Tarabas – un hôte sur cette terre – Joseph Roth

FEUILLES ALLEMANDES

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Après le Retour à Lemberg de Philippe Sands, je retourne en Galicie avec Joseph Roth (né à Brody 2-09-1894) maintenant en Ukraine, mais autrichienne jusqu’à la Première Guerre mondiale. 

Le héros de l’histoire, Tarabas, était-il Russe ou Ukrainien? En tout cas c’était le fils d’un propriétaire terrien aisé.  Etudiant à Saint Pétersbourg, compromis avec des terroristes révolutionnaires, son père l’envoie en Amérique. A New York une gitane lui prédit qu’il serait  un meurtrier puis un saint. La prédiction commence à se réaliser quand il se bat avec le cafetier où travaille son amoureuse et le laisse pour mort sur le trottoir. L’entrée de la Russie dans la guerre le tire de ce mauvais pas. Il retourne s’engager, sa position sociale lui vaut les galons d’officier.

Tarabas est une brute. La vie militaire lui convient, il aime  commander, n’a aucun scrupule. Aucun sentiment patriotique ne l’anime : aux ordres du Tsar, de la Révolution, de sa nouvelle patrie (Ukraine? Galicie, Russie? Union soviétique?) ce qui compte, c’est de commander un régiment, faire l’exercice, boire en compagnie de ses soldats.

Après la Révolution, l’ordre militaire se dégrade, des soldats disparaissent, désertent, les ordres viennent avec une bureaucratie incompréhensible. Tarabas ne sait que faire de ses hommes. Il déclenche un pogrom, incendie les maisons des juifs, puis s’en prend à un vieux juif roux dont il arrache des poignées de barbe. Etonnamment, alors qu’il a participé à un attentat, assommé le  cafetier, fait la guerre. C’est ce pogrom qui fait de lui un meurtrier.

Après avoir pris conscience de sa faute, Tarabas abandonne son ancienne vie et devient vagabond pour expier. Sa vie est celle d’un mendiant, il va chercher le pardon du juif. Retrouver sa maison natale. J’ai beaucoup aimé ce récit du vagabondage.

Nombreux sont les vagabonds qui errent sur les routes des pays de l’Est. Ils peuvent vivre de la charité des gens. Certes, les chemins sont mauvais et les pieds se fatiguent facilement ; certes, les chaumières sont misérables et offrent peu de place, mais le cœur des hommes est bon, le pain est noir et parfumé et les portes s’ouvrent vite. même aujourd’hui, après la Grande Guerre et la Grande Révolution, bien que les machines aient commencé leur marche inquiétante  faite d’acier et de précision, vers l’Est de l’Europe, les gens sont toujours compatissant à la misère des étrangers. Même les fous et les sots comprennent la détresse du prochain mieux que ne le font n’importe où ailleurs les sages et les savants;….

Ce court roman de 237 pages est d’une puissance étrange.

Meurtrier ou saint , Tarabas cristallise les horreurs de la guerre et du pogrom; en même temps, la proximité avec la nature confère une certaine innocence. 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Tarabas – un hôte sur cette terre – Joseph Roth »

    1. @Aifelle : ma vitesse de lecture n à rien d exceptionnel seulement j ai regroupé les articles sur le blog pour une meilleure cohérence. Avec le temps automnal je passe des après midi avec ma liseuse et ma théière

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