Job-Roman d’un homme simple – Joseph Roth

FEUILLES ALLEMANDES 

« Souviens-toi, Mendel, commença Rottenberg, souviens-toi de Job. Il lui est arrivé quelque chose de
semblable à ce qui t’arrive. Il était assis sur la terre nue, la tête couverte de cendre, et ses blessures lui faisaient si mal qu’il se roulait comme une bête sur le sol. Lui aussi blasphémait Dieu. Et pourtant tout cela n’était qu’une mise à l’épreuve. Que savons-nous, Mendel, de ce qui se passe là-haut ? Peut-être le Malin est-il venu voir Dieu et lui a-t-il dit comme autrefois : “Il faut détourner un juste du droit chemin.” Et le Seigneur a dit : “Tu n’as qu’à mettre à l’épreuve Mendel, mon serviteur.” – Et c’est là aussi que tu peux voir, intervint Groschel, que tes reproches sont injustes. Car Job n’était pas un homme faible quand Dieu commença à le mettre à l’épreuve, mais un homme puissant. Et toi non plus tu n’étais pas un homme faible, Mendel ! « 

Joseph Roth, est né en 1894 à Brody, en Galicie aux confins de l’Empire Austro-hongrois, a étudié à Lemberg (aujourd’hui Lviv, Ukraine) puis à Vienne où il s’est lié d’amitié avec Stephan Zweig on connait leur correspondance CLIC Journaliste à travers l’Europe, Vienne, Berlin, Paris. Ecrivain de langue allemande. Il a quitté l’Allemagne en 1933 et s’est éteint à Paris en 1939. 

Avec Job, roman d’un homme simple il évoque les Juifs du Shtetl, en Russie à la veille de la Première Guerre mondiale. Le héros, Mendel Singer est un modeste maître d’école qui enseigne les rudiments à de petits enfants dans sa cuisine. Il est très pieux, content de son sort, père de deux fils et d’une fille ravissante. La malchance se manifeste par la naissance de son troisième fils Menuchim, enfant mal conformé qui ne se développe pas, ne marche pas et ne dit qu’un mot « Maman ». La vie dans le Shtetl est misérable

D’année en année la vie devenait de plus en plus chère. Les récoltes étaient de plus en plus maigres. Les
carottes rétrécissaient, les œufs étaient moins remplis, les pommes de terre avaient souffert du gel, les
soupes n’étaient plus que de l’eau, les carpes s’amincissaient, les brochets raccourcissaient, les canards maigrissaient, les oies durcissaient, et les poules n’avaient plus que la peau sur les os.

Les deux grands fils tirent un mauvais numéro et doivent servir dans les armées du Tsar. Pour fuir la conscription, l’un d’eux fuit en Amérique et fait émigrer sa famille, mais en laissant Menuchim à des parents. La deuxième partie du roman se déroule aux Etats Unis. Sam, le fils qui a réussi et son ami Mac partent à la guerre. Sam tombera tandis que Jonas, soldat du Tsar, est porté  disparu. Déborah meurt. 

Mendel a tout perdu, comme Job. Et comme Job il se rebelle contre Dieu.

J’ai beaucoup aimé cette évocation des Juifs simples des confins de l’Empire, de leur émigration en Amérique. Evocation très sobre sans aucune concession au folklore. Une histoire simple, épurée, écrite en Allemand classique sans aucune utilisation du Yiddish que Roth connaissait sûrement.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

12 réflexions sur « Job-Roman d’un homme simple – Joseph Roth »

  1. Excellente idée de lecture ! D’ailleurs, je viens de vérifier et je l’ai dans mes étagères. C’est une histoire qui semble vraiment intéressante. Mes deux expériences de lecture précédentes avec Joseph Roth furent concluantes (La marche de Radetzki / La crypte des capucins)

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