Kpalimé – en route vers la forêt, au marché

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

on achète le pique-nique au marché de Kpalimé

Au marché de Kpalimé, nous achetons les fruits du pique-nique : avocats et bananes. Une jeune vendeuse m’attrape par le bras pour me conduire à son étal tandis que sa voisine s’époumone à vanter ses mangues. Les mangues, cela ne vaut rien pour un pique-nique, cela coule partout, on reste poisseuse toute la journée ! Aïcha n’a pas de bananes, qu’importe ! Elle traverse la voie et en prend chez la marchande d’en face :
–    « un petit  régime pour 100F, cela va ? »
–    « cela va ! »
–    « 3 avocats pour 500F ? »
Cela tombe bien, j’ai la monnaie.

 

Kpalimé – notre hôtel La Détente et promenade vespérale

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l’hôtel La Détente

L'hôtel, La Détente

 

D’après Kamal, Kpalimé compte 250 000 habitants. C’est une ville animée au carrefour de plusieurs routes. Nous passons à travers le marché important, devant nombreux petits commerces mais aussi des cybercafés et des bars.

L’hôtel La Détente se trouve dans une rue perpendiculaire à la grande route juste après le grand lycée. Un bâtiment blanc d’un étage aveugle longe la rue : il referme la réception très simple qui est aussi l’épicerie du quartier ; au dessus un toit abrite une « salle de conférence ».

On entre par une grille qui s’ouvre sur 4 chambres précédées de terrasses individuelles faisant suite au restaurant précédé d’un jardinet où poussent de beaux rosiers et de nombreuse plantes tropicales. Derrière une haie, dans un jardin une autre enfilade de chambres à terras où se semblent être les chambres les plus agréables. Derrière on a construit une grande bâtisse à étage où une double rangée de chambres petites et sans balcon, s’ouvrent sur un long couloir. C’est là qu’on nous conduit.

–    « les chambres avec terrasses sont elles plus chère ? », je m’enquiers,

–    « non, c’est le même prix ! »

On nous donne la chambre N°1 attenante au restaurant, climatisée avec une grande salle d’eau et une belle terrasse. Inconvénient, elle se trouve dans le passage et bruyante à cause du restaurant. Mais la terrasse n’a pas de prix.
Nous prenons notre temps pour nous doucher et nous reposer avant de sortir à 17H45 en short et en T-shirt, un peu étourdiment. J’ai oublié que la nuit tombe tôt au Togo.

 

Promenade du soir à Kpalimé

Borne fontaine togolaise typer station-service

Au coin de la grande route se trouve un bar peint en jaune et une curieuse « station service » où les femmes du quartier viennent remplir leur bassine d’eau propre. Les tuyaux recourbés sont très hauts au dessus de 2 mètre : il faut prévoir une grande togolaise de plus d’1.70m, son foulard enroulé pour faire un petit coussin, la grande bassine de 50L, le total monte bien autour de 2 .20m ! Ce poste à eau me sera un repère bien utile pour le retour.

Sur la route règne une grande animation, partout des stands de nourritures variées. Les lycéens sortent,  les motos rasent les passants. Je vais jusqu’au marché sans me rendre compte que la nuit tombe. Un étal de légume et particulièrement réussi avec des mini tomates cerises rouges, des mini-aubergines blanches, des gombos, des petits poissons séchés. La marchande radine quand je sors l’Olympus :

–    « avant, tu me fais le cadeau ! »

–    « un cadeau pour photographier des tomates ! Si je veux payer, je les achète ». Je peux éventuellement payer des gens mais pas des tomates qui sont de toutes les façons à vendre. Des tomates-top-model ! » je m’esclaffe !

Je ne sais pas si elle a compris. Dépitée elle laisse tomber :

–    « de toutes les façons, elles ne sont pas à moi ! »

Il fait maintenant complètement nuit. Les stands ont allumé leurs lampions, les bars, leurs néons. Il y a même un dancing avec la boule à tango et les lasers avec de petites taches colorées qui dansent sur la route. C’est très bruyant : ils font des « essais de sono ». Plus on s’éloigne du marché, plus il fait sombre. Il est dangereux de marcher sur la chaussée à cause des motos. Les bas-côtés  sont remplis de chausse-trappes : trous, parpaings, tiges métalliques…Je marche en tongs espérant ne pas me blesser. Heureusement que j’ai repéré les bars et le kiosque à eau. Dans l’obscurité totale je n’aurais jamais vu le panneau indiquant l’hôtel.

De Lomé à Kpalimé

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La route vers Kpalimé suit la frontière du Ghana qui date du partage du Togo allemand entre l’Angleterre et la France en 1914. A la sortie de  Lomé on circule sur une route goudronnée avec quelques nids de poules mais sans encombres. Je guette les immenses kapokiers dont le haut fût domine toute la végétation.

Je commence à mieux lire l’organisation de l’espace rural qu’au cours de nos voyages précédents. De la forêt primaire, il ne reste que ces arbres gigantesques. Les hommes plantent les palmiers à huile et le manioc ou les ignames en défrichant le plus souvent par brûlis. Ce qui paraît dévasté est souvent un champ prêt à être semé. Quand les palmiers à huile sont encore petits on plante ou on sème à leurs pieds autre chose. Ils ne poussent pas tous seuls, ce sont les hommes qui les ont mis, signe que des hommes cultivent ici. Par ailleurs, la vitesse de croissance des végétaux, l’absence de mécanisation font que les mauvaises herbes prennent des proportions énormes et font un fouillis qu’on ne grattera à la houe que vraiment si c’est nécessaire. Si on regarde bien les champs de manioc, ils sont propres.

Les tecks serrés les uns contre les autres sont aussi des plantations. Mais pourquoi sont ils aussi serrés ? Ils croissent en hauteur formant de minces poteaux pour les charpentes, du bois de chauffe mais sûrement pas des planches pour la menuiserie.
120km séparent Kpalimé de Lomé. Vers 13h50 après un peu moins de deux heures de route, l’horizon est barré de hautes montagnes très escarpées. C’est le Mont Agou (986m). Kpalimé se trouve derrière.

 

Lomé : tour de la ville en voiture

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mosquée de Lomé

Kamal nous fait visiter sa ville : la corniche très agréable, le quartier officiel avec le Palais Présidentiel, les ministères installés dans d’anciens bâtiments coloniaux au milieu d’agréables jardins. Les hôtels sont modernes, les bâtiments des banques flambant neufs.

La Poste

Peu de circulation, pas de pollution.  Un petit détour par la Grande Mosquée nous mène dans des quartiers plus populaires dans des rues plus poussiéreuses. La grand Poste est jaune et bleue, comme au Bénin, ou au Maroc ou anciennement en France, architecture postale avec un mur occupé par les boites postales métallique qui fait un plaquage brillant rappelant un peu les moucharabiehs métalliques de l’Institut du monde Arabe de Jussieu.

A un carrefour, une grande affiche souhaite une bonne intégration aux migrants et aux réfugiés : accueillant Togo ! L’initiative est sympathique mais d’où viennent-ils ?

Nous jouons au jeu des ressemblances et des différences entre Bénin et Togo :
Ressemblances:  les succursales d’Eco Bank qui fait une publicité voyante, le marché africain.
En revanche les marchants d’essence illicite ont disparu. Pourtant l’essence à la pompe est chère 500f au lieu de 300f au Bénin. Les moto-taxis ne portent pas le dossard jaune des zems de Cotonou, perdant leur visibilité. Moins de saleté et de pollution qu’à Cotonou. Les bâtiments officiels se trouvant à Porto Novo, ceci explique peut être cela.  Notre traversée est bien rapide pour porter un jugement fondé.

 

 

Lomé : Le Musée International du Golfe de Guinée

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Musée de Lomé, j'aime particulièrement cette statue que j'avais prise pour avatar

En route vers Lomé

Des champs de manioc bordent la route ;  les petits étals de gari et de tapioca sont aussi  garnis de ficelles que les gens fabriquent ici avec des fibres de palmier. Au hasard des pancartes, je note : Obama Beach, l’enseigne d’un vétérinaire  vouée à saint Antoine de Padoue ornée d’un magnifique doberman. Le coiffeur a peint sur sa devanture : « tant que j’ai de l’espoir » –tant qu’il y aura des cheveux ! (c’est moi qui complète !).

Et toujours les énormes affiches de la campagne contre le Sida sont intercalées avec  les publicités pour MOOV une compagnie de GSM. La société de consommation n’est pas encore arrivée aujourd’hui, inutile de vanter des marchandises que personne n’achètera, sauf les téléphones mobiles qui sont en grand usage. On verra les jours suivants de la publicité pour le savon.
L’urbanisation gagne, les constructions se densifient, nous approchons de Lomé. Voyons d’abord la raffinerie Shell puis des maraîchers, enfin la zone portuaire et une zone franche où sont installées des industries pharmaceutiques et une énorme cimenterie CIMTOGO (groupe Heidelberg). Plus nombreux encore qu’à la frontière, les camions qui attendent, certains vides d’autres chargés des ballots de coton.

Musée International du golfe de Guinée : entrée

Lomé est une grande ville d’un million et demi d’habitants, près d’un tiers de la population totale du Togo qui en compte 5. La route longe la plage bordée d’une double rangée de palmiers ; cette croisette est     accueillante, propre et gaie.

 

Musée International du golfe de Guinée

cavalier

 

une collection privée d’une grande variété

 

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Lomé : Le Musée International du Golfe de Guinée

 

Sur la route, dans un bâtiment bas à l’abri d’un mur, rien ne laisse soupçonner l’existence du Musée si ce n’est une grande statue cornue et colorée. Un guide fort aimable nous commentera les pièces les plus remarquables. Cette collection privée regroupe des sculptures, des masques venant aussi bien du Mali que du Congo. Certaines sculptures sont contemporaines  d’autres très anciennes comme celle des Noks qui date de plus de 2000ans. Elles sont si nombreuses qu’on ne sait plus où donner de la tête. Il faudrait prendre le temps de focaliser l’attention sur une œuvre en particulier et ne pas se laisser distraire par les autres.

Heureusement que nous avons déjà rencontré l’art africain pour disposer de quelques repères.  Je découvre avec grand plaisir les Senoufo de Côte d’Ivoire et l’Art Ashanti du Ghana. Les bronzes du royaume de Bénin ont fait l’objet d’une très belle exposition au Quai Branly, ce sont donc des retrouvailles. La salière en ivoire est elle celle qui était présentée lors de l’exposition ? Et l’explorateur Portugais, il me semble le reconnaître ? L’art des Noks du Nigéria est tout à fait étonnant. La grande sculpture en argile au visage très allongé ressemble à celle que nous avons vue à Daoulas. Je n’avais pas compris alors, que c’était une statue africaine tant elle est exotique.

Ces retrouvailles avec des œuvres d’art sont un vrai plaisir. La surprise de la découverte,  nous l’avons éprouvée au Musée Dapper en 2006. Les œuvres y sont particulièrement mises en valeur mais les explications réduites.  Aujourd’hui le guide est disert et raconte des anecdotes, montrant le caractère magique de tel fétiche. Je connaissais les fétiches à clous mais je n’avais pas compris à quoi chaque clou correspondait : chaque clou est planté par le féticheur pour marquer un vœu qu’un fidèle fait.

Malheureusement, la communion avec les œuvres d’art est troublée par une famille d’expatriés français particulièrement déplaisants : le Grand-père qui connaît toute l’Afrique, les ethnies, et le fait savoir, les deux petits enfants qui balaient tout sur leur passage.