EXILS
Daniel Mendelsohn, dans Trois Anneaux, un conte d’exil, a cité Sebald et m’a donné envie de lire Les émigrants, composé de quatre récits autour d’ un personnage en exil ayant quitté l’Allemagne dont le destin, tragique, se termine par la mort, suicide ou la folie. Le narrateur, Sebald lui-même?, vit aussi en errance, exilé en Angleterre. Il suit ses personnages à travers l’Europe, en France, en Suisse, les Etats Unis , et parfois beaucoup plus loin.
Je ne suis pas entrée tout de suite dans le livre.
Le narrateur, à la recherche d’un appartement fait la connaissance du Dr Selwyn, un homme tout à fait étrange. Juif originaire de Grodno en Lituanie, Selwyn quitte Grodno avec des émigrants en partance vers l’Amérique qu’il laisse à Londres. Il étudie la médecine à Cambridge. Le récit se promène aussi bien dans l’espace que dans le temps, effectue des boucles ( comme les anneaux de Mendelsohn) qui égarent la lectrice. Je ne sais plus qui suivre, le narrateur? les propriétaires de l’appartement, ou Selwyn ? Un nouvel arrivant nous entraîne en Crête pour mon plus grand plaisir mais aussi pour ma grande confusion. Je ne sais plus à qui m’attacher, je m’égare.. Je prends un autre livre plus facile, pensant abandonner Sebald.
Bien m’en a pris de reprendre la lecture des Emigrants.
Je me suis attachée au personnage de Paul Beryter, l’instituteur qui emmène sa classe dans la montagne , siffle en marchant et joue de la clarinette…Quelles belles leçons de choses! Beryter n’est aryen qu’au trois quart, ce quart de juif lui interdit l’enseignement , mais pas l’incorporation dans la Wehrmacht! Nous retrouvons Beryter en France, dans le Jura et en Suisse. Exilé mais toujours fidèle à son village en Allemagne. Sentiments d’allers et retours, puis sans retour.
Ambros Adelwarth est plus énigmatique, il a quitté l’auberge de son père en Allemagne pour devenir garçon d’étage dans un hôtel prestigieux de Montreux, être initié à « tous les secrets de la vie hôtelière« , et aux langues étrangères. Majordome stylé, il a accompagné un ambassadeur jusqu’au Japon en passant par Copenhague, Riga, Moscou et la Sibérie. Majordome d’un magnat américain, il hante les casinos de Deauville, visite Constantinople et Jérusalem. Nous suivons donc ce personnage dans ses périples et dans ses châteaux aux Etats Unis. Mais comme Sebald n’écrit pas un récit linéaire, il s’attarde à nous raconter les histoires de famille. Je me laisse porter, ayant accepté le principe des digressions (écriture circulaire de Mendelsohn). Je profite des descriptions des lieux, des rencontres fortuites. Ne pas être pressé par l’action, prendre son temps, profiter de tous les détails.
Selon ce principe énoncé ci-dessus, je profite de la découverte d’ un Manchester singulier où se déroule une partie de l’histoire du peintre Max Ferber, fils d’un collectionneur d’art juif bavarois venu à Manchester en 1943. Peintre casanier d’une oeuvre obscure, malgré sa répugnance au voyage, nous offre une excursion à Colmar voir les tableaux de Grünewald puis en Suisse. Mais tout serait trop simple, une histoire allemande se greffe….
Un très beau moment de lecture, nostalgique, pittoresque, auquel il faut s’abandonner sans chercher trop d’action ou de cohérence. De belles illustrations aussi!
Oh qu’est ce que j’ai aimé! Mais ne sachant pas trop en parler, je n’ai pas écrit de billet (merci à toi!). je n’ai pas eu trop de mal à y entrer, oui, se laisser porter… Et je résiste mal aux livres avec des reproductions de photos en noir et blanc… ^_^
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les photos doivent être un vrai plus en effet!
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On me l’a prêté et je vais pouvoir le relire, très bientôt je pense, la semaine prochaine ! Je relirai ton billet à ce moment-là.
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@nathalie : oui c’est un livre à lire et relire
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L’écriture circulaire de Mendelsohn ne m’a jamais paru difficile à suivre. Cela a l’air plus complexe ici, non ? mais c’est vrai que pour certaines lectures, il faut accepter de se perdre.
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@claudialucia : j’ai toujours suivi facilement Mendelsohn mais pour Sebald j’ai mis un peu de temps à entrer dans le livre.
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j’ai vraiment aimé ce livre et je l’ai relu récemment avec le même plaisir
j’aime aussi que les personnages ne soient pas manichéens, ils ne sont pas tous sympathiques ce qui est la vie même
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