Olympe de Gouges – Michel Faucheux / Catel&Boquet

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dédiée à la Reine le 14 septembre 1791

Je connaissais Olympe de Gouge, de nom, je savais qu’elle avait rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et qu’elle avait été guillotinée. C’est tout! 

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud : elle doit avoir également celui de monter à la tribune. « 

J’étais donc très curieuse de connaître cette femme révolutionnaire, son parcours et ses œuvres.

Olympe de Gouges n’a pas attendu la Révolution pour prendre la parole. C’est sur la scène du théâtre qu’elle a choisi de s’exprimer pour défendre les droits des femmes. Elle soumet à la Comédie Française la pièce Zamore et Mirza , d’abord acceptée, que les comédiens, découvrant qu’elle est l’œuvre d’une femme, rechignent à jouer. Cette pièce est une dénonciation de l’esclavage. Elle imagine une suite au Mariage de Figaro : Le Mariage inattendu de Chérubin. Elle pétitionne aussi, indignée par l’injustice, ne se démonte pas et frôle l’embastillement. Dès février 1788elle fait précéder sa pièce d’un texte véhément Réflexion sur les Hommes nègres, véritable manifeste antiraciste et établit une relation entre le traitement réservé aux femmes et celui réservé aux esclaves 

Après la Révolution, elle occupe la scène politique, une autre sorte de théâtre. devient membre du Club de la Révolution, elle complète son éducation politique. Femme de conviction, elle cherche à se faire entendre malgré la misogynie et la condescendance :

je donne cent projets utiles : on les reçoit ; mais je suis une femme : on n’en tient pas compte.

Elle est en faveur d’une monarchie constitutionnelle. D’ailleurs sa

déclaration du droit des femmes est dédiée à la Reine. Elle compose le Tombeau de Mirabeau. Mais toujours elle est à la tête de l’action des femmes, beaucoup plus actives qu’on ne le raconte quand on fait le récit de la Révolution. Proche des Girondins, elle dénonce les massacres quand la Terreur s’emballe et elle s’oppose frontalement à Robespierre et à Marat

Crois-moi Robespierre, fuis le grand jour, il n’est pas fait pour toi; imite Marat, ton digne collègue, rentre avec lui dans son infâme repaire[…] De qui veux tu te venger? A qui veux tu faire la guerre et de quel sang as-tu soif encore?

Elle continue à écrire pour le théâtre, L’entrée de Dumouriez à Bruxelles sera représentée avec du retard à cause encore de la mauvaise volonté des comédiens et les représentations se passent mal .Sa pièce est mal accueillie en janvier 1793, comble de malchance Dumouriez est battu et trahit. 

Se sentant en danger Olympe fuit Paris, puis rentre et s’offre en sacrifice dans son Testament politique d’Olympe de Gouges : 

Vous cherchez le premier coupable? C’est moi, frappez. C’est moi qui dans ma défense officieuse de Louis Capet, ai pêché en vraie républicaine, la clémence des vainqueurs pour le tyran détrôné

Elle est emprisonnée, le 28 octobre 1793, elle est transférée en secret à la Conciergerie. Quand on la conduit à la guillotine, elle lance une réplique de théâtre

Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort

Comment une telle figure est elle restée dans l’ombre si bien que peu la connaissent?

le gros pavé, bien épais!

Après la biographie de Michel Faucheux, j’ai trouvé à la médiathèque l’énorme pavé de Catel & Boquet (500pages, 1049 g) Un roman graphique en noir et blanc, 400 pages en XXXI chapitres, chacun une année, une adresse avec le bâtiment dessiné. Le roman graphique donne moins de texte bien sûr que la biographie, il donne du corps à cette femme douée, hardie et séduisante. Il s’attache plus à ses amours, ses amitiés, ses proches. 

Au début, je me suis félicitée d’avoir lu la biographie de Faucheux avant la BD. Pleine d’allusions, mais pas toujours explicite. Des clins d’oeil à Rousseau, Lafayette ou Voltaire, sans parler des révolutionnaires.

Et puis, j’ai découvert 100 pages de chronologie, des fiches biographiques sur tous les contemporains d’Olympe de Gouges. Très complet, facile d’accès. Si je n’avais pas lu Faucheux, j’aurais pu ici me rattraper! Un conseil donc :  Si un personnage qui intervient dans le roman graphique vous intrigue n’attendez pas la fin pour faire plus ample connaissance, allez chercher sa fiche!

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Olympe de Gouges – Michel Faucheux / Catel&Boquet »

  1. La pièce Zamore et Mirza (1784) d’Olympe de Gouges (exécutée en nov 1793) fait étrangement écho au nom de l’esclave-enfant, Zamor capturé dans le Golfe du Bengal, offert à la Comtesse du Barry (exécutée en déc 1793) et devenu révolutionnaire après lecture de Jean-Jacques Rousseau. Il y a quelques Zamore, comme patronymes dans les Caraïbes.
    Un autre personnage historique injustement méconnu,dans notre pays, Toussaint Louverture.
    Merci Miriam, pour ces innombrables … ouvertures 😉

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  2. J’avais emprunté la BD à la bibliothèque, mais je n’ai pas disposé d’assez de temps pour la lire. Il faudrait que la réemprunte. J’ai écouté des émissions assez longues sur France-Culture au fil des années ; c’est un bon exemple de l’invisibilisation des femmes.

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