Quand j’ai vu l’affiche j’ai foncé! Ithaque, l’Odyssée, c’est une passion! Ronit Elkabetz, je suis fan! quant à Charles Berling…Même s’il me faut traverser tout Paris et la Défense pour aller à Nanterre.
Après avoir réservé, j’ai googlé. Et je me suis aperçue qu’il était écrit « traces de l’Odyssée que conserve Botho Strauss » . Il ne s’agit nullement d’Homère mais d’une réécriture. Méfiance?
Botho Strauss a redistribué certains rôles: il a surtout donné une place d’honneur à Pénélope (Ronit Elkabetz), ce qui n’est pas pour me déplaire. Penelope, Clytemnestre, Hélène, Cassandre…les héroïnes ne manquent pas dans le mythe homérique, elles ne restent pas confinées au gynécée, mais elles n’occupent pas le devant de la scène. Cette idée de valoriser le personnage féminin n’était pas pour me déplaire. Ronit Elkabetz a un physique de tragédienne antique. L’ensemble me paraissait trè séduisant en théorie.Sur place j’ai été un peu déroutée. Ce n’était pas Pénélope que j’imaginais avec sont métier à tisser, mais une sorte de Mère-Ubu sur un lit moderne recouvert de fausse fourrure blanche,kitsch? trop kitsch our moi! La présence de l’actrice en impose mais quel besoin d’avoir imaginé cette Pénélope obèse?
Ulysse-Charles Berling, collait tout à fait à mon image mentale d’Ulysse, le menteur, le fabulateur déguisé de hardes par Athéna. De plus l’arrivée d’Ulysse sur les rivages d’Ithaque était tout à fait fidèle à Homère. Le bord de la scène formant un croissant rempli d’eau , la plage et une falaise peinte (ou projetée) sur le rideau m’ont ramenée sur les bords de la mer Ionienne. AZthéna, déguisée est arrivée tout à fait à propos comme dans l’Odyssée.
La présence de ce plan d’eau a permis des effets très séduisants, reflets sur les murs ou le rideau de scène, traversé par les jeunes filles figurant le choeur antique, habillées à la grecque, gracieuses, une jolie idée. Le palais d’Ulyss, intemporel, hésite entre marbre et béton. Excellente idée cette estrade mobile sur un escalier qui avance et recule, rapprochant ou éloignant la chambre de Penelope, mais pourquoi l’avoir peint en gris-fer ou gris-béton, en blanc-marbre cela aurait été plus méditerranéen, plus seyant!
De même le mobilier utilisé par les prétendants, tables métalliques et chaises aluminium jure un peu. En revanche j’ai aimé le piano. L’intemporel ne me gène pas plus que cela, mais pourquoi du cheap!
L’élément de décor le plus réussi est apparu à la fin de la pièce : l’arbre figurant le verger de Laerte, au feuillage translucide éclairé de vert. Quel bel objet!
Cet Ithaque moderne est finalement très fidèle à Homère. Tous les épisodes figurent bien dans la pièce. Botho Strauss n’a pas retranché. Il a rajouté plutôt, alourdi. Comme récemment, avec Shakespeare, le spectacle contemporain m’a renvoyé au texte initial. S’il supporte les adaptations,les mots ailés d’Ulysse me plaisent toujours plus, l‘aurore aux doigts de rose me manque. Rien à faire. Est-ce que je tourne conservatrice?