vert parsemé de fleurette alors que les autres ont un ciel étoilé. Le plafond du chœur a des poutres formant des ogives gothiques. Bien sûr il y a un retable baroque monumental quelque peu dédoré. Le 21ème siècle a posé sa marque avec un orgue tout neuf.
Le centre d’Ascain est également décalé de la circulation. Petite place charmante. Quatre pelotaris jouent. Des randonneurs qui passaient par là apprécient la justesse des coups. J’entre dans l’église (en temps de Covid ce sont les seuls sites visitables) rien d’original si ce n’est la présence de commères qui parlent à haute voix et médisent sur les absentes.
Arrêt à Saint Pée-sur-Nivelle, visite rapide de l’église. A l’arrière le parc des berges contient des statues modernes massives. Il est très animé cette après-midi. Les vieux jouent aux boules, des familles ont organisé des goûters sur les tables de bois et les adolescents se promènent en groupe. Il y a un moulin sur la Nivelle. C’est une maison qui n’a rien d’extraordinaire si ce n’est une arche où coule l’eau qui actionne les meules invisibles aujourd’hui.
Vous avez fait un festin ce jour-là ! Ah, les toilettes fermées … un vrai problème partout et pas des moindres tout de même côté hygiène. Je me demande si un media va se décider à en faire un sujet un jour, au lieu de nous abreuver jusqu’à l’écoeurement des empoignades stériles de nos politiques en campagne avant l’heure.
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