REVOLUTION RUSSE (1920)

» Oui, je crie oui à la révolution, je le crie, mais elle se cache de Ghédali, et n’envoie devant elle que de la fusillade…
— À qui ferme les yeux, le soleil ne se voit point — dis-je au vieillard. — Mais nous saurons dessiller les yeux
clos… — Le Polonais me les a fermés — chuchote le vieux, d’une voix presque indistincte. — Le Polonais est
un chien méchant. Il prend le Juif et lui arrache la barbe… Ah ! le vilain mâtin ! Et voilà qu’on le fouette, le
mauvais chien… C’est admirable, c’est la révolution !… Et après, celui qui a battu le Polonais vient me dire :Donne ton gramophone, réquisition, Ghédali… J’aime la musique, madame, que je réponds à la révolution… —
Tu ne sais pas ce que tu aimes, Ghédali ! Veux-tu que je tire ? Tu sauras alors ce que tu aimes ! Et je ne peux pas
m’empêcher de tirer, parce que je suis la révolution…Mais le Polonais tirait, mon aimable pane, parce qu’il est la contre-révolution ; et vous tirez parce que vous êtes la révolution. Pourtant, la révolution, c’est un contentement. Et un contentement n’aime pas qu’il y ait des orphelins au logis. L’homme bon accomplit de bonnes œuvres. La révolution est la bonne œuvre de bonnes gens. »
Est-ce un roman? un recueil de 34 courtes nouvelles? ou une série de reportages, témoignages de la campagne en Vohynie (Pologne) de l’Armée Rouge?
Babel note scrupuleusement le lieu et la date, de Juillet à septembre 1920. Dans un texte, il fait allusion à une Gazette Le Cavalier rouge qui contiendrait aussi des informations sur la situation internationale.
Il est question de batailles, de sabres de mitrailleuses, de victoires ou de retraites, de blessés, d’héroïsme ou de mesquineries, de trahisons aussi. Mais ce n’est pas un épopée glorieuse. C’est plutôt un récit répétitif de la vie quotidienne de ce régiment de Cosaques qui se placent à cheval, en charrette, dans le train de l’agitprop, qui occupent des villes polonaises, découvrent des ruines, bivouaquent dans des fermes.
Les personnages sont, bien sûr, les Cosaques et les officiers, « combrig, chefdiv ou la politsection » tout un jargon révolutionnaire. Personnages secondaires : les Polonais et les Juifs, habitants de la Volhynie sont aussi décrit avec vivacité : le vieux Ghédali, commerçant juif, le fils du rabbin communiste, un curé obséquieux qui s’efforce de préserver son église, des artistes, un peintre qui prend les villageois pour modèle pour peindre les saints, un accordéoniste….Moins attendues, les femmes, les mères, les infirmières, fermières. Tout un monde!
« -un cheval qu’il avait amené du pays — disait Bitsenko. — Où trouver le pareil ? — Un cheval, c’est un ami —
répondait Orlov. — Un cheval, c’est un père — soupirait Bitsenko. — Il vous sauve la vie tout le temps. Bida,
sans cheval, est comme perdu… »
Autres acteurs importants : les chevaux que Babel décrit avec une précision toute hippologique. Un officier est capable de quitter la brigade pour se procurer une monture. un autre concevra une véritable haine parce que son cheval préféré a été réquisitionné.
Une mention spéciale devrait être attribuée au traducteur : Maurice Pariajanine (1928) qui, dans une longue introduction, présente Isaac Babel . Il fait découvrir, au plus proche du mot-à-mot, la saveur du style de l’auteur dans de très nombreuses notes en fin de chapitre. Il fut également le traducteur de Trotski.
Merci pour cette belle suggestion de lecture. Je te recommande également Histoire de mon pigeonnier du même auteur.
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@patrice : merci pour la référence, histoire de mon pigeonnier inscrit dans ma liste d’envie
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Off topic: La valeur du timbre poste = 80 k0peck.
En haut: ‘CCCP »= URSS; « 20 Let »= 20 Ans.
En bas: 80 k(le price); « LA POSTE » ; « … camarade Stalin…19… »
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@george merci pour la traduction !
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Tiens je n’ai jamais lu cet auteur, mais je pourrais bien commencer par ce titre. Ce que tu en dis donne envie.
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@george merci pour la traduction !
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@Nathalie je te le recommande il est court se lit bien et c est très vivant. J aime beaucoup ce qu il raconte des cheveux
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Un peu off topic pour moi aussi, mais peut-être as-tu lu Aventures dans l’armée rouge, de Jaroslav Hasek (avec les savoureuses illustrations de Joseph Lada)?
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@passage a l est merci de le signaler. Je ne le connais pas . S il y a des illustrations il vaut mieux un livre que de la lecture électronique. Je vais regarder à la mediatheque
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Comme nathalie je ne connais pas l’auteur mais celui-ci a l’air intéressant.
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@claudialucia : protège de Gorki quand même !
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Babel ce n’est pas de la lecture facile, je dois dire que j’ai lu la plupart de ses écrits mais je n’ai pas toujours été transportée
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