Vinales (3) visites guidées dans la campagne, tabac, café, canne….

CUBA – lundi 16 février 2004

Palmier et tabac

Visite  naturaliste : accompagnée par un guide, quatre norvégiens se joignent à nous.

L’hôtel bâti sur une hauteur domine la vallée.  Nous descendons le raidillon glissant pour atteindre le fond de la vallée. La région est un karst d’où émergent les grosses buttes des mogotes . Le fond de la vallée est plat.

Le Palmier Royal est  l’emblème de Cuba. Ses feuilles servent de couverture aux toits de chaume des sécheries de tabac. Les dattes se sont pas comestibles par les humains mais constituent la nourriture des porcs. Protégé par la loi, on ne doit pas l’abattre .

tabac et sécherie de tabac

Les étendues vertes qui longeaient l’autoroute très plates m’avaient intriguées. Il s’agit de rizières inondées par les pluie de l’été . L’hiver étant théoriquement sec, il n’y a rien. Le riz est la nourriture de base des Cubains.

Comme nous l’avions vu au Canada au village Huron, ici aussi maïs et haricots poussent ensemble . Le maïs fournit de l’ombre pour les haricots noirs qui fertilisent le sol avec l’azote qu’ils fixent..

Le malanga qui ressemble aux ignames est utilisé  pour la nourriture des petits enfants ; il est plus riche que le manioc (plus cher aussi) . Le manioc qu’ils appellent ici yucca est aussi un des ingrédients de base de l’alimentation cubaine. Après 1992 et la chute des démocraties populaires et de l’URSS, quand l’aide russe n’est plus parvenue, les Cubains furent sauvés de la famine par le manioc . Une blague court qu’il faudrait élever un monument en l’honneur du tubercule salvateur. Il n’est pas pilé comme en Afrique ou au Cap Vert mais accommodé de nombreuses manières, bouilli ou frit.

 

Aujourd’hui, après la pluie, la terre est parfaite pour le labour, légère, humide mais pas boueuse. Nous voyons plusieurs attelages de bœufs au travail dans de petits champs. Le paysan parle sans arrêts à ses bœufs : il les appelle, s’il veut tourner à gauche il nomme celui de gauche, à droite le bœuf de droite. A la fin de chaque sillon, l’homme soulève la charrue de fer, ôte avec la machette la terre collée au soc, et retourne . Durant la matinée nous n’avons vu qu’un seul tracteur ? L’agriculture est très peu mécanisée ici . Dans les champs on rencontre les vaches noires, beiges ou marron . Il est interdit de les abattre pour la boucherie, elle servent pour le lait et la reproduction.

Attelage

Beaucoup de chevaux aussi, le plus souvent très maigres. Florentino, avec humour rappelle Rossinante de Don Quichotte. Interdit aussi de les abattre . Le cheval est le mode de déplacement plus utile qu’une bicyclette dans les champs. Les campesinos ont fière allure avec leur sombrero de paille, leur machette dans un étui battant sur le côté, souvent le chien suit son maître.

Dans la vallée de Vinalès, la plupart des paysans sont propriétaires de leur exploitation – pas de ferme collective ici – ils peuvent transmettre la terre à leurs enfants, mais pas la vendre. En revanche la récolte est étatisée. Les cultures vivrières (haricots, tomates, manioc) permettent aux paysans de se nourrir . Ils peuvent également vendre le surplus au marché . Pour le tabac et les plantes industrielles, il y a un quota à fournir ; Le paysans obtient des gratifications supplémentaires s’ils dépassent le quota.

Dans les champs, de nombreuses mauvaises herbes poussent – pas d’herbicides –Dans le tabac, on utilise de l’insecticide . pas d’engrais chimique non plus, on compte sur les légumineuses (haricots mais aussi acacias et toute la famille des mimosas) pour l’azote. On épand aussi les tiges de tabac concassé, les cosses de haricots qui servent d’engrais organique.

Dans les petits champs, poussent de nombreux arbres .La ceiba, (peut être celle de Zoé Valdès) qui porte les esprits et les dieux africains . Elle non plus n’est pas abattue, protégée par les croyances animistes .

Les ficus sont presqu’aussi imposants . Florentino montre une sorte de racine aérienne, une sorte de liane de ficus qui pend verticalement à l’aisselle d’une branche basse d’un autre arbre qui d’ici quelques années sera étranglé par le ficus qui prendra sa place.

Autre arbre imposant :  le mamée que nous avons vu hier au jardin botanique. Sa graine coupée exhale une odeur forte de médicament . Elle est utilisée en médecine naturelle contre le rhume.

canne à sucre

Plus petits, les goyaves, pamplemoussiers, orangers dispersés dans la nature . Ils poussent à l’état presque sauvage et donnent généreusement leurs fruits aux passants. On a même trouvé une noix de coco qu’on s’est partagée .

D’autres arbres sont plus difficilement identifiables, ce sont les arbres à feuilles caduques déplumés en ce moment  ..Autre présent de la nature :les manguiers .L’été chacun se sert de mangues comme bon lui semble .

Et toujours sur les grands arbres : les épiphytes, ici des broméliacées de la famille de l’ananas.
Le guide nous montre à terre une toute petite pousse de sensitive avec son pompon rose : dès qu’on la touche, les folioles réagissent et la feuille se replie.

Séchoir à tabac

Cette promenade est très pédagogique . le guide n’hésite pas à répéter les explications . Je cherche à vérifier les connaissance acquises et repose des questions, tantôt en espagnol, tantôt en anglais quand les norvégiens participent à la conversation. Le plus âgé raconte que pendant la guerre il a fait pousser du tabac en Norvège. Cela amuse tellement le guide qu’il répète cette histoire à tous les paysans que nous rencontrons, tout à fait incrédules . le Norvégien confirme. De toutes les façon, le tabac poussé au soleil de minuit ne peut pas se comparer au tabac cubain !Nous passons devant une ferme plus prospère qui possède une voiture et un séchoir à tabac en forme de hangar de planches . C’est le plus gros producteur de la vallée . C’est l’occasion d’aborder le sujet du tabac . D’abord la cueillette des feuilles à la main, une par une . Le cultivateur étête la plante pour que les feuilles se développent mieux, les inflorescences sont coupées ainsi que les bourgeons terminaux . les feuilles sont installées sur des séchoirs, d’abord à l’extérieur puis à l’intérieur dans ces maison en V inversé. Nous en visitons une et découvrons à l’intérieur plusieurs plateaux installés sur des montants de bois à différents stade du séchage. Les feuilles sont enfilées sur des fils unes à unes . Les plateaux sont déplacés  Les feuilles brunissent et fermentent . Elles seront ensuite triées par les femmes et réparties par qualité.

Nous arrivons à une petite ferme de bois précédée de son auvent avec les deux chaises à bascule. Un arbre magnifique mamée couvert de fruits donne de l’ombre devant la cour. En dessous, une machine primitive pour écraser la canne à sucre avec deux manivelles. Deux  hommes tournent la manivelle, la femme alimente en tiges la presse. Nous avons déjà vu broyer la canne au Cap Vert, mais c’était pour confectionner l’aguardiente. Ici la machine est beaucoup plus petite à usage familial, trois tiges suffisent pour remplir la moitié d’un petit seau. On nous sert la boisson à l’arrière de la maison derrière la cuisine sur une table en planches disjointes avec des bancs. Le jus de canne est versé dans un verre en plastique . On évide le haut d’un gros  pamplemousse, chacun verse un peu du jus de canne dans le trou du pamplemousse . On aspire le mélange avec une paille. La boisson est rafraîchissante et surtout joliment présentée. « Une idée à retenir quand on reçoit des amis » s’exclame une des norvégiennes. Au fur et à mesure, on écrase le pamplemousse et rajoute du jus de canne. Le guide précise avec de lourds sous entendus que la boisson est aphrodisiaque. Il en attend le résultat. Sa femme ayant enlevé son stérilet il y a quinze jours. Il aimerait avoir une petite fille puisqu’il a déjà un garçon . Il traduit en espagnol sa plaisanterie à l’intention de nos hôtes. Sous ses dehors très modernes , écolo et scientifique, le macho cubain apparaît.

Les animaux se joignent à nous, un petit chien poilu genre de pékinois, un petit chevreau se laisse caresser, il est doux et affectueux.

Le paysan revient avec un sac de tabac. Il roule un cigare qu’il offre aux norvégiens. Il froisse deux feuilles ordinaires pour l’intérieur , la tripe, puis choisit une belle feuille souple qu’il nous fait toucher et flairer avant de la découper avec des ciseaux et roule soigneusement.

La promenade s’achève par la remontée bien raide et bien glissante dans le petit bois derrière l’hôtel . Elle a duré un peu plus de trois heures.

 

Anita, la jeune fille de l’Agence Touristique est très efficace et gentille . Elle a réservé notre taxi pour Cayo Levisa demain . C ‘est un minibus – (10 $ chacune), Maintenant, elle organise une balade spécialement pour moi.

Déjeuner à la piscine : spaghetti et bisteca a la plancha (porc mariné ; très tendre) . A deux heures je suis prête, comme le guide est en retard, elle me tient compagnie. D’après elle, le temps est bizarre cette année, pas de pluie pendant la « saison des pluies » et ce front froid qui s’éternise en février est inhabituel . Il n’y a plus de saisons ! antienne connue !  A 14h15, un minibus arrive, le chauffeur de taxi, Pancho, et un couple d’Irlandais que j’avais remarqués à Roissy . Pour aller de Dublin à Cuba, ils ont fait escale à Roissy. L’Irlandais est principal de collège à la retraite, il a fait mai 68 à la Sorbonne!

Balade avec Jesus : l’école du village

l’école

A Vinalès, mon guide monte. Il s’appelle Jésus . Le minibus s’arrête devant une minuscule école primaire deux classes dans un petit bâtiment bas en ciment crépi. Dans les classes parmi les inscriptions patriotiques, une citation de Marti « Apprendre à lire c’est apprendre à marcher » Un instit se charge des grands, 8-10 ans, une demi douzaine de garçons en uniforme, chemisette blanche et foulard, scout noué autour du cou, . au fond de la classe, l’instit est muet, c’est la télé qui fait cours. Dans l’autre classe, l’institutrice des petits n’a que trois élèves. La réception de la télé est très mauvaise . Jésus m’explique que c’est à cause des mogotes qui font écran avant d’aller déplacer l’antenne perchée sur  un poteau enfoncé dans la terre. L’école n’est pas reliée au réseau électrique ; des panneaux solaires situés sur le toit suffisent pour alimenter la télé et l’ordinateur.

Les fermes

la machine à traiter le café

Jésus marche vite sans parler. Nous traversons des vergers de papayers. Les arbres sont très bas, les papayes regroupées à hauteur d’homme sont très nombreuses et très grosses. Au Cap Vert, les papayers poussaient en hauteur, portant seulement un ou deux fruits en hauteur et leurs feuilles étaient rouillées . Ici, toutes les feuilles sont vertes. Dans un hangar ; les fruits sont lavés et pesés. Ils sont brillants . j’achète la plus petite 1$, le paysan veut que j’en emporte plus pour cette somme . Mais cela pèserait lourd pendant la promenade. Au retour Jésus en choisira une grosse et donnera une petite pièce de quelques centavos. Deux rongeurs sont suspendus à un clou. Jésus me montre le fusil . Que comptent ils en faire ? les manger . On dirait des rats. A la sortie du verger de papayers, un taureau noir est attaché près du chemin, Jésus me fait signe de me presser ; l’animal serait vicieux . Nous traversons des plants de caféiers prêts à fleurir et visitons dans un hangar les machines à traiter le café . les grains sont séchés puis débarrassés de leur écorce dans une machine ,. des petits grains pâles apparaissent . A l’extérieur un tuyau d’eau descendant de la montagne fait tourner un moulin à eau qui actionne les machines du hangar.

petits cochons et basse-cour

Nous montons ensuite à vive allure dans la forêt sur un sentier raide mais bien entretenu. Comme Jésus marche loin devant, je profite des bruits de la forêt. De temps en temps un porc détale à notre passage, quelques fois, un minuscule goret. Ce ne sont pas des animaux sauvages . tout à l’heure on entendra des cris étranges : c’est le campésino qui appelle ses cochons . Ils sont beaucoup plus petits que nos cochons européens, ils sont très propres . Leur pelage a des couleurs variées noir marron ou gris, certains ont de jolies taches . Les Cubains ne les nourrissent pas, ils trouvent leur nourriture eux mêmes dans la campagne. Ils sont familiers, pas agressifs du tout. De même, les chiens cubains, très maigres aboient fort peu.

Des lianes toutes contorsionnées en spirales courent d’arbre en arbre . Bromélias et orchidées colonisent les branches basses. Au sol, une épaisse litière de feuilles, branches, fruits tombés . les sommets sont noyés dans la brume . Pendant la pluie, les oiseaux sont silencieux. Dès que le soleil perce les chants recommencent . j’ai une surprise : le chant du rossignol.

Halte au sommet d’une butte pour admirer le panorama. La descente est encore plus rapide que la montée .Je cherche un bâton pour m’assurer parce que je glisse. En espagnol, c’est un baston.

Campesino

Nous terminons la promenade dans une jolie ferme entourée d’un jardin très soigné avec de belles plantes ornementales : une rangée de yuccas aux feuilles lancéolées,, des massifs de crotons et de colléus. Les animaux de basse-cour dont nombreux : un troupeau de pintades au plumage tacheté, des poules et des poussins, une demi douzaine de dindons . Les poules entrent dans la maison au sol  cimenté impeccable (je me suis déchaussée pour entrer, les hommes sont pieds nus) On laisse les poules picorer un grain invisible sans les chasser . La maison est très bien tenue . Dans la cuisine, une étagère originale, un curieux récipient sur un trépied . Toujours pas de gazinière . Sur quoi cuit le repas ?

On m’ouvre une noix de coco à la machette, puis m’offre une assiette de papaye . Jésus jette les épluchures des papayes aux animaux de la basse-cour . C’est le coq au cou déplumé et à la grande crête qui s’en empare, puis le dindon . Pintades et poules doivent se contenter de picorer par terre !Puis on me sert le meilleur café que j’ai jamais bu . Je fais un  portrait de Roberto, très photogénique avec son chapeau .

Savez vous où se trouve le balai?

Je me suis installée sur le balcon. Pour peindre . Un coup de vent balaye le cendrier qui se casse dans la chambre en mille éclats .Voilà encore une occasion de pratiquer l’espagnol  . A la réception,  j’explique qu’un verre est casé dans la chambre, le réceptionniste dit que quelqu’un montera avec une serpillière . Nous attendons : personne ne vient . Je prends alors l’initiative de chercher un balai . Devant le restaurant, des Suisses alémaniques attendent que le repas commence . Ils ont un petit dictionnaire Allemand-Espagnol . Par chance, si je ne connais pas le mot espagnol, j’ai appris en allemand comment on dit un  balai . Dans le dictionnaire je trouve « escobar » « Mais à la réception, personne ne veut m’en prêter, » ce n’est pas aux clients de faire le ménage, il suffit d’attendre « . Après une longue attente, nouvelle expédition, à la cuisine cette fois-ci où ils savent sûrement où se trouve l’escobar . Non, on appelle le réceptionniste qui en trouve finalement un dans les toilettes. Je le rends en rigolant , mieux vaut rester sur le mode de l’humour . je déclare que je n’ai pas perdu ma soirée puisque j’ai appris un nouveau mot, le réceptionniste me décline alors les mots de la même famille escubion si je veux un gros balai . On rigole, l’incident est clos .

 

Vinales (2) au village sous la pluie

CUBA – 15 février 2004

Vinales sous la pluie

Comment raconter Cuba ?

Nous vivons dans un monde parallèle pour touristes. Hôtel de luxe, autobus de luxe, monnaie différente. Les gens que nous rencontrons sont les acteurs principaux de cette industrie touristique : serveurs, réceptionnistes, Le but avoué est d’obtenir le maximum de dollars. Dominique ne les trouve pas aimables, elle ne supporte pas leur insistance à quémander des pourboires  Sans doute son ignorance de la langue y est elle pour quelque chose, je les trouve au contraire très gentils. Une fois l’axiome « propina » accepté, j’essaie de plaisanter et de pratiquer au maximum l’espagnol. Je suis ravie d’être parvenue à échanger quelques phrases.  Hier, la chambrière a frappé pour proposer ses services pour notre linge. Juste après son passage, Dominique trouve un énorme cafard qui se promène sur la table. J’appelle la dame toute fière d’avoir retrouvé quelque part dans ma mémoire « cucaracha » cela ressemble à l’anglais cockroach. Elle vient la main gantée de PQ, l’insecte détale. La dame commente : « elle est partie déjeuner au restaurant »Ce genre d’échange bénin m’enchante. Je n’ai as perdu mon temps à ânonner des phrases idiotes du genre « il supposait que vous ne vous opposeriez pas à ce projet «. Mais ce n’est pas ce qui va me faire découvrir les secrets de l’île. J’ai d’autres occasions pour exercer mes talents. : commander des spaghettis, et revenir trois fois pour ma commande, qui prend des heures à arriver . Le serveur, découvrant que je comprends l’espagnol, me déclare, comme s’il me dévoilait un grand secret, qu’il est débordé !Encore une anecdote : nous ne trouvons pas l’interrupteur des lampes de chevet (minuscule, sur le. socle)Dans tous les pays , nous avons eu des surprises avec l’électricité . A Chypre, il fallait que le voyant soit allumé, au Cap Vert, il fallait heurter l’abat jour .

mauvais temps au réveil

Vers le village

L’animation de l’hôtel nous a tenu éveillées tard dans la nuit. Au lever du jour, sur le balcon, l’humidité me surprend  ; le bord de la piscine est mouillé . Les mogottes surgissent dans la brume. Les nuages traversent le ciel à vive allure j’ai mis un certain temps à réaliser qu’il fait très mauvais temps . Cela n’était vraiment pas prévu !

Le petit déjeuner-buffet, très abondant est le bienvenu puisqu’hier soir nous n’avons pas dîné .

Je fais des aller et retours entre la réception et la chambre pour savoir si la randonnée prévue avec le guide était maintenue malgré la pluie. Elle est annulée.

Que pouvons nous faire avec cette pluie ? la réponse est toujours la même « attendre que le temps change ! » Esperar, c’est attendre, pour moi, c’est aussi espérer. Pouvons nous espérer un changement ? La météo existe –t elle à Cuba ? Quand j’interroge le personnel de l’hôtel, il semble que non. Pourquoi ? Plusieurs explications .

Soit, dans le monde ensoleillé des touristes, Cuba est un paradis où la pluie ne doit pas s’inviter. Autant la nier même si elle s’impose, incontestable .

Soit, à cause du blocus américain, la météo cubaine ne dispose pas des données pour prévoir le temps. La deuxième hypothèse n’est peut être pas si invraisemblable que cela, sur Internet, j’ai été incapable de trouver les prévisions pour Cuba et je n’avais trouvé que celles de Punta Cana en République Dominicaine.

Soit, comme à Madère, une autre île, le temps est imprévisible.

Tous parlent d’un front froid .

Je suis assez surprise, je croyais que février était en saison sèche.

Promenade à pied au village

Somos cubanos dignos y revolucionarios

Puisque la randonnée est annulée, nous partons à pied par la route au village de Vinalès. Nous marchons sous une pluie intermittente.

A peine, avons nous rejoint la route, qu’un homme, botté, habillé en paysan, les yeux clairs, m’aborde. Il nous a vues à l’hôtel, sa physionomie ne m’est pas totalement inconnue. Il nous invite chez lui à manger des pamplemousses et à boire un mojito. Je suis ravie de pouvoir entrer dans une maison cubaine. Sa maison est perchée sur la colline, voyant le sentier raide Dominique renonce : ni le pamplemousse ni le mojito ne la tentent . Elle ne veut pas grimper le sentier escarpé et glissant . J’explique qu’elle a mal au genou, je montre, je ne sais pas comment on dit « genou » en espagnol. Leur petite maison est perchée sur un surplomb (cela me fait penser au Cap Vert) Dans la première pièce, un gamin souffreteux sous une couverture, regarde la télé, sa petite sœur, blonde est très éveillée. La mère est une brune souriante et avenante. Son mari disparaît parti éplucher un pamplemousse. Après les présentations, âge des enfants, travail , ils en viennent rapidement au vif du sujet : ils nous proposent de venir pour dîner pour 6$ du riz, du porc du potage. Je ne sais que répondre . Leur offre me tente bien après le ratage du dîner hier soir. Il n’y a rien de bon à attendre de l’hôtel . Quant à faire des provisions, c’est mission impossible. La femme me montre sa cuisine. Bien vide en dehors d’un chauffe biberon électrique et d’une cocotte électrique en fonte primitive pour cuire le riz. Pas de cuisinière. A l’arrière de la maison, de nombreuses poules picorent. Ils en  ont une vingtaine. L’homme me presse de répondre pour l’offre du dîner. J’explique qu’il faut que j’en parle à Dominique mais que je doute qu’elle puisse grimper le raidillon. Devant la gentillesse de ces gens, je n’ose pas opposer un refus brutal.

Je finis le pamplemousse et veux payer quelque chose. Bien sûr, ils commencent par refuser . j’insiste, « pour les enfants », ils me donnent un second pamplemousse pour Dominique. Dans la maison, un petit chien très maigre reste dans mes jambes. Au mur un poster de chiens, je remarque « vous aimez les chiens » c’est le fils qui les aime. La gamine chasse un gros cafard en le poussant vers la porte. Pauvres conversations avec mon espagnol de base . L’homme cultive le tabac, il me propose des cigares que je refuse .La femme me demande mon âge. Je la laisse deviner.. 45, non j’ai l’âge de sa mère, qui d’après elle me ressemble, petite, grosse, énergique.

L’homme me raccompagne à la route pour connaître la réponse de Dominique qui a pris la poudre d’escampette. je l’appelle sans réponse, l’homme pense qu’elle n’a pas entendu . Moi, je sais qu’elle a très bien entendu et qu’elle le fait exprès. Je lui demande s’il sait siffler (si je le savais je l’aurais fait) cela a le don de l’exaspérer encore plus.

Vinales est un gros bourg composé de maisonnettes peintes en vert et en bleu ou en rose. A l’avant : un jardinet fleuri de colléus, impatiens et même de rosiers. Devant chaque maison, un auvent soutenu par une petite colonnade en ciment avec deux rocking-chair et quelquefois une balancelle de bois. Je pense au Sud des Etats Unis, au quartier natal de Martin Luther King à Atlanta .Sur les murettes de briques, des slogans politiques : « Socialisme ou la Mort » « nous vaincrons » Au moins trois bustes de José Marti surmontent des inscriptions patriotiques. Curieux monuments de souvenirs avec des portraits de martyrs ( ?) entourant le Che . j’ai compris de retour à l’hôtel les cinq portraits sur des baguettes disposés en étoile avec la mention Volveran : ils s’agit de prisonniers politiques aux Etats Unis .Au dessus du bar leur photo figue avec leur biographie toujours en étoile avec Volveran .

Volveran

En ce matin de dimanche pluvieux, il y a pas mal de monde dans la rue. La hommes bavardent sous les colonnades à l’abri. Dans une minuscule église baptiste, le pasteur fait son sermon. L’église catholiques est très mignonne peinte de crème et de bleue mais elle est fermée. Il y a un temple maçonnique rose avec les compas et les outils traditionnels. On voit aussi une minuscule église pentecôtistes . Et partout les panneaux des CDR comité de défense de la Révolution. Quelques véhicules circulent, camions et bus antiques, vieilles américaines,. Les touristes circulent en Yaris ou en Peugeot 206. Beaucoup de vélos malgré la pluie, tous bien vieux, quelques charrettes à cheval. Pas d’ânes ici, seulement des chevaux très maigres.

Les maisons portent des écriteaux proposant chambre et couvert pour les touristes . On nous invite plusieurs fois . Dommage que nous soyons à l’hôtel. ! Sous la pluie, la piscine est bien inutile . Ce serait plus intéressant  d’être installées au village .

Tout m’intéresse . Les épiceries vides pour les cubains,. en l’absence de marchandise visible, des tableaux noirs avec la liste et le prix de ce que l’on peut se procurer avec le rationnement.

La pharmacie est mieux garnie . la moitié des rayons est consacrée à la pharmacopée habituelle, l’autre à la médecine naturelle. Des panneaux détaillent les bienfaits de l’ail, de la manzanilla et d’autres plantes.

jardin botanique

jardin botanique

Nous cherchons le jardin botanique qu’on nous indique aimablement .La grille est décorée de fruits suspendus coupés par moitié : (oranges, pamplemousse, grenades) . La visite est guidée . Dominique a besoin d’aller aux toilettes. La dame nous invite chez elle. Toute sa maison est tapissée de cartes de visite, de coupures de journaux . Etonnant patchwork, poupées costumées, statues pieuses, verres en cristal. Tout l’espace est occupé par ce décor insolite. Sur un poteau, une photo ancienne de Fidel Castro, un mur est recouvert de paquets de cigarettes étrangères. Sur une table, une exposition très pédagogique des fruits exotiques .les plus connus : tomates, oranges, pamplemousses grenades et les plus étrangers, caramboles, cristophines, fèves de cacao, tubercules de manioc, patates lianes, gousses de « nescafé » fournissant un ersatz de café, un énorme anone guayabara, le fruit de la mamée, de la ceiba (baobab) . Pendant que Dominique se débat avec la chasse d’eau, je fais répéter la leçon, j’aurais dû prendre des notes . Dominique n’ose plus sortir des cabinets, la dame est tout à fait au courant qu’il n’y a pas de chasse d’eau et l’invite à sortir, la situation prend un tour gênant.

fruits cubains

Le jardin est ancien (100 ans) les arbres sont tellement hauts qu’on distingue à peine la cime. Entre autres, il y a 97 mamées qui sont de très grands arbres . La dame nous montre un arbre à pain (cela nous rappelle le Cap Vert), les manguier, des fougères arborescentes . Elle enlève l’écorce d’un arbre qui a un parfum de cerise amère (parfumant un alcool italien, à chercher …)C’est la ceiba qui m’impressionne le plus. Cet arbre est magique vénéré par les africains. C’est donc bien lui que j’ai vu hier dans la campagne. Entre ses racines, des pièces en offrande . Je pense à la ceiba de Zoé Valdès dans « « Cher Premier Amour », l’arbre magique, marraine de la petite fille, le témoin de amours des jeunes filles.

Comme Dominique a des problèmes intestinaux(tout du moins à ce que j’ai raconté ) j’élude l’invitation à goûter la cuisine créole et à la langouste que la dame me fait à voix basse et relance tout au cours de la visite (comme j’aimerais accepter ! Elle sert à Dominique une infusion médicinale : tout simplement de la manzanille ! quant à moi, elle m’offre un morceau de chair de noix de coco. Je laisse 3$ . la dame est déçue que nous ne venions pas dîner .Manana, si Dominique va mieux, peut être ?

 

Vinales

CUBA – 14 février 2004

Vinales et les mogotes

A 7h45, un taxi avec compteur traverse tranquillement la Havane pour nous emmener au terminal de Viazul. Nous reconnaissons l’Opéra, le Capitole, le monument de José Marti, la Place de la Révolution. La gare routière est située en périphérie de la ville. Elle ressemble à un petit terminal aérien. Un fonctionnaire de sécurité nous accueille, nous échangeons les vouchers contre des billets, enregistrons les bagages comme pour un voyage en avion. Un steward en costume cravate s’occupe des voyageurs nous propose d’aller à la cafétéria. Une hôtesse, enfin nous fait entrer dans l’autobus luxueux réservé aux touristes. Nous identifions un seul couple cubain parmi les voyageurs (Monsieur téléphone sans arrêt avec son mobile). L’équipage regarde une vidéo en espagnol: un film américain de guerre, une histoire de sous-marin qui fait un fond sonore bruyant. C’est étrange, sans même écouter, je comprends tout  ce qui doit démontrer l’indigence des dialogues.

Le bus emprunte l’autoroute dans une plaine verte où dépassent quelques palmiers. Les palmiers évoquent le Maroc pour Dominique. Pour moi, ce paysage ne ressemble à rien. J’ai du mal à comprendre ce que je vois au premier abord. C’est vert mais je ne reconnais rien. Des vaches un peu exotiques aux cornes longues et recourbées plutôt grises. Des lacs et des marais font diversion. Des aigrettes garde-bœufs accompagnent les vaches.

boeufs et garde-boeufs

Au bout d’une cinquantaine de km, les collines se font plus pointues. Nous reconnaissons la canne à sucre que l’on coupe à la main. C’est différent du Cap Vert : les champs sont très grands, si les hommes utilisent les mêmes machettes, ici, ils sont dispersés. De temps en temps, un arbre à silhouette africaine ressemblant à un baobab domine le paysage. Je suis déconcertée, cherchant des analogies avec des paysages d’autres voyages. La signalisation routière est complètement déficiente, malgré le guide de la route  je n’arrive pas du tout à me repérer.

Le bus s’arrête devant une cafétéria près d’un village de vacances. La campagne est fleurie. D’énormes clochettes jaunes inconnues sentent très bon .De très gros oiseaux planent : des buses ?

Le bus arrive dans une ville annoncée par des immeubles modernes : Pinar del Rio, fin de l’autoroute. Pinar del Rio est surtout composée de petites maisons basses de ciment ou de bois avec un auvent, un ou deux rocking chair en fer forgé quelquefois un jardinet et parfois une vieille voiture américaine. Dans les rues, pas de circulation, la ville somnole.

Le bus s’engage sur une petite route qui monte dans la montagne. La végétation change, Le bus rase de près les arbres envahis par des lianes ainsi que de nombreux épiphytes, des orchidées et des sortes de fougères. Les petites maisons campagnardes de bois souvent couvertes de chaume, minuscules sont souvent plutôt des cabanes que des maisons. La pauvreté rurale est différente de celle de la Havane, presque pittoresque dans ce cadre naturel magnifique mais révélant un dénuement inimaginable. Certains villages n’ont pas l’électricité, on voit une salle de télévision collective. Certaines maisons n’ont pas de fenêtres, seulement un trou carré. On laboure avec une paire de bœufs.

Le car roule à 30 à l’heure. Nous traversons des pinèdes et apercevons la silhouette des mogotes, reliefs karstiques aux allures asiatiques. Nous arrivons à Vinales.

Hôtel Jazmines

L’hôtel Jazmines se trouve à cinq kilomètres avant Vinalès sur cette route. Je demande au steward si le bus s’y arrête. « Très près » répond il. Il provoque un arrêt pour nous en pleine campagne moyennant un pourboire qu’il réclame.

Nous voici donc avec le sac à dos, la valise et le sac rouge rempli, à 1 km de l’hôtel. Dominique commence sérieusement à râler, d’abord à cause du pourboire réclamé crûment ensuite parce que l’hôtel est loin. Des cars de touristes passent sans s’arrêter. Des Cubains rigolards nous regardent.

Scène bucolique : dans un champ de tabac deux hommes travaillent avec une paire de bœufs, ce serait la photo idéale : l’homme debout sur un tronc à peine équarri tiré par ses bœufs (que fait il sur ce tronc qui glisse ?), le séchoir à tabac avec les feuilles vertes. Comme je les prends en photo, le vieux propose de porter la valise. Finalement l’hôtel n’est plus si loin. Dominique est encore plus furieuse de ce que j’ai accepté cette aide intempestive.

L’hôtel a beaucoup d’allure. C’est une grande bâtisse rose adossée à la colline qui regarde vers la vallée. Devant l’hôtel, une magnifique piscine. En contrebas, une série de bungalows.

Nous sommes arrivées trop tôt. La chambre ne sera prête qu’à deux heures.

Je command des spaghettis servis sur le bord de la piscine Le temps est plus frais qu’à La Havane mais la piscine me fait bien envie.

Nous avons la meilleure chambre de l’hôtel au deuxième étage au dessus de la piscine. Sur le balcon on peut installer deux grands fauteuils de rotin genre Emmanuelle et admirer la vue sur les mogotes. Dans la chambre tout le mobilier est en rotin les lits jumeaux sont recouvert d’un tissu fleuri.

Déception : la piscine est glacée. Seuls les Hollandais et les gamins s’y aventurent. J’aime tellement la piscine que généralement je n’hésite pas, à Marrakech et à Assouan, j’y étais seule, mais ici c’est vraiment trop froid. Le guide est passé nous proposer ses services pour les randonnées. Il prétend qu’il est défendu de se promener seul dans le Parc Naturel patrimoine de l’Humanité. Ceci entretient la mauvaise humeur de Dominique qui crie à tous les vents qu’elle veut être libre et en appelle à la Révolution. Je lui fais remarquer que ce n’est pas malin de parler ainsi et que cela risque de nous causer des ennuis.

Heureusement, l’après midi prend une meilleure tournure quand je viens chercher mon nouveau carnet moleskine (le même que celui d’Hemingway, c’est une référence) La vue est vraiment pittoresque. C’est avec plaisir que je noircis 3 feuillets avec la silhouette des mogotes, une étude de palmier et de la végétation du coin. Dessiner sur ce carnet est un véritable plaisir. Le format, un peu petit réduit les possibilités de composition, mais cela rend le travail plus facile. La qualité du papier, (plutôt de la carte), glacée, crème me plaît  Je dessine pour observer. Rapidement la lumière change. A 17h30 il nous reste une bonne heure avant la nuit pour aller à la découverte des environs de l’hôtel. A l’opposé de la vallée, vers Vinalès, nous trouvons un bon chemin de terre qui conduit à des fermes. Dans un jardin impeccable, un vieil homme arrose ses salades avec un vieil arrosoir. Un homme sur une charrette tirée par un cheval nous propose d’aller à Vinales.

Devant une maison de planches, un cheval attaché souffle et gronde. Rencontre avec de petites chèvres bicolores, un chevreau blanc si petit. La nuit tombe. Il faut rentrer. Trois enfants jouent, on les photographie  Dominique offre au petit garçon brèche dents la petite souris en plastique que nous avons emportée pendant nos voyages divers sans la donner .Notre promenade nous enchante et termine bien la journée.

Malheureusement, après cela se gâte. On n’arrive pas à allumer les lampes de chevet. Il faut faire monter le réceptionniste. (Ce genre d’aventure se renouvelle à chaque voyage). Le snack ne sert plus rien à manger. Le restaurant buffet ressemble à une cantine peu engageante (10$) . Pour finir, la Soirée de la Saint Valentin organisée par l’hôtel à l’attention d’un groupe de Canadiens du quatrième âge juste sous nos fenêtres nous empêche de dormir.

La Vieille Havane : Place d’Armes, Forteresse royale – place de la Cathédrale – Musées

CUBA – vendredi 13 février après la sieste

Au pied de la forteresse musique et danses

Sieste jusqu’à 15 h. Le décalage horaire se fait sentir.

La Place d’Armes est maintenant pleine de touristes ; dans les bars des petits orchestres jouent de la musique partout.

La Forteresse Royale (Real Fuerza) a belle allure. Reconstruite au 16ème siècle dans un beau calcaire fossilifère, beaux madréporaires. Au rez de chaussée, exposition de céramiques contemporaines. Certaines classiques : vases et plats émaillés, d’autres plus originales : une machine à écrire et de curieux livres de terre, aussi politiques : un globe terrestre posé sur des crânes humains, un œuf avec un bébé à l’intérieur tétant le sein, des images violentes. Nous montons sur la terrasse admirer le panorama. Et découvrons un marché. On y vend des souvenirs pour les touristes : sculptures de bois de style africain, des bijoux sans intérêt, de la vannerie et de très beaux linges, chemises d’homme à plastron plissé, combinaison de femmes en percale blanche brodée, pantalons blancs …Un orchestre noir et deux danseuses animent une petite place . Je ne résiste pas à la tentation de photographier la danseuse noire qui agite des branches de verdure. Elle vient me réclamer la pièce,  quelques pesos  ont l’air de la contenter.

Place de la cathédrale

Nous passons à côté d’un très beau bâtiment baroque, le Séminaire en activité, qui ne se visite pas. La Place de la Cathédrale est bordée de très belles arcades d’un côté. Nous photographions la cathédrale à travers la colonnade et les bougainvillées roses. Une belle terrasse de café occupe une bonne partie de la place, des musiciens jouent, des femmes en costume folklorique, des fleurs dans les cheveux, avec des turbans africains ou antillais portent des paniers, elles se font photographier par les touristes .Les vieilles fument d’énormes cigares. Une vieille a même habillé un petit chien en l’affublant de lunettes de soleil et d’un tournesol artificiel.

De la Cathédrale, nous retournons à la Place d’Armes où nous visitons le Musée de la Ciudad dans le Palacio de los Capitanes Generales. Autour d’un beau jardin avec des paons, les arcades s’élèvent sur trois niveaux. Une gardienne nous fait les honneurs des salles d’apparat, nous montre les baignoires sculptées, le Trône, les meubles magnifiques venant d’Espagne et…. saisit  l’appareil photo et d’autorité me photographie . Ce qui m’intéresse le plus ce sont les souvenirs des guerres d’Indépendance de Cuba. Nous faisons connaissance avec les personnages de ces guerres Cespedes, Marti. Nous voyons les drapeaux américains de cette guerre contre l’Espagne et prenons contact avec une histoire complètement ignorée.

Enfin, nous passons par l’église San Francisco, par les portes ouvertes nous voyons l’intérieur sobre mais renonçons au Musée d’Art sacré. La Vieille place plaza Vieja : très très vaste. Pas de touristes, beaucoup d’enfants, des gamins jouent au ballon, d’autres ont une trottinette et des patins à roulette. Au centre une fontaine, une exposition de sculptures modernes gigantesques en fer rouillé.

La malédiction du Vendredi treize a encore frappé : le guide  Gallimard a disparu. je retourne en vitesse à la Plaza Vieja par le chemin le plus direct : Obrapia (sur laquelle donnent les fenêtres de notre chambre) Santo Ignacio . je suis contente d’arriver à me repérer dans notre quartier.  Le livre est passé par pertes et profits. Le réceptionniste nous monte dans la chambre une salade de poulet et des calmars pour 10 $. Après le dîner, nous faisons un dernier tour : Place d’Armes et le petit Temple grec qui commémore la fondation de La Havane. Nous longeons les docks (un cargo rouillé sur l’autre rive) et rentrons par la Plaza Vieja espérant retrouver Gallimard. Les rues sont désertées par les touristes mais il y a de la musique dans tous les bars.

Si les péripéties de la journées ne nous ont pas permis de visiter sereinement et méthodiquement la Vieille Havane en suivant studieusement les itinéraires des guides comme nous le projetions, en revanche nous avons ratissé le quartier et découvert au hasard des maisons peintes à balcons, des moulures et stucs Belle Epoque, des façades baroques ou coloniales, sans parler des vitraux en demi cercle surmontant souvent les fenêtres.

 

 

La Havane : Emplettes diverses rue Obispo

CUBA –   Vendredi 2713 février 2004

Rue Obispo

Sans être superstitieuses, ce vendredi 13 ne nous porte pas chance !

Comme de juste, avec le décalage horaire, nous nous réveillons bien trop tôt vers 4 heures du matin. A 5h, impossible de se rendormir.

Le petit déjeuner est servi dans le patio : une corbeille de petits pains frais, une assiette de fruits : papaye, ananas, pamplemousse en tranches, tortilla et très bon café. Je me livre à l’inventaire des fougères et plantes tropicales qui dégringolent de la galerie.

Il fait frais, la lumière est délicieuse. L’appareil photo est inanimé. Avant tout, faire l’acquisition d’une pile. Et d’une carte de téléphone. La rue de l’hôtel Oficios bordée de belles maisons de pierre coloniales conduit à la Place San Francisco, très vaste et déserte ce matin. L’église et sa fontaine de pierre font face à un très grand immeuble début 20ème siècle, une grande banque et une Poste où nous devrions trouver la pile et les cartes de téléphone. Rien, nada!  les rayonnages sont déserts ni carte (malgré un écriteau) ni pile !

Obispo : hôtel Ambos Mundos où Hemingway a séjourné

Nous consultons nos plans assises dans un très joli jardin public,  Place d’Armes occupée par: au centre la statue de Cespedes, ornée de 4 fontaines de pierre, et de palmiers très hauts et d’arbres magnifiques .

Boutiques et maisons de la calle Obispo (montage)

La rue Obispo, est une artère commerçante. Mais  magasins n’ouvriront pas avant 9h30. J’entre dans les Hôtels : Ambos Mundos, celui qui abrite la chambre Musée d’Hémingway   et au Florida qui nous vend deux cartes téléphoniques de 10$ . Nous trouvons rapidement une cabine téléphonique Pour appeler la France :  119 33 et le numéro sans le 0. Jusque là, tout va bien. La Calle Obispo commence à se peupler. Il semble que les Cubains arrivent en avance au boulot et se massent devant les entrées des magasins et des bureaux avant l’ouverture.

Pour la pile, c’est beaucoup plus compliqué. Aucun magasin ne vend de pile. Il y a des boutiques de vêtements de luxe, des librairies, des cafés, des bazars mais pas de magasins de photos ni d’électricité. Dans les boutiques pour Cubains, les rayonnages de bois sont vides. Ceux du  Cap Vert étaient mieux achalandés ! du rhum, quelques biscuits secs sinon rien ! Pas de fruits, une boucherie déserte. Deux échoppes d’horlogers prétendent d’après un  écriteau, réparer presque tout, mais elles sont vides.  Au bout d’Obispo, le Floridita, le bar d’Hemingway est fermé.

Pause dans le jardin du Parque Central. Au loin, nous reconnaissons le Capitole. De l’autre côté de l’avenue l’hôtel Ingleterra et l’Opéra. Belles façades Belle Epoque très surchargées en stuc et sculptures. Nous nous installons sur des bancs de pierre à l’ombre d’arbres magnifiques. Ici aussi, des fontaines rafraîchissantes. Un couple s’adresse à nous en Français, elle métisse aux cheveux courts teints en blond, lui très grand. Ils sont très contents de trouver des français et répètent inlassablement « à La Havane, pas de problème, 3 millions d’habitants, un million de policiers, pas de maffia, pas d’insécurité ». Ils vantent les chambres particulières et les paladares. Puis expliquent « A Cuba trois monnaies, le dollar, le peso national, ce n’est pas pour vous, et le peso convertible » c’est assez clair, leur but est de nous amener à changer des dollars pour des pesos convertibles. Ils connaissent un endroit au quartier chinois. Ce n’est pas notre première préoccupation, nous cherchons une pile pour l’appareil photo. Ils nous emmènent donc à un magasin qui en vend en nous faisant passer par des rues désertes très délabrées où les voitures ne peuvent pas circuler à cause de trous immenses. Nous trouvons notre pile et de l’eau fraîche. Après les achats nous leur faussons compagnie, ils demandent une commission. Je suis assez mal à l’aise de les planter ainsi mais le quartier chinois n’entrait pas dans nos plans. En longeant le Capitole nous retrouvons le Parque Central très rapidement

Déception, avec la nouvelle pile, l’affichage électronique de l’Olympus clignote mais le flash reste immobile et le zoom inerte. La panne doit être plus grave.

J’aurais bien photographié l’Opéra, très kitsch, très très pâtisserie. Ce soir, on donne la Traviata, dans ce décor cela m’aurait bien plu.

Retour sur Obispo chez les horlogers réparateurs polyvalents. Je confie l’appareil à l’un d’eux. Selon lui, la pile ne serait pas bonne. Nous n’avions que moyennement confiance dans le magasin minable. Peut être est elle périmée ? On nous dirige vers le grand magasin Harris Brothers où nous trouvons une autre pile, encore une déception mais on ne peut pas se faire rembourser. J’achète deux jetables. Puis je regrette, j’essaie d’échanger les jetables contre un petit appareil bon marché Pas question ! à Cuba on n’annule pas un article passé en caisse . Nous restons avec les jetables.

les bouquinistes de la Place d’Armes

Une foule dense occupe maintenant Obispo, des échoppes de sandwiches sont ouvertes (pour nous c’est trop tôt). Les boutiques ouvertes semblent plus avenantes. Je commence à photographier les façades peintes. Sur une placette fleurie des oiseleurs vendent des oiseaux dans des cages. Les bouquinistes ont installé leurs étals sur la Place d’Armes. Tous ces livres me fascinent : œuvres de Lénine, de Che Guevara en bonne place ainsi que Garcia Marquez ; Il y a aussi de vieilles éditions avec de belles reliures. Un marchand très jeune, style étudiant me montre un traité de Charcot sur les maladies cérébrales. De nombreux fascicules sur la Flore et la Faune de Cuba me tentent.

Je retourne à l’hôtel chercher mon chapeau de paille, il est passé onze heures et le soleil tape. A la réception je raconte mes mésaventures avec l’appareil photo, espérant qu’on m’indiquera un dépanneur : Habana-photo derrière la Place d’Armes semble la bonne adresse. Ce sont de vrais photographes. Malheureusement, leur diagnostique est fatal. La pile est bonne, ce sont les contacteurs qui sont fichus. Cela ne nous étonne qu ‘à moitié, après le nettoyage au compresseur au Maroc .Il ne reste plus qu’à en racheter un neuf ! Mais la boutique ne prend pas la Carte Bleue. Je cours à la banque place San Francisco. Le mauvais sort du vendredi 13 me poursuit : panne informatique ! Je rachète presque le même Olympus pour 254$ (La boutique  hors taxe de Charles de Gaulle avait des modèles plus perfectionnés pour 99 €).

 

 

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Créteil/la Havane arrivée à l’Hôtel Valencia

CUBA – Vendredi 12 février 2004

Hôtel Valencia : patio

Départ de Créteil   9h arrivée à Roissy à 9h45. Enregistrement des bagages  10h15. Embarquement,12h35 ; l’avion ne décolle qu’à 14.15.

10 heures de vol, c’est très long ! Dominique a demandé un siège près de l’issue de secours pour étaler ses jambes. Pour l’obtenir, il faut parler anglais ! L’inconvénient est que nous sommes en face des toilettes et qu’il y a un va et vient incessant.

Cette journée interminable ne me déplaît pas, j’ai besoin de cette transition pour lire les guides. J’ai lu de la littérature mais  n’ai pas encore préparé les  visites  de demain à la Havane.

Arrivée à la Havane à 24h15 ( heure de Paris) 18h15, heure locale. Les formalités terminées, le taxi fonce dans la nuit. Je vérifie au passage ce qu’on annoncé les guides : les belles voitures américaines, les bus à rallonge à deux bosses comme des chameaux, les panneaux et inscriptions politiques vantant l’électrification et l’eau potable pour chacun, la défense de la Révolution et la Lutte contre l’Impérialisme . Ce qui n’était pas prévu : une pollution suffocante.

Le taxi passe devant le Monument de Marti, Place de la Révolution puis sur le Malecon. Avec le plan sur les genoux,  premiers repérages dans la ville. Il stoppe à l’entrée de la zone piétonnière de la Habana Vieja. Nous terminons à pied. La valise ne roule pas sur les pavés. Dominique porte le gros sac à dos à bout de bras. Un homme nous aide, entre dans l’hôtel puis disparaît.

Hôtel Valencia : du balcon de la chambre

L’Hôtel Valencia occupe un palais de pierre avec un patio verdoyant tout dégoulinant de plantes. Notre chambre est tout à fait extraordinaire. Au premier étage d’une galerie couverte autour du patio. Au lieu d’un numéro, un nom : Onteniente. La haute porte en bois, plutôt un portail) laqué vert foncé s’ouvre à deux battants, avec ses trois panneaux elle mesure au moins 3.5 m . Le plafond de bois vert incliné monte au moins à 6 m . La  chambre  est très vaste, murs crème, boiseries vertes. De la faîtière est suspendu un très grand ventilateur blanc à trois pales et au bout d’une lourde chaîne, un lustre en fer forgé avec six petites lampes sur des coupes de faïence à motif floral. Le mur, face aux lits, est curieusement aménagé : un beau miroir encadré de carreaux blancs et verts domine une paillasse blanche carrelée avec lavabo et minibar. Dans les murs trois niches : W-C, douche et un grand placard. Les portes des niches sont des portes battantes qui ressemblent à des persiennes. Un paravent canné laqué vert cache la fenêtre surmontée d’une rosace de verre cathédrale. La fenêtre est barrée tout simplement d’une barre de bois. Nous nous aventurons avec précaution sur le balcon (tout semble délabré !).

rosaces et vitrail comme dans notre chambre (mais c’est dans un musée)

De l’autre côté de la rue nous découvrons les logements des Cubains par les fenêtres ouvertes. L’un d’eux semble très modeste : toile cirée, canapé de skaï élimé, coussins de mousse synthétique même pas recouverts. Plus loin, un autre est tout à fait décoré : les balcons descendent des bougainvillées, un rectangle coloré en vitrail coloré est suspendu au dessus des fleurs, à l’intérieur de beaux meubles de bois sombre, une lampe Tiffany . La femme qui habite là prend le frais en short orange et débardeur. Elle me fait signe.

Première promenade dans notre quartier, les rues sont vides, les terrasses des cafés de la Place d’Armes attendent les clients. Il est huit heures, trop tôt ? Ou trop tard ?

Nous sommes fatiguées et nous couchons à 9 (3 heures du matin pour nous).

 

Hérétiques – Leonardo Padura

LECTURE CUBAINE

Les blogueurs-ses qui ont participé au mois de Lectures  Sud Américaines m’ont donné envie de relire Padura et de retourner virtuellement à La Havane. Hérétique attendait sagement dans la liseuse depuis que j’avais terminé L’Homme qui aimait les chiens. Comme c’est un pavé (657 pages) j’attendais l’occasion.

Hérétiques s’ouvre avec le Livre de Daniel, en 1939 avec l’arrivée du Saint Louis au port de La Havane, avec à son bord des centaines de Juifs polonais et allemands fuyant les nazis, munis de passeports et visas achetés chèrement. Les autorités cubaines corrompues cherchant à monnayer leur débarquement ont fait monter les enchères puis les ont renvoyés (avec la complicité américaine) à Hambourg d’où ils furent déportés et exterminés. Daniel Kaminsky originaire de Cracovie a eu la chance d’arriver à La Havane auparavant.

En 2007, le fils de Daniel, Elias charge Mario Condé – ancien policier – d’éclaircir un certain mystère couvrant la fuite de Daniel à Miami en 1958 et la disparition d’un authentique Rembrandt en possession de la famille Kaminsky depuis le 17ème siècle, emporté par le parents de Daniel sur le Saint Louis, qui aurait dû leur sauver la vie en payant leur passage. Daniel, apprenant le destin de ses parents, morts à Auschwitz, décide de ne plus être juif et de s’intégrer comme cubain. Elias confie à Condé l’histoire de sa famille, lui demande de retrouver sa famille.  Daniel est un des hérétiques que le lecteur rencontrera, mais ce n’est pas le seul. 

Rembrandt : La ronde de nuit

Le Livre d’Elias se déroule à Amsterdam en 1643. Amsterdam est considérée comme la Nouvelle Jérusalem par les Juifs séfarades venus d’Espagne et du Portugal. Il ont trouvé aux Pays Bas une tolérance qui permet à la communauté juive de prospérer. Elias veut devenir peintre, il a choisi son maître : Rembrandt. Peindre est une hérésie pour un juif du 17ème siècle! Elias doit apprendre dans la clandestinité.  Rembrandt convaincu de la volonté de son apprenti le fait passer pour un domestique. Elias doit cacher ses œuvres. Lorsqu’elles seront découvert un procès le menace. Si la société cosmopolite et mélangée des Pays Bas est tolérante, il n’en est pas de même à l’intérieur de la Communauté Juive. Spinoza fut jugé et condamné, et Uriel Da Costa avant lui. Plutôt que le jugement, Elias s’enfuie en Pologne où il est rattrapé par une série de pogromes et une épidémie de peste. 

Rembrandt comme hérétique ?

« ….peindre comme Rubens. Mais je suis aussi devenu un homme un peu plus libre. Non, beaucoup plus libre…
Cependant, écoute-moi bien, la liberté a toujours un prix. Et il est généralement trop élevé. Quand je me suis cru
libre et que j’ai voulu peindre comme un artiste libre, j’ai rompu avec tout ce qui est considéré comme élégant et
harmonieux, j’ai tué Rubens et j’ai lâché mes démons pour peindre La Compagnie du capitaine Cocq pour les
murs du Kloveniers. Et j’ai reçu le juste châtiment pour mon hérésie : plus de commandes de portraits collectifs,
car le mien était un cri, une éructation, un crachat… C’était un chaos et une provocation, dirent-ils. Mais moi je
sais, j’en suis même persuadé, que j’ai réussi cette combinaison insolite de désirs et de réalisations qu’est un
chef-d’œuvre. »

Le Livre de Judith raconte l’enquête que Condé mène à la suite de  la disparition d’une jeune fille à la Havane en 2009. Accident, enlèvement, fuite vers la Floride ou suicide? La jeune fille fait partie d’une secte, les émos, d’allure gothiques, punks,  nihilistes et souvent drogués. Hérétiques les émos ou en quête de liberté?

d’une quête de liberté qui débouchait finalement sur sa négation, car il ouvrait les grilles d’autres prisons,
d’après lui, militant agnostique et, sans aucun doute, pré-évolutionniste. Le plus cuisant était de découvrir que,
ces dernières années, il avait vécu dans la même ville que ces jeunes, sans guère s’attarder à les observer car il
les voyait comme des espèces de clowns de la postmodernité, acharnés à s’écarter des codes sociaux en
s’affichant notablement différents, et il ne leur avait jamais concédé la profondeur d’une réflexion et d’objectifs
libertaires (libertaires plus que libérateurs, il se conforta dans cette idée, convaincu du caractère anarchique de
leurs quêtes). Malgré les fers qu’ils se mettaient eux-mêmes. Mais c’était les leurs, et cela faisait toute la différence. 

Ces trois histoires pourraient presque se lire indépendamment les unes des autres. Le tableau de Rembrandt est le lien entre elles. Le thème de l' »hérésie » peut se lire sous différents points de vue, hérésie religieuse, mais aussi politique et sociale.

Toutefois, Padura donne le meilleur quand il décrit la vie à La Havane et que Mario Condé et sa bande de copains partagent rhum et cigarettes bon marché dans une convivialité communicative. Sa critique du régime est sensible : corruption inexcusable, mais empathie avec les cubains fidèles malgré tout à leur île.  Désespérance mais chaleur humaine…

Aquarelle cubaine

Vinalès : mogotes et séchoir à tabac

Depuis la Pandémie, mes voyages lointains ne peuvent être que virtuels. Heureusement l’Hexagone recèle de belles régions pour partir en vacances. Pour l’exotisme, il faudra encore patienter.

En attendant, je feuillette mes carnets de voyage, je remets à jour certains, complète mon blog, scanne les photos-papier,  sauvegarde les fichiers.

Cuba avait disparu de mon blog, les photos sont argentiques. Belle occasion de me plonger dans mes souvenirs et de les raviver.

J’aimerais exploiter le temps que je ne passe pas au cinéma, dans les expositions, à peindre. Mais je n’y arrive pas. Je ne suis pas artiste, seulement observatrice. Dessiner me permet d’ouvrir les yeux, d’analyser. A distance cela n’a guère de sens.

Esto es lo que hay, chronique d’une poésie cubaine – Lea Rinaldi

TOILE NOMADE

esto es lo que hay3

Un tour à Cuba en musique cela ne se refuse pas! Le titre annonçait de la poésie. Le résumé du hip hop et du rap. Si j’apprécie le hip hop, le rap me casse souvent les oreilles.

J’ai tenté et bien aimé. Ces musiciens dégagent une énergie et une chaleur incomparable. Parce qu’il en faut de l’énergie à la Havane, pour se produire lorsque leur concerts sont interdits, puis permis? Lorsqu’ils veulent diffuser leur musique sur Internet alors que la connexion se fait à la vitesse de la tortue. Ils se veulent libres, déjouent les pièges qu’on leur tend en cherchant à les récupérer. irrécupérables!

Documentaire? Bien sûr, mais surtout un film avec des personnages sympathiques et de temps en temps une sublime image de la Havane qui m’a fait flasher.

ESTO ES LO QUE HAY

 

 

 

L’Homme qui aimait les chiens – Leonardo Padura

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Qui était »l’Homme qui aimait les chiens« ?

 

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Dans ce gros roman, les hommes qui aimaient les chiens sont nombreux: cet homme mystérieux qui promène ses deux barzoïs sur une plage de la Havane, cet écrivain cubain devenu vétérinaire, mais aussi  Lev Davidovitch Trotski, qu’on découvre au début de son errance en exil à Alma Ata avec Maya lévrier sibérien.

 

Trois histoires s’entremêlent donc : celle de Trotski, celle de Ramon Mercader son meurtrier et celle d‘Ivan l’écrivain cubain. Toutes trois sont les facettes de l’histoire socialiste, vues de l’intérieur. La Guerre d’Espagne, les persécutions staliniennes indissociables de l’odyssée de Trotski de Turquie au Mexique en passant par la France et la Norvège et plus récemment l’histoire et la vie quotidienne à La Havane.

barzoi

Une grande leçon d’Histoire, venue du bloc socialiste, histoire différente de celle qu’on raconte en Occident. Leçon de cynisme et de manipulations. La Guerre d’Espagne perd un  de son héroïsme quand l’auteur montre que les combattants staliniens étaient plus occupés à défaire les anarchistes et le POUM qu’à vaincre les fascistes. Le Pacte Germano- soviétique devient plus compréhensible quand il explique que l’état major soviétique décimé par Staline n’est pas prêt pour la confrontation avec les nazis.

« Tout était organisé comme une partie d’échecs (une de plus!)dans laquelle tant de gens – cet individu que j’allais justement baptiser « l’homme qui aimait les chiens » et moi, entre autres – n’étaient que des pièces livrées au hasard, aux caprices de la vie ou aux conjonctions inévitables du destin? Téléologie… »

Padura, auteur de romans policiers, sait faire durer le mystère, sait aussi écrire un thriller dans la plus grande tradition des romans d’espionnage. Il joue aussi avec l’empathie du lecteur qui ne sait plus démêler les identités ou les fidélités. Evidemment, on connait le dénouement pour Lev Davidovitch, on sait qu’il mourra au Mexique, mais comment Mercader réussira-t-il? Et qui est vraiment Mercader? Les noms changent, les identité se forgent, se transforment,les personnalités sont modelées par les services stalinien, l’amour pour les chiens fait aussi partie de la manipulation.

frida kalho affiche

Que dire aussi du plaisir de croiser Frida Kalho, André Breton à Mexico « terre d’élection du surréalisme ».

 

Une autre lecture est aussi possible, la difficulté d’écrire à Cuba, l’autocensure, rejoignant l’argument du Retour à Ithaque – film de  Cantet mais scénario de Padura. C’est en revenant du cinéma que j’ai téléchargé L’homme qui aimait les chiens.

Retour à Ithaque
Retour à Ithaque