
Pythagorio est un gros bourg bâti sur l’emplacement de la Samos antique qui était une ville importante depuis l’époque mycénienne jusqu’à l’empire Romain. De nombreux sites ont été fouillés. Le plus important est l’Héraion situé à 5km à l’Ouest de la ville.
Pour rejoindre Pythagorio nous passons par Pyrgos et d’autres villages de montagne, traversons de magnifiques oliveraies parfois piquées de cyprès. Nous dépassons une carrière. Il m’amuse beaucoup que les carrières modernes s’appellent latomies – ce mot est pour moi indissociable de Syracuse. Cette latomie exploitant le calcaire pour la construction et le granulat produit un nuage de poussière qui se dépose sur les oliviers. Pour faire joli ou pour faire oublier la plaie béante dans la montagne on a planté des lauriers roses sur le bord de la route. A côté du village de Mili la route surplombe un monastère : quadrilatère aux toits rouges, clochers blancs, cyprès noirs. Dans la plaine côtière les orangers portent déjà des fruits mûrs.
A l’Héraion, nos cartes professionnelles nous offrent la gratuité. Je profite de cette aubaine pour acheter un livre sur Samos. Nous visitons le site en détail lisant alternativement les deux Michelin (vert et bleu) et le nouveau livre. Difficile de rajouter quelque chose à toutes ces explication. Recopier les livres est inutile et ennuyeux!
J’ai été surprise par l’étendue du site. Je m’attendais à voir une seule colonne aux tambours décalés (un eu dans le genre de la colonne Pompée à Alexandrie). L’énorme temple d’Héra commencé au 6ème av JC sous Polycrate est bien visible. Il faudrait que je retrouve les photos de lui de Didymes, tout proche, de l’autre côté de la Mer Egée en turquie. Nous ne sommes à vol d’oiseau qu’à une dizaine de km d’Ephèse !les panneaux explicatifs sont très bien faits. On découvre tout un ensemble de temples d’Héra, le monumental et un plus petit édifié par Roikos, un autel où l’on brûlait les offrandes, énorme lui aussi, dallé au sommet de serpentine verte qui devait trancher sur le marbre blanc. La Voie Sacrée conduisait à l’Antique Samos bordée de Trésors (comme à Delphes). Il faut un gros effort d’imagination pour les reconstruire. Les fondations sont à peine visibles, enchevêtrées. Je convoque mes souvenirs pour visualiser les petits bâtiments alignés. Les statues des korês de Genelos (copies) indiquent le départ de la Voie Sacrée bien dallée que nous parcourons.

Une ville romaine prospéra aussi à Samos. Un monument exèdre était consacré aux frères Cicéron : Quintus Tullius le gouverneur de la Province et Marcus Tullius que nous connaissons bien. Avec les romains l’Histoire raconte de sombres histoires d’argent : détournement, vol de terres connus par les plaidoiries de Cicéron mais aussi , sous Tibère, la ville s’enrichit considérablement quand l’Empereur donna à l’Héraion le droit d’asile. De riches citoyens, pour éviter les taxes – installèrent tout un quartier de magnifiques villas dans son enceinte. Les villas ont été fouillées mais recouvertes de terre pour protéger les vestiges. On ne voit donc que de hautes graminées de part d’autre de la Voie Sacrée.
Si le site est ruiné, il est très riche d’histoires. Il remonte au culte des arbres. On y adorait l’osier. Plus d’osier mais des roseaux très hauts qui démontrent l’humidité du sol. Toutes ces évocations donnent de la poésie à la promenade et me parlent plus que les colonnes restaurées de Lindos. Comme à Lindos, on a retrouvé un énorme bateau de pierre. Il faudra que je me documente sur ces histoires de bateaux.
