VOYAGE METROPOLITAIN

Tout d’abord le plaisir de retrouver le Voyage Métropolitain que j’avais perdu de vue avec le Covid et les confinements! Toujours le même entrain, la même convivialité et des intervenants passionnants le plaisir du partage et de la découverte.
Comme d’habitude, Jens déplie ses cartes, celle de la région, celle du schéma directeur de Delouvrier (1965) correspondant à la création des villes nouvelles. Evry est sortie des champs à côté d’un petit village dans la vallée de la Seinn entre la Nationale 7, l’Autoroute du Soleil, une ville à imaginer : un plan original en X relié par un autobus en site propre reliant les quartiers, avec au centre la gare du RER D (qui était aussi à construire).

Une ville avec une préfecture, une université, des entreprises, certaines innovantes, des emplois. Des quartiers d’habitations, une nouvelle population à loger. Un réseau de transport performant, voire révolutionnaire, ne faisant pas appel au tout-voiture. Des circulations sur 3 niveau, le niveau intermédiaires étant celui de l’autobus, les quartiers s’ouvrant sur une ville piétonnière. La ville idéale?
Frank, enseignant en arts plastique, en est tombé amoureux. Il vante sa ville, où il enseigne, où il vit depuis des décennies. Lucide il relève l’ anomalie : les habitants ne travaillent pas sur place, on observe un chassé croisé de travailleurs qui ne correspondent pas aux emplois que la ville offre. Emplois très qualifiés pour une main d’œuvre qui l’est moins. Résultat, une ville peu animée, les habitants rentrant tard après leur travail et leur déplacement n’ont guère envie d’aller boire un pot au bistro! Inversement les travailleurs préfèrent rentrer chez eux. Des fastfoods, oui mais peu de convivialité.
Malgré toutes les bonnes intentions des urbanistes et architectes, la mayonnaise n’a pas pris, faute aux crises pétrolières, avant 1973 l’argent était facile, on a commencé par financer les animations sur l’Agora, puis les moyens financiers n’ont pas suivi. Il en résulte un centre un peu étrange : un théâtre ouvert sur la ville, et sur le Centre commercial qu’on est en train de rénover avec des projets de restaurants (comme à Créteil-Soleil) et un chantier peu lisible pour les visiteurs. Dommage! Pourtant le théâtre est une Scène Nationale avec des programmes ambitieux et une municipalité très désireuse de favoriser le secteur culturel.

De l’Agora, nous passons le long d’une grande Patinoire (encore un projet ambitieux) sur un cheminement perché au dessus de parkings. Un petit jardin en contre-bas est condamné à brève échéance, délaissé peut-être pour des raisons sécuritaires. Plus haut, on découvre encore un autre jardin bien caché (jardin zen où se déroulent des activités de yoga ou de méditation). Ce serait un très joli coin pour respirer mais il est fermé, cadenassé quand il n’y a pas d’activité. Une longue barre d’habitations borde le cheminement, le Bâtiment Creux, très original, mais il faut être plus loin pour l’apprécier. En face un bas relief en céramique rappelle l’histoire de la construction de la Ville Nouvelle : c’est le grutier.

Une passerelle enjambe la route de l’autobus : surgissent les Pyramides, 6000 logements prévus, 2000 construits.

Les architectes, Michel Andrault et Pierre Parat, ont imaginé des logements qui s’ouvriraient sur une grande terrasse avec des jardinières en béton permettant de végétaliser l’ensemble (il y a la même à petite échelle au lac de Créteil). L’ensemble est très bien pensé, les pyramides sont construites en dégradé, les plus hautes près de la passerelle s’échelonnent avec des moyennes, puis des petites. Les couleurs sont étudiées une face verte, une face rose.

le quartier se termine par de très petites pyramides

On a pensé la ville ouverte, sans passage automobile on avait ouvert aussi l’école sur l’extérieur. Puis les mentalités ont changé, on referme et la cloche de l’école se retrouve au centre d’une sorte de rondpoint.

les enfants ont perché un ballon de foot piégé entre les grosses sonnettes. Aubaine pour Jens qui a prévu de nous faire tirer des ballons dans la Lucarne. Les garçons se font la courte échelle pour le récupérer. La Lucarne est une attraction-phare de la ville. Les amateurs de foot avaient l’habitude de tirer dans une petite fenêtre d’un immeuble. Après les protestations des voisins on a construit une réplique dans un endroit dégagé, avec porte en trompe-l’œil, digicode…

C’est donc une attraction sportive, il faut se mettre à 12 m sur un repère et viser la lucarne. C’est difficile, personne dans notre groupe n’a réussi! Cette lucarne est si connue que Djibril et ses associés ont fabriqué une « lucarne pliante » et qu’ils se déplacent dans toute la France pour des animations.

A Evry est né un sport : l’Art du Déplacement ou Parkour popularisé par un film Yamakasi (2001) avec Luc Besson. Yamakasi a une consonnance asiatique (le film est sous-titré les Samouraïs) mais c’est une expression en lingala.
Plus que du cinéma, c’est du sport, le franchissement avec ou sans acrobatie des barrières, matériel urbain, y compris des sauts impressionnants comme du haut du Manpower en atterrissant sur l’immeuble d’en face. L’entraîneur de l’académie d’Evry est venu nous présenter son sport plus tard dans l’après-midi. Le Patrimoine vivant de la ville m’a bluffée!
Piquenique dans le très grand et frais parc du Coquibus où nous avons vraiment apprécié l’ombre de vieux arbres.
Puis découverte d’autres quartiers dont certains ont été labellisés pour l’architecture particulièrement remarquable.

Brique et béton, mais si on regarde de près on apprécie le décor du porche

Moins apprécié les barres de fer qui sécurisent les balcons jusque dans les étages élevés!
Un autre ensemble est dû à Sarfati : les glycines qui sont un peu « villas de bord de mer » , un peu kitsch, et beaucoup dépaysantes dans cet univers de béton.

Nous traversons l’ensemble de briques des terrasses, très vert, très calme.

Pour revenir sur nos pas à travers le Parc vers la Cathédrale de Botta dont j’ai beaucoup aimé la couronne de tilleuls qui ont l’air de s’y plaire. Le travail de la brique est intéressant avec des motifs variés. l’intérieur est impressionnant.
BonjourMyriam,
Nous faisant découvrir ou redécouvrir les Pyramides du haut desquelles environ 5 décennies nous contemplent, vous m’avez fait découvrir « Le voyage métropolitain » .
Si la canicule baissait un peu la garde, j’irais bien faire un petit tour du côté du canal de l’Ourcq samedi prochain.
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@ CloRo: j y serai samedi avez vous les coordonnées pour vous inscrire ?
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J’ai fait un tour en canapémobile sur le site. Ce serait avec plaisir si les très hautes températures ne se mettaient pas en travers des projets d’une habituée de la rando, néanmoins septua… 29° C prévus à Sevran samedi. (Mais des orages pourraient faire changer la donne en ma faveur)
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Fin du rêve. La rubrique inscription affiche complet.
A une autre occasion, j’espère
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J’aime beaucoup ces découvertes (OK j’habite loin) , aimerais-je y habiter? En tout cas certaines réalisations ne sont pas vilaines du tout.
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@keisha : Créteil a une architecture analogue et j’aime bien y habiter. les urbanistes et les architectes font de beaux projets, après les habitants en font ce qu’ils veulent ou ce qu’ils peuvent.
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Il y a des coins intéressants, on sent le grand projet derrière, mais est-ce que ça suffit à faire une ville ? Il y en a eu une près de chez moi à la même époque (j’habitait l’Eure) Val de Rueil. Même enchaînement que celui que tu décris, projet non abouti, bâclé, plombé par les premières crises, surtout la pétrolière. C’est un échec.
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@Aifelle : Evry est une vraie ville avec une Prefecture, une université, mais l’utopie est difficile à atteindre
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