Tirana – Musée historique, Place Skanderbeg et promenade

CARNET DES BALKANS :ALBANIE

le musée historique

Bonne introduction au voyage : le Musée Historique va nous donner des pistes!

Malgré le chantier le Musée est ouvert. (200 leke). La  façade est très réussie.  Commandée par Enver Hoxha,  elle fut inaugurée en 1981, représente «  l’élan du peuple albanais vers son indépendance et son identité ».  Au centre, Mère Albanie est encadrée par un ouvrier communiste et un partisan. Les autres personnages sont un guerrier illyrien, deux combattants de Skanderbeg, l’écrivain Naim Frasheri et des partisans armés. L’œuvre communiste originale fut remaniée en 1992 et 2011.

L’Histoire de l’Albanie commence à la Préhistoire

25.000 -12000 :  grotte de Trenit Korça

7000 – 3700 : Néolithique poteries et statuettes anthropomorphes, certaines statues féminines me font penser aux idoles cycladiques.

1050 – 500 : Âge de Bronze : parures avec fibules, céramiques sophistiquées rappelant les vases grecs, pétroglyphes avec des silhouettes anthropomorphiques très géométriques.

 

Antiquité Grecque et Romaine

3ème siècle av JC l’Etat illyrien alliés aux Macédoniens guerroyaient contre les Romains.

Invasions barbares et époque byzantine

Après les Avars, le Huns, les Slaves déferlent sur les Balkans. Les 3 états illyriens dans l’empire byzantin gardèrent leur originalité ethnique. Durant l’époque byzantine de très nombreuses fortifications et châteaux forts protégeainet le territoire contre les envahisseurs

11ème/12ème siècle : des révoltes éclatèrent dans Byzance. Le royaume bulgare étendait sn pouvoir. 1016, défaite des Bulgare par les Byzantins.

12ème/13ème arrivée des Normands puis des Hohenstaufen jusqu’à la mort de Manfred en 1266 Les Anjou soumettent l’Illyrie jusqu’en 1272

13ème/14ème : les familles albanaises administrent la région . Une reconstitution de la citadelle de Berat illustre cette époque.

1354-1402 conquête ottomane.

 

14.5-1468 Skanderbeg et sa famille Kastrioti ont régné sur l’Albanie. Toute une salle du Musée est dédiée à Skanderbeg avec une grande statue, une fresque et des armes d’époque, parfois des fourches de bois.

Les salles suivantes illustrent une époque nettement postérieure :

Renaissance Nationale : de la fin du 19ème siècle à l’Indépendance en 1912. Une série de photographies sépia ou Noir et blanc montrent des moustachus portant le fez et parfois la fustanelle. Un luxe de détail en albanais sans traduction rend la visite monotone pour les non-albanais qui ne connaissent rien de ces combattants.

Une salle est consacrée au Roi Zog, puis un « couloir anti-fasciste » mériteerait sans doute plus de traduction. En revanche la belle salle rouge des icônes retient plus mon attention, mes préférées sont une Dormition de la Vierge et un Saint Dimitri entouré de saynettes vivantes.

La mosquée et l’Horloge

place Skanderbeg

La petite mosquée Et’hem bey est à côté de la Tour de l’Horloge, tour carrée surmontée d’un toit à quatre pentes. Vide, un escalier métallique permet d’accéder à la terrasse d’où il y a une belle vue.

La mosquée est peinte de motifs floraux ou de paysages de campagne ou de villes. Il faut se déchausser pour entrer dans al salle de prière. Je déplie mon voile turc de Beysehir. Grand sourire de l’assistance, un peu clairsemée malgré le Ramadan. La coupole est peinte de guirlandes de fleurs. La salle est exigüe. Elle est charmante avec son balcon pour les femmes.

LA

Promenade Boulevard Deshmoret e Kombit

Ce matin Armand avait désigné le long boulevard Deshmoret e Kombit (avenue des Martyrs) comme Les Champs Elysées de Tirana. C’est une promenade agréable et facile pour terminer l’après midi, partant de la place Skanderbeg entre les ministères. Bordé d’espaces verts, les pins parasols magnifiques lui donnent un air d’Italie (à la suite des ministères italiens), il est agrémenté de monuments divers : Une bizarre sculpture métallique en ferraille d’un japonais, en face un monument des lettres formant le nom de  Tirana peintes de blanc, rouge noir un peu à la manière d’un Dubuffet.  La Pyramide « mausolée d’Enver Hoha » fut inaugurée en 1988 pour son anniversaire posthume de 80 ans. Avec ses triangles rayonnant  elle est en piètre état portant des antennes pour téléphones mobiles et des peintures comme des tags.

La pyramide

J’ai bien aimé les vendeurs de livres qui exposent les ouvrages les plus variés, manuels scolaires de mathématiques, albums pour enfants, le Théâtre de Sophocle et Le Petit Prince, pour ce que j’ai reconnu.

La rivière Lana coule dans un canal cimenté, elle est vraiment très petite.

Le boulevard se termine dans un cul de sac formant la Place de Mère Théresa. Au fond un grand bâtiment à étages a une silhouette sévère. Le Musée Archéologique est précédé d’une colonnade à piliers carrés, mussolinienne ou stalinienne ? Le troisième côté de la place est un institut artistique d’où s’échappe de la musique classique.

 

Après une bonne douche , nous terminons l’après midi sur la terrasse encadrée de verdure de l’hôtel  puis allons dîner un peu plus loin dans la rue, dans un restaurant qui a affiché sur sa façade, ses plats sous forme d’images. Le patrontrès aimable, parle anglais. Nous commandons quatre köfte (25 leke chacune) une salade de concombre tomates, olives et oignon. Les légumes sont d’une fraîcheur et d’un  goût incomparable. Ils semblent frais cueillis du jardin. Le pain est en petites miches rondes sans croûte dans laquelle on a incisé une croix. Nous avons aussi commandé ce que nous croyions être de la sauce au yaourt mais qui se révèle être du ragoût avec de petits morceaux de viande dans une sauce blanche.

Arrivée à Tirana – Installation

CARNET DES BALKANS : ALBANIE

Arrivée sur Tirana

Vol Transavia, départ d’Orly 7h10.

En vol

Les nuages cachent la Champagne. Des montagnes enneigées émergent, nuages comme des grumeaux dans un paysage fantastique. Suisse ou Italie ? Je reconnais le Delta du Pô, la lagune de Venise. A peine quelques minutes pour traverser l’Adriatique, les îles croates s’égrènent, les montagnes calcaires ont des formes bizarres. Mur vertical entaillé. L’avion perd de l’altitude au dessus des bouches de Kotor, fjord bleu profond, toits rouges. On arrive à Tirana par la mer après avoir survolé une lagune ou un marais. A l’aéroport, les formalités de police sont interminables. Devant les tapis des bagages, une dame nous fait cadeau d’une pièce pour prendre un caddie.   Mauvaise surprise : une roulette de ma valise est cassée.

Armand d’Albania Tradition venu nous accueillir parle vraiment très bien français. Je lui soumets une batterie de questions, pratiques comme les horaires des repas mais aussi une littéraire : je suis en train de lire La Provocation de Kadaré. Quel est donc cet ennemi  à la frontière, en  1960 qui menace l’Albanie ? Réponse d’Armand, c’est la paranoïa du Dictateur qui voyait des ennemis partout. Un autre témoignage de cette paranoïa est la construction de bunkers comme des champignons.

Skanderbeg dans les palissades et échafaudages
place Skanderbeg

La place centrale de Tirana, la Place Skanderbeg est en chantier. On a banni les voitures pour la daller. Elle est comprise entre le Musée d’Histoire surmonté d’une mosaïque colorée, l’Opéra, la petite Mosquée d’Et’hem Bey. A son extrémité en demi-lune, des ministères furent construit par des architectes italiens à l’initiative du roi Zog, jaune et rouge sang (couleur maison des cantonniers en Italie) persiennes vertes à l’italienne, colonnes plaquées et têtes casquées.

Petite mosquée peinte 

Près de la mosquée, il y a une église, un peu plus loin, la cathédrale orthodoxe. Le Ramadan vient de commencer. J’avais peur que cela nous gène pour manger. Aucun risque, nous rassure Armand. Si la population est officiellement musulmane, les Albanais ne pratiquent pas.  Dans la première journée je verrai tout juste une demi-douzaine de femmes voilées. Les autres sont en tenue légère puisqu’il fait 31°C.

Hôtel Comfort  – Rruga Fortuzi a une terrasse couverte encadrée par deux murs végétalisé : du lierre, de a vigne vierge du chèvrefeuille et bignone y grimpent tandis  laurier-palme, olivier et même un épicéa ont été taillés pour avoir un port vertical. Des pots de céramique vernissée (mais vides) sont accrochés pour apporter leur touche de couleur.  Le mobilier est moderne avec des fauteuils en faux rotin gris. Les nombreux consommateurs de tout âge, hommes, femmes, enfants mélangés, sirotent des cafés ou boivent des bières.

Notre chambre est confortable. Elle a une grande salle de bains mais aucune vue.

Première course : la banque ou plutôt le guichet automatique. Celui de la Société Générale d’Albanie traduit les instructions en Français, mais il faut faire une curieuse manipulation pour demander des billets de 500leke, comme je ne comprends pas et qu’il m’en faudrait beaucoup pour obtenir les 30.000 leke que j’ai commandé, je renonce.

La pyramide

A Tirana, on ne risque pas de mourir de faim. Je trouve des Beureks aux épinards feuilletés triangulaires excellents et des  roulés au fromage, un peu mous moins bons que les épinards. Les terrasses des cafés et des restaurants  sont très animées. Conjugué avec le prix modique des consommations, Il ne faut pas s’en priver(un café 0.70 leke, O.5€). L’embarras est de choisir : des parasols bleus foncés, pour être bien à l’ombre, la WIFI, un endroit stratégique face au Musée Historique.

Titanic et autres contes juifs de Bosnie – Ivo Andric

BIBLIOTHÈQUE BALKANIQUE

Ce joli petit livre de moins de 200 pages dans la collection motifs a une couverture en tapisserie très plaisante. C’est un recueil d’une dizaine de courts textes qui ne sont pas vraiment des contes mais plutôt des chroniques de la communauté juive bosniaque. Chroniques variées, qui commencent avec nostalgie dans le cimetière juif de Sarajevo, petit monde des Séfarades, épitaphes en Espagnol ou simples dates de l’année 1941 pour des tombes anonymes. Le vainqueur est le texte qui s’approche le plus du conte, il met en scène David vainqueur de Goliath, vainqueur amer : « il avait rêvé de gloire; de victoires et de triomphes ; mais ce qu’il vivait là était une douleur et un feu dont on ne pouvait sortir »… tristesse prémonitoire des souffrances à venir….

Mordo Atias est le portrait d’un herboriste juif d’une ancienne famille séfarade de Travnik, la ville d‘Ivo Andric. Ce dernier excelle dans les portraits, j’avais apprécié ceux de Mara la courtisane, le premier livre que j’ai lu de cet auteur.

Le départ du consul de Napoléon relate un épisode où les Juifs de Travnik furent considérés à l’égal des autres habitants et non pas comme simplement tolérés, ils témoignent leur  reconnaissance au consul français qui quitte la ville.

Un amour à Vichegrad et Lotika mettent en scène séfarades mais aussi ashkénazes, si la Bosnie est une mosaïques de confession, à l’intérieur de la communauté juive des histoires très différentes coexistent, Lotika, femme d’affaire, veut faire fructifier son patrimoine pour aider sa famille.

Les dernières nouvelles racontent le 20ème siècle, la difficulté de la coexistence des communautés, la haine entre elles, l’antisémitisme. Titanic évoque un naufrage, celui d’un simple tenancier de bistro louche, juif pauvre,  éloigné de la communauté qui sera le jouet d’un oustachi minable. Histoire tragique racontée avec sensibilité.

 

Ruta Tannenbaum : Miljenko Jergovic

BIBLIOTHÈQUE BALKANIQUE

Miljenko Jergovic est un auteur Croate, né en 1965 à Sarajevo, vit à Zagreb depuis 1993. l’action de Ruta Tannenbaum se déroule à Zagreb de 1920 à 1943.

 

Ruta Tannenbaum est librement inspiré du destin de Léa Deutsch, une jeune actrice disparue. Ruta Tannenbaum est  la « Shirley Temple de Zagreb« , née de parents juifs non pratiquants. Elle sera déportée en 1943.

 

Je n’ai aucun goût pour les enfants prodiges, encore moins quand ce sont des petites filles gâtées et arrogantes. Ses parents sont plutôt antipathiques, fades et peu intéressants. Sans empathie pour les personnages principaux, connaissant la triste fin de l’histoire….j’ai donc eu la tentation d’abandonner ce livre dès les premiers chapitres.

J’aurais eu tort.

Le père de Ruta, Salomon Tannenbaum, dit Moni,a un caractère médiocre, sauf quand il traîne sous la  fausse identité d’Emmanuel Keglevic, pilier de bistrot et mauvais sujet où il devient fort  déplaisant. Ivka Singer la mère, fut une beauté dont il ne reste rien, sa seule activité semble de marcher en talons pour déranger ses voisins goys. Elle confie, sans qu’on comprenne bien pourquoi, sa fille à sa voisine à moitié folle qui a perdu un enfant…

Autour de ces personnage principaux gravitent de nombreux personnages secondaires décrits avec beaucoup de pittoresque et de vivacité. j’ai beaucoup aimé le band père Abraham Singer, commerçant à la retraite, conscient du danger qui guette les Juifs et qui a vendu sa boutique pour faire émigrer ses enfants en Amérique. Un rabbin roumain très pieux… un ingénieur, un metteur en scène arriviste, une dramaturge pro-nazi qui rêve de voir sa pièce jouée devant le Führer… sont portraiturés de manière plus vive.

Le contexte historique et politique fait tout l’intérêt du livre. Les Zagrébois assistent d’abord  à l’Anschluss avec une sympathie non cachée pour les nazis. .  Zagreb est une ville encore très autrichienne. Artistes et comédiens n’ont d’yeux que pour Vienne. On assiste aussi à la montée de l’antisémitisme, aux avertissements des Sionistes et de certains juifs conscients du danger. De sympathie pro-germanique, les Oustachis, prenant le pouvoir, se comportent en terribles suppôts des nazis.

En 1943, ce sera la solution finale.

Cette collaboration entre Oustachis croates et Allemands est un épisode de l’histoire dont j’avais vaguement entendu parler. Ce roman en donne une version très intéressante.

 

Mara la courtisane et autres nouvelles – IVO ANDRIC

LIRE POUR LES BALKANS

Ivo Andric (1892-1975) est né à Travnik, en Bosnie dans une famille croate mais il s’est défini comme serbe et comme yougoslave. Prix Nobel 1961. Merci à l’ami FaceBook, qui m’a recommandé cet auteur!

Mara la Courtisane est un recueil de 10 nouvelles, de longueur variable. La nouvelle qui a donné le titre au livre est la plus longue. Si elles se déroulent toutes sur les mêmes lieux, aux environs de Sarajevo, elles se succèdent dans le temps, du 18 ème siècle au début du 20 ème siècle . L’Histoire s’égrène,  de l’empire ottoman qui se délite, à l’entrée de l’Autriche en Bosnie, l’arrivée de la modernité, le chemin de fer, la Première Guerre mondiale….

C’est une galerie de portraits , chaque nouvelle présente un personnage singulier, Bonneval Pacha, l’aventurier  français, qui a servi le roi de France avant de se rallier à son ennemi à Vienne et finalement se convertir à l’Islam pour profiter de la protection de Constantinople….agité et violent, désinvolte.

L’esclave, razziée en Herzegovine dans un village détruit, est farouche. Je ne suis pas arrivée à préciser la date de l’exaction. Jusqu’à quelle époque cette pratique abominable a-t-elle été pratiquée dans les Balkans? Dans l’empire ottoman, c’est seulement en 1871 que l’esclavagiste  tomba sous le coup d’un emprisonnement (un an seulement)Wikipedia. lire aussi ICI

Au temps du cantonnement présente une série de dignitaires et militaires ottomans, cadi, mullahs, pachas et imams dans toute leur diversité. Au sein des armées turques les origines étaient diverses, les cantonnements éloignés aussi bien en Arménie, en Anatolie, à Brousse ou Constantinople…Sarajevo ou pire Travnik n’étaient pas des postes très prisés. Le Mullah Jusuf  qui accompagne le pacha est un triste personnage, poète, muezzin, mais aussi violeur.

Après la lecture de ces deux nouvelles où le sort des femmes est particulièrement cruel, je comprends mieux Lalé la Blanche – recueil de nouvelles – d’Ömer Seyfettin, auteur turc du début du 20ème siècle. J’avais trouvé ces nouvelles d’une cruauté presque insupportables détaillant un viol et d’autres abus.

A l’auberge du monastère : le personnage principal est un moine, Marko, plutôt simplet, dont la foi s’exprimait le mieux quand il jardinait :

« allez pousse! avec l’aide du ciel » exhortait-il le plan de betterave dont il arrachait les feuilles.

On retrouve Marko dans une autre nouvelle : autour de l’alambic. Même si la Bosnie est sous la loi ottomane, la rakia y joue un rôle principal. Turcs comme chrétiens en font une consommation déraisonnable et nombreuses violences et crimes lui sont imputables.

Plusieurs nouvelles se déroulent pendant l’année troublée 1878 pendant l’insurrection des Serbes de Bosnie Herzegovine  Très ignorante de l’histoire de cette région, j’ai été un peu perdue entre les protagonistes : Le Lieutenant Murat, lieutenant de l’armée turque se trouve entraîné dans des événements qui le dépassent..

A ces courtes nouvelles succède Mara la courtisane , environ 50 pages d’une histoire tragique. Courtisane? l’adolescente, fille du boulanger enlevée par un noble turc qui quittera le pays à la faveur des troubles. Recueillie dans une famille de notables chrétiens, elle partage la vie des femmes qui est bien difficile.

L’histoire du kmet Siman est celle du métayer qui se rebelle contre l’aga propriétaire de la ferme. A la suite de l’annexion par l’Autriche de la Bosnie, il croit pouvoir ^detre le maître de son sort, et le seul bénéficiaire des récoltes. Mais ‘Autriche n’a pas aboli la propriété ni les lois turques régissant le métayage…Siman sombre dans l’alcoolisme après avoir perdu ses procès, mais toujours persuadé de son bon droit

« il y a une justice, crois-moi, Salih bey ! Je veux bien être un imbecile, un bon à rien. Je veux bien! mais il en viendra un , un meilleur que moi, qui règlera plus intelligemment les comptes, d’une façon qui ne plaira ni aux agas, ni aux autorités du cadastre…[…] les gens se riront des agas comme ils se aujourd’hui de moi. Seulement ce sera un rire un peu plus grand et plus fort: toute la Bosnie en tremblera. Il ne restera de moi qu’une poignée d’os sous la terre mais je n’ai pas besoin de meilleur requiem »

Les personnages de la dernière nouvelle sont les Montagnes de Rzav. Les montagnes sauvages voient arriver les Autrichiens, les scieries, les Italiens qui construisent la voie ferrée. On fore des tunnels puis c’est la guerre et l’affrontement entre Serbes et autrichiens….

Moi qui n’aime pas spécialement les nouvelles, j’ai lu ce livre comme le roman de la Bosnie. Et je vais continuer sur ma lancée. j’ai encore deux livres du même auteurs dans ma PAL tout en haut de la pile!

 

Un climat de folie – la Morgue – Jour de beuverie – ISMAIL KADARE

LIRE POUR L’ALBANIE

Trois micro-romans, annonce l’éditeur. quelle différence entre un micro-roman et une nouvelle?

Ce recueil est du point de vue chronologique hétéroclite, Un climat de folie, le premier  a été rédigé en 2004 tandis que Jours de beuverie est une oeuvre de jeunesse publié en 1962.

J’ai lu, il y a maintenant bien longtemps Avril Brisé que j’ai tellement aimé que je l’ai offert, Le Palais des rêves, Le Pont aux trois arches, Le Général de l’armée morte sont toujours en bonne place sur mes étagères. A la veille d’un voyage en Albanie, j’ai voulu découvrir d’autres oeuvres de Kadaré. 

Un climat de folie ne m’a peut être pas éblouie comme les précédents mais j’ai beaucoup aimé les deux premiers micro-romans, peut être moins Jours de beuverie. 

Un climat de folie est un livre très personnel puisque l’auteur – enfant au regard naïf – raconte un épisode de la vie de sa famille.  C’est un roman burlesque. Chaque personnage est affligé de sa folie douce spécifique dans une Albanie communiste où règne une folie politique : le Parti Communiste est à la fois au pouvoir et interdit donc clandestin. Le roman se déroule au moment précis où le parti émerge au grand jour. J’ai retrouvé le même comique burlesque dans les romans roumains, et peut être n’est-ce pas un hasard. Dans l’interview télévisé d‘Un livre Un jour, (voir ci-dessous) Kardaré dit :

« dans l’empire communiste le tragique et le grotesque vont ensemble »

 La Morgue est aussi un roman exploitant cette veine. Un sous-lieutenant au physique rébarbatif, épouse la fille noble de la beyleresse, ci-devant reléguée  dans une province reculée. Ce mariage va entraver la carrière du marié, comme une tache sur son dossier. Renvoyé de l’armée, employé  comme simple comptable dans un entrepôt de bois de chauffage, le héros va tenter de regagner les faveurs de la hiérarchie au prix de compromissions, faveurs en nature, flatteries… une critique encore grotesque de cette société albanaise sous le communisme. 

J’ai moins accroché  au Jour de beuverie, les beuveries des deux étudiants à la recherche d’un  manuscrit bien innocente mais qui éveille les soupçons.

Pour l’interview de Kadaré voici le lien:

Départ imminent : envol pour Tirana

CARNET BALKANIQUE

Après la Grèce, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie, il m’est venu l’envie de compléter l’exploration des Balkans vers l’Albanie.

L’agence locale albanaise qui nous a construit le circuit, nous a proposé des incursions dans les pays voisins, Monténégro, Kosovo et Macédoine… Si bien que le carnet qui s’ouvre ne sera pas Albanais, ni Yougoslave (cela n’existe plus) et se retrouve balkanique pour englober tous les pays que nous nous proposons de visiter.

Qu’allons nous découvrir? Je ne sais pas encore. En un mois nous aurons le temps de voyager à petite vitesse.

Comment préparer? pas facile de trouver les bons guides, bons ou mauvais, il n’y en a guère en dehors du Petit Futé qui a le mérite d’exister. L’agence nous promet un road-book de 80 pages. Je leur fais confiance.

Préparer avec de la littérature?

Kadaré bien sûr, 1est un écrivain prolifique, je pourrais lire ses oeuvres pendant tout le mois. Mais il me faudrait une valise-bibliothèque, les éditeurs ne sont pas pressés de numériser les livres qui existent en collection de poche.

J’ai élargi le périmètre à toute l’ancienne Yougoslavie et trouvé un autre écrivain majeur Ivo Andric (prix Nobel 1961) et c’est une belle découverte.

Je vais relire le livre de Maspéro : Balkans Transit, relecture donc mais tout à fait appropriée.

Milienko Jergovic est Croate, Ruta Tannenbaum se déroule à Zagreb, c’est un peu éloigné….

Et j’en ai d’autres dans la valise, mais pas trop!

Donc, pour un bon mois, le blog sera en pilotage automatique, de nombreux billets sont dans les tuyaux. Rythme un peu ralenti.  Je lirai sans doute vos commentaires sur le smartphone quand il y aura de la Wifi, mais il n’y en aura pas partout, et hors de l’Union Européenne, le roaming est un gouffre financier, je ne promets pas d’y répondre.

En juillet, il y aura du boulot!