Dilijan

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les maisons de bois de Dilijan

16h30. Nous avons écrit des cartes postales et demandé au GPS de nous conduire à la Poste. Nous traversons la ville suivant la rue Mianikyan où se trouve le Musée, la Mairie, un amphithéâtre avec gradins et colonnes. Nous allons enfin connaître le cœur de Dilijan ! Nous photographions quelques vieilles maisons de bois aux balcons travaillées qui ont un  air russe. La Poste ferme à 18h, elle est éclairée mais il n’y a ni postier, ni postière, ni explication. Les gens autour sont incapables de dire pourquoi.

Nous avons vite traversé la ville ; Au retour j’avise des boutiques ouvertes. Je vais peut être trouver le costume de bain qui me permettrait de profiter de la belle piscine de l’Hôtel Paradise. Dans le premier magasin de vêtements je crois entrer dans un Musée de la mode des années 60. Dans le second, pareil avec d’autres objets anciens. Idem dans le 3ème. Je finis par comprendre que ce sont des articles d’occasion. On ne revend pas d’occasion son maillot de bain. Mais où sont donc les boutiques qui vendent des articles neufs ?

les curistes de Dilijan

Il semble que Dilijan soit endormie . Est-ce parce que début mai, nous sommes hors-saison ?La saison s’est elle arrêtée en 1991 ? Tout est vide et passablement rouillé. Pourtant il y a plusieurs banques, des restaurants. Sur le plan de la ville figurent des hôtels étoilés et des galeries d’art.

Sur ces interrogations nous rentrons profiter du luxe de notre grande chambre, de la télévision qui diffuse TV5. S’amuser avec la douche qui a ses petits jets latéraux.

Dîner-buffet. L’assistance est plus nombreuse qu’hier soir. La musique moins pompeuse, Bee Gees, el condor pasa, whiter shade of pale…On se sert de diverses salades. Choux-carottes est fameuse ! Boulettes avec sauce à la crème, champignons farcis, riz et lentille…c’est moins sophistiqué mais plus animé.

Goshavank -Aghavnarank- Haghartsin : monastères près de Dilijan

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Goshavank

 

Le GPS reconnait Goshavank : 6.3km sur « Monsieur 4» comme s’obstine à énoncer la voix synthétique féminine. Tournez à droite sur la route sans nom qui monte sous de beaux piliers de grès.

J’en profite pour une promenade matinale sur le bord du ruisseau. Le village de Goshavank est très petit. Un parking pour les visiteurs est occupé par les marchandes d’herbes et de souvenirs et un  B&B.

Le monastère, fondé en 1188 prit le nom de son fondateur à la mort de celui-ci. Mekhitar Gosh (1130-1213) fut un chroniqueur, un fabuliste. Les explications des panneaux sont très précises mais il n’est pas facile de se repérer sur les plans Car deux églises s’appellent Grégoire : Grégoire l’Illuminateur et saint Grégoire. Il y a en plus une église dédiée à la virge et une Bibliothèque construite sur deux étages qui fut détruite par un incendie au cours de l’invasion des Mongols au 13èmer siècle. On prétend que les traces noires de l’incendie sont encore visibles (plutôt la suie des cierges !).

Selon le Petit Futé :

– « Juriste, Mkhitar Gosh a rendu hommage aux textes de loi des trois confessions (chrétienne, juive et musulmane) ainsi qu’aux textes bouddhistes en réservant des niches dans les murs de l’église principale. Il s’agissait en même temps de protéger le lieu des razzias musulmanes »

Cherchant les niches, je découvre des nids d’hirondelles un peu partout dans les coupoles. Les murs sont gravés de textes arméniens indéchiffrables pour nous mais hommage appuyés à l’écriture arménienne ? On admire la variété du décor, dentelle de pierre autour du porche de Saint Grégoire, colonnes torsadées, motifs à chevrons, à diamants, stalactites, étoiles de David, entrelacs végétaux…

En face, sur la colline, un clocheton : l’église saint George et le tombeau de Gosh. J’y monte pour faire la photo de Goshavank.

Aghavnarank

Aghavnarank n’est pas à notre programme. Nous le découvrons sur le plan de Dilijan offert par l’hôtel. Le village est tout près de la route. Après il faut abandonner la voiture et poursuivre à pied. « Niet machine ! » un jeune homme nous parle en russe comme si on comprenait, je comprends que le monastère est à 1km. Je pars donc sans mon sac, sans eau, sans téléphone et remonte la rue qui traverse le village. Les maisons sont construites dans de beaux jardins. Partout la literie, couettes et oreillers prennent le soleil sur les barrières de bois ou aux fenêtres. Une Lada bleue me dépasse. Elle ne craint pas les grosses pierres et se gare au bout du village. Je demande si je suis bien sur le chemin du monastère dans mon russe simplifié « manastir davaï ! »Quelques centaines de mètres plus loin, la route est barrée. La barrière est cadenassée « RESERVE DE DILIJAN ». il faut un permis pour entrer. Je rebrousse chemin et retrouve le monsieur de la Lada avec son épouse., étonnés que je sois déjà de retour. La dame – en chaussons – me fait signe de la suivre. Elle me parle en arménien, si on contourne le grillage il ne m’arrivera rien. On passe donc par des broussailles piquantes et des orties. Il y a un passage dans le grillage. Au retour il suffit de se glisser entre les barreaux. Ainsi accompagnée, je me dois d’aller au bout. La Réserve est un arboretum. Les arbres sont étiquetés en latin. Je reconnais Taxus baccata, l’if, le hêtre… Des flèches rouges balisent le chemin. Je dois grimper une bonne demi-heure passer deux fois le ruisseau sur des passerelles de planches (impossible de passer à gué). Enfin, les ruines apparaissent. Il ne reste qu’une tour, la coupole a été décapitée. Les explications en français sont illisibles. Je redescends d’un bon pas. Pas trop vite pour ne pas butter contre une pierre (je ne peux pas me permettre le luxe de me blesser dans cette réserve ou je suis sans permis et sans téléphone). Une bonne heure plus tard, je suis de retour. Ce n’était pas 1kilomètre mais 1 heure qu’il fallait comprendre !

La télécommande ne veut plus ouvrir la Kia. Qu’importe puisque nous avons la clé ! Nous n’avions pas prévu qu’elle déclencherait l’alarme. Nous traversons le village toutes sirènes hurlantes. Notre passage à Aghavnarank ne sera pas passé inaperçu !

Monastère d’Haghartsin

Le monastère d’Hagharstin n’est pas du tout au village du même nom situé sur la route mais à 7km dans la montagne. Facile puisque le GPS le connait ! La forêt est très équipée en coin pique-nique. Tout le long de la route, des auvents avec tables et bancs certains rustiques en bois d’autres en élégant fer forgé, barbecue pour les brochettes, sont occupés par des familles ou des pêcheurs. Ici aussi les vaches vont et viennent librement et s’invitent au déjeuner. Œufs durs (du buffet de l’hôtel) et fruits secs en plaques fines qui ressemblent à du cuir, achetés à Gueghart. A 15 heures nous arrivons au monastère. Trois grands cars nous ont précédées.  Les visiteurs sont arméniens et russes.

Ce qui m’étonne tout d’abord, c’est que le monastère est blanc. Ensuite, ses dimensions sont hors de proportions des petites églises que nous avons visitées.  Enfin, il paraît tout neuf. Des tailleurs de pierre terminent le pavement en dalles blanches de comblanchien qui prendront peut être une patine beige avec le temps. De nombreuses constructions ont été rénovées avec un tuf plus clair que la pierre d’origine. Colonnes et arcs ont été remontés. Il faut être attentif pour retrouver les fragments d’origine. Les toits de tuiles rouges sur le réfectoire choquent un peu. Non loin de là on a construit un grand bâtiment tout neuf.

Ici, aucune explication. Les panneaux multilingues « sous le contrôle de l’épiscopat d’Etchmiadzine » n’ont pas cours ici.
Je prends le Kaplanian et bizarrement je ne reconnais pas grand-chose. Où est le linteau représentant la Vierge ? Pourquoi rien sur les inscriptions qui occupent toute la surface du porche du Gavit de l’église Saint Grégoire ?

La modernité du réfectoire détonne. On l’a meublé de tables rondes. Troncs et branches de bois brut ont été découpés, des bûches servent de sièges.

Arrivée à Dilijan : Hôtel 4*

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Entre Sevan et Dilijan, la route franchissait un haut col à plus de 2000m. Un tunnel facilite le passage. Après une si longue journée de route nous ne regrettons pas le panorama.

A la sortie du tunnel : changement radical de paysage et de climat. Une forêt de feuillus bien verts remplace les ras pâturages et les peupliers squelettiques. Dilijan est une ville dispersée dans la verdure. Paradise Hotel Dilijan de la chaine Best Western est un grand bâtiment crème aux toits de tôle rouge et aux balcons métalliques séparé de la route par un rideau de peupliers. Le hall est une merveille de marbre clair de verre, miroirs, les deux cabines d’ascenseurs demi-cylindriques transparentes gainées de métal doré s’élèvent aux yeux de tous, un grand lustre design…malgré ce décor prétentieux, les réceptionnistes  sont très simples et l’accueil sympathique. Comme dans tout 4*  la chambre est immense, la télévision écran plat XXL et la douche tellement sophistiquée avec ses petits jets qui arrivent de partout et qui me trempent les cheveux au premier essai (évidemment c’est prévu, il y a un séchoir pour le brushing avant le dîner. La salle à manger est décevante, les grandes tables rondes sont recouvertes d’un tissu bon marché blanc, les dorures sont clinquantes et de mauvais goût, la musique d’ambiance supermarché.

En revanche le dîner que Jack a commandé pour nous est excellent. La salade est servie sous une croustade de fromage légère et délicieuse. La truite – grosse portion – est parfaitement cuite, elle est accompagnée de purée et d’épinards. Cela se gâte au moment du dessert pannacotta trop sucrée et « tiramisu » ressemblant à une Forêt Noire. J’aurais préféré de loin les fruits arméniens confits ou au sirop.

Nous renonçons à la promenade romantique le long de la rivière. Malgré mon châle cachemir je grelotte.

Samedi 4 mai – Dilijan

Le petit déjeuner n’est servi qu’à 9heures mais cela valait le coup d’attendre. Le buffet est très bine servi. Mention spéciale aux petites crêpes fourrées au fromage blanc décorée de « cerises au noyau d’olive » en confiture et dont j’aimerais connaître le  nom. Avec de la crème aigre c’est délicieux. (on a déjà mangé les mêmes à Druzininkai en Lithuanie).

Les villas de Dilijan sont cachées dans les pommiers et les lilas en fleur. Des vaches divaguent en pleine ville. Un rond point décoré par un grand monument en aiguille de ciment donne un caractère urbain à l’ensemble avec la fontaine accompagnée de personnages en bronze. On se retrouve dans la campagne sans avoir trouvé l’agglomération.

Sevan : balnéaire et églises de la Presqu’île de Sevan

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les deux églises de la presqu’île de Sevan

Juste derrière l’église, un chantier gâche un peu la photo avec une grue. Quand nous nous approchons nous constatons que le projet d’hôtel ou de résidence a été abandonné depuis longtemps, la grue est rouillée et les panneaux muraux se dégradent. Un peu plus loin, un autre chantier beaucoup plus avancé, une sorte de pyramide dans le style Grande Motte, est aussi à l’abandon. La passerelle d’accès enjambant la grande route était précédée d’une statue géante. Des installations balnéaires plus rustiques, bungalows et même baraques de chantier métalliques, peintes de couleurs criardes sembles elles aussi désaffectées. Paradis communiste balayé par l’indépendance, le séisme ou les guerres.A l’entrée de Sevan la route littorale, une grande avenue à chaussées séparées, court entre des installations balnéaires plus récentes qui ont l’air d’être fonctionnelles mais rien de bien intéressant.

Dernier arrêt : la presqu’île de Sevan du parking des escaliers conduisent aux deux églises (874) commandées par Mariam, princesse bagratide. Après la conquête arabe deux siècles ont passé pendant lesquels les techniques sophistiquées de Hripsimé et de Gaiané se sont perdues (Kaplanian p.153). Ces églises de Sevan sont très dépouillées. De l’arrière des églises un sentier botanique s’avance jusqu’à la pointe de la presqu’ile. Courte promenade dans le soir, très agréable avec une vue magnifique sur le lac.

pour accompagner : la musique de Komitas:

Eglise de Hayravank sur le bord du Lac Sevan

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les moutons d’Hayravank

Dominique a remarqué dans le Petit Futé l’église de Hayravank au bord du lac une dizaine de kilomètres au nord de Gavar. Au pied de l’église, un berger à cheval rassemble son troupeau, des chevaux galopent. Charmant spectacle agreste. L’église est perchée sur un rocher qui surplombe le lac, précédée par des khatchkars. Cubique, en beau basalte gris finement appareillé, surmonté de deux coupoles pointues, l’une plus haute, l’autre plus large, elle est toute simple et ravissante dans ce cadre. Nous restons un bon moment et j’essaie de la dessiner.

hayravank

Noradouz : khatchkars

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3 khatchkars anciens

20km plus loin sur M10, à la hauteur de Gavar, nous traversons d’abord le village de Noratus. Le site touristique est bien fléché. Au parking, plusieurs femmes attendent les touristes de pied ferme, un sac bourré de tricots, chaussettes, gants, moufles. Elles snous poursuivent dans le cimetière jusqu’à ce qu j’achète des petits chaussons bleus.Les khatchkars historiques sont au bas du cimetière du village. Nous admirons les motifs, les entrelacs, les frises et les tressages compliqués qui ressemblent à du macramé. Les panneaux parlent de rosettes, de tandir pour cuire le lavach(pain arménien). En l’absence de guide, nous prenons photos sur photos. Une légende me plait : au cours d’une invasion ottomane, l’arménien Guegam eut l’idée d’habiller les khatchkars en soldats. Devant une armée si nombreuse les turcs prirent la fuite et furent battus.

Dentelle de pierre

Arrivée sur le lac Sevan

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bleus! le lac Sevan et le petit camion

Au détour d’un virage : le lac bleu dans son écrin de montagnes enneigées. La descente sur Martouni est beaucoup plus rapide qu’on ne l’imaginait. Un cortège d’hommes occupe toute la route. Des hommes, pas une seule femme, pas un enfant suivent un enterrement. Un vieux camion ouvert – une bétaillère – sert de corbillard. Dans la cabine, à l’avant, une photo en couleur du défunt. A l’arrière, en plein air, le cercueil de bois est debout entouré de couronnes de fleurs artificielles en forme de cœur. Plusieurs centaines de personnes suivent le cortège. Derrière, une longue file de voitures (peut être seulement de passage retenues là).Martouni est une ville sans grâce. De grandes statues communistes ornent la place flanquée de bâtiments officiels. Les jeunes sortent de l’école. Les petites filles en robe noire et corsage blanc sont pomponnées au sens propre du terme, portant pompons et nœuds dans les cheveux. Nous cherchons les guinguettes et restaurants au bord du lac où nous pensions déjeuner. Rien. Nous piqueniquerons de fruits secs plus tard. La sortie de Martouni est interminable, immeubles pouilleux, maisons basses, dépotoirs. Les gens qu’on aborde parlent Russe sans préambule et nous aiguillent vers la route principale (on a débranché le GPS qui ignore l’étape suivante,  Noradouze). Le lac est invisible derrière un rideau d’arbres hivernaux. Les peupliers n’ont pas une seule feuille. Les cerisiers commencent à peine à fleurir à plus de 2000m. Partout on voit des troupeaux de vaches et de grandes étables grises et basses. Nous nous engageons dans le premier chemin conduisant vers le lac et découvrons une petite église entourée de khatchkars.

pique nique sur les bords du lac Sevan

Plus traitres que les nids de poules ou les ornières, les rochers plats qu’on ne voit pas. La voiture se plante sur l’un d’eux. Je descends pour alléger la charge et continue à pied. Un  chien m’effraie par ses aboiements mais il se contente de garder sa maison et son étale sans s’en éloigner. La petite église est construite de blocs arrondis de basalte. Le toit à double pente en tôle a été remonté récemment : des photos montrent le chantier de restauration.  Les abricots secs et les noix prises ans du sirop calent bien. Le site est merveilleux. A quelques centaines de mètres, le Lac Sevan, bleu. Nous assistons à un spectacle amusant : le retour du troupeau. Une femme en jupe rouge, chandail noir, marche poussant son veau, le téléphone vissé à l’oreille.

De Goris au lac Sevan en passant par le Salim pass

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Caravansérail Selim juste sous le col

260km au programme, 3 cols au dessus de 2000m.

Nous quittons tôt Goris et reprenons avec grand plaisir la route M2 de la veille, les grands champs immenses, les petits volcans au cône en demi-lune. Nous n’avons pas vu un arbre jusqu’à Sissian. Un berger à cheval pousse son troupeau de moutons en faisant claquer son long fouet ; ses chiens ressemblent à des patous. Les vachers, eux, sont à pied ils brandissent des bâtons pour pousser les vaches. Les bêtes sont bien gardées.

De temps en temps le tuyau jaune du gaz court le long de la route ; il fait des coudes à angle droit dans les villages enjambant ainsi les rues. Après le col de Vorotan nous retrouvons l’Ararat. Les gros camions iraniens sont chargés de containers ; de quel port arrivent-ils ? toutes sortes de véhicules circulent des Lada Niv a et de vieilles Volga toutes cabossées qui ont acquis une allure rurale.

Après Yeghernadzor, nous quittons « Monsieur2 » comme l’énonce madame GPS pour « Monsieur Dix » qui file vers le nord dans les vignes et les vergers puis après Getar dans une montagne aride et escarpée. La vallée se rétrécit. Le torrent écume. Les sommets sont couronnés de prismes basaltiques. La montagne brune est piquetée de petits coussins violets (thym ?). Le long de la route ont été oubliés de gros tubes rouillés, quelles canalisations ? Les lacets montent de plus en plus serrés. Quand on prend de l’altitude on arrive dans des marnes.

caravanserail Selim détail

Juste en dessous du col Selim, nous trouvons le caravansérail de Sélim en parfait état de conservation. Sa porte arrondie est surmontée d’un décor de stalactites et de fins entrelacs. De chaque côté un bas relief avec un taureau et un animal imaginaire. La première pièce est destinée aux voyageurs. Perpendiculaire,  une autre construction très longue et très basse. De chaque côté d’une allée en creux se trouvent des arcades avec des mangeoires : sans doute destinées aux animaux et aux marchandises. Un puits de lumière central (avec stalactites) éclaire la longue pièce. De la neige s’est accumulée et n’a pas encore fondu. Il fait glacial. La taille relativement modeste du caravansérail surprend. Peut être les gens dormaient-ils avec les animaux pour avoir plus chaud ? J’ai envie de relire les textes racontant les caravanes (Tavernier et Lamartine). Sur la carte figure un deuxième caravansérail que nous ne trouvons pas. D’ailleurs nous aurions pu passer à côté du caravansérail sans le voir tant il est bas à l’abri sur le flanc de la montagne.

caravansérail de sélim : intérieur

De l’autre côté du Col Sélim (2410m) le vallon est très humide avec de petits ruisseaux qui serpentent. L’herbe, vert fluo, est piquetée de boutons d’or et de fleurettes blanches. Sur le bord de la route, une belle fontaine grise. Il me plait à penser qu’elle était déjà là du temps des caravanes. Des gens penchés ramassent des asperges ou des bulbes. De la route on devine quelques villages aux maisons de pierre noire, très basses qui paraissent en ruine mais qui sont habitées. Un petit tracteur bleu vif fait une tache de couleur dans les pierres gris foncé. Un petit cône très régulier a été raviné en sillons remplis de neige dessinant des rayons blancs sur les cendres.

petit cône volcanique près du col Sélim

 

Goris – cheminées de fées

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les lilas et les cheminées de fée

Une arche de pierre annonce l’arrivée à Goris. De là, un beau point de vue sur la ville permet de découvrir les cheminées de fées. On voit également les quartiers soviétiques  avec les immeubles roses et d’autres plus modernes en verre. Le plan en damier annoncé par nos guides ne nous empêche pas de galérer même avec le GPS. Il faut une bonne demi-heure avant de trouver l’hôtel Mirhav. Les noms des rues sont introuvables (après avoir comparé les plans google-map et Kaplanian, je constate que le nom des rues a changé. La rue Machtots que nous cherchons s’appelait autrefois Lénine). Un homme nous dépanne. De tout son long discours en russe, je comprends qu’il faut rejoindre la station-service en haut de la ville. Bon  conseil ! Un panneau indique l’hôtel Mirhav. Nous sommes passées devant sans le voir.

La rue Machtots est bordée de belles maisons de pierre anciennes du 19ème siècle avec un ou deux étages et des balcons. Au 19ème siècle Goris était la 4ème ville d’Arménie après Gümri, Yerevan et Gavar. Grand bazar où l’on vendait des tapis, des cuirs, des clochettes, fruits secs, métaux et textiles venant de loin. Les maisons anciennes et leurs jardins, les arbres plantés sur les trottoirs donnent à Goris un charme tranquille.

L’hôtel est une grande maison de pierres irrégulières s’ouvrant sur un jardin.Il est meublé de très beaux meubles anciens aux tiroirs marquetés ; des bandes de kilim ont été cousus aux voilages et sont du meilleur effet. Notre chambre est claire, avec  tout le confort, un beau carrelage dans la douche, la télé a les branchements adéquats pour visionner les photos.

Cheminées de fées à Goris

Les cheminées de fées du vieux Goris ressemblent à celles de Cappadoce (aussi de nature volcanique). De nombreuses ouvertures montrent qu’elles ont été habitées. Le village troglodyte est maintenant abandonné. Le cimetière s’étend au pied des cônes, fleuri de lilas violets qui embaument. Je grimpe la pente raide pour m’approcher des rochers.

Juste avant le dîner Jacques a appelé. Il a choisi pour nous du bœuf sauce géorgienne quelquechosevili et du pilaf aux fruits secs (raisins, abricots et amandes caché sous une croûte de pain feuilleté  jaune, aérienne et croustillante. La sauce géorgienne est faite avec des tomates fraîches et des oignons. Après le plat principal on attend que la serveuse propose un thé ou un café, à cette heure du soir c’est plutôt une tisane qu’elle accompagne d’un gâteau.

Monastère de Tatev

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le monastère dans la splendeur des pommiers en fleurs

Wings of Tatev Tramway :

Une route excellente mène à la gare du téléphérique très moderne, restaurant panoramique en verre. Le Téléphérique « le plus long du monde, inscrit au livre des records » passe au dessus du canyon du Vorotan (5.7km, 320m) évitant ainsi une piste en lacets impressionnante et pas recommandée pour le châssis de notre berline. 4000dram aller-retour (3000dram aller seul). Nos compagnons sont deux arméniens amoureux et équipés lui d’un i-pad, elle d’un i-phone, francophones et endimanchés : lui costume en velours, elle robe rose collante. On immortalise leur voyage avec l’i-pad mais le canyon sera flou.

le canyon de Vorotan et la piste en lacets vue du téléphérique

Nous cherchons sans le trouver le Pont de Satan au dessus du Vorotan. Le voyage dure un quart d’heure. Vu du télécabine, le monastère de Tatev est accroché sur la falaise, nid d’aigle. A pied, il surgit derrière un verger de pommiers en fleur. Splendeur du printemps ! Deux poivrières se détachent sur les alpages, une grande et une petite, couvertes d’un toit en accordéon. Un sentier de pas japonais dans l’herbe mène au monastère enclos d’un haut mur.

Monastère de Tatev

Le monastère vu du téléphérique

Construit au 9ème siècle (895). Kaplanian p125 narre la jolie histoire de Ter Hovannes, second évêque de Tatev qui, enfant ayant perdu les poules de sa marâtre, se réfugia au monastère… La cathédrale Pierre et Paul est imposante, malheureusement précédée  d’un porche 19ème siècle qui jure avec l’ensemble. Le tambour de la coupole est finement décoré. L’intérieur est très dépouillé.

tombe de Grégoire de Tatev

 De nombreux panneaux multilingues commentent la visite et racontent l’histoire mouvementée du monastère qui connut son époque de gloire entre le 11ème siècle et le 14ème quand l’université réunit jusqu’à 500 personnes, philosophes, musiciens, peintres, calligraphes et miniaturistes. En plus des nombreux séismes qui l’ont frappé, des invasions et des pillages seldjoukides, plusieurs révoltes de paysans eurent lieue au 10ème siècle protestant contre les décrets des religieux. En 915 les paysans renversèrent le myrrhe et tuèrent le clergé. En 1003, le roi de Siounie démolit Tsourabend en représailles à l’assassinat de l’évêque du monastère. Au 11ème siècle apparut également une secte hérétique des Tondrakian réclamant l’abolition de l’Eglise, l’égalité des classes et des sexes. Les plus radicaux niaient l’existence après la mort, professaient l’athéisme et la guerre des classes (selon les panneaux).

En plus de la grande église Pierre et Paul, il y a deux petites églises, la chapelle Notre-Dame, Sorb Astvadzadzine, la petite église Saint Grégoire (1295), et la tombe de Grégoire de Tatev(1340-1411).

L’église Astvadzadzine est très mignonne. En entrant je suis étonnée de la hauteur de sa coupole, au moins trois fois la longueur de la nef. Très grande simplicité de l’intérieur tandis que les murs extérieurs sont couverts d’inscriptions gravées.

Nous visitons en détail les installations monastiques, la résidence de l’évêque (attention marches très hautes), avec de nombreuses niches dans les murs – placards ou bibliothèque ? – et une très belle vue sur le canyon. Le réfectoire des moines, la boulangerie avec le four (tonir) (grand jarre pour cuire le pain arménien ou lavach . il y avait également un scriptorium, un matenadaran  une auberge pour les pèlerins, des bains médiévaux et une fontaine. L’édifice le plus étrange est le Gavazan : colonne oscillante cerclée de bandes métallique. Deux hypothèses sont évoquées la première serait la détection des séismes on raconte aussi qu’elle fit fuir les guerriers seldjoukides qui l’auraient prise pour une colonne diabolique…

la colonne oscillante – sismographe ou diabolique?

A l’écart du monastère, le moulin à huile a été restauré. Le pressoir de pierre est très bien conservé ainsi que les grosses vis et autres accessoires. Une exposition de très belles illustrations présente les plantes arméniennes oléagineuses : sésame, chanvre, moutarde, tournesol pavot mais également colza,ricin, camelina sativa ( ?), lallemantia, ces deux dernières que j’ignorais totalement.