Campo Santo – W.G. Sebald

LIRE POUR LA CORSE

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Avant de boucler ma valise pour un voyage, je charge la liseuse de lectures qui accompagneront mes promenades et mes découvertes. J’ai  trouvé Campo Santo dans les listes de Babélio.

Le nom de Sebald a suffi pour déterminer mon choix. A la saison des Feuilles Allemandes je lis un de ses ouvrages, j’avais aimé Les Emigrants, Austerlitz a été un coup de cœur. je m’attendais donc à suivre l’auteur dans ses pérégrinations souvent mélancolique dans l’Île de Beauté. J’aurais peut-être dû être plus attentive au titre : Campo Santo c’est le cimetière, et des cimetières, en Corse, il y en a de spectaculaires. Avec ce sujet, on ne peut pas s’attendre à un livre joyeux.  Sebald n’est pas un joyeux drille,  donc la  promenade est plutôt mélancolique…

Petite déception, seuls quatre textes concernent la Corse, les autres racontent d’autres ruines comme la destruction par l’aviation alliée de Hambourg. J’avoue avoir abandonné ces textes du théâtre des ruines.

La petite excursion à Ajaccio est celle d’un touriste qui visite Le Musée Fesch et la Maison Bonaparte avec la touche littéraire de l’observateur qui remarque que l’arbre généalogique était décorée de vraies fleurs séchées du maquis, et qui imagine que la caissière somnolente aurait pu chanter lasciate mi morir sur une scène d’opéra. 

Campo santo est une visite au cimetière de Piana

« Mais au cimetière de Piana, parmi les maigres tiges, les pailles et les épis, de loin en loin l’un des chers
disparus vous regardait du fond de l’un de ces portraits sépia ovales bordés d’un fin filet d’or, que dans les
pays latins on a placés sur les tombes jusque dans les années 1960 : un hussard blond en uniforme au col
montant, une jeune fille morte le jour de ses dix-neuf ans, le visage aux trois quarts effacé par la lumière et
la pluie, un personnage presque sans cou, avec un gros bouton de cravate, employé colonial à Oran
jusqu’en 1958, un petit soldat, le calot de travers, qui est revenu gravement blessé de la jungle où il avait
vainement défendu Diên Biên Phu. »

 

J’ai pensé à ce texte quand j’ai longé le cimetière de Corbara et surtout à Isolaccio avec tous les monuments aux morts. lrauteur note les traditions de veillée funèbre et les rituels qui ont impressionné les voyageurs

Sebald nous emmène aussi dans les calanques de Piana si pittoresques

Les monstrueuses formations géologiques des calanques, qui surgissaient des profondeurs à trois cents
mètres, taillées dans le granit au cours de millions d’années par le vent, les embruns et la pluie, brillaient
d’un rouge cuivré, comme si la pierre elle-même était en flammes, embrasée par un feu intérieur.

Cimetières, mais pas seulement, aussi les sombres forêts. Les pins de la forêt Bavella célébrée autrefois, mise à mal par les coupes et les incendies. occasion de fustiger les chasseurs

tous les ans au mois de septembre, la fièvre de la chasse explose en Corse. Lors de mes excursions à
l’intérieur de l’île, j’ai chaque fois eu l’impression que toute la population masculine participait à un rituel
de destruction depuis longtemps dépourvu de finalité.

 qu’il compare aux « cowboys Malboro de la guerre en Yougoslavie »

J’ai retrouvé la musique de Sebald, là où je ne l’attendais pas.

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

12 réflexions sur « Campo Santo – W.G. Sebald »

  1. J’ai beaucoup aimé le premier texte sur Ajaccio. Il y a aussi tout un texte sur la musique qui s’ouvre par une scène de bar corse et j’ai également beaucoup aimé cette promenade dans les mots, les souvenirs et les notes.

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  2. J’amène aussi ma liseuse en vacances, c’est tellement pratique ! Sinon, je dois lire Les émigrants quand je trouverai le temps mais je ne suis pas très motivée à cette période de l’année.

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