Santorin – les musées de Fira

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vase minoen aux motifs marins
vase minoen aux motifs marins

 

Les objets trouvés à Akrotiri sont au Musée Préhistorique de Fira, ceux d’Archaïa Thira au Musée Archéologique.

Le musée Archéologique se trouve sur la rue Principale sous la cathédrale Orthodoxe. Entrée 3€ (2€seniors). C’est un musée moderne très agréable. Les objets sont très bien éclairés et mis en valeur, les explications très claires.

Une coupe stratigraphique décrit l’empilement des différentes strates, couches de cendres, couches de laves sur l’encaissant de phyllites tertaires jusqu’à l’actuel. Le volcanisme a laissé son empreinte depuis 1MA. Du tuf blanc est recouvert de scories rouges puis de plusieurs niveaux de lave sombre, puis de 4 couches de tephras. Un sol fossile contenant des végétaux est daté 18.000ans. L’épaisse couche très claire est celle qui a enseveli Akrotiri (1500av JC)

La maquette de la caldeira m’a étonnée.la configuration de la caldeira est bien antérieure à la célèbre éruption. J’avais imaginé que l’énorme quantité de cendres provenait d’un dôme pulvérisé. Il semble que ce ne soit pas si simple.

Les premières vitrines sont celles des objets cycladiques : idoles de marbre stylisées qui m’ont toujours énormément plu. Idoles féminines mais aussi figures masculines ; parois une plaque de marbre figurant les contours de la silhouette.

aiguière mastophore à motif végétal et bec "duck"
aiguière mastophore à motif végétal et bec « duck »

Les vitrines suivantes abritent les céramiques. Le bec verseur orienté verticalement vers le haut « duck » forme une tête d’oiseau. Certains vases ont des tétons. Les décors sont parfois simples, géométriques, d’autres sont remarquables comme les hirondelles et les graminées.

vase à motif d'hirondelle
vase à motif d’hirondelle

Une autre maquette d’Akrotiri situe les fresques dans les bâtiments. Une table a été reconstituée d’après son  empreinte dans les cendres ainsi que des chaises. Des ustensiles de cuisine sont présentés comme de grands plats de métal, des aiguières, des lampes à huile deux sont plus originaux : un four portatif et des chenets avec des encoches pour cuire les souvlakis. La vaisselle plus sophistiquée  est à usage religieux : rhytons à tête d’animal, bovin, sanglier, tête de lionne.

chenets à encoches pour faire des brochettes
chenets à encoches pour faire des brochettes

Pithoi et table d’offrandes portent des sujets animaliers et marins à la manière de la vaisselle crétoise  vue au merveilleux musée d’Héraklion (fermé à notre dernier passage en 2012).

table d'offrande tripode
table d’offrande tripode

 Les fresques d’Akrotiri sont les vedettes du musée : celles de la Maison des Dames représentent des grands lotus et deux femmes parées, maquillées avec les seins nus. Des singes bleus seraient d’après le livre des auxiliaires de la divinité. Toujours d’après ce livre les fresques auraient une signification religieuse. La religion avait des similitudes avec la religion crétoise. Cet auteur affirme que la civilisation cycladique aurait été « minoïsée » sur le tard. Celle de Santorin avait des caractéristiques différentes. A Akrotiri on utilisait le Linéaire A. on disposait également d’un système de poids et mesures, dans une vitrine on voit toute une série de poids en forme de disques de plomb.

fresques d'Akrotiri : singes bleus
fresques d’Akrotiri : singes bleus

Une autre vedette d’Akrotiri est la jolie statuette en or d’une chèvre, coulée à la cire perdue, retrouvée dans une boîte enfouie à proximité des cornes de caprins dans le grand bâtiment Xeste IV.

Le Musée Archéologique de Fira est  à côté de la gare du téléphérique. Il présente les objets d’Archaïa Thera fouillé en 1896 à 1900. En plus de nombreuses céramiques du 7ème et 6ème siècle on voit des kouroi en marbre malheureusement très abimés. Un lion de marbre est en meilleur état. Les plus belles pièces sont les vases du 6ème siècle de provenances diverses : Rhodes, Corinthe et l’Attique. J’ai surtout aimé une très grande coupe plate à fond noir dont les bords sont décorés de 6 bateaux à rames tandis qu’au centre Poséidon lutte avec le géant Bothys.  Malheureusement ce musée est vieillot un  peu poussiéreux et ne souffre pas la comparaison ave le Musée préhistorique.

Il y a encore d’autres musées à Fira malheureusement très envahie aujourd’hui par les croisiéristes qui portent des autocollants. Le temps est chaud, presque lourd malgré les nuages

Santorin – plages de la pointe sud

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la côte vue de la route du phare
la côte vue de la route du phare

Dépassant le village d’Akrotiri (hôtels, restaurants et quelques boutiques) pour prendre la route du phare où  je ramasse quelques brins de thym qui parfumeront les carottes râpées. Nous descendons la première piste vers la plage de Mesa Pigadia –  piste poudreuse, caillouteuse et bien pentue – qui traverse d’abord des vignes très soignées et aboutit à une jolie plage de galets noirs sous une falaise grise. A l’entrée, il y a bien une petite taverne décorée de galets mais elle est fermée. Dommage, nous avions envie de friture ! Des maisons troglodytes ont été creusées dans la falaise : maisons de pêcheurs ou simples hangars à bateaux, ou maisons d’estivants ? La plus grande fantaisie est de mise dans les décors de galets ou de pierres volcaniques, peinture bleue sur les portes ; Un peu plus loin on a installé des terrasses et des jardins suspendus.

maisons troglodytes sur la plage de Mesa Pigadia
maisons troglodytes sur la plage de Mesa Pigadia

Le soleil cogne, à 13h30? il n’y a pas d’ombre. S’asseoir sur les galets n’est guère confortable. Nous colonisons une terrasse de maison troglodyte inoccupée pour notre déjeuner de carottes râpées et de pécorino.

La plage suivante est celle de Kabia où nous arrivons par une longue piste poudreuse. Nous rencontrons un troupeau de chèvres devant des bergeries et les maisons troglodytes des bergers. La couche de cendres gris clair se creuse très bien. Elle me rappelle un peu les matériaux des villes souterraines de Turquie.

Bergeries et maisons der bergers troglodytes
Bergeries et maisons der bergers troglodytes

Ici le restaurant de poisson est ouvert, mais c’est trop tard !De là nous découvrons la plage rouge de Kokini (Red Beach) sous une imposante falaise rouge.

De la plage de Kabia on aperçoit la Red beach
De la plage de Kabia on aperçoit la Red beach

Sous le site archéologique, au bord de l’eau je trouve enfin le café frappé qui complète le déjeuner spartiate. Le sol est dallé de galets, quelques tamaris donnent de l’ombre. De loin on voit le Limanaki de Vlichada.

Santorin – Akrotiri, l’Atlantide?

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Le site d'Akrotiri
Le site d’Akrotiri

 

A la fois Pompéi et Cnossos, Atlantide perdue, présentée par une muséographie très moderne.

Comme Pompéi? Akrotiri fut anéantie par une pluie de cendres qui a conservé les maisons et leur contenue dans l’état où elles étaient lors de l’éruption.

Comme Cnossos, la civilisation minoenne y a atteint un degré de sophistication avec des merveilleuses fresques et des céramiques rappelant celles que nous avons vues en Crète. Mais Cnossos fut le rêve d’un archéologue Evans qui n’hésita pas à reconstruire le palais du Minotaure avec ciment et béton, peindre en rouge et restaurer les fresques à son idée. Il en ressort un émerveillement mais aussi de gros doutes sur la véracité du témoignage. A cet égard, Akrotiri est l’anti-Cnossos. Les archéologues se mettent en scène, montrent les puits, les tranchées et les échafaudages, les étais qui consolident les fouilles mais n’enjolivent pas et détruisent le moins possible laissant ainsi la place à des fouilles ultérieures pour étudier des strates plus anciennes. Le souci majeur n’est pas de mettre en scène le site mais de le  préserver, admettant les lacunes.

couche de cendres et échafaudages
couche de cendres et échafaudages

Fouillé depuis 1967 par l’archéologue grec Spiridon Marinatos après des recherches en Crète une trentaine d’années auparavant, sur le site d’Amissos, port de Cnossos. Supposant qu’un séisme était à l’origine de sa destruction, il avait découvert des ponces et émis l’hypothèse que l’éruption du Santorin et le tsunami en résultant, étaient à l’origine de la fin de la civilisation minoenne. Les fouilles d’Akrotiri, ayant pour but de valider cette hypothèse furent très fructueuses. Il découvrit ce qu’il cherchait : des poteries de la même époque que celles de Crète.

A la différence de l’éruption qui détruisit Pompéi et qui surprit les habitants, celle de Santorin avait été précédée de séismes si importants que les habitants avaient été contraints d’abandonner la ville et même d’emporter les objets de valeur et même leurs outils. On ne retrouva donc pas de squelettes humains ou d’animaux. Le grain stocké dans les jarres eut même le temps de germer .

Si ce site ne présente pas de palais comme à Cnossos ou à Phaistos, il est le lieu de la légende prestigieuse de l‘Atlantide. Je regrette de n’avoir pas préparé cet aspect du voyage. Il faudra que j’y remédie au retour et que je lise au moins le Critias de Platon

pithoi dans les magasins
pithoi dans les magasins

Dès qu’on entre dans le site couvert on est impressionné par les travaux de protection. Les premières installations se sont dégradées du fait de l’acidité des cendres qui a corrodé les structures métalliques ; De plus, le revêtement d’amiante en faisait un endroit cancérigène. L’architecte Fintikiatis qui a conçu le nouvel abri s’est inscrit dans les projet ASPIRE – R et E pour Energie Renouvelable -s’inspirant d’une philosophie des 4 éléments :

La Terre : pour l’isolation

L’eau : pour le collecteur de pluie

L’air : pour une aération spéciale

Le feu : pour les radiations solaires

Une structure métallique porte le plafond de lattes de bois, une membrane étanche recouverte d’une couche de ponce assurent l’isolation thermique et la protection contre les infiltrations. On pénètre dans un abri de très grande dimension où règnent une température très agréable et une bonne aération. Des parcours ont été aménagés avec des panneaux explicatifs. Certais racntent la fouille, sur place, au laboratoire et au musée.

La plupart des touristes sont en groupe, accompagnés par un guide.

A première vue, les fouilles sont difficiles à appréhender. On ne se rend pas compte immédiatement de la profondeur des tranchées. Il me faut un bon moment pour comprendre qu’au dessous du  niveau du sol actuel deux étages sont enfouis dans l’épaisse couche de téphras gris clair presque blancs. En prenant du recul on identifie les bâtiments cartographiés sur les panneaux ; Le premier XesteIV est un édifice de 20m de long, haut de trois étages. Le dallage du 3ème est encore en place. Un escalier monumental mène au vestibule. Les murs extérieurs sont en pierre de taille très soigneusement appareillés. Un guide francophone montre à son groupe un monceau de cornes de chèvres suggérant des sacrifices religieux ; Le carrefour « double horn square » présente des cornes sculptées. A l’opposé le magasin des jarres contient de nombreux pithoi remplis de marchandises. La plupart des explications des panneaux concernent les fresques qui ont été déposées dans les musées de Fira et d’Athènes.

Les maisons de moindre importance ne sont pas construites avec les belles pierres taillées mais avec des moellons de plus petite taille. Au fur et à mesure que nous nous promenons dans le site, nous remarquons ici un mortier, là un lit reconstitué, là-bas un moulin.

les fresques de la maison des dames
les fresques de la maison des dames

Le livre Santorin l’Ile-volcan acheté le premier jour intitulé « guide touristique » est très inégal. Pour les autres endroits, nous avons été déçue par les généralités inintéressantes parfois en charabia incompréhensible, traduction faite par un ordinateur ou par quelqu’un qui parle à peine français. En revanche les chapitres concernant Akrotiri et le Musée de Fira ont été rédigés par Nanno Marinatos et sont passionnants. Non seulement il est bien illustré mais l’analyse est très intéressante : c’était une société théocratique. Selon elle,  les prêtres avaient une fonction supérieure. Chaque bâtiment avait un sanctuaire. Hiérarchie verticale dans les bâtiments. Les prêtres utilisaient l’étage supérieur tandis que les travailleurs vivaient au rez de chaussée. Les cuisines étaient collectives, dans les moulins la rémunération se faisait en farine.

Santorin – Profitis Elias, Oia

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Ciel couvert, le timide soleil ne fera que de rares apparitions.

Le Monastère Profitis Elias est le point culminant (567m) de Santorin. La route  jusqu’au sommet est empruntée même par les gros cars. Une base militaire et des radars défigurent le site. La base militaire est à moitié abandonnée et ruinée. Le monastère,  crépi de gris, paraît bien austère. Ses murs cachent un jardin fleuri avec même une petite pièce d’eau. Il y a affluence. Les cars occupent le parking, les voitures sont stationnées tout le long de la route. La terrasse est occupée par une foule. Les liturgies viennent de se terminer. Sur une longue table recouverte de nappes pourpres sont alignées les reliques dans des écrins précieux. Les popes et les fidèles viennent baiser à tour de rôle les petits os. Dans une pièce on a disposé des gobelets de café (des étiquettes précisent la quantité de sucre) sur des plateaux et dans une panière de gros dés de brioche. Je n’ose pas me servir. Les familles assises sur des sièges autour de la pièce bavardent. Du monastère, la vue est très étendue. On reconnait la grande plage de Perissa à Périvolos, je m’amuse à chercher la maison. D’après le livre de t’Seversen on verrait toutes les îles et même la Crète.

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A Fira nous nous égarons encore, perdant la « main road » pour se retrouver à Vourvoulos sur une route qui fait le tour de l’île en passant par la pente douce côté Egée. Plusieurs routes secondaires ou pistes grimpent jusqu’au rebord de la caldeira (300m de dénivellé). Nous empruntons celle qui part de Pori. Des promoteurs ont construit tout un lotissement en forme de moulins. Comme ce n’est pas terminé, les tours cylindriques ont une allure bizarre.

La route principale coupe des couches de cendres et de laves très colorées ; on passe du rouge sang au noir, puis au gris. Les cendres grises contiennent de gros blocs noirs très brillants/

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Oia (prononcez Ia) est moins importante que Fira. Le parking est aussi plus aisé. Comme à fira, les rues du centre sont bordées de commerces de luxe, très belles bijouteries, vêtements de lin de belles coupes originales, écharpes de soie. Galeries de peinture ou expositions-photos, sculptures. Un photographe, sur de très grands tirages noir et blanc, ne colore qu’un seul objet, une jarre, une porte, le toit d’une coupole, d’une teinte très vive qui attire le regard. Escaliers noir et blanc avec une jarre jaune…Le sculpteur mélange les matières, le métal brillant et le verre dépoli. Mais la photo est interdite. J’aurais aimé conserver le souvenir des poissons, des pieuvres ?

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A l’extrémité nord après les ruines d’une forteresse, un moulin à vent est pimpant ; une pancarte annonce que « c’est l’endroit idéal pour une demande en mariage » Oia et tellement charmant que je lui pardonne ce côté artificiel. On pourrait croire qu’Oia est toute blanche, elle est aussi colorée : façade rose, bleue, rehaussée d’ocre. Les maisons colorées se détachent. Moins étendue que Fira, plus calme. Nous sommes sous le charme, cherchons une belle terrasse pour prendre u verre. A l’arrière de la pâtisserie STRIZA, sur un balcon, trois tables rondes décorées d’une plante grasse dans un cache-pot métallique. Le café frappé est excellent. Je prends tout mon temps pour dessiner coupoles, toits hémicylindriques, portes et fenêtre ; Il faudra ajouter de la couleur en rentrant.

Vers les sud, la corniche est dallée de marbre lisse. Passé l’église se trouvent hôtels, suites, resorts standardisés. Même luxueux et parfaits, ils sont froids.

Santorin – promenade d’Oia à Fira sur le rebord de la caldeira

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Oia
Oia

 

Un sentier rejoint Oia à Fira sur le bord de la caldeira, 9km – 2h15 selon la dame de l’Office de Tourisme ( plutôt 12km – 3h si on va jusqu’au parking au bout de Fira).

On le trouve  à la bifurcation occupée  par une épicerie ; les voitures à gauche, les piétons à droite. Il quitte Oia après l’hôtel Atlantide.

C’est un très bon sentier muletier ou ânier ou de contrebandiers ? ou de douaniers ? . Il est pavé de petits pavés noirs et brillants, les marches sont bien taillées et les bords bien marqués. Impossible de se perdre. Parfois les pavés sont remplacés par la pouzzolane rouge ou noire.Il monte régulièrement jusqu’à une chapelle et son clocher en portique à l’écart. La colline embaume fleurie d’anthémis jaunes, de thym rose, de liserons roses aussi, de petites fleurs inconnues. Je vois passer le Delos des Blue Star Ferries (notre bateau). Un bateau de croisière mugit et s’éloigne.

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Le sentier rejoint la route près d’un kiosque Coca-Cola puis remonte, une vingtaine de mètre au dessus de la route. Deux parapets maçonnés de moellons noirs encadrent le chemin pavé qui rejoint la chapelle du Prophète Elias (encore !) puis redescend en une large piste cimentée. Une caravane klaxonnante vient à ma rencontre : c’est un mariage dans une petite église surplombant la caldeira. La mariée arrive en dernier, de magnifiques bouquets décorent le capot de sa voiture.

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J’arrive ensuite à une zone construite : les hôtels se succèdent, tous plus luxueux les uns que les autres, dans des « maisons traditionnelles ». Depuis quand les piscines à débordement, les bains bouillonnants sont-ils une tradition grecque ?

Je ne croise que des Asiatiques – Chinois ou Japonais – je ne sais pas bien. Pas un regard amical, pas un bonjour, pas un « Hi ! » ni « Ya Sas ! » rien !  je dois être transparente. Les jeunes femmes minaudent devant l’objectif de l’appareil photo de leur compagnon. Les vieilles se prennent pour des top-model, cueillent les anthémis pour fleurir leur boutonnière ou leur chapeau ridicule. Certains trainent des valises à roulettes sur les pavés. Loger dans un studio de rêve se paie et pas seulement en €. Le ciel est gris. Aucun espoir de coucher de soleil. Bien fait ! Depuis un bon moment le sentier se perd dans le dédale des résidences. Je commence à en avoir ma claque des « traditional houses » avec terrasses toutes semblables, façades blanches, piscines turquoises, lits de plage gris ou petite tables bleues avec leurs deux chaises assorties. Gris c’est 4* ou 5*,  bleu trois seulement ! Évidemment c’est plus décoratif que les grands Hôtels-clubs, joli, esthétique, recherché, inabordable et finalement très agaçant ! Les Canadiens rencontrés à  Paros nous avaient raconté les robes de mariées des Chinoises, je vois des shorts effrangés très courts, des vestes fleuries, des talons inadaptés et des bibis incroyables.

Santorin : Pâques grecques à la plage

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14h, retour au studio à Perivolos pour déjeuner aux « heures grecques », sauf que nos agapes sortent d’une boîte de conserve de dolmas avec tomates et fromage tandis que les Grecs ont passé la matinée à tourner la broche de l’agneau pascal en famille. De la musique nous parvient des environs.

15h30, découverte du sud de l’île en passant par la plage. Un curieux embouteillage nous arrête : des gens dansent sur la chaussée devant une taverne et bloquent le trafic. Changement de programme ! Nous nous invitons à cette fête improvisée, nous installons sur les lits de plage pour écouter l’orchestre composé de deux ouds, une guitare, un violon et une chanteuse. Les clients ont terminé l’agneau. Ils en sont au raki,  servi dans de petits flacons de verre et de tout petits verres.

De temps en temps, quelqu’un se lève pour danser, souvent des vieux. Les hommes dansent seuls faisant des figures compliquées. Quand un homme se lance dans une démonstration, les spectateurs cassent des assiettes et les lançent à ses pieds.  Les femmes font des rondes. Parfois deux rondes se forment. La cuisinière en toque se joint à eux.

Je passe une bonne partie de l’après-midi à dessiner les tables  carrées, les nappes à carreaux bleus et blancs, les bouteilles, verres, flacons de raki. J’aime aussi les accumulations de chaises quand les Grecs s’installent à leur aise sur deux ou trois chaises à la fois. Des enfants s’échappent pour jouer au sable. Deux petites filles ont de mignonnes sandales vernies blanches dans le sable noir. Une toute petite en collants roses, robe rose s’agrippe aux jambes de son papa. Un jeune adolescent allume des pétards.

Promenade le long de l’eau. Je m’enfonce quand la granulométrie est grossière, dans le sable fin on marche mieux. Hier matin, la plage me semblait sauvage. Pour Pâques, les restaurants ont sorti tables et lits de plage, non pas les légers en tissu et aluminium, mais les lits de bois bien lourd qui supporteront les intempéries et les tempêtes. De même les parasols ne sont pas du genre à s’envoler, ils sont en paille bien épaisse, en feuilles de palmier, sur des piquets de bois bien solides.

Je dépasse notre rue en marchant vers Perissa. Wet Stories, restaurant de plage plus branché a mis une sono et joue du rock. Ici aussi on danse. La clientèle est plus jeune. Personne n’est attablé. Les gens sont debout autour de tables rondes hautes.

18h30, il fait encore bon au soleil sur les bancs de ciment de la terrasse devant la maison. De partout on entend de la musique, le rock de Wet Stories se mêle aux orchestres traditionnels. A la nuit ils allumeront des feux d’artifice et des pétards.

Santorin – 1ère visite à Fira

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Fira : carte postale?
Fira : carte postale?

Fira est un décor de cartes postales.

Maisons blanches, coupoles bleues, accrochées à la falaise volcanique multicolore au dessus de la mer bleue. Très pittoresque, très touristique. Ruelles, corniche étroites, marches…Evidemment la rue est interdite aux voitures et étirée toute en longueur.

Venant d’Emborio, un parking à l’entrée de la ville (devant Carrefour) accueille les visiteurs. Nous el négligeons, pensant en trouver un autre plus central. Grave erreur ! La route principale se rétrécit, fait des virages et les poteaux indicateurs donnent des directions étranges et contradictoires ; Nous quittons Fira pour Firostani, des flèches mentionnent le port et l’aéroport mais rien ne nous aide. Après plusieurs virages nous repassons devant les mêmes restaurants, les mêmes agences de voyage. Nous avons fait un tour complet sans nous en être rendu compte. Dans les rues en pente, l’aiguille de la jauge à essence passe dans le rouge. C’est dimanche de Pâques, les stations-service ferment, quand on en trouve ! L’idéal serait de retrouver le parking près de Carrefour. Impossible avec les sens uniques !

Nous en sommes déjà au deuxième tour complet ! Nous allons tomber en panne. En désespoir de cause nous suivons la direction de l’aéroport et trouvons enfin une pompe à essence. Un tracas en moins. La pompiste nous remet dans la bonne voie sur la « main road ». Nous retrouvons le premier parking après avoir perdu une heure.

Du premier hôtel (4*) sortent des chinois endimanchés. Certains ont loué des décapotables, la grande frime !

cathédrale orthodoxe
cathédrale orthodoxe

Le vendeur du kiosque dessine un grand rond sur notre carte. Nous sommes au centre, juste derrière le Musée Préhistorique –fermé pour Pâques – derrière la Cathédrale Orthodoxe : grosse coupole blanche en ciment sur des arcades sans grâce, fresques récentes. La cloche sonne avec instistance pour Pâques. Les fidèles sont déjà installés ; Nous n’avons rien à y faire. Les ruelles sont encore vides. Les boutiques ouvrent à peine. Nous croisons en dehors des Chinois quelques couples français. Un bateau de croisière a jeté l’ancre devant le port. La marchandise est très haut de gamme : bijoux de très belle facture, vêtements de prix et quelques T-shirt horribles, des aimants criards ; Rien qui puisse nous plaire. Les éponges sont hors de prix : 9€ pour une toute petite toute moche Je trouverai mieux à Athènes à Monastéraki. Le vendeur de cartes postales est très aimable mais n’a pas les timbres.

terrasse classieuse
terrasse classieuse

La corniche st surtout occupée par des terrasses de restaurants et de cafés fermé à cette heure matinale (11h du matin). Les Asiatiques sont pressés. Les Grecs ont veillé pour allumer leur cierge à minuit. La promenade est donc tranquille. Tout serait parfait si un gros nuage menaçant, très noir n’avait pas caché le soleil. Quand il reviendra, les maisons éclateront de blancheur mais la batterie de l’appareil photo sera à plat. Nous arrivons à la gare du téléphérique. Un train de 5 bennes monte les arrivants au port, passagers des bateaux de croisière. Est-ce que d’autres bateaux s’arrêtent à ce port ? Trois troupeaux d’ânes joliment harnachés descendent le chemin passé chercher les touristes, peu  nombreux aujourd’hui.

église catholique
église catholique

 Au dessus de la station se trouve la jolie église catholique au campanile ajouré blanc, à filets bleus et jaunes. L’intérieur est peint en bleu avec des décors très baroques. La Messe est affichée à 10h, à 11h20 quand je monte, elle n’est pas terminée. L’église est comble, une sonorisation extérieure est bilingue, italien traduit en anglais. J’y suis retournée à midi. Le curé, encore revêtu de son aube, chantait à tue tête, un gamin dans les bras, s’entretenant en grec avec ses paroissiens. Je n’ai pas trouvé le couvent des Dominicaines, sans doute fermé le jour de Pâques.

terrasse poèmes d'Homère
terrasse poèmes d’Homère

Après le grand Centre de Conférences rouge, la corniche pavée est presque vide, plus de Chinois. De rares touristes français font des photos. Le quartier est beaucoup plus calme. Les terrasses des restaurants se font rares. Il y a surtout des « chambres de rêve » à louer. Des écriteaux dissuadent les passants de s’aventurer dans les escaliers «for guests only ». Rien n’empêche de regarder les terrasses blanches, éblouissantes où un objet, une sculpture ressortent sur la blancheur : ici un hippocampe de verre dépoli, là, une vieille barque à la peinture délavée par le temps, sur ses rames on a peint « Homer’s poèms », plus loin dans une belle potiche un bouquet de strelitzias, un aloès aux formes décoratives….

strelitzia et plantes grasses
strelitzia et plantes grasses

Les escaliers sont gris soulignés de bandes blanches, parfois rehaussés de motifs de fleurs. Tout ce blanc se détache sur le bleu profond de la mer et sur la paroi volcanique aux teintes rouges et violettes. Il semble qu’il soit possible de continuer la promenade sur le rebord de la caldeira pendant des kilomètres. Au dessus, le « quartier catholique » a adopté le crépi jaune et parfois le rose à l’italienne. Des moulures blanches soulignent les façades des grandes maisons néo-classiques.

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Nous choisissons une terrasse pour notre apéro : le café frappé est mousseux à la perfection. L’ouzo est servi avec d’excellentes olives violettes. Je sors le carnet moleskine. Dessiner me permet de guider mon regard  de compter les coupoles, les différencier, de découvrir des arcades, de hauts palmiers, des campaniles. Je prends tout mon temps. Cette terrasse est si agréable qu’il nous vient l’envie d’y déjeuner. Le moindre plat coûte 9€ et je me méfie des moussakas et pasticcios destinés aux touristes, souvent décevants. La salade grecque à 8€, je me la préparerai pour 10 fois moins cher au studio !

J’entreprends un autre dessin avec le petit volcan Hephaistio pour sujet  central avec les îles qui bordent la caldeira.

Santorin : Emborio et ses moulins, Vlichada Limanaki et coucher de soleil

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Les moulins d'Emborio, églises et vigne
Les moulins d’Emborio, églises et vigne

amari – piétonnier en saison – les restaurateurs ont remisé les tables des terrasses. Peu de tavernes bon marché. Seul le chic a pignon sur rue ! Nous décidons donc de rentrer au studio et d’acheter des feuilletés. Depuis le temps que nous venons en Grèce, je devrais pourtant savoir qu’on ne trouve plus de tyropita après midi. C’est un plat pour le petit déjeuner. Sofia l’hôtelière de l’hôtel Thrassa à Tichero s’était moquée de nous et nous avions eu la même expérience en Bulgarie avec la banitsa.

15h, après une courte sieste nous partons explorer les environs.

Grain et moulin
Grain et moulin

Au dessus d’Emborio – le bourg le plus proche de Périvolos -où nous faisons nos courses – une colline est coiffée de 8 moulins à vent. La route court sur l’arête et se termine devant une petite église perchée sur la falaise, presque dans le vide. Cubique, surmontée d’un clocheton à trois cloches, ramassée sur elle-même. Un vent terrible souffle tant que j’ai du mal à cadrer les photos. Impossible de dessiner.

8 moulins et une chapelle dans le vent
8 moulins et une chapelle dans le vent

 Les blés sont agités devant les moulins. La campagne est plantée de vignes. Avec le vent, les ceps ont pris une curieuse forme, enroulés sur eux-mêmes, ils forment une corbeille au ras du sol. Vues d’en haut, les parcelles forment un curieux puzzle dont les pièces seraient décalées verticalement. Ces marches sont-elles le résultat de séismes ? (il y en a eu un très destructeur en 1956) ou de l’érosion ? Ou simplement des terrasses édifiées par les viticulteurs ? La strate superficielle qui affleure est une couche de téphras très claire, de ponces très poreuses dans laquelle les habitants ont creusé des habitations troglodytes ou des caves. Les moulins ont tous perdu leurs ailes et souvent leurs toits. Sous l’enduit, on voit qu’ils sont construits de gros moellons noirs de basalte. La balade sur la route est très agréable malgré le vent ; les fleurs et le blé embaument. La vue est très étendue.

Vilchada : falaise de ponces rongée par l'érosion
Vilchada : falaise de ponces rongée par l’érosion

Un peu plus loin, la route de Vlichada descend vers le petit port Limanaki traversant des vignes et au détour de la route des chantiers navals.  De vraiment très gros bateaux de plaisance sont sur cale. Plus loin, deux cheminées d’usine, des bâtiments industriels très ruinés, l’un d’eux recrépi de neuf et transformé en habitation. La falaise de ponces a un aspect très étrange sous l’effet de l’érosion.

Sur le quai sous un auvent quatre tables, et quatre autres au soleil. Exactement l’endroit rêvé pour un café – café grec – le café frappé ne me dit rien par cette température.

Le patron est déçu, il arrivait déjà avec sa nappe en papier à la main. L’endroit est délicieux mais nous avons déjà déjeuné sans compter que els prix sont particulièrement élevés 8€ pour une salade grecque et 55€ le kg de poisson. U peu plus loin, dans le petit port attendent de gros voiliers et un magnifique catamaran. Les skippers viennent sans doute dîner ici !

En attendant le coucher du soleil
En attendant le coucher du soleil

Nous cherchons un endroit pour admirer le coucher du soleil sur la caldeira. Entre Emborio et Megalochori, un écriteau publicitaire invite au coucher de soleil à la terrasse d’un hôtel. La route bifurque le long de la falaise devant des villas luxueuses avec piscines à débordement d’une eau verte opaline dans une cour pavée de galets.

Retournant sur nos pas, dépassant une église, nous trouvons un pré fleuri encore sauvage juste au dessus de l’eau. C’est là que nous attendrons. D’un côté un sentir part en balcon sur le bord de la falaise, de l’autre il se prolonge vers une pointe rocheuse et se termine en escalier qui descend vers la mer. Les giroflées violettes, les anthémis jaunes, la mauve apportent leur touche de couleur. Nous nous installons dans la voiture pour nous réchauffer. Vers 19h30, le soleil est happé par un banc de nuage. Inutile de prolonger l’attente.

Santorin : Archaïa Thira

CYCLADES

Agora de la ville antique
Agora de la ville antique

 

Deux grands coups de tonnerre et une pluie diluvienne nous ont éveillées à 5h30. A 8h le soleil est revenu. Les bancs et la table de la terrasse sont secs.

Pas de petits pains chez l’épicier. « local people » ne mangent pas cela.

Peut-être y-a-t-il des supérettes sur le front de mer ? Il y en a, mais,  en saison. La plage est très belle dans le petit matin avec son sable noir et le bleu profond. La lumière d’après l’averse donne des contours francs aux objets et des couleurs vives. Belle promenade. On se contentera des yaourts pour le petit déjeuner.

A vol d’oiseau, le site de l’ancienne Thira est proche, juste au dessus de Perissa, le village voisin. Un sentier les relie en 1h30 d’une belle grimpette. En voiture, il en va tout autrement. L’ancienne Thira est perchée sur un rocher abrupt qu’aucune voiture ne peut gravir. Il faut donc contourner par Kamari. Juste derrière ce rocher (Mesa Vouno 366m) se trouve le sommet de l’île qui culmine à 567m au Profitis Elias. Pour contourner le massif montagneux il faut retourner sur le bord de la caldeira, traverser la largeur de l’île par Pyrgos et Exogonia.

Perissa et Perivolos vus du Mesa Vouno, rocher où est perchée la ville antique
Perissa et Perivolos vus du Mesa Vouno, rocher où est perchée la ville antique

A Kamari une chaussée tantôt pavée, tantôt cimentée monte en lacets serrés à l’assaut du rocher. Un panneau « sens interdit » barre la route. Je décide donc de monter à pied maudissant les automobilistes peu respectueux des lois qui me doublent. Une heure plus tard, j’arrive au parking à la fin de la route. Ce n’est pas tout ! Un sentier continue tout droit, puis un escalier.

Entrée 2€, le site est ouvert jusqu’à 15h fermé pour Pâques et lundi. ­Avec le billet, on donne un plan de la ville antique 1h30 pour le petit parcours +1h si on veut flâner dans les maisons ;

Je découvre d’abord une petite basilique chrétienne 4ème -6ème . Au 8ème pendant les incursions arabes la cité offrit un abri puis devint inhabitée.

le lion gravé du Heroon d'Artemidoros
le lion gravé du Heroon d’Artemidoros

Le sentier conduit ensuite à la ville antique. Je passe devant le sanctuaire heroon d’Artemidoros : un lion, un faucon et un homme de profil sont gravés dans la roche. Je passe devant des villas hellénistiques et arrive à l’agora qui a conservé de nombreuses colonnes doriques et de belles stèles. En-dessous, accolé à la pente le théâtre est envahi de crucifères jaunes (genre diplotaxis) . Je rebrousse chemin avant d’avoir atteint les sanctuaires d’Apollon et des dieux égyptiens. Un vent glacial souffle. Les Grecs plus avisés que moi sont montés en anorak et parka. Je les envie.

Santorin – Vendredi saint à Perissa

CYCLADES

église de Perissa
église de Perissa

 

Une drôle de manifestation occupe la chaussée : des hommes exclusivement, deux tiennent les extrémités de tube métallique tandis qu’un troisième tape avec un marteau ou un burin. Variante : le tuyau est suspendu aux épaules. Certains portent des tambours et même une étrange crécelle en bois. Cette procession fait un vacarme de tous les diables. Les femmes se tiennent sur le trottoir. L’une d’elle porte un plateau avec des petits gobelets à la disposition des assoiffés. Une manifestation sans slogan ni banderole, sans femme ? Quand le cortège est passé je demande à la dame au plateau de quoi il s’agit. C’est une tradition locale des villages de Perivolos d’Emporio et de Perissa : le Vendredi Saint, avec tout ce tintamarre il chassent le Mal en l’honneur de Jésus qui a été crucifié.

curieuse procession
curieuse procession

A l’église de Perissa, l’épitaphios est fleuri de lys blancs, d’orchidées, les plus belles fleurs et les plus précieuses n’ont pas été économisées. Deux jeunes filles de noir vêtues mais aux minijupes extra-courtes et aux bas noir assez provocants, montent la garde à côté du catafalque fleuri.

« Quand sortira-t-il ? » demandons-nous.

 – « vers 7 heures »

La procession bruyante passe puis se disperse. Deux jeunes filles ne suffisent pas. N’ayant pas la patience d’attendre, nous rentrons au mary’s rooms.