MASSE CRITIQUE DE BABELIO
fagot de ma mémoire est un court récit autobiographique rédigé à New York pendant le Confinement. Souleymane Bachir Diagne, est professeur à l’Université Columbia, philosophe, mathématicien (il a consacré sa thèse à George Boole), élève de Althusser et Derrida, il se qualifie dans le livre de « althusserien et soufi » . Chacun des neufs chapitres du livre porte le nom d’une étape dans la vie de Diagne, Saint Louis, Ziguinchor, Dakar Sicap, Paris, Cambridge Massachusetts, Dakar les Mamelles, Chicago Illinois, New York. Trois villes sénégalaises de son enfance, trois continents. A Paris, comme Senghor avant lui, il intègre la Rue d’Ulm , prépare l’agrégation de philo, mais va aussi danser au Palace (avec Schopenhauer en poche), Jeune agrégé, il passe par Harvard en 1979 et découvre la ségrégation raciale. Après avoir soutenu sa thèse, il rentre au Sénégal pour une brillante carrière universitaire enseignant la « philosophie africaine ». Il est vivement question de décoloniser les esprits. Les années 1980, marquées par la révolution iranienne voient aussi surgir une réislamisation des sociétés musulmanes.L’islam devient une question géopolitique et le département de philosophie ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la philosophie islamique ni de la décolonisation de l’histoire de la philosophie. Il étudie un philosophe indien Iqbal appelant à reconstruire la pensée religieuse de l’Islam. Là, je décroche un peu, n’étant pas du tout au fait des différents courants religieux. Toutes ses explications sur le soufisme m’intéressent bien sûr, mais je n’ai pas tout saisi.A Chicago, il rejoint un programme pluridisciplinaire sur les études africaines. Entre temps la tragédie du 11 septembre donne un autre sens à l’enseignment de la philosophie islamiste. Le soufisme, mouvement tolérant est discuté.
A Columbia, on lui offre un poste sous le signe du postcolonial ou du décolonial.« Si le postcolonial était une religion, Columbia serait son premier temple »C’est là qu’Edward Said a enseigné. La querelle entre postcoloniaux et pourfendeurs de ces postcoloniaux au nom de l’universalisme, principalement européens et français est une question passionnante et d’actualité.
Le mot de la fin est bantou : Ubuntu : « faire humanité ensemble, S’opposer aux inégalités entre les nations afin que chacun puisse se réconcilier avec elle-même et se sentir une parcelle d’une humanité solidaire….c’est la définition que Jaurès a donné du socialisme »
Une réflexion sur « Le fagot de ma mémoire – Souleymne Bachir Diagne »