Beauport – usine sucrière

GUADELOUPE

Sucrerie de Beauport

Nous prenons tôt la route de Beauport – ancienne sucrerie – une des plus importante de Grande Terre qui a cessé son activité en 1990 et qui organise sur son site des visites guidées et des activités culturelles dont un voyage en petit train à travers les champs de canne jusqu’à Grand Canal (7 km). Nous attendions cette visite depuis longtemps. Malheureusement le train est en panne il faudra se contenter de la visite guidée (10h30) et de celle du musée.

Comme nous sommes arrivées en avance je visite les trois expositions temporaires du musée :

A la Une, ce soir : affiche la Une du journal FRANCE-ANTILLES depuis sa première édition en février 1965 jusqu’en 1990, fermeture définitive de l’Usine Beauport après 127 ans d’activité. 25 années d’histoire de la Guadeloupe :

  • Septembre 1966 : cyclone Inès 60% de la production sucrière ruinée, 100% des bananes
  • Mai 1967 : émeutes ,  déclin de l’activité sucrière la jeunesse quitte les campagnes , selon certains témoignages des centaines de victimes
  • Juillet 1968 : élections à Port Louis, guet apens organisé par les supporters du candidat élu, violences
  • Novembre 1970 Hommage au Général de Gaulle
  • Novembre 1970 : arrivée du Jumbo Boeing 747 suivie en 1971 du naufrage du paquebot Antilles
  • 1976 Eruption de la soufrière
  • 1978 première Route du rhum
  • Aout 1978 : enterrement de Gerty Archimède première femme députée de Guadeloupe
  • 1980 attentats du Groupe de Libération Armée
  • 1986 Kassav roi du Zouc
  • 1989 Le cyclone Hugo ravage la Guadeloupe.

Vivre et Travailler à Beauport 1863 – 1990

  • 1813 : achat de la propriété 96 ha 70 esclaves
  • 1863 création de la sucrerie

Au milieu du 19ème siècle le réseau ferré va remplacer le transport des cannes par cabrouet (charrette à bœufs) et transport par bateau Beauport est handicapé par rapport à son concurrent Darboussier adossé au port de Pointe à Pitre.

La culture de la canne se fait selon trois modalités :

1)les Habitations domaniales où les meilleures terres sont exploitées par des ouvriers « casés »

2) les parcelles en « colonage » de petites dimension baillées pour 3 récoltes avec obligation de livrer la récolte à l’usine

3) plantation libre

 

Travail à l’usine :  Pendant la campagne sucrière l’usine tourne à plein tandis que les machines sont mises à ‘l’arrêt ) l’inter-récolte.

Exposition Soufrière  La vieille dame dans tous ses états (1976)

Je n’ai pas le temps de visiter les expositions permanentes du musée quand on m’appelle pour la visite guidée qui commence devant le Moulin.

 

 L’animatrice reprend l’historique des Habitations depuis 1635.

Définition d’une Habitation :   Domaine agricole familial avec une manufacture.

Pacte colonial : les colonies produisent, la Métropole achète. Evidemment l’esclavage permet de produire à très bon compte. Après l’abolition en 1848, le patron doit salarier ses employés la Guadeloupe subit la concurrence du sucre de betterave moins cher à produire, et celle des colonies espagnoles et portugaises restées esclavagistes.  1880-1890 : des crises sucrières font baisser le prix du sucre. Il faut donc réduire l’activité sucrière et de nombreuses distilleries vont remplacer les sucreries.

Moulin

Le Moulin est l’élément central de l’Habitation, les installations se construisent autour du moulin à vent équipé de pales de bois orientées selon les alizés. Ces moulins actionnent les gros cylindres venant broyer la canne.

Le Vesou est le jus de la canne passé au moulin. On laisse reposer le vesou qui se décante puis on le traite avec de la chaux ce qui donne du jus clair qui sera transformé en sucre/

A la construction de l’usine, le moulin perd son utilité, on le transforme en tour de guet pour surveiller les incendies. Il était d’usage de mettre le feu aux champs de canne pour faciliter la coupe.

En plus d’être une usine, Beauport était un village où des centaines de familles venaient s’installer pour parfois plus de six mois. Las cases étaient déplacées sur des camions comme des escargots. Une école, une crèche, une chapelle, un marché et un « lolo » (épicerie de première nécessité) n tout était mis à la disposition de la main d’œuvre pour que l’usine fonctionne 7 jours/7 et 24h/24 de janvier à juin.

La visite se poursuit par une promenade dans les installations gigantesques : le silo très vaste permettait le chargement et le déchargement de camions entiers de sucre destiné à l’exportation. Un autre bâtiment très vaste était destiné à stocker la bagasse (résidu de la canne une fois broyée) La bagasse servait de combustible pour produire de l’électricité nécessaire au fonctionnement des machines et des chaudières. Alors que la distillation peut se faire dans un seul bâtiment de taille moyenne on comprend que distiller le rhum était plus rentable pour les petits propriétaires.

Au cours de la dégustation l’animatrice explique les étapes de la fabrication du sucre. Je n’ai pas pris de notes, dans une main un gobelet avec du jus de canne, dans l’autre un petit bâton de canne fraîche. Le jus de canne est frais et délicieux. Il va être chauffé en plusieurs étapes pour être concentré en « jus de batterie » la « batterie » est le nom de la 5ème cuve. On nous le fait goûter : c’est très bon. Il ne faut pas le confondre avec la mélasse qui peut être fermentée et distillée pour donne le Rhum de mélasse, différent du rhum agricole. Pendant le Carnaval, on fait un curieux usage de la mélasse : on se badigeonne la peau en souvenir des esclaves marrons.

Dans des ballons de chimie, la guide nous présente les étapes de la cristallisation. Le sucre roux qui contient encore un peu de mélasse est d’après elle plus riche en sels minéraux (potassium et fer) tandis que le sucre blanc – raffiné – en est dépourvu ne contenant plus que du saccharose.

 

 

 

 

 

Saint François et Le Moule

GUADELOUPE 

Le pêcheur et les poissons sur le port de Saint François

Au lever du jour : par la fenêtre à l’Est, les palmes se courbent, se secouent, s’affolent. Je suis fascinée. Une pluie très fine s’insinue par les mailles de la moustiquaire autour du lit. Il pleut ! Bonne nouvelle, la terre est sèche, la végétation souffre. Même en Carême, la sécheresse prolongée est rare mais il n’a pas plu depuis notre arrivée. Mais voilà qu’il pleut beaucoup. Il faut fermer en urgence portes et fenêtre. Par un trou dans la tôle la pluie goutte dans la cuisine. Je sors la raclette, improvise avec les serviettes éponges.

Nous avions prévu de visiter la Sucrerie Gardel ce matin,  et lune  promenade sur le front de mer l’après midi. Je téléphone la sucrerie : depuis le Covid, il n’y a plus de visite . En remplacement, on improvise : Marché de Saint François (achats de souvenirs) et Musée des Beaux Arts.

Le Musée des Beaux Arts est à la marina (grands catamarans). Les collections, par ordre chronologiques présentent la Renaissance Italienne et flamande. Des peintres Guadeloupéens sont mis en lumière :

Guillaume Guillon-Lethière(1760-1832) son père était Procureur du Roi, sa mère, fille d’esclave. Son père Guillon l’emmène en métropole où il étudie le dessin à Rouen auprès de Descamps. Prix de Rome 1786, il se lie d’amitié avec Lucien Bonaparte. Professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Beau portrait de Lady Hamilton.

Evremond de Berard (1824- 1881) « peintre reporter » a sillonné la planète pour rapporter dessins et aquarelles vendus à des magazines.

Armand Budan (1827-1874) fut également photographe

Haïti : Eddy Myrthil

Dans les dernières salles des peintres contemporains j’ ai bien aimé le naïf Eddy Myrthil de l’école haïtienne et Véronique Strauss : habitation

Le Marché de Saint François est une rotonde en béton. Nous nous réjouissons d’y acheter le déjeuner puisque nous rentreront manger à la Ti-Case. Nous n’avons rien trouvé : il n’y a pas de produits alimentaires, c’est un marché touristique avec des épices, du rhum et punch sous toutes formes, des fruits exotiques : ananas, mangue, christophines et bien sûr tous les articles au motif de madras. Touristique vous dis-je !

Beaucoup plus intéressant : le poisson sur le port ! halle à poissons, petits étals des pêcheurs, restaurants de poisson. J’ai l’embarras du choix. Pendant que je baguenaude Dominique est allée trouver un jeune pêcheur qui nettoie ses poissons destinés à un restaurant. Il veut bien nous en vendre deux. Difficile de reconnaître ces poissons sans tête – coupée en mer- et débarrassés de leur peau . Ce sont des Bourses appelées ainsi justement parce que leur peau est aussi dure que le cuir dont on fait les bourses. J’avais vu ces poissons dans la halle mais je m’étais méfiée, sans peau ni tête cache-t-on quelque chose. Sur le bateau qui vient de rentrer au port, ils ne peuvent qu’être très frais. La réponse je la trouve sur Internet : il faut du doigté pour les dépiauter et mieux vaut laisser faire les professionnels.

Avec trois tomates et de l’ail achetés en route, on improvise : un filet d’huile je fais revenir les tomates à la poêle puis ajoute les poissons et des rondelles de citrons verts. Excellent !

Notre Ti-case est si jolie que c’est un plaisir de prendre notre temps. La pluie a cessé. Sous un ciel gris, je suis l

Côte : de la plage des Alizés jusqu’à l’école de surf à l’autre extrémité du Moule ; Au début je marche sur le bord de la plage et quand la laisse de mer et les sargasses sont trop importantes sur le sable sec.

Interruption au port, il faut marcher dans la rue. Je retrouve Dominique à l’espace Wizosky, une ruine élégante avec des arches de pierre. Ce n’est ni un fort ni un château, c’est un bâtiment commercial, une usine de jus de fruits, vendu à la mairie après le cyclone de 1928.

Le Moule : Place principale

Sur le chemin côtier, je remarque une jolie maison décorée avec des galets et des coquillages, des tesselles de mosaïque et des sculptures naïves. J’arrive à une longue corniche le long de la route. Les vagues font un fracas infernal. Le vent est très fort. C’est une balade tonique qui se termine au spot de surf. Les surfeurs sont là malgré la tempête, il y a même une compétition. Leurs démonstrations sont impressionnantes.

Au choix, au camion : une noix de coco à boire à même la coque sans paille,  ou une grande bouteille d’eau de coco. Je choisis la bouteille.

Du Moule à la Pointe de la Grande Vigie – route des Falaise – sucrerie de la Mahaudière

GUADELOUPE 

La route reliant Le Moule et la Pointe de la Grande Vigie (l’extrémité nord de Grande Terre) D120 est peu fréquentée par les voitures. Nous serions très tranquilles si elle n’était pas le parcours  des cyclistes. Nous avons même cru qu’une course s’y déroulait tant ils étaient nombreux et en pelotons ? Il faut être sportif et très motivé pour faire du vélo en Guadeloupe en l’absence presque générale de piste cyclable, sur des routes embouteillées de voitures avec un relief non négligeable. Tous les cyclistes que nous rencontrons sont en tenue de coureur. Pas de cyclotouristes, ni de randonneurs, très peu de gens utilisent le vélo pour se déplacer, sauf dans la campagne sur des chemins, aucune femme. Difficile de les doubler. Ils ne se poussent pas, il faut les suivre.

Champs de Canne à sucre

La Pointe de la Grande Vigie est un cap très étroit pointant vers le nord.

La route traverse une campagne très agréable. Nous roulons a travers les champs de canne et les villages tranquilles composées de belles maisons parfois très grandes. Le modèle initial était la case en bois simple parallélépipède rectangle qu’on voit parfois encore. Autour, une galerie couverte est soutenue par des piliers de bois ou de ciment. Ensuite, on prolonge, on ajoute des annexes en ciment ou en parpaings. Enfin on élève un étage, on construit un toit à quatre pentes qui s’ouvre par des chiens assis. Parfois les volumes sont plus compliqués s’articulent. Les tôles nature, rouges, vertes ou blanches couvrent le toit. Les plus belles maisons ont de jolies finitions avec des corniches ajourées en bois ou en métal. Les jardins sont soignés et fleuris.

Dans les champs, on peut observer diverses étapes de la culture de la canne. Ici, on charge les cannes sur une grosse remorque. Là, d’énormes moissonneuses coupent la canne. De gros bœufs beiges ou bruns paissent tranquillement.

La Pointe est plantée d’une forêt sèche : forêt xérophile qui supporter des précipitations comprises entre 900 et 1600 mm. Les plantes développent des stratégies d’adaptation à la sécheresse : petites feuilles comme Faux mimosa (Leucanea leucocephala), poils chez le Ti-baume ( Coleus amboinicus) ou Croton flavens, plantes médicinales, Gommier rouge (Bursera simaruba) dont la sève fournit de l’encens. Lantana ; et cannelle à puce serva,nt de répulsif quand on frotte ses feuilles sur les poils du bétail. . Cet écosystème devient très rare (27% du couvert forestier) et disparaît au rythme de 28 ha/an. Un parcours en planche très confortable permet d’accéder au point de vue sur la falaise impressionnante frangée de l’écume blanche sur une mer turquoise.

Un panneau décrit la géologie du site : « empilement de couches où les calcaires récifaux alternent avec les sables volcanique (5 Millions d’Années)

Trou à Madame Coco, un petit fjord

Les guirlandes oranges des sargasses menacent les côtes : on distingue au loin de grandes masses brunes. Le sentier s’insinue sur l’arête de la péninsule. Deux filles passent barrière pour faire des selfies. Trois pêcheurs me dépassent avec leurs seaux et cannes à pêche.

La route longe les falaises. A chaque parking, un point de vue vertigineux : porte d’Enfer, Anse à la Tortue. Les vagues font un grondement infernal ; l’eau s’écoule en cascatelles. On découvre une sorte de petit fjord : le Trou à Madame Coco. Je découvre le sentier côtier que je m’apprête à emprunte : la Trace des Falaises. Elle court de la Porte d’Enfer à la Mahaudière, c’est une grosse randonnée. J’ai choisi le tronçon partant du Trou à Madame Coco jusqu’au Trou du Souffleur (notée 3 heures). AA 9h45 Dominique trouve une place de parking ombragée et je décide de rentrer avant midi.

Le sentier suit le petit fjord. Je marche sous des buissons légers dont les feuilles ressemblent à des acacias. La montée se fait sur des pierres très coupantes : le calcaire corallien qui s’érode en laissant des cavités arrondies et des arêtes acérées. Heureusement que je porte mes chaussures de randonnées fermées ; en sandales cela n’aurait pas été confortable. Je regrette aussi le bâton télescopique que j’ai du rendre à Mireille qui m’aurait aidée à me hisser plus vite ; Le plus souvent le sentier passe dans les buissons. Le rebord de la falaise est fragile, le piétinement provoquerait des éboulements. Il ne fait pas s’approcher du bord. Par moment il y a de très belles échappées. Dans les échancrures de la côte la mer s’engouffre à grand bruit, phénomène des souffleurs. Je marche d’un bon pas pour atteindre le Trou du Souffleur. A 10h40 je croise un couple qui en revient ; « Combien de temps encore ? » – « 25 minutes » . Aller et retour, cela fait près d’une heure. Je ne peux pas me permettre de laisser Dominique si longtemps cuire dans la voiture. Je renonce. Pourtant, de temps en temps, un grand bruit parvient jusqu’à moi. Come la route est très loin et qu’il n’y a pas de camion, c’est bien le bruit des vagues, le Souffleur !

Dominique a réservé une table au Restaurant Madame Coco qui a une dizaine de tables sur la plage et deux belles salles en terrasse. Poisson grillé : du Vivanneau, rouge comme un rouget, à la chair très ferme comme celle d’un maquereau en plus fin, un poisson très prisé. Poulet boucanné et en dessert un sorbet coco fait maison, dans le tonneau à double paroi. Le serveur qui l’apporte vient avec une bouteille de rhum que je décline. Les oiseaux font le spectacle : un noir, de la taille d’un merle, (merle de Guadeloupe : Quiscale ) se pose sur la corbeille à pain d’une table pas encore desservie ; il se gave à toute vitesse pas du tout craintif.

Retour par la même route – sans les cyclistes – jusqu’à la sucrerie de Mahaudière, l’usine et l’habitation ont disparu, il reste un moulin, une cheminée et un bâtiment en ruine avec des ferrailles cylindriques que je ne peux pas identifier.

Un panneau conte l’histoire de la Mahaudière :

L’Habitation date de 1732 – 1770 la grosse cotonnerie avec un grand nombre d’esclaves mais pas de bâtiment industriel, la propriété s’agrandit et se tourne vers le sucre. A la Révolution, elle est mise sous séquestre, 200 cultivateurs y travaillent.

1828 propriété de Jean-Baptiste Douilhard  Mahaudiere de 465 ha et 147 esclaves

1840 Affaire de l’esclave Lucile : JB D Mahaudière est jugé, accusé d’avoir séquestré son esclave Lucile accusée d’avoir empoisonné sa femme, 14 esclaves et 281 têtes de bétail. Jetée dans un cachot de 5 m2 et 1.20 m de haut pendant 22 mois. Le procureur du roi, étant esclavagiste, acquitta Mahaudière et Lucile fut vendue.

Pendant que je recopie le panneau, Dominique a fait la connaissance d’un melonnier : la culture du melon se développe sur Grande Terre. Il nous apprend que c’est aujourd’hui la Mi-Carême chômé en Guadeloupe, ce qui explique la présence des cyclistes et celle de monde à la base de loisir sous les arbres.

Tambours et chants

En face des ruines, sous des arbres magnifiques sous un carbet, des percussionnistes font de la musique tandis que des femmes chantent « Liberté Alléluia ! ». Une grande table est servie avec des marmites. Tous dansent. Pour enregistrer la musique, je filme. Pas longtemps ! Deux jeunes filles arrivent, très remontées : « vous avez demandé la permission pour filmer ? «  . J’arrête et m’excuse, c’est vrai, j’aurais dû. Comme elles sont très agressives je retourne à la voiture garée devant un panneau et je recopie le nom des arbres : Mahoganny petites feuilles. Ces arbres fournissaient le combustible de la chaudière de la sucrerie. Deux femmes plus âgées, endimanchées, robe rouge moulante, élégant chapeau de paille, robe jaune, chapeau vienne nous inviter à partager leur fête : « il y a un repas, il y a aussi à boire. Nous venons évangéliser, appelez votre mari et venez avec nous ! ». « nous sortons du restaurant, nous n’avons plus faim ! ».  Je pense à part moi, que je n’ai pas du tout envie d’être évangélisée, même si la musique est bonne.

La Chapelle Sainte Anne est une grande église en ciment assez quelconque. Non loin, l’anse Maurice est bien ombragée. Il y a un grand restaurant. Jolie plage de sable blanc. Les sargasses sont arrivées ici mais ce n’est pas le plus gênant : le platier rocheux arrive au ras du sable sec ce qui n’est pas très pratique pour se baigner.

Quand nous arrivons au Moule nous constatons que tous les magasins sont fermés ale jour de la Mi-Carême.

 

 

 

 

 

Saint François et la Pointe des Châteaux

GUADELOUPE

Les Pointe et ses rochers

Départ matinal pour la Ponte des Châteaux à l’extrémité Est de la Grande Terre sur une péninsule très étroite. A la sortie de Saint François, la route est bordée par la « forêt domaniale du littoral » qui se réduit parfois à un mince rideau de raisiniers. Divers restaurants et galeries sont installés sur la voie qui s’arrête au niveau de la Grande Saline où un sentier conduit à une grande croix au sommet du rocher, passant à travers une broussaille épineuse puis se termine par de belles marches. Une table d’orientation indique les côtes de Basse-Terre, les îles des Saintes, Marie Galante. Un voilier passe.

Un voilier passe

Le sentier descend à une autre pointe offrant une nouvelle perspective sur les hautes falaises. La Pointe des Châteaux est un « incontournable » pour les touristes qui s’y pressent ? Certains portent des bébés sur le dos ou le ventre par ce soleil et cette chaleur. Les guides prévoyaient 20 minutes, j’en ai mis le double. Soit je vieillis, soit les temps prédits ne sont pas fiables.

la grande saline et plus loin Tarrare

Le projet initial était une randonnée le long du sentier du littoral. Dominique m’aurait attendue à L’Anse à la Gourde. Aucune indication du sentier sur le bord de la route mal balisé au début. Je ne le trouve qu’à proximité de la Pointe de Tarrare sur le parking du restaurant Man Michel d’après le conseil d’une dame tenant une galerie d’artisanat d’art (beaux objets). Itinéraire facile, mais nécessitant de bonnes chaussures, certaines roches sont hérissées d’arêtes coupantes. La majeure partie de l’itinéraire s’effectue sous couvert végétal arbustif. J’entends la mer sans la voir. A Tarrare, dans une crique, concentration d’hommes bronzés nus, c’est la J’entre dans un petitplage naturiste bien cachée. Le sentier s’enfonce à nouveau dans les buissons, monte, descend sur une petite plage et j’arrive sans encombre à l’Anse à la Gourde où Dominique m’attend à l’ombre près d’un carbet où nous nous asseyons un moment. La plage de sable blanc est très jolie pour se promener, le platier rocheux s’interrompt pour faire des petites piscines où s’ébattent des baigneurs. L’eau cristalline, turquoise est bien tentante après une promenade sous le soleil. Nous aurions pu déjeuner sous le carbet si je n’avais pas oublié le pique-nique, pourtant préparé avec soin.

 

Nous filons donc à Saint François acheter des provisions. Occasion de visiter la ville. En arrivant de la Pointe, nous longeons l’aérodrome (belle piste goudronnée au milieu d’une pelouse ; une dizaine d’avions privés attendent. Puis nous traversons un magnifique golf avant d’arriver à la marina. Boutiques chics ! On parvient au centre-ville, hôtel de ville en ciment, grande église rose mais surtout un marché en rotonde (signé Ali Tur) d’où partent des petites rues comme les rayons d’une roue. Nous trouvons le port de pêche avec ses étals de poisson, petite halle, de nombreuses gargotes où je me serais bien attablée si c’était l’heure du déjeuner. J’entre dans un petit restaurant tout rose, murs roses, tables roses, roses artificielles sur chaque table. Je commande des accras à emporter. La cuisinière les frit devant moi. Le rêve, des accras tout frais ! je déchanterai : ils se révèleront élastiques, de la pâte mais sans morue.

Au hasard des rues, Dominique trouve une belle échappée sur la mer. Sous un gros raisinier, une place de parking dans une rue tranquille où les maisons paraissent à moitié abandonnées. Vue sur le port. De curieuses vagues se déplacent latéralement et non pas face au rivage pour venir s’écraser sur la jetée.

Epines du Christ

En faisant demi-tour, Dominique avise de très belles fleurs rouges, si rouges et si fournies qu’on les a crues artificielles. Elles sont bien naturelles. La dame, intriguée de nous voir devant chez elle, est venue à notre rencontre.

« Ce sont des épines du Christ et elles se bouturent très bien »

Elle nous coupe un rameau, l’emballe dans du papier alu. Dominique nous prend en photo. Elle est ravie de cette rencontre inopinée. C’est ce qu’elle préfère dans les voyages.

La Plage des Raisiniers Clairs se trouve à l’entrée de la ville (en venant de Sainte Anne) à proximité du Cimetière hindou (curiosité signalée par les guides mais qui ne nous a pas paru spécialement hindou avec ses croix. Les guides parlent également d’un cimetière d’esclaves du XIXème siècle. La plage est réputée très animée le week-end, aujourd’hui, mercredi, au moins trois food-trucks proposent des repas élaborés (prix restaurant), des dames battent des sorbets-coco, proposent des chichis et autres sucreries. Le bord de la plage est à l’ombre sous les raisiniers. On apporte son fauteuil pliant mais le parasol n’est pas nécessaire. D’ailleurs, il n’y en a pas. Par chance, il n’y a pas de sargasses. Le sable est blanc, fin agréable sous les pieds. Comme à Bois-Jolan, la vague se brise sur la barrière de corail. L’eau est parfaitement tranquille. Les vagues qui passent la barrière sont amorties, très douces. Certaines zones sont bleu lagon, d’autres vertes avec les posidonies. La profondeur de l’eau est suffisante pour nager presque partout. Les porteurs de masque et tuba vont explorere les prairies de posidonie, les autres restent dans les piscines claires. On y socialise, les gens bavardent beaucoup. Après ma baignade j’achète un sorbet-coco à une jeune femme qui tourne la manivelle de la sorbetière. Délicieux !

Exploration des plages et curiosités sur le littoral entre la Pointe des Châteaux et Le Moule à l’aide de la Carte Michelin. Nous cherchons la Baie de l’Olive et sa chapelle. D’après la carte, cela paraît tout simple. En vrai, on tournicote sur de très petites routes pleines de trous qui deviennent des chemins et se perdent au milieu de nulle part. Nouvel essai de trouver l’Anse à l’Eau pourtant fléchée sur la route principale. Un jeune homme sur un vélo nous conseille de retourner à la route.

Porte d’!enfer

Dernière tentative : la Porte d’Enfer qu’on trouve, enfin. Un escalier descend à une petite anse bien tranquille à l’abri, tandis que les vagues se déchaînent sur les roches plus loin. Un sentier contourne le pic mène à un point de vue d’où on découvre la violence de la houle. Les déferlantes se brisent sur une sorte de plateau, cascadent, d’autres contournent le roc par deux côtés opposés et se rencontrent en une écume blanche.

Nous nous arrêtons devant l’Habitation Zevallos, très belle maison coloniale qui ne se visite que le mardi et le vendredi à14h30 sur Rendez-vous.

 

 

à travers la Grande Terre – mangrove – plage Babin – vieux bourg Morne à l’eau – Le Moul

GUADELOUPE 

La mangrove à la plage Babin

La Maison de la Mangrove Taonaba non loin des Abymes est malheureusement fermée. J’attendais beaucoup de cette visite et de la promenade sur le chemin de planches. Toujours vérifier les informations des guides même récents !

Nous suivons une route passablement embouteillée à travers les champs de canne et les constructions basses. A peine une vingtaine de kilomètre nous séparent de Basse Terre et le paysage a complétement changé. Plus de montagnes ni de crêtes, la plaine et des petites collines. Plus de jungle tropicale, des cultures, des maisons et tout a l’air plus sec. La campagne semble beaucoup plus construite. Les hameaux se succèdent. Nous croisons une charrette tirée par des bœufs, le charretier fouette les bestiaux d’un long fouet. Pas de photo, le smartphone est en fonction GPS.

Plage babin

A l’entrée de Vieux Bourg, nous trouvons la Plage de Babin qui est une grande aire récréative à l’ombre de beaux palmiers en bordure de mangrove avec des carbets pour les pique-niques et un gazon ras au bord de l’eau. Pas de sable, on y vient pour les bains de boue. Les gens se badigeonnent le visage (black faces !) et le corps. On se croirait au bord d’un lac tellement la surface de l’eau est lisse, pas une ride, mais une eau un peu trouble. Un groupe fait de la gym, sorte de danse mais sans musique. D’autres ont déjà sorti la nappe en toile cirée à 10 heures du matin. Je nage un bon moment.

Vieux Bourg est au bord du Grand Cul de Sac Marin bordé de mangrove entre Basse Terre et Grande Terre . Au port, deux pompes à essence pour les bateaux. Une grande école barre le bas de la colline coiffée par l’église de Notre Dame de la Salette (cela nous amuse parce que nous connaissons l’autre Salette près de Corps en Isère). La montée à l’église est courte mais raide.

Vieux Bourg : son école et son église perchée

Aujourd’hui les restaurants de Vieux Bourg font relâche. Seul le Romeric est ouvert, très bien situé le long d’un petit canal entre les palétuviers. Sur la terrasse, des petites tables aux nappes oranges et set bleus pétrole, un air pimpant, une carte alléchante. Il faut se dépêcher pour avoir la dernière table avec vue. Après une très longue attente, les plats arrivent enfin : deux poissons grillés desséchés pour Dominique, des palourdes noires de vase de la mangrove. Je renvoie les coquillages immangeables. Beaux joueurs, ils ne les facturent pas.

>Le cimetière de Morne-à-l’eau

La route vers Morne-à-l’eau est complétement saturée. Autour de Pointe à Pitre nous avions trouvé cela  normal, mais en pleine campagne ! Visite du célèbre cimetière aux tombes carrelées noire et blanches, certaine font preuve d’un peu d’originalité et disposent les carreaux à leur fantaisie, un petit coq en faïence colorée est posé sur une tombe. On ne s’attarde pas.

La N5 de Morne-à-l’Eau au Moule est aussi bien encombrée, heureusement ce n’est pas loin. Nos hôtes nous avaient prévenues qu’il n’y aurait personne pour nous accueillir au gîte. Le portail est ouvert, je compare la maison à l’image de AirBnB. La Ti-Case paraît plus grande que sur la photo. Sommes-nous vraiment arrivées chez nous ? Un buisson taillé, une statue qui a changé de place, sinon tout correspond.

La Ti-*case

La Ti-Case est une case de planches bleues, volets de bois jaune. Table, bancs et étagères de cuisine bleu pâle sur la terrasse. A l’intérieur, une grande salle partagée en deux : côté chambre un lit sous une moustiquaire, côté salon, un canapé et un fauteuil bleu. Salle d’eau avec douche. Tout est très joli, il y a tout le nécessaire, rien de trop (pas de fenêtre, juste des volets) pas de télé mais la wifi, pas de clim mais un grand ventilo qui tourne vite. Seul hic, les rangements : pas d’armoire, des cintres sur des tasseaux dans les coins et des étagères. Ne sortir des valises que l’indispensable, plier les vêtements posés sur l’étagère. Pareil pour les courses, si on prend trop, on ne saura où le caser. En revanche, on nous a préparé l’épicerie de base, sucre, café, thé, punch, huile, sel poivre. Ce confort minimaliste me ravit.

Le terrain autour est vaste, une haie de yuccas très épaisse et très haute (et fleurie) nous isole de la grande maison de nos hôtes. Un mur blanc bordé d’aloès, d’une très belle palmeraie de cocotiers. Un bougainvillier rose donne sa touche de couleur. Dans la palmeraie nous découvrons une tour. La plage n’est pas loin, à pied il suffit de descendre une allée.

Tout se présente très bien !

 

 

un dimanche à la plage autour de Sainte Anne

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Plage de Bois-Jolan

Un dimanche à la plage, c’est la foule garantie.

Les Guadeloupéens y vont en famille, entre amis, en tribus. Ils occupent les carbets ou installent sous les arbres des tables avec des marmites, des barbecues sans oublier les hamacs et la musique. Les marchands, au bord des routes et des parkings proposent des accras, chips de bananes, bokits, biscuits au caramel ou au coco. J’ai même trouvé, caché dans les feuillages, le vendeur de poulet boucané (barbecue taille bidon) qui a aussi mis sur l’ardoise Ti-punch. D’où sort-il bouteilles et verres ? C’est de la magie.

La N1 aux alentours de Jarry et de Pointe-à-Pitre est bien dégagée tandis que la traversée de Gosier et celle de Sainte Anne s’effectue à très petite vitesse.
Nous sommes à la recherche de l’introuvable : une plage sans sargasses avec un parking ombragé et un restaurant de plage.

Anse Drumont les sargasses ont envahi le port

Premier arrêt à Saint Félix (Le Gosier). Au petit port de l’anse Drumont, il y a des bateaux de pêche, des filets, des abris pour le matériel de pêche. Sur une hauteur, un restaurant coloré, jaune et bleu. Le port est rempli de sargasses, l’eau orange.

Le sentier côtier passe par ici. Espérant trouver une plage, je le suis en direction de la Pointe Carnot. Très belle promenade matinale, à l’ombre de végétaux que je ne connais pas (des panneaux signalent que les fruits sont toxiques). Je croise des joggers. Il passe à côté d’une plage rocheuse, platier corallien, eaux très peu profondes, seules quelques petites « piscines » sont exploitables pour une baignade, surtout occupées par des enfants. Les adultes ont de l’eau à mi-mollet. Sous les arbre un groupe pratique une gymnastique asiatique en cercle autour d’une boîte qui dévide les sons d’une langue exotique. Le sentier sort du petit bois pour traverser une prairie rase où paissent des bœufs accompagnés de leurs hérons-pique-bœuf. Un peu plus loin, je fais le tour d’une mare fleurie de nénuphars et bordée de papyrus. Plus loin, encore une plage coralline. Le sentier arrive à la Pointe Carnot sur une petite falaise blanche.

Coraux et sargasses conjugués, pas de baignade. Aucune importance, la promenade suffisait.

Sainte Anne est embouteillée. Sur la place, un « marché artisanal » destiné aux touristes draine beaucoup de monde. On nous a recommandé la Plage de la Caravelle, plage du Club Méditerranée qui enlève systématiquement les sargasses. Il faut se garer un peu plus loin et rejoindre la plage à pied. La plage est ouverte au public (Loi Littoral oblige). Pas très pratique pour nous. La Plage du Bourg est propre. On y accède par une Croisette, promenade arborée de palmiers. Dès 10h 30,il y a beaucoup de monde et les parkings (payants) sont pleins.

Anse du Belley : les sargasse

Dépassant le village de Sainte Anne, nous obliquons vers l’Anse du Belley. Belle plage déserte à l’arrière d’une pelouse. Les sargasses sont en très grande quantité. J’y rencontre deux jeunes couples étonnés : « hier, il n’y avait rien et on pouvait se baigner ! ». Ils nous recommandent la plage suivante de Bois-Jolan .

 

Le parking de Bois-Jolan est bondé, seule place : à côté des poubelles où l’on a déposé toutes sortes d’encombrants face à l’étal des vendeurs d’accras, chichis,   camion de bokits. Non loin on broie de la canne .

Bois-Jolan le dimanche

Heureuse surprise : pas de sargasses, de l’eau turquoise, du sable blanc. Une très belle et très grande plage. La frange blanche des vagues est arrêtée par la barrière de corail. Leurrée par le sable blanc je laisse mes chaussons. Quelle erreur ! L’eau turquoise clair marque des cuvettes de sable où l’on peut se baigner mais pas vraiment nager : les genoux touchent le sable et parfois une pierre. Là où l’eau est verte, presque noire, les posidonies cachent des rochers, parfois très coupants. Il faut se méfier des coraux : j’en ai fait la douloureuse expérience à Koh Samui et mes pieds ont mis trois semaines à cicatriser. Plutôt que de nager, je me promène de cuvette turquoise en cuvette turquoise. Il faut visualiser le parcours et aussi contourner les familles qui se prélassent. Peu de natation donc mais une promenade dans un cadre magnifique.

Dominique, au parking, vit un enfer : musique tonitruante et surtout conducteurs agressifs qui convoitent sa place (à côté des poubelles). Elle a failli en venir aux mains avec une dame qui lui demandait de reculer, menaçante.

J’avais imaginé que nous déjeunerions d’accras ou de poulet. Impossible de rester une minute de plus. Tant pis ! rentrons au gîte ! Après tout, j’ai fait de belles promenades et je me suis baignée !

 chez Anne, au vieux temps

Nous retraversons Sainte Anne sans conviction. Dernier arrêt au petit port Les Galbas. Pas de plage, un port minuscule avec 5 jet-skis. Sous de grands palmiers, un tout petit restaurant, Chez Anne au vieux temps :  5 ou 6 tables sous un auvent et quelques-unes à l’intérieur. La cabane est peinte de couleurs vives. Au menu : poisson « court-bouillon » ou  « chatrou »(poulpe) . Nous commandons le poisson-court-bouillon pas du tout bouilli comme son nom l’indique mais si délicatement grillé qu’on distingue encore les couleurs. Poisson frais dit la serveuse perroquet rouge pour moi, celui de Dominique a de jolies rayures jaunes formant des vagues. Délicieux. Servi avec du riz aux haricots rouges, des beignets de courgettes et des crudités. Avec un verre de vin, une grande bouteille d’eau et un café l’addition se monte à 38 €. Nous avions refusé le dessert de bananes flambées ignorant qu’elles étaient comprises dans le menu.

Déjeuner sous un palmier

Il fait tellement bon à l’ombre du palmier avec vue sur mer que je sors mon carnet-moleskine. Dessiner permet de s’immerger totalement dans le décor, s’attacher aux détails, aux proportions. Une demi-heure zen !

Avant de quitter Les Galbas, je me promène au bord de la mer, découvrant tout un quartier de cases en bois, celles des pêcheurs, de pontons, la petite guérite où le pêcheur vend son poisson frais pêché. Palmiers et arbres divers>. J’arrive à une construction de bois, bar ou restaurant mais fermé. La promenade s’arrête dans l’anse suivante pleine de sargasses en décomposition avec une odeur horrible.

les Galbas : quartier des pêcheurs

Selon Mireille, notre logeuse, cette arrivée massive de sargasses cette année est tout à fait exceptionnelle en mars. Généralement elle n’arrivent qu’au mois de mai et on ne les observe jamais à Sainte Rose ou sur la Côte Ouest de Basse-Terre. Selon elle cet afflux proviendrait du Brésil, résultat de la déforestation de l’Amazonie et de l’agriculture intensive. Elle met aussi en cause le Mexique.

 

autour de Sainte Rose : Randonnée Saut des Trois Cornes, Plage des Amandiers, baignade près de la mangrove

GUADELOUPE

Cascade saut des trois cornes

Mireille nous a formellement interdit de faire la randonnée du Saut de la Lézarde, difficile, dangereuse et fermée. En remplacement je ferai celle du Saut des Trois Cornes à laquelle j’avais renoncé la semaine dernière. Munie du bâton de Mireille je suis bien décidée de la faire intégralement. Le sentier part des Bains de Sofaia. Il est à couvert dans une forêt tropicale très dense. Très bien tracé avec de nombreuses marches (toujours trop hautes pour moi). Il faut marcher sur les racines et être très attentive. Dès le début cela descend très raide. Il n’a pas plu depuis une semaine, le sol est sec et ne glisse pas. Je suis ma progression sur Visorando, cela me rassure toujours. Je n’aime pas commencer un parcours par une grande descente il faudra remonter en fin de circuit. En revanche, marcher toujours à l’ombre est un véritable plaisir.

Après 50 minutes, j’arrive à la Rivière Moustique qu’il faut passer. Je ne suis pas à ‘aise sur les gros rochers ronds, comme à la rivière de la Coulisse, j’ai encore le bâton dans une main et le téléphone dans l’autre et le même pantalon tout mou. J’essaie de coincer le téléphone dans le soutien-gorge. Je glisse et trempe le pied droit. Pourquoi avoir seulement le droit mouillé et pas le gauche. Je passe les pieds au fond et c’est bien plus facile. La cascade est merveilleuse. On peut même se baigner dans une vasque cachée. Malheureusement je ne suis pas seule ! un homme se tient en plein milieu de la photo pas du tout décidé à laisser le champ libre.

Trois possibilités pour le retour : le sentier sylvicole, le sentier de l’aller, ou la boucle complète par al trace de Baille-Argent (50 minutes). J’opte pour la dernière, plus longue mais beaucoup plus tranquille avec moins de marches. Je marche seule sans être dérangée.

Visorando avait estimé le circuit à 1h20 pour la boucle. J’en aurai mis 2h.

La suite de la journée ressemble à jeudi de la semaine dernière.

Plage des Amandiers

Apéro devant la Pointe Madame à Sainte Rose. Belle vue mais une alerte : les sargasses sont arrivées. Nous poursuivons vers la Plage des Amandiers. Dans le creux, avant un pont, on a installé une tente, une table et des bancs pour une « réunion culinaire » : deux barbecue, taille moitié de bidon, des marmites sur la table. La liste des prix est affichée (autour de 10€)  morue, cabri, fricassée de coq, ailes de poulet…On prend un ticket dans un carnet à souches et on vous donne le plat dans une barquette à emporter. On peu aussi manger sur place, il y a des assiettes. Notre pique-nique est prêt. Dommage !

La Plage des Amandiers est bordée d’une belle forêt de hauts arbres . le amandiers guadeloupéens sont de grands arbres (Terminalia catappa – Badamier)accompagnés de hauts palmiers et de raisiniers-bord-de-mer près de l’eau. Ici aussi, des sargasses sur le bord de la plage. Ce ne sont pas elles qui empêchent de se baigner mais plutôt les vagues puissantes qui déferlent sur le sable mouillé très en pente. Personne ne se baigne.

Pour aller nager, nous retournons à la Pointe Granger à la limite de la mangrove. L’eau est si lisse que je peux nager comme à la piscine de longues traversées. J’ai gardé mes chaussons parce que l’eau est peu profonde et que les fonds sont rocheux. Des hommes ont mis à l’eau des jetskis. Je les surveille. Ils pourraient me couper la tête. En rpéparant leur matériel ils ont sonorisé la plage. En Guadeloupe, le fort volume est inévitable. Reggae ou musique créole, du rock un peu de rap. Au moment où je sors les 3 jetskis s’élancent. S’en est fini de la « piscine » tranquille. Nous rentrons.

 

 

visite de Pointe-à-Pitre en touktouk

GUADELOUPE

Tout près du musée, quelques blocs tout propres sont décorés en Street Art. La vieille ville de Pointe-à-Pitre, aux maisons coloniales de bois à balcons, est plutôt en ruines. Les graffeurs Street Art se sont emparés de ces murs en deshérence pour donne « de la couleur à la ville ». Je me suis promenée dans le périmètre compris entre le brillant, éblouissant MACTe, la bruyante gare routière (cars orange) et une colline et la rue Raspail enjambée par un pont ancien la Voûte.

Centre-ville de POInte à Pitre

J’ai découvert martin Luther King et Malcom X , figures obligées mais aussi des anonymes. La façade d’un ancien garage est peinte de violet, bleu avec une jeune fille qui se retourne.

I had a dream

 

Le quartier est délabré mais au rez de chaussée, il y a plein de boutiques et de petits restaurants et snacks « à emporter ». J’achète une brochette de poisson servie avec du riz et des crudités dans une barquette .

Où se poser pour déjeuner ? Derrière le musée, il y a une jolie vue sur la marina ;  mais les parkings sont en plein soleil. La pluie annoncée n’est pas venue. Nous suivons le rivage et aboutissons sur le campus de l’Université. Nous déjeunons à côté de la Bibliothèque Universitaire avec un panorama fantastique. Les étudiants ont bien de la chance d’étudier dans un campus si bien situé !

marché aux épices

A 14 h nous avons rendez-vous avec Baptiste Enoch pour un tour de la ville en touktouk. Merveille de la technologie : un coup de fil de réservation, un message Whatsapp avec le lien vers Googlemaps qui nous guide directement vers le rendez-vous. Les bureaux de Pousse-Pousse sont situés près du port à moins de 100 m du débarcadère des croisières. Justement un navire Costa est à quai et des touktouks attendent les croisiéristes.

Comme nous sommes en avances je vais faire un tour au Marché des Epices : vanille, cannelle, épices, rhum, punch madras, fruits exotiques. Un très joli marché touristique. Plus touristique que celui de Basse-Terre qui avait aussi des étals de fruits, légumes et d’articles de la vie quotidienne.

« qu’est-ce que tu veux doudou ? » demande la marchande toute habillée de madras. Je lui montre mes poches vides. « Tu as laissé ton portemonnaie mais tu n’as pas oublié l’appareil -photo ! » pas question de photographier, elle n’est pas commode.

Baptiste est habillé comme un steward de croisière, casquette et chemise blanche, souriant, aimable, très pro. Il m’entraine dans les bureaux pour régler la course (39€/pax) . Ils sont installés dans un hangar de stockage assez vaste pour y garer les touktouks mais pas seulement ! Pendant le confinement il a construit une sculpture GUADELOUPE en carton ondulé. Cela rappelle la technique d’Eva Jospin en moins sophistiqué ? Sur le thème du recyclage, il y a aussi un portrait de femme en capsules de bière. Le thème de la visite de Baptiste est le Street Art qui « donne des couleurs à la ville ». Le centre de Point à Pitre est en déshérence. Les belles maisons coloniales à balcons, les cahutes de bois tombent en ruine. Il suffit parfois de peu de travaux pour leur rendre leur lustre. Souvent en indivision, elles n’ont pas été entretenues et sont abandonnées. L’une d’elles près du port a été réinvestie en Auberge de Jeunesse aux couleurs de l’Arc en ciel, trois points levés en planches sont brandis sur la façade. Le Street-art est gai, convivial et aussi politique. Le recyclage est largement utilisé : pour les sculptures en utilisant les pièces métalliques des moteurs de bateaux.

Nous passons par les rues que j’avais découvertes à pied mais Baptiste nous fait remarquer des détails que je n’avais pas vus. Le Street Art habille des maisons ruinées et décore des blocs neufs. Il égaie les blocs HLM qui seraient bien triste autrement. Sur ces derniers immeubles les graffs occupent souvent plusieurs étages. Tout en nous montrant les peintures, Baptiste insiste sur l’architecture de maisons qui ne paient pas de mine. Certains sont très petites en façade mais elles sont très profondes. Parois on découvre un jardin à l‘arrière. Quand la maison s’est écroulée, les artistes ont utilisé les vides pour y installer des recoins conviviaux comme cette petite cour bleue où des panneaux de circulations mis à l’horizontale font des tables où s’accouder pour poser sa bière ou son verre de Ti-punch. Une impasse entière est dédiée aux femmes belles et jeunes mais aussi vieilles et malicieuses.

J’ai retenu plusieurs signatures : Al Pacman, Skem, B.Bird (Ronald Cyrille) malheureusement j’en ai oubliés.

A côté du très moderniste, très brillant, exemplaire Mémorial ACTe, construit à grands frais, on a laissé se dégrader l’énorme Centre des Arts construit par la Mairie en 1978, fermé depuis 2008 pour travaux puis abandonné après que l’entreprise chargée des travaux ait fait faillite. Le 21 juillet 2021, un collectif « Artistes en résistance » investit les lieux pour réclamer la reprise des travaux.

Après avoir salué le portrait de Maryse Condé qui domine l’entrée, je visite à la suite de Baptiste les salles décorées de graffs, de photos et d’installations. Il y a également une (petite) bibliothèque. La très grande salle de spectacle n’est plus que ruine. Quel gâchis ! Avec des gaines de mousses isolante un oiseau a été construit : colibri, ironie !

A côté du Steet Art, Baptiste nous montre la ville historique : l’énorme Place de la Victoire, fondée par les Anglais qui ont occupé plusieurs fois la Guadeloupe et développé Pointe à Pitre en rivalité avec Basse Terre, la capitale, alors française avec son grand fort. Arrêt devant une fresque, ou plutôt un bas-relief représentant des manifestants mis en joue par des CRS. Le 25-26 mai 1967, des ouvriers du bâtiments, en grève qui réclamaient 205% d’augmentation, furent réprimés de manière sanglante, à balles réelles, faisant au moins 8 morts (récit de l’Humanité)

La place ronde est suivie d’une vaste esplanade plantée de manguiers séculaires datant de la Révolution, un kiosque à musique y est installé ; sur son pourtour des bâtiments anciens . Nous nous arrêtons devant la cathédrale, puis devant le cimetière impressionnant par la taille des monuments funéraires, véritables chapelles. A côté de la ville, un véritable village de bois et de tôles _ favela – l’appelle Baptiste qui nous montre aussi les aspects misérables de Pointe-à-Pitre.

La ville est étonnamment peu peuplée (16.000 ha) et pourtant pôle d’attraction économique. On y travaille mais tous ceux qui peuvent se le permettre n’y habitent pas préférant vivre dans la nature ou en bord de mer. Ce qui explique les embouteillages à l’heure de pointe.

Après le tour en touktouk, je retourne au Marché aux épice acheter mes cadeaux-souvenir : gousse de vanille, cannelle, cartes postales passant devant le restaurant libanais Fayrouz, je remarque que de nombreux commerces sont aussi libanais.

 

Ronald Cyrille B. Bird

GUADELOUPE 

J’ai préféré passer plus de temps à regarder l’exposition de Ronald Cyrille AkaB ;Bird artiste invité 2022 -2023 au MACTe. B.Bird est le pseudonyme de l’artiste né en 1984 à Saint Domingue, il est arrivé en Guadeloupe . Il a étudié et il vit en Martinique.

J’ai beaucoup aimé les collages roue/blanc/noir évoquant l’esclavage : hommes découpés, corps étirés, torturés. D’autres œuvres sont très différentes touffues, très colorées rappelant la nature exotique, les couleurs caribéennes avec des jaunes acides bleus turquoise. Images violentes, homme-coq, hommes-chiens avec des dents très visibles. Images violentes.

 

 

 

souleymane Bachir Diagne : Léopold Sedar Senghor -L’Art Africain comme Philosophie

Souleymane Bachir Diagne est né à Saint Louis du Sénégal en 1955 , ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, philosophe et mathématicien, professeur à Columbia. A l’occasion de la Masse Critique de Babelio j’avais lu Le Fagot de ma Mémoire essai autobiographique que j’avais apprécié. CLIC

A la suite de l’Exposition Senghor au Quai Branly CLIC

Et de ma visite au Mémorial Acte de Pointe-à-Pitre j’ai eu envie de revenir à Senghor et à Césaire avec le concept de négritude par ailleurs décrié. il n’est pas indifférent que la citation de Wolé Soyinka figure en première place dans les deux expositions et dans le livre de Diagne:

Ainsi lorsque l’écrivain nigérian Wole Soyinka s’est gaussé de l’affirmation de soi qu’est la négritude en
déclarant que le tigre ne se pavanait pas en proclamant sa tigritude mais manifestait celle-ci en sautant sur sa
proie, il a eu, bien évidemment, les rieurs de son côté. Le bon sens philosophique, quant à lui, était dans la
réponse que lui fit Senghor : le tigre est une bête.

Cette lecture L’Art Africain comme philosophie de Diagne m’est devenue évidente. Problème : Diagne est philosophe et quand il écrit de la philosophie il est extrêmement pointu, et la philo pour moi se résume à mon année de Terminale (1967-68), souvenir extrêmement lointain. J’ai donc fait une lecture superficielle de cet essai en sautant délibérément les notes de fin de chapitre, incapable de saisir les finesses concernant Bergson, Lévy-Bruhl, Teilhard de Chardin ou les différences entre les idées de  jeunesse et de maturité de  Marx

« Cette intuition première que l’art africain est une philosophie et une philosophie humaniste, Senghor n’a jamais cessé de l’exprimer toute sa vie dans ses textes théoriques. »

L’Art Africain comme philosophie, l’Art comme instrument politique de gouvernement .

« Pour Senghor, certainement, la preuve de la négritude c’est l’art nègre. »

 

Chronologiquement il faudrait commencer par la visite au musée du Trocadéro en 1907 de Picasso, celle d’Apollinaire et les écrits de Paul-Guilllaume et de Malraux. Sortir les masques africain des collections d’ethnologie, leur accorder une place dans les grands musées comme le Louvre.

Cherif Thiam – Baobab

Sartre a aussi joué un rôle important (quoique ambivalent) avec son Orphée noir, préface au Manifeste poético-politique de la Négritude. Dans la perspective de l’Existentialisme, en miroir avec ses écrits sur la condition juive. La stature de Sartre peut aussi faire de l’ombre aux causes qu’il soutient. 

Nombreuses critiques viennent des communistes. Dès 1949, d’Arboussier dénonce la négritude comme « une dangereuse mystification« , 

« En réalité l’attaque vise l’existentialisme lui-même en ce qu’il semble engagé, avec Orphée noir et la négritude
comme son avatar poétique, dans l’entreprise d’introduire le leurre et la confusion de la race dans l’arène de la lutte contre la domination capitaliste et impérialiste. »

Césaire, également fondateur du concept de Négritude : 

Lettre à Maurice Thorez où, en 1956, Aimé Césaire fit de sa démission du Parti communiste français, outre une
protestation contre l’alignement du pcf sur l’Union soviétique, le geste d’affirmer la réalité d’un particulier dont le destin n’est pas de se fondre dans l’universel

Il est dans ce livre beaucoup question de masques africains avec le questionnement de leur statut comme œuvre d’art à part entière. Il est aussi question de poésie. Senghor est avant tout un poète!

Masques et poésie sont porteurs de Rythmes. Rythme est le titre de tout un chapitre.  Diagne s’attarde sur cette notion très originale de Rythme. 

« Seul le rythme provoque le court-circuit poétique et transforme le cuivre en or, la parole en verbe ». Senghor

 

« Le rythme, c’est le choc vibratoire, la force qui, à travers les sens, nous saisit à la racine de l’être. Il s’exprime par les moyens les plus matériels, les plus sensuels : lignes, surfaces, couleurs, volumes en architecture, sculpture et peinture ; accents en poésie et musique ; mouvements dans la danse. Mais, ce faisant, il ordonne tout ce concret vers la lumière de l’Esprit.

 

En nos temps actuels de Cancel culture, de racialisation et autres recherches de particularismes, il est essentiel de noter que la Négritude  comme la pensait Senghor est indissociable de Métissage et de Créolité, les différences ayant pour finalité l’humanisation

Faire « une terre totale » : cette magnifique expression pourrait servir de cri de ralliement à ceux qui œuvrent à
une autre mondialisation et elle donne contenu à ce qui a été appelé plus haut « mondialité Unesco ». Ces lignes
de Pierre Teilhard de Chardin, Léopold Sédar Senghor les a citées avec ferveur comme annonçant « la ‘véritable union’ qui ne confond pas, mais différencie en enrichissant mutuellement »

Cette « terre totale » s’opposant à la mondialisation comme circulation des biens et des marchandises. la « Mondialité UNESCO » opposée à OMC

Pour cette mondialisation-là, qui s’identifie au projet de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) de faire marchandise de tout, il y a le produit culturel d’un côté, ses consommateurs potentiels de l’autre. Et il s’agit que la liberté, entendue comme le libre accès du produit au consommateur, ne soit empêchée par rien. Que sur ce marché ne se retrouvent guère les œuvres culturelles qui ne sont pas portées pas de solides puissances d’argent, cela est dans l’ordre naturel – autrement dit darwinien – des choses.

[…]
Pour faire pièce au rouleau compresseur, il y a ce que l’on pourrait appeler, par contraste, la mondialité Unesco3.

 

Récemment j’ai écouté la voix de Souleymane Bachir Diagne sur le podcast de France Culture A Voix nue ICI