CARNET SARDE

161 km par la route principale, nous choisissons un itinéraire plus touristique.

Nous avons évité Oristano en passant par les rizières. Je remarque un verger de grenades en fleur. Nous quittons la SS131 (2×2 voies) à Terralba, grosse bourgade sans intérêt. La SP 126 – route droite dans la plaine – est bordée de jolies montagnes aux crêtes déchiquetées qui culminent au Monte Acuentu à 785 m. Joli dénivelé à quelques kilomètres de la mer.
Guspini

Guspini (12.000 ha) est une petite ville ouvrière qui se rappelle l’activité minière de Montevecchio toute proche. On peut visiter la mine désaffectée, nous l’avions fait lors de notre précédent voyage et c’était passionnant.
Du haut de son large escalier San Nicola di Mira (1611) a sa façade crénelée ornée seulement d’une rosace et de colonnettes tronquées autour du portail. Deux têtes de marbre blanc sur des chapiteaux sont assez étranges. Qui figurent-elles ? des nobles espagnols ? Des saints ? un homme entre, se signe, fait une courte prière et retourne à ses occupations, une jeune fille fait de même, lorsque je sors j’en croise un troisième. Je me sens un peu intruse avec mon appareil photo. Je nais qu’une courte visite sans prêter attention aux arcs gothiques cités par le Guide Vert.
De Guspini à Arbus, 5 kilomètres seulement mais une succession de virages impressionnants.
Arbus (6300 ha) est une petite ville en pente raide. Des artisans couteliers sont indiqués ; j’ai renoncé à remplacer le Laguiole de mes 50 ans, le moindre couteau vaut 60€ et je les perds. Arbus semble plus touristique que Gustini.

La route SP126 est vraiment spectaculaire avec tous ses tournants dans la chênaie. Après le Passo Bidderi (485m) la route traverse un maquis dense de lentisques et arbousiers avec des falaises et des rochers apparents sur lesquels s’accrochent avec ténacité des oliviers qui font penser à un tableau chinois. La descente continue avec beaucoup de virages.
Fluminimaggiore

C’est jour de fête à Fluminimaggiore (2900 ha) : 13 juin est la Saint Antoine de Padoue. Nous arrivons après la procession (dommage !) la rue principale est piétonnière pour la fête, fleurie de lys odorants, décorée de nœuds et de rubans et ballons. De nombreux jeunes déambules en costume traditionnel. Tout le monde occupe les terrasses des bars. Les murs des maisons sont peints de murales et une exposition de photos occupe les places disponibles, photos anciennes en noir et blanc, en couleurs pour les photographies d’actualité : femmes indiennes ou manifestation des femmes irakiennes.
Le long de la route coule un ruisseau dans la verdure, le moulin à eau abrite un Musée Ethnographique malheureusement fermé le lundi.
A la sortie du village, des panneaux touristiques signale la mine, une cascade et des promenades mais il faut marcher 4 km (et retour) un peu loin pour une journée de route. Des bâtiments industriels sont à l’abandon, témoins du passé minier de la région. On pourrait aussi visiter une grotte. Fluminimaggiore ne manque pas de ressources touristiques !
Temple d’Antas

Le Temple d’Antas se trouverait à 2 km du bourg selon le Guide Vert, en réalité beaucoup plus. Je commence même à m’inquiéter. A-t-on loupé la route ? le site sera-t-il fermé le lundi ? L’embranchement est bien signalé, le portillon est ouvert. Entrée 5€ avec un guide en français, un plan du site et de nombreuses explications. C’est un temple romain. L’inscription sur la frise au-dessus des quatre colonnes permet de le dater et de l’attribuer à Caracalla. Il est dédié au dieu local Sardus Pater Babi . Le premier temple romain d’Auguste (38 av. JC°) était alors délabré. Le petit temple est dans un écrin de verdure qui le met en valeur.
Au pied du temple romain se trouvent les restes du temple punique (Vème siècle av. JC) édifié en l’honneur de Sid Addir Babay. Un rocher sacré servait d’autel. Plus tard, en 300 av. JC, il fut restauré et a restitué des décorations externes, des inscriptions et des objets en or et amulettes égyptisantes.
Un village nuragique (1200 av. JC) est formé de quelques pièces circulaires tandis que la nécropole nuragique se trouve au pied du sanctuaire.
On peut accéder à la carrière romaine à 1 km environ.
Pour étoffer la visite, des panneaux explicatifs décrivent la faune(buses, martre, hermine, couleuvre) et la flore du maquis.
Après Iglesias et Gonnesa nous cherchons une plage et traversons un paysage d’Apocalypse, une décharge recouverte de terre fait une pyramide nue, une faille menace d’écroulement la montagne, des installations industrielles rouillent sur place. Impression étrange.
Sant’Antioco – Cala Lunga

16 heures : installation au gîte de Cala Lunga. L’appartement qu’on nous destine est à l’étage après une montée d’une dizaine de marches. Impossible pour Dominique. Nous avions pourtant spécifié qu’elle était handicapée. Heureusement, il y en a un autre disponible en rez de chaussée.
Déception : nous avons payé plus cher qu’à Dolce Luna qui était luxueux. Ici c’est spartiate. Il n’y a ni climatisation, ni WiFi, ni télévision, ni machine à laver le linge, ni même une serpillière ou une éponge pour la vaisselle. Evidemment pas de produits d’entretien. Pas de sel ni poivre. Même pas de sacs poubelles.
Echange de mails plutôt aigres avec le propriétaire à qui je réclame au moins un balai à franges et un allume-gaz et qui met en avant le caractère « naturel » et « écologique » de son gite. Il ne met pas à disposition des détergents nocifs pour l’environnement. Les balais et les éponges sont-ils antiécologiques et nocifs ? pas de réponse. Le voisin qui nous a ouvert le gîte nous donne son briquet pour remplacer l’allume-gaz.

Heureusement, à moins d’un kilomètre, se trouve une plage merveilleuse : Cala Lunga au bout d’un petit fjord bleu marine taillé dans le tuf volcanique blanc. Je nage avec délice jusqu’au bout du fjord mais ne me risque pas en haute mer puisque je suis seule. Je fais des allers et retours. « Attention aux méduses ! » me prévient un monsieur avec masque et tuba. Effectivement, j’en rencontre deux. Les piqûres ne sont pas trop méchantes ne laissent pas trop de traces.
Le soir, je reste sur la terrasse jusqu’au lever de la lune, énorme, et assiste au ballet des chauves-souris. Côté moustiques, rien de méchant avec la bougie à la citronnelle
il y a vraiment des coins très sympas sur cette île!
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… et des propriétaires moins sympas. C’est vraiment la surprise à chaque fois. La journée a quand même été riche en découvertes variées.
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@Aifelle : gîte cher et mal équipé mais très bien situé. 10 minutes à pied et la plus belle crique dont on puisse rever
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