Lomé : Le Musée International du Golfe de Guinée

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

Musée de Lomé, j'aime particulièrement cette statue que j'avais prise pour avatar

En route vers Lomé

Des champs de manioc bordent la route ;  les petits étals de gari et de tapioca sont aussi  garnis de ficelles que les gens fabriquent ici avec des fibres de palmier. Au hasard des pancartes, je note : Obama Beach, l’enseigne d’un vétérinaire  vouée à saint Antoine de Padoue ornée d’un magnifique doberman. Le coiffeur a peint sur sa devanture : « tant que j’ai de l’espoir » –tant qu’il y aura des cheveux ! (c’est moi qui complète !).

Et toujours les énormes affiches de la campagne contre le Sida sont intercalées avec  les publicités pour MOOV une compagnie de GSM. La société de consommation n’est pas encore arrivée aujourd’hui, inutile de vanter des marchandises que personne n’achètera, sauf les téléphones mobiles qui sont en grand usage. On verra les jours suivants de la publicité pour le savon.
L’urbanisation gagne, les constructions se densifient, nous approchons de Lomé. Voyons d’abord la raffinerie Shell puis des maraîchers, enfin la zone portuaire et une zone franche où sont installées des industries pharmaceutiques et une énorme cimenterie CIMTOGO (groupe Heidelberg). Plus nombreux encore qu’à la frontière, les camions qui attendent, certains vides d’autres chargés des ballots de coton.

Musée International du golfe de Guinée : entrée

Lomé est une grande ville d’un million et demi d’habitants, près d’un tiers de la population totale du Togo qui en compte 5. La route longe la plage bordée d’une double rangée de palmiers ; cette croisette est     accueillante, propre et gaie.

 

Musée International du golfe de Guinée

cavalier

 

une collection privée d’une grande variété

 

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Lomé : Le Musée International du Golfe de Guinée

 

Sur la route, dans un bâtiment bas à l’abri d’un mur, rien ne laisse soupçonner l’existence du Musée si ce n’est une grande statue cornue et colorée. Un guide fort aimable nous commentera les pièces les plus remarquables. Cette collection privée regroupe des sculptures, des masques venant aussi bien du Mali que du Congo. Certaines sculptures sont contemporaines  d’autres très anciennes comme celle des Noks qui date de plus de 2000ans. Elles sont si nombreuses qu’on ne sait plus où donner de la tête. Il faudrait prendre le temps de focaliser l’attention sur une œuvre en particulier et ne pas se laisser distraire par les autres.

Heureusement que nous avons déjà rencontré l’art africain pour disposer de quelques repères.  Je découvre avec grand plaisir les Senoufo de Côte d’Ivoire et l’Art Ashanti du Ghana. Les bronzes du royaume de Bénin ont fait l’objet d’une très belle exposition au Quai Branly, ce sont donc des retrouvailles. La salière en ivoire est elle celle qui était présentée lors de l’exposition ? Et l’explorateur Portugais, il me semble le reconnaître ? L’art des Noks du Nigéria est tout à fait étonnant. La grande sculpture en argile au visage très allongé ressemble à celle que nous avons vue à Daoulas. Je n’avais pas compris alors, que c’était une statue africaine tant elle est exotique.

Ces retrouvailles avec des œuvres d’art sont un vrai plaisir. La surprise de la découverte,  nous l’avons éprouvée au Musée Dapper en 2006. Les œuvres y sont particulièrement mises en valeur mais les explications réduites.  Aujourd’hui le guide est disert et raconte des anecdotes, montrant le caractère magique de tel fétiche. Je connaissais les fétiches à clous mais je n’avais pas compris à quoi chaque clou correspondait : chaque clou est planté par le féticheur pour marquer un vœu qu’un fidèle fait.

Malheureusement, la communion avec les œuvres d’art est troublée par une famille d’expatriés français particulièrement déplaisants : le Grand-père qui connaît toute l’Afrique, les ethnies, et le fait savoir, les deux petits enfants qui balaient tout sur leur passage.

 

Togo : Aného- Musée Ethnographique de la Région Maritime

3ème CARNET BÉNINOISE ET TOGOLAIS


 

Musée ethnographique d'Aneho

Juste après la frontière, une allée ombragée conduit à des bâtiments coloniaux bien usés par le temps et patinés à la terre rouge. C’est Aného (prononcer le H comme le CH dur allemand). Le Musée Ethnographique de la Région Maritime fait revivre les souvenirs de la colonisation allemande 1884-1914 installé justement dans un bâtiment de cette époque.

Le 5 juin 1884, le Protectorat allemand a été signé par le commandant Nachtigal et le roi de Togoville. Trois gouverneurs allemands se sont succédés .

Le Togo allemand était beaucoup plus vaste que le Togo actuel, partagé entre le Protectorat français et le protectorat britannique en Gold Coast (Ghana actuel) en 1914 et non pas à l’issue de la Première Guerre Mondiale comme je l’imaginais.

Autre surprise : l’attachement des togolais à la colonisation allemande. Certes, c’est une originalité par rapport aux voisins béninois ou ivoiriens que d’avoir d’abord été sous Protectorat allemand. On montre une curieuse photo de classe où les enfants africains sont affublés d’une belle casquette recouverte de velours rouge. Ce couvre-chef fut utilisé comme argument dans la scolarisation des garçons qui rentraient chez eux très fiers de la porter.

Les Allemands ont construit trois lignes de chemin de fer : la ligne du coprah à Aného, la voie du coton à Lomé et celle du cacao-café à Kpalimé.
En plus des fac-similés des traités, on montre des photos anciennes et dans les vitrines des instruments de musique : hochets, gongs pour annoncer des messages, tamtam parlant. Dans une autre vitrine on voit les attributs royaux : la sandale portant le crabe-symbole d’un souverain. Les sceptres servaient de convocation : le porteur du sceptre avait droit à tous les égards qu’on réserve au souverain ainsi que l’obéissance.