monastère Sokolovo

CARNET BULGARE

l'église du monastère de Sokolovo

Pressées d’arriver à l’étape, on ne s’arrête même pas un instant au Col de Chipka. La descente vers Gabrovo est interminable. Le Musée de plein air d’Etara est bien  indiqué. Le monastère de Sokolovo (Manastir Sokolovski) est juste après.

Monastère Sokolovo

La route mène à un grand porche. On gare le Berlingo à l’extérieur. Munie du voucher, j’entre dans le très beau jardin désert et silencieux. Une dame, cheveux blancs et vêtements civils, occupée à sarcler les rosiers, attrape le voucher et m’intime l’ordre de me tenir à côté de la très belle fontaine et d’attendre là « Touk ! ».

Notre chambre est de plain-pied sous les arcades dallées d’une pierre sable, grès un peu schisteux. Notre cellule monacale est simple : deux lits de pin, une table, deux tableaux pieux. Le frigidaire et la clim donnent un aspect de luxe inattendu mais aucun ne fonctionne. La petite télévision accepte nos câbles-photo. La salle d’eau est vaste avec un bac à douche (luxe !).

la fontaine et notre cellule

La perspective de passer la soirée dans le silence juste rompu par le gargouillis de la fontaine me ravit. Etre au bout de la route, isolée dans la montagne !

L’église est construite sur un replat creusé sous le jardin, face au ravin. Seule, émerge la coupole côtelée vert de gris qui ondule surmontée d’une croix ajourée. Toute peinte en bleu, le tambour du narthex représente le Paradis Perdu. Tout l’intérieur est recouvert de fresques 19ème siècle qui manquent un peu de naïveté pour être émouvantes.

Trois bâtiments d’un étage, reposant sur des piliers de bois dessinent un quadrilatère dans lequel est planté le jardin. Au centre, une fontaine à huit arcades de pierre de tuf d’où huit jets se déversent dans 8 auges qui encerclent l’édicule. De là partent quatre allées bordées de buis. Les platebandes ne sont pas carrées, elles forment des polygones compliqués ne respectant aucune symétrie attendue : ici, un buisson d’hortensias, là, un laurier, une rangée de sapins bleus, un thuya. Bordés par le buis, ls rosiers sont en fleur. Au milieu du massif, de la pelouse.

Les bonnes sœurs jardinent tranquillement. L’une porte des gants et un sécateur. L’autre étale une nappe rouge. Elles taillent une haie.  Les rameaux coupés sont déposés dans la nappe qui sera nouée en baluchon. Malheureusement, le calme du couvent est rompu par la rumeur du village voisin. On joue au ballon. Une radio sonorise le match tandis que les clameurs s’élèvent du stade. Foot contre méditation. Le foot a gagné !

Le soleil se lève face à nos fenêtres. Des oiseaux à gros bec et plumes jaunes et fauves volètent de rosier en rosier. La fontaine glougloute paisiblement. La dame arrache les mauvaises herbes. Sérénité monacale.

7h50, une cloche aigrelette me rappelle que nous somme au couvent. L’église est encore fermée. Une nonne s’y dirige mais personne d’autre. Pour nous, elle sonne le petit déjeuner : mini-palmiers achetés à Etara et cappuccino de l’automate. Les sœurs fournissent le gîte mais pas le couvert.

l’église peinte de Dobarsko

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6h40, le soleil émerge des montagnes de Rila et illumine les sommets du Pirin. La vallée, Bansko et Banya sont noyés sous une brume bleutée. Maïs, haricots et roses sont ragaillardis de la pluie d’hier. Les lignes de crêtes sont nettes. J’ai enfilé pull et chaussettes pour la première fois depuis ce mois de canicule.

8h : hommes et femmes partent au champ une binette sur l’épaule. La campagne est animée. Partout on voit des gens travailler. Une dame cueille des haricots. Un attelage passe. Il doit y avoir un nid de cigogne dans les parages, j’entends les becs claquer.

8h30 : Katia a fait une magnifique banitsa très légère avec du filo enroulé en escargot avec de la confiture de figues vertes.  Chacune de nos hôtesses a une recette personnelle pour la banitza, nous n’en avons pas mangé deux identiques.

9h : chacune balaie devant sa porte au village et ramasse le crottin et la bouse avec une pelle et un seau pour le jardin. Ballet des balais des employées municipales. La rue pavée est très en pente, un pauvre cheval glisse dangereusement

La minuscule église peinte de Dobarsko,  est enclose derrière de hauts murs de galets dans un beau jardin. Elle ouvre à 9h30 seulement. Nous entendons le grincement d’une carriole tirée par un âne, ses roues de bois sont cerclées de fer à l’ancienne. L’excellent livre vendu à l’église raconte l’histoire de Dobarsko.

histoire de Dobarsko d’après Boshidar Dimitrov

Lu sur la brochure de commentaire de l’église peinte

Dobarsko(800 à 1000 habitants) abrite l’église peinte Saint Théodore Tiron et Saint Théodore Stralibate, construite et décorée en 1614. Selon la légende locale, le village aurait été fondé en 1014 par les soldats bulgares aveuglés par les Byzantins lors de la bataille de Klyoutch (Petritch). C’ette légende n’a pas de base logique : difficile pour des aveugles de subvenir à leurs besoins dans les conditions  difficiles. Le fait que les saints patrons étaient des saints militaires suggère que le village fondé environ au 9ème siècle avait un statut militaire. En Bulgarie médiévale et en Byzance, les statiotes(paysans soldats) représentaient un tiers de la population/Affranchis d’impôt, ils étaient obligés d’être à la disposition de l’armée pendant els guerres avec leurs propres armes. L’empire ottoman a gardé cette pratique du 15ème au 17ème siècle. Les soldats bulgares stratiotes forment à Sofia deux corps militaires et 30 000 soldats chrétiens. Les soldats de Dobarsko ont probablement gardé leur statut pendant les trois premiers siècles du Joug ottoman. Cela explique pourquoi l’église élevée en 1614 soit dédiée à deux saints militaires.

Sur la façade de l’église, en plus des deux saits patrons se trouvent  les saints cavaliers saint Georges et Saint Dimitar. Selon plusieurs spécialistes, la galerie des Saints militaires est une démonstration de la force et de la puissance militaire des bulgares au sein de l’empire ottoman musulman. Une partie des soldats spahis cavaliers chrétiens étaient de Dobarsko.
Une petite svastika antique iranienne indiquerait les origines Protobulgare des premières familles militaires. Les khans de PLiska avaient l’habitude d’envoyer dans les territoires nouvellemnt conquis des Protobulgares . Dobarsko, à proximité de la nouvelle frontière de Byzance, sur un col important, avait reçu un effectif de soldats Protobulgares. La pierre de la svastika aurait dû se trouver dans un temple païen puis en remploi dans l première église puis dans celle de 1614.

La réalisation des peintures murales au début du 17ème siècle ont été permises parce que les villages militaires  étaient considérablement plus riches que les villages soumis à l’impôt.  Economisant les frais fiscaux en période de paix et partageant le butin pendant les périodes de guerre. En période de paix, ils vendaient les marchandises locales en Europe et en Asie Mineure, leurs convoi étant  moins vulnérables, possédant légalement des armes et sachant s’en servir.

Les habitants de Dobarsko auraient également participé à la bataille de Lépante au côté des Vénitiens.

Selon la règlementation administrative ottomane, l’église ressemble à une construction d’habitation au toit à deux versants. Son plan est cependant à trois nefs.

L’ayant lu et résumé, J’ai bien dans la tête les scènes et visages que je vais chercher : je suis d’abord étonnée par la petitesse des lieux puis me laisse prendre au charme des scènes et par l’inventivité des peintres. Entrée dans Jérusalem : un étrange personnage se cache dans un palmier. Sacrifice d’Abraham : Isaac porte les bûches comme un paysan bulgare ; je en suis pas assez savante pour identifier es saints dont parle la brochure. Avec un peu de patience ce serait possible, c’est écrit dessus, mais en cyrillique !

Une vieille dame descend la route, binette à l’épaule, son fichu grenat laisse deviner de longues tresses grises. Elle nous demande quelque chose avec insistance mais on ne comprend pas quoi. Voulait-elle qu’on l’emmène un peu plus loin sur la route ? Désolée, elle répète « vous ne comprenez pas ! » puis nous fait un sourire et repart.

Nous avons parcouru la route plusieurs fois, nous guettons le berger qui a poussé son troupeau plus loin dans le pré fauché récemment déjà bleui par les chicorées. Nous aimerions une photo de meule pour l’album. La barrière est baissée au passage à niveau : une locomotive rouge tire trois wagons bleus. Le faible écartement des rails ne laissait pas présager des trains de voyageurs. L’éclairage deu matin souligne les cirques glaciaires. Cette érosion permettrait d’expliquer les énormes quantité dde sables et blocs mêlés comme  une moraine.  (A vérifier toutefois).

col de Shipka

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église de la Nativité

 

Au col de Shipka se déroula en 1878, une terrible bataille entre les Russes alliés aux Bulgares, et les Turcs . En souvenir des soldats russes tombés, on construisit une église russe, Eglise de la Nativité, au flanc de la montagne boisée. Ses bulbes dorés se voient de loin. Ils surmontent une église de briques peintes en rose avec des corniches blanches, très ouvragée avec balustres, pilastres, frises peintes ou vernissées. L’ensemble multicolore est très plaisant. De près, l’ornementation est simpliste, les matériaux peu raffinés et à l’intérieur, les fresques sont trop grandes, trop majestueuses pour être émouvantes.

concert de cloches

A 17h, chaque jour, on sonne les cloches.   Attente très agréable dans un parc, à l’ombre d’arbres immenses. Après cette journée bien remplie et très chaude, c’est parfait pour préparer les excursions du lendemain.

16h50, un pope, tous voiles noirs déployés, fait le tour de l’église en tapant sur la simandre : longue planche de bois d’une main, un maillet dans l’autre. La liturgie va commencer. Le gros pope s’agite derrière l’iconostase, entre et sort par les portes dorées. Deux autres popes chantent(très bien). A 17h , la grosse cloche s’ébranle, puis quatre petites et une moyenne. Les sonnailles sont un peu répétitives mais spectaculaires.

La montée dans la forêt vers le col de Shipka (1150m) est laborieuse. Les épingles à cheveux se succèdent, imposant une vitesse de 30km/h. On n’en finit plus de tourner dans les pins d’abord puis dans la hêtraie magnifique avec les fûts les plus grands, les plus droits que j’aie jamais vus.

Au col est érigé un monument (1934) pour commémorer la bataille de 1878 : une tour carré qui se voit de très loin, un canon abandonné près de la route. Exactement le genre de site que nous fuyons. Il ne manque que les statues géantes comme nous en avons vues plusieurs.

La vue doit être très belle.

 

Les bains de Banya

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Malgré les nuages qui s’accumulent sur les sommets du Pirin, nous avons décidé de passer l’après midi à Banya – station thermale comme son nom l’indique.  De nombreux hôtels proposent Spas et piscines. La voisine française nous avait recommandé « celui qui a un dôme bleu » Rimska Banya que nous trouvons à la sortie de Banya sur la route de Bansko. C’est un grand établissement jaune un peu vieillot qui loue aussi des bungalows. Un peu comme à Budapest, l’aspect hygiéniste « sécurité sociale » a survécu à la chute du communisme. Ce n’est pas une hôtesse maquillée et manucurée qui nous accueille mais une grosse dondon, anglophone et très aimable. La composition chimique de l’eau est détaillée avec précision : Fluor pour les dents, Calcium pour les os, détoxifiante …..Un hammam, un sauna, une consigne à ski sont également proposés.

Le service du restaurant est rapide et efficace. A peine sommes nous attablée que les premières gouttes tombent. On émigre à l’abri d’un très grand parasol carré à l’épreuve des averses.

La piscine est ronde, bleue, sous une verrière bleue dont les panneaux latéraux coulissent. On peut voir la montagne mais aussi enfermer le bassin en cas de chute brutale de la température. L’eau est à 34°, nettement plus élevée que celle de l’air. En l’absence de couloirs j’entreprends des tours. Au bout du 2ème, je suis épuisée. L’eau chaude me parait dense, presque huileuses, difficile à fendre. Cinq minutes plus tard me voilà repartie en aller-retour selon le grand axe de l’ellipse, deux heurs plus tard, je continue mon labourage comme d’habitude. L’orage éclate. C’est un plaisir d’entendre la pluie tambouriner sur la verrière ! Quand le soleil revient nous allons faire un tour à Bansko.

La pluie a sérieusement rafraîchi l’air ; je termine ma pastèque sur la terrasse t rentre dans la chambre me réchauffer. A huit heures, Katia nous apporte le dîner : des köfte accompagnée de haricots géants mélangés à des poivrons rouges, des cornichons à la saumure, des carottes dans une sauce tomate. Pour dessert yaourt avec de la confiture à la prune.

 

Les tombeaux des Thraces autour de Kazanlak

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Tombeaux Thraces

le roi thrace Seuthès

Juste avant d’arriver à Kazanlak un panneau signale les Tombeaux Thraces. La route arrive à Shipka, nous n’avons pas vu le moindre tumulus. Comment pourrions-nous demander aux passants ? Les tombes se trouvent sur la route de Shipka à Kazanlak, bien visibles et Trace se dit « Trakisti » . Tumulus Golyama Kosmataka : le tumulus le plus imposant, celui de Seuthès III fouillé en 2004 précisément celui du documentaire passé sur Arte fin avril

Je recopie les documents présentés en anglais et les résume ici :

Au 4ème siècle Av JC, ce tertre sacré était utilisé par les prêtres comme temple pour y cél-brer des Mystères Orphiques. Au 3ème siècle, il devint le tombeau de Seuthès.

Un couloir conduit à une pièce circulaire à coupole évoquant une tholos mycénienne, puis au fond à une salle rectangulaire contenant le lit funéraire et une table de sacrifice. Une porte de marbre à deux battants porte le médaillon d’Hélios et la tête de la Gorgone Méduse. A l’inhumation de Seuthès, on sacrifia un cheval. Dans la tombe on retrouva des amphores de Thasos, le casque et les jambières décorés avec le médaillon de Pallas Athénée et une couronne de feuille de chêne en or. La tombe était recouverte d’un tissu de fils d’or.

Après l’inhumation on brûla la charpente du couloir qui fut comblé.

Les gardiens de la Tombe sont très aimables et ravis de répondre ne anglais à mes questions. Ils me recommandent de visiter le tumulus voisin.

tumulus thrace

Tombeau thrace Ostrucha

Ce tumulus est moins haut que le précédent et très différent ; Daté du 4ème siècle, il comportait six chambres dont une seule contenait le sarcophage et les cinq autres probablement des offrandes ont été vandalisées par des pilleurs au temps des premiers chrétiens. Quatre pièces de monnaies à l’effigie de Constantin témoignent de leur passage. Un jeune homme ouvre la tombe (ventilée avec l’air conditionné). Il me fait allonger sur le lit funéraire (protégé par des caillebotis) pour que je puisse admirer le plafond à caissons autrefois recouvert d’or. Dans chacune des cases (6 par côté) étaient peintes des fresques colorées. Une seule est encore bien conservée : le portrait d’une jeune fille. Au centre – comme les plafonds bulgares actuels – se trouve un carré avec le soleil Hélios au milieu et autour des triangles – symboles astronomiques ? Le lit funéraire avait des pattes de lion. Le sarcophage énorme était un monolithe de granite provenant des montagnes de l’autre côté de la vallée à une vingtaine de km. Ici aussi avait été sacrifié un cheval. Après avoir complimenté le guide pour son bon Anglais, il me recommande de filer au musée de Kazanlak voir les objets originaux exposés. Les autres tombeaux sont fermés, faute de gardien.

Kazanlak

l'Or des Thraces

Avant de visiter le Musée Iskra nous déjeunons à la terrasse d’une pizzeria dans la rue piétonnière du centre de Kazanlak. Il n’y a que l’embarras du choix entre les cafés chics, une baraque à hot-dog ou de petits restaurants. Pour 10 levas on aura une salade grecque, bien servie mais pas assaisonnée, deux « boulettes » de porc aplaties genre steak haché, un verre de vin.

Le Musée est double : une Galerie de tableaux mal éclairés qui n’a rien d’engageant et que nous négligeons, et le Musée Historique. Nous traversons rapidement le secteur de la Préhistoire pour arriver dans les deux salles des Thraces.

Dans la première, une maquette et des panneaux présentent Seuthopolis, la cité de Seuthés, engloutie dans un lac des environs, qu’il est question d’ouvrir à la visite après l’avoir entourée d’une enceinte circulaire qui la protégerait de l’eau. On y accéderait en bateau. Cette île creuse ronde m’apparait assez bizarre. Elle a un goût de Disneyland ou de science fiction. Je préfère étudier le panneau où on a reproduit une ville grecque avec ses rues à angle droit, son agora…dans la boucle d’un fleuve.

Seuthès (330-302 ou 287 ?) a résisté à Lysimachos après la mort d’Alexandre. Il faudrait que je me documente sur les Thraces, leurs rapports avec la Macédoine d’Alexandre, et avec les Daces roumains. Une inscription en grec sur une stèle de Seuthopolis est évocatrice : il y est question d’une Bérénice et Epimenes qui servaient Spartakos au sanctuaire des dieux samothrakiens.

l'or des Thraces : masque funéraire

Dans la salle suivante on trouve l’Or des Thraces, masque funéraire impressionnant provenant du tumulus de Svetitsa (5ème siècle av JC) et des bijoux d’une extrême finesse. Les objets originaux de la tombe de Seuthès sont conservés ici, dans la tombe je n’avais vu que des copies.

Les salles romaines et byzantines retiennent moins notre attention. A l’étage on a reconstitué l’atelier d’un luthier de Kazanlak, réuni dans une vitrine des flacons pour contenir l’eau de rose, dans une autre des broderies et des souvenirs guerriers dans une troisième…

Nous allions remonter en voiture quand la dame du Musée accourt vers nous (en pleine canicule) pour nous dire d’aller visiter le tumulus de Kazanlak à cinq minutes d’ici. On en profite pour faire un petit tour en ville : petit marché assez misérable, un minaret en brique rouge dépassant d’une belle mosquée de bois. Les HLM de béton sont très dégradés, il y a partout des tags avec des croix gammées pas sympathiques du tout.

Le Tumulus de Kazanlak est situé dans un jardin public. Il est perché sur une colline. On ne visite pas l’original mais la copie. Le couloir et la chambre funéraire sont recouverts de magnifiques fresques avec des chevaux des chars biges et quadriges. La femme du roi défunt apporte le repas funéraire. J’entre en même temps qu’un groupe de Français et un groupe bulgare attend. Je n’ai donc pas le loisir de dessiner ou de prendre des notes, juste un coup d’œil.

La vallée des Roses

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Nous traversons de belles forêts avant d’arriver au col de Klisoura où nous découvrons de très belles montagnes avec des vaches dans les alpages encore fleuris de jaune, que nous n’avions pas remarquées à notre premier passage. Fraîcheur de notre regard du matin ou lumière différente ? La route Sofia-Bourgas – 3 voies – est bordée de noyers. La Lada noire qui nous suit a perdu un matelas mal arrimé au porte-bagages. Nous essayons de les prévenir. Ce n’est qu’après Rozino  qu’ils se rendent compte de nos appels de phares.

Rozino – au nom évocateur – se trouve à l’entrée de la Vallée des Roses dont on tire l’essence pour confectionner l’eau de roses, les parfums renommés. Les champs de roses sont maintenant défleuris.  La floraison a lieu de mi-mai à mi-juin. Ils sont intercalés dans les champs de blé. Ca et là, il y a un champ de lavande et de belles vignes. Les rosiers sont souvent envahis par les mauvaises herbes. Abandonnés ou mal entretenus ?

Karlovo est un centre industriel. Les usines semblent en déshérence. Les vilains HLM de béton gris sont parfois égayés de treilles de vigne qui poussent sur les balcons en étage.

Kalofer, est une station de montagne, départ d’excursions, à l’écart de  la route. Le village est annoncé par la statue monstrueuse de Hristo Botev, héros révolutionnaire du 19ème siècle. Un musée est installé dans un bâtiment moderne, plat, décoré d’un bas relief représentant des combattants, à l’arrière d’un jardin public. Un panneau montre une manifestation folklorique : le festival des cornemuses sonnées sur les marches du musée. Des khoro – danses exclusivement masculines (c’est le même mot qui désigne la danse en grec) se déroulent aussi à Kalofer

Complexe des roses de Slobelevo

les cueilleuses de roses rigolent avec nous malgré la barrière de la langue

A 6km de la route de Bourgas, vers le nord le « complexe des Roses Damascena »est un petit musée de l’Industrie de la Rose. Visite guidée d’un petit musée ethnographique. A côté des barattes et métiers à tisser se trouve une curieuse planche avec des encoches. La guide nous dit qu’il sert à séparer les pétales de la terre. Nous reverrons plus tard cet objet qui sert à battre le blé. Les alambics anciens viennent de Turquie et ont une forme de cornue géante. Les nouvelles cuves cylindriques avec un système de réfrigération classique, ont moins de charme ; elles contiennent chacune 350 kg de pétale, 1000l d’eau chaude. Pendant deux heures les serpentins de réfrigération sont maintenus entre 32° et 28°. A 28° s’effectue la séparation entre l’eau et l’huile. Notre jeune guide souligne que tout est bio puis on passe à la boutique pour acheter une crème de jour (4 levas) , un tube de crème pour les pieds (3lv) et une bouteille en plastique d’eau de rose. La dame sort un gobelet en plastique pour m’y faire goûter. Confiante, j’avale cul sec. C’est très fort ! A utiliser avec parcimonie ! Contre les piqûres de moustiques, c’est efficace, je l’ai testé le soir même.

ancien alambic turc et cuves de bois

 

Koprivshtitsa, maisons musée et promenade dans la campagne

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la gloire des menuisiers bulgares!

 

plafond lambrissé


La nuit est fraîche à 1000m d’altitude. Nous avons dû fermer les fenêtres. Je suis moins pressée de sortir de ma couette à 6h.

Je suis fascinée par le plafond. Au centre une applique translucide est posée sur un plateau de bois qui semble la cercler. Des baguettes arrondies en partent comme des rayons lumineux divergents, cachant les jointures des planches de pin qui ont été disposées également de manière rayonnante. J’admire l’habileté du menuisier bulgare. Tout autour, une large corniche borde ce pentagone presque régulier (la pièce est en angle). Cette géométrie est admirable. Aussi le raffinement des boiseries. Une petite frise souligne le polygone. Les tringles à rideaux sont cachées par deux planches. Les lambris recouvrant les murs jusqu’à une hauteur d’un mètre. Un très long radiateur est encastré dans un cache ajouré fait de baguettes qui se croisent. La porte a un cadre à angle droit mais on a pratiqué une découpe arrondie formant une arche orientale en fer à cheval. Tout le mobilier est fait du même pin : la petite table hexagonale semble orientale. Les tables de nuit sont plus classiques. Tout ici glorifie le savoir-faire du menuisier qui a dû calculer avec soin chaque découpe dans cette pièce biscornue. Plus simple a été travail du peintre : des panneaux bleu clair entourés d’un cadre blanc et soulignés d’un filet blanc.

notre chambre : chef d'oeuvre de menuiserie!

 

Maison Oskolov

maison peinte

Avec sa façade peinte à fresques, sa véranda reposant sur des piliers de bois, elle est impressionnante. Des explications permettent de mieux situer l’histoire. Fin 18ème siècle et au 19ème , un véritable boom économique à Koprivishtitsa explique la construction de ces belles demeures ; l’élevage était l’occupation principale du village  jusqu’à 120 000 ovins  et 2000 chevaux. Les charretiers produisaient du beurre du fromage et de la viande.  Le tissage à domicile et la couture des vêtements « Aba » produits sur place, étaient commercialisés dans l’Empire Ottoman jusqu’en Asie Mineure : Jusqu’à 250 000 kg de lainage et 250 000 paires de chaussettes furent ainsi exportées. L’occupation la plus lucrative était celle du collecteur d’impôts allant jusqu’en Albanie, en Macédoine et en Thessalie.

Agé de 55ans Nencho Oskolov prit part à la rébellion en 1876 et fut tué.

Les pièces sont encore meublées avec les mêmes banquettes rouges vues hier. Je remarque le plafond ouvragé avec un motif central. A l’étage, la grande salle pouvait servir aux réunions familiales et au tissage du tissu.  Pendant la préparation de la Révolution les uniformes des rebelles y furent cousus . Une collection de chaussettes à motifs  surtout rouge et blanc, des rouets et un métier à tisser sont visibles.

La maison du poète Dimcho Debelyanov

la maison du poète

C’est une jolie maison de bois au soubassement bleu foncé précédée par deux magnifiques sapins. Sur la pelouse sous les sapins, la statue d’une paysanne pensive est encadrée par des buis taillés. Une rangée d’asters violets borde l’allée dallée. La visite est sonorisée par les poèmes de Debelyanov. La poésie bulgare sonne bien, on imagine un poème mélancolique avec son accompagnement au violon. A l’intérieur on a omis de traduire poèmes et écrits si bien que la visite est un peu étrange pour qui ne comprend pas la langue et qui se contente des sonorités bulgares. Quelques tableaux, cartes aux motifs Art Nouveau permettent de situer l’artiste dans le temps (photos de son enterrement en 1931).

Maison Kableshkov

maison renaissance bulgare

Construite en 1845. Todor Kableshkov est né en 1851, fit ses études à Koprivishtitsa, Plovdiv puis au lycée français à Istanbul. Il parlait couramment le Français, le Grec et le Turc et a travaillé pour les trains du baron Hirsch. Il faut président du Comité secret Révolutionnaire. Le 20 avril 1876, il déc lara le soulèvement et fur l’auteur de la « lettre signée avec du sang » (ennemi) . après la défaite il se suicida au poste de police de Gabrovo le 17 juin 1876.

La maison est meublée dans le même style que les autres maisons : au rez de chaussée on remarque le beau vaisselier dans la cuisine. Dans les pièces de réception,  les banquettes sont peut être plus soignées. A l’étage, le plafond rond a pour motif central un soleil où les épis de blé remplacent les rayons. Une  véranda arrondie donne sur la rotonde. Dans les pièces les fenêtres sont saillantes et arrondies, il y avait également de très beaux poêles.

La visite des trois maisons étant terminée, on se promène dans les ruelles en pente aux pavés ronds malaisés, entre les murs coiffés de tuiles qui abritent souvent des bancs. L’orage qui  a éclaté pendant notre visite à la maison du poète n’a pas duré. Le village est lavé, lair rafraïchi.

Le centre du village est la place du 20 avril (jour ou « éclata la révolution de 1876). Un horrible monument de granite en occupe le centre, tout à fait disproportionné dans ce village. Des échoppes de souvenirs sont alignées. A un coin, un restaurant a sorti de lourdes tables et des bancs de pin, nappes gaies rouges à rayure. C’est là que nous écrivons nos cartes postales et que nous déjeunons de poivrons farcis (au riz et cuits dans la sauce tomate) servis dans les assiettes de cette céramique marron à motifs colorés que nous avons découverte à Glojené. La serveuse apporte en même temps le yaourt au miel dans des écuelles de cette même céramique.

Promenade en quête de la Poste pour les timbres située sur une autre place près de l’Hôtel de Ville peint en vert amande.

Après une douche rafraîchissante,nous préparons la journée du lendemain au jardin. Le programme s’avère très chargé. Il faut éliminer à contrecœur, des visites. Cette pausen’est pas de trop pour lire les guides et se repérer sur la carte.

La patronne de l’hôtel Astra est vraiment très gentille. Elle ouvre la salle du petit déjeuner pour qu’on puisse brancher les câbles des appareils photo sur la belle télévision. Sa petite fille parle très bien français (elle étudie au lycée français de Bucarest) et comme tous les gamins c’est une pro des télécommandes. Pendant que nous visionnons les photos un orage violent éclate.

Après l’orage il fait bien frais, je pars pour une promenade balisée qui me mène sur le bord du ruisseau à la forêt par un chemin de terre. Juste à la sortie du village, un paysan fauche son pré en pente à la faux. Deux magnifiques chevaux sont entravés près de l’eau. Une carriole descend tirée par un cheval. Les sapins sont immenses, les framboises pas encore mûres. Le ciel, à nouveau s’assombrit, je décide de rentrer. Juste à temps, arrivée sur la place du village, la nouvelle averse n’a l’air de perturber personne. Les gens devisent tranquillement sous la pluie et ne songent pas à s’abriter. Ces averses de courte durée semblent les bienvenues, soulageant hommes,  animaux et jardins de la canicule de l’été.

Le murmure des fontaines bulgares

CARNET BULGARE

J’écris, assise sur la balancelle, au dessus de la piscine. Il fait frais, presque froid après les trois orages d’hier,  le ciel est sans nuages et quand la zone ensoleillée m’aura atteinte, le soleil sera brûlant comme toujours.

L’ours de pierre regarde vers moi et pisse un haut jet glacé d’eau de montagne dans la piscine. Depuis le premier soir, à Sofia à la Villa Boyana, nous avons appris à nous endormir dans le murmure des fontaines. Le patron de l’hôtel me l’avait montrée fièrement à minuit et nous avions été surprises de découvrir tous ces gens qui remplissent bouteilles et bombonnes.

A Kovatchevitsa, la fontaine du village était sous notre balcon. Si l’eau se taisait, c’était  parce que quelqu’un remplissait une bouteille, présence humaine silencieuse, en creux.

Que dire de la fontaine octogonale au chapeau vert de gris du monastère de Sokolovo ? Ses multiples bouches auraient pu désaltérer de nombreux pèlerins. Elle a aussi bercé notre sommeil. Sans parler de la rivière de Devin, gonflée par les orages.

Par politesse, à la taverne, je commandais de l’eau minérale facturée bien cher, elle arrivait souvent tiède avec le goût banalisé par l’emballage plastique. Depuis quelques temps j’ai mis un terme à cette commande inutile. La serveuse se tient bien droite, interrogatrice « Et pour boire ? » – « Rien du tout avec la soupe ! » est une réponse facile au dîner. Nous avons découvert au Complexe Rojena la fonaine à l’entrée, délicieuse, glacée et gratuite .

Ces fontaines bulgares nous ravissent. Partout dans la montagne, sur le bord des routes, on a construit de belles fontaines de pierre (ou des moches en ciment). Les automobilistes s’y arrêtent pour se désaltérer. Parfois, il y a un gobelet métallique attaché par une chaîne, même dans un monastère, en forme de louche. Des voitures s’arrêtent, quelques fois remplissent 30L. j’ai demandé pourquoi les gns nenaient de chez eux pour faire leurs provision. N’ont-ils pas l’eau courante ? A Koprivtshitsa l’attaché culturel avait dit « en Bulgarie, nous n’avons pas de problèmes d’eau, seulement de canalisations ». A Bojentsi, la jeune guide eut une autre explication « cette eau est gratuite, il fait chaud, il faut arroser els jardins ».

C’est une bénédiction que cette eau de montagne glacée alors que si peu d’hôtels mettent à notre disposition des réfrigérateurs qui fonctionnent. En voiture, à chaque fontaine, nous renouvelons nos bouteilles d’au fraîche. Dans les Rhodopes, certaines sources étaient taries. A Geravna, la courte averse avait réjoui les gens . ici, près de Melnik et Sandinsky, les villes les plus chaudes de Bulgarie noyers, cerisier et pruniers sont verts. Les hauteurs du Pirin semblent condenser les orages.

Je viens de terminer le livre de Paolo Rumiz «  Aux frontières de l’Europe » qui convient à mes humeurs voyageuses. Il conviendrait de le ranger de retour entre les Patrick Leigh Fermor et Primo Levi.  Il me vient l’idée d’une bibliothèque idéale où les livres ne seraient pas classés par ordre alphabétique mais par affinités.

8h30, nous sommes prêtes pour le départ. Prêtes, mais…enfermées. Un cadenas ferme le portail du complexe Rojena.

Arrivée à Koprivshtitsa

CARNET BULGARE

la place du village


La descente en lacets s’effectue très rapidement dans la vallée les blés sont dorés et prêts à être moissonnés. La route de Sofia à 3 voies enjambe des défilés et des canyons profonds aux environs du col de Klisoura. Encore 16km sur  bonne route, on arrive à Koprivishtitsa  (1060m).


Koprivishtitsa  est un très joli village coloré au bord d’un ruisseau Topolka. De belles maisons carrées sont assises sur un rez de chaussée de pierre, l’étage dépasse peint de couleurs vives, rose vif, jaune d’or, bleu vif, pastel, vert tendre…les ruelles pavées de grosses pierres irrégulières tortillent au flanc des pentes si bien qu’il est difficile de s’y retrouver.

hôtel Astra : une bonne adresse!

L’Hôtel ASTRA est caché derrière un mur de pierre et un haut portail de bois foncé sous un large auvent de tuiles. Son jardin est très fleuri : les œillets d’Inde plantés serré font une bordure orange, les phlox le long du mur, les hortensias blancs, une rangée de géraniums rouges dans des ports s’alignent le long du bâtiment principal peint en vermillon. Notre chambre est à ‘étage. Comme à Glojéné, elle occupe un coin avec deux orientations. Les murs sont bleus avec des moulures en trompe-l’œil. Plafond et mobilier sont en pin clair verni. Il semble que les Bulgares accordent un soin particulier aux plafonds lambrissés. Deux lits jumeaux, une télévision, une salle d’eau bien agencée, nous serons très bien d’autant plus que des tables et des parasols permettent de passer la soirée au jardin.

15h30, nous nous dépêchons de chercher l’Office de Tourisme pour acheter les billets des maisons-musée. Lundi et Mardi sont jours de fermeture. Nous pourrons visiter 3 maisons aujourd’hui (fermées le mardi) et 3 demain (fermées lundi). Quand nous demandons où est l’Office de Tourisme, tout se complique. Personne n’a entendu parler d’une telle institution. D’ailleurs, personne ne parle autre chose que le Bulgare. A l’épicerie, la dame est très gentille : elle téléphone de son  mobile à la réception de l’hôtel voisin pour trouver un interprète. La conversation tourne court puisque nous somme clientes d’un autre hôtel. On tourne en voiture dans le village sans trouver le i   figurant sur les plans et les guides.
La  maison- musée, Maison Lyutov, est ouverte. On nous remet le billet cumulatif valable dans les autres maisons (5 levas).

maison Lyutov

La maison Lyutov a été construite en 1854 par un marchand très riche qui commerçait jusqu’à Alexandrie ou Le Caire. Dans l’entrée, une frise où bouquets de fleurs alternent avec des médaillons figurant les villes d’Alexandrie, Le Caire, Constantinople et Venise. Le plafond ovale lambrissé est remarquable. Salles s’ouvrent sur cette entrée : la salle de réception des hommes (salamlik)est très orientale . Une banquette basse recouverte de couvertures rouges court sur trois côtés, le quatrième est occupé par une cheminée au manteau bombée à la turque. Au sol, une table basse, ou plutôt un plateau rond de bois est entouré de coussins. Dans le salon d’été où un mannequin féminin indique qu’il était ouvert aux femmes, on retrouve la banquette rouge mais aussi des chaises cannées et une table à l’européenne. En face le living-room est aussi bordé de banquettes. C’est là que toute la famille dort par terre. A côté, la cuisine se faisait dans une cheminée turque, les marmites suspendues sur l’âtre. Un vaisselier est garni de plats métalliques. Dans la cuisine aussi on trouve une table basse et une banquette. Au rez de chaussée il y a une exposition de très beau tapis de feutre, un métier à tisser et des kilims ainsi que des ouvrages de dames : dentelles broderies et chaussettes en jaccard. Des soieries sont désignées selon leur origine orientale.

Le luxe de cette maison démontre la richesse des marchands qui s‘était encore accrue pendant la guerre de Crimée.

maison Bentovski

La Maison de Giorgi Bentovski  se trouve dans un autre quartier et c’est toute une promenade que de la rejoindre dans les rues pavées.  Bentovski est né en 1843 à Koprivishtitsa. Il s’appelait Gavril Hlutev . Il apprit tout d’abord le métier de tailleur et fit ensuite le commerce de textile en Asie Mineure puis s’établit en 1875 à Bucarest où il rencontra des révolutionnaires. En 1876 il faut l’organisateur de la rébellion on le représente en cavalier. Le rez de chaussée de la maison seul, est meublé. A l’étage se trouvent les souvenirs révolutionnaires. Une pièce basse aux banquettes bases rouge occupe deux côtés, le 3ème est l’emplacement du poêle, le 4ème celui d’un placard de bois. Ici aussi le plafond est lambrissé avec soin. Au sol, sur des kilims colorés on a posé un épais tapis de feutre aux motifs géométriques.

La 3ème maison ouverte le lundi est celle de Lyuben Karavelov né en 1834 à Koprivishtitsa qu’il quitte en 1857 pour étudier à Moscou où il collabora à des journaux russes. Il publia des articles sur le folklore ; En 1867, il est en Serbie, en 1869 à Bucarest où il établit des contacts avec de jeunes Bulgares et publia le journal Indépendance. On présente dans sa maison la presse à imprimer.

Nous terminons la soirée dans le jardin à étudier les cartes et les guides et à trier les photos.

Dîner  au joli restaurant bleu avec  une belle terrasse. Pas de soupe chaude, seulement du Tarator –soupe froide – yaourt délayé avec des morceaux de concombre et d’ail. Celui-ci est un peu fade et je rajoute du poivre. Pour dessert, une excellente crêpe au miel et aux noisettes.

J’ai la chance de rencontrer un monsieur cultivé parfaitement francophone. Il regrette que le bétail, vaches et moutons, très abondants avant la période communiste aient disparu.  On entend les carrioles à cheval mais pas de vaches qui rentrent à l’étable. Tout se normalise si lentement. En 20 ans les restitutions des terres aux propriétaires ne sont pas terminées. De même,  les bienfaits de la Communauté Européenne arrivent si lentement. Il semble qu’il faille beaucoup de patience en Bulgarie. Lui qui a des enfants qui travaillent et qui ont étudié en France est tout à fait pro-européen, mais pour les gens ordinaires, il n’est pas aussi affirmatif.

Trojan, monastère de Trojan, col de Trojan

CARNET BULGARE

La route dans la montagne de Glojené à Troyan

débardage à l'ancienne

La route suit la rivière jusqu’à Teteven. Sur un parking : une fontaine et un banc.Que ces fontaines sont réjouissantes ! Teteven est un gros bourg, industriel du temps communiste. De nombreuses usines sont maintenant à l’abandon. Je m’étonne de ne pas voir les HLM de béton gris vus en Roumanie, et dans les pays baltes. Ici, il y a surtout des pavillons carrés. Les HLM  sont en pleine ville, pas à l’entrée. Le torrent se rétrécit devient un ruisseau. De nombreux hôtels, restaurants, chambres à louer font un tourisme vert actif et familial.

 

Ribanitsa : des étangs de pêche et des piscines. Sur la carte, un tronçon  de  5km de chaussée non revêtue m’inquiétait un peu. La chaussée est étroite mais bien asphaltée tout du long. Pas de problème. Du crottin jonche le goudron. Les bûcherons ont abattu des hêtres, une caravane de petits chevaux transporte des bûches d’environ 1m de long et les forestiers construisent de véritables murs de bois. Bois de Chauffage ? On rencontrera par la suite les camions de bois. Les bulgares que nous rencontrons sont plutôt de solides gaillards, mais les bûcherons sont maigrichons, il y a même des adolescents frêles et à peine sortis de l’enfance ceinturés de bandes protégeant leurs reins. Qui sont-ils ? Des Tsiganes ?

Schipkovo, dans une autre vallée, est aussi une station touristique avec de magnifiques piscines.

Monastère de Troyan

le paradis selon Zahari Zograf

Nous traversons Troyan (nommée d’après l’empereur Trajan et la Via Trajana)sans nous arrêter dans cette petite ville avec de nombreuses usines, pour atteindre le monastère de Troyan éloigné d’une dizaine de km dans la campagne. Troisième monastère de Bulgarie, il est sans doute, « incontournable ». De hauts murs de pierre et une belle entrée accueillent les visiteurs. Contrairement au monastère de Glojené, Troyan paraît très prospère avec ses hauts bâtiments de pierre sur trois niveaux, ses coursives et escaliers de bois le long des façades. Cellules de moines ou chambres pour les visiteurs ? Je ne sais pas bien. En y réfléchissant bien, la fonction hôtelière d’un monastère n’a rien de choquant. De tout temps, pèlerins et voyageurs étaient accueillis dans les monastères !

monastère de Trojan

L’église peinte est le joyau du monastère, peinte aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Les fresques sont l’œuvre de Zacharie Zograf, peintre du 19ème siècle qui a représenté le Jugement dernier aussi bien sur les portes que sur les coupoles du narthex. Le Paradis est fleuri avec des oiseaux bleus, enfermé dans un enclos carré. La mort avec sa faux chevauche un cheval squelettique, motif que je n’avais encore pas rencontré dans une église orthodoxe jusqu’à présent. L’intérieur de l’église est vraiment très noirci par la fumée des cierges. Le monastère a également un petit musée (2levas) dans une pièce des icones et des objets du culte, l’autre pièce est dédiée à Levski comme à Glojené : une cellule, un lit, une table basse, des photos.

Col de Troyan

Col de Trojan : arc de triomphe moderne!

De Troyan, la route suivant l’antique Via Trajana descend vers le sud vers Karlovo et Plovdiv. Elle s’élève dans une belle hêtraie et dans des forêts de résineux jusqu’à un col. Le revêtement est plein de nids de poules. C’est la première fois que nous circulons sur une chaussée dégradée malgré les avertissements des forumistes. Jusqu’à présent la qualité des routes nous avait surprises agréablement. Au col, la station de ski de Beclemeto a installé un téléski. La vue est splendide avec de nombreuses lignes de crêtes superposées. Sur un monticule, un arc de triomphe c commémore les batailles de la Révolution bulgares de 1878 sur une face et la Libération en 1944 sur l’autre la végétation ressemble étrangement à celle que nous connaissons à SuperDévoluy : même altitude (1500m), même latitude ou presque et probablement même substrat calcaire.