La Plage de Pembroke et les tours Martello au dessus de l’Ancresse
Il fait un temps merveilleux, l’eau est presque tiède (la Manche, pas la Méditerranée. J’en profite pour une belle matinée plage sur la Plage de Pembroke. Plage de sable fin très doux pour marcher. A marée haute les bancs rocheux disparaissent. Je parcours pieds nus cette belle anse.
Je combine 3 promenades du Perry’s Coastal Walkspour retrouver Dominique plus au sud vers Port Soif
promenade 14 – de l’Ancresse à Chouet (3 km ) facile
Le sentier fait le tour d’un petit cap où se trouve le Fort Pembroke(1778 -1811) cachant la toute petite Baie de la Jablonneuse. De l’autre côté, un golf, environnement vert et tranquille. Au lieu-dit Crève-Coeur, c’est une réserve naturelle. Cela se gâte ensuite. Le Mont Cuet et le cap Chouet sont enfermés derrière de hauts grillages . Les carrières ont creusé de grands trous. Un ouvrier en salopette orange interdit le passage. Avec un couple de retraités, je suis consignée sur un banc face à la mer. Une sirène va retentir, puis un Boum! (tir de mine) et enfin une sirène nous signalera que les tirs sont terminés et que nous pouvons reprendre la promenade.
Vazon à marée basse
promenade 13 – Grand Havre Bay : de Chouet à Rousse Tower 5.5 km facile
On longe encore le Golf, environnement agréable quoique non dénué de danger : un écriteau prévient qu’il faut prendre garde aux tirs de golf! (après les tirs de mine….). Le Grand Havre est une vaste baie avec nombreux bateaux. Le sentier est proche de la route et des constructions, ce n’est pas très agréable de marcher près de la circulation. Je passe devant l’église Vale Church. J’ai raté le site néolithique signalé sur le petit livre les Fouaillages.
la fin du parcours se fait en bord de route, bien fréquentée à cette heure-ci. La tour de La Rousse fait encore partie du système de défense des 15 tours martello mais elle a été rénovée et a fière allure. Toujours une tour ronde de deux étages inspirée des tours génoises corses mais au centre de fortifications en étoile avec des canons encore en place.
Guernesey ail et ciel bleu
Promenade 12 – De la Tour de la Rousse au tir au pigeon Les Pecqueries (2.5 km) Facile mais en bord de route. la côte est sableuse. Le sentier court dans des dunes bien plates.
Nous avions prévu de piqueniquer aux Grandes Rocquesmais un mur d’escalade a été installé pour des scolaires et le parking est occupé. Nous terminerons notre journée balnéaire à la plage de Vazon. Malheureusement à marée basse la baignade n’est pas possible. La mer s’est retirée vraiment loin.
Perry’s Coastal Walks&Nature walks propose 16 promenades en suivant le sentier côtier dans le sens des aiguilles d’une montre.
J’ai commencé par la N°2 . Jerbourg to Icart Point – 5 km– notée difficile . le parking de départ est facile à trouver. On suit une petite route en corniche bordée de très belles maisons pour trouver le sentier. Magnifiques vues sur les falaises, les côtes découpées et au loin les îles. Le sentier est noté « difficile » parce qu’il monte et descend, le bâton de marche aide en montée mais n’est nullement obligatoire. Comme à Crozon, les rochers sont nommés Tas de Pois, ici Tas de Pois d’Amont. Cette toponymie en français donne un charme particulier à Guernesey. Au-dessus de la plage « Le Petit Port » j’aboutis à deux parkings et perds un moment le sentier. Un magnifique palazzo blanc méditerranéen domine le paysage, C’est « Le Vallon » curieux nom pour un manoir en hauteur pas du tout dans un vallon. la Fosse, marque un creux dans le relief (logique) jolie grimpette pour remonter sur le Cliff Path qui se trouve en hauteur sur la falaise.
Renoir est venu peindre sur un point de vue signalé par un panneau. Deux petits restaurants sont nichés au bord de l’eau, celui de Saint’s Bay a l’air très sympathique. Nouvelle grimpette, belles vues avant de rejoindre Icart Point (parking très bien aménagé, toilettes) proche du sentier. Sans me presser, j’ai mis moins de deux heures et n’ai ressenti aucune difficulté particulière.
C’est une très belle promenade plutôt facile.
3. d’Icart Point à Petit Bôt : 2.5 km – notée facile
la plage de Petit Bot
La géologue remarque(sur le livret-topoguide) que les gneisses d’Icart sont très datés 2700MA , une des plus anciennes formation d’Europe. la promenade en balcon continue sans difficultés et toujours avec de belles échappées.
Le parking de Petit Bôt est tout près de la plage, en face d’un très beau café dans une échancrure de la falaise. La plage est une crique étroite. A marée haute c’est du sable, mais la mer est descendue et il faut des petits chaussons pour marcher sur les galets. La baignade est très agréable à marée basse.
Une tour pré-Martello(N°13) fait partie des 15 tours de défenses construites pendant la Guerre d’Indépendance américaine (1778) , en réponse à la menace d’une attaque Française alliée aux Américains. Tour ronde de deux étages, leur construction furent inspirée d’une tour génoise en Corse au Cap Mortella (d’après Wikipédia, cela m’a bien amusée). Evidemment, je pense à Ulysse et James Joyce. Evidemment, les Allemands ont fortifié ce point de défense mais ne s’en sont pas servi!
Deux promenades combinées, une belle baignade. Beau programme pour une journée ensoleillée. Nous attendons des invités ce soir au pub, il est temps de rentrer se préparer.
promenade n°5 de Pleinmont à Petit Bot (8 km )
Je l’avais faite à notre première visite en octobre 2022, sous un temps maussade et j’avais peiné à monter et descendre d’innombrables marches mouillées. j’avais trouvé les falaises spectaculaires et le parcours austère. Cette impression était sans doute due à la météo. Cependant c’est la partie la plus difficile du tour de Guernesey;
“Masculin, féminin, tout ça je peux faire. Mais neutre – c’est là que je me sens à l’aise. Je ne me laisserai pas enfermer dans un rôle ni mettre en boîte. Jamais. J’aurai toujours le choix.”
J’ai « rencontré » Claude Cahun la première fois à l’Exposition Pionnières CLICau musée du Luxembourg. Une deuxième fois sur un podcast de RadioFrance qui raconte la Résistance surréalistedeClaude Cahunet de Suzanne Malherbe, sa compagne sur l’île de Jersey CLIC contre l’occupant nazi. Dernièrement, un documentaire sur Arte leur est consacré.
Avant notre départ pour Guernesey j’ai cherché un livre pour nous accompagner. Certes, l’action se déroule à Paris et à Jersey, île voisine. Mais l’occupation allemande sur Jersey et Guernesey ont marqué l’histoire de ces deux îles jusqu’aujourd’hui encore.
Jamais d’autre que toi raconte l’histoire d’amourde Lucie Schwobet Suzanne Malherbe qui commença à l’adolescence, à Nantes pour durer toute leur vie. La narratrice est Suzanne.
« Je ne nous considère pas comme des lesbiennes, dit-elle. Nous sommes simplement deux personnes – deux personnes dont il se trouve qu’elles s’aiment. — Nous sommes des femmes dont il se trouve qu’ elles s’aiment, dis-je. — Le genre n’a rien à voir. Je t’aimerais quoi que tu sois. Homme, femme, hermaphrodite…”
Au tout début du XXème siècle, l’homosexualité féminine était complètement ignorée et non pas réprouvée comme l’homosexualité masculine. C’est donc en toute bonne foi que le père de Lucie Schwob confie Lucie, anorexique et dépressive, à la garde de Suzanne Malherbe de deux ans plus âgée. Les deux jeunes filles partent ensemble en vacances et partagent leur quotidien sans problème. Elle seront encore plus proches, demi-soeurs quand la mère de Suzanne épouse le père de Lucie.
Artistes toutes les deux, Lucie est poète, Suzanne plasticienne. Elles inventent leur vie, se créent des identités, changent de nom Lucie devient Claude, Suzanne, Marcel. Elles jouent avec les apparences physiques
. Claude se rase le crâne, adore être prise pour un homme. Toutes deux se photographient dans des mises en scène androgynes ou carrément surréalistes.
Signé Moore
Elles fréquentent les surréalistes :
« André Breton, Robert Desnos, Philippe Soupault… C’est plus tard seulement que j’ai pris conscience de ce que signifiait ce dont j’avais été témoin ce soir-là – non de la naissance du surréalisme, sans doute, mais d’un aperçu du mouvement dans sa petite enfance. »
Nous ne fîmes néanmoins aucune tentative pour nous joindre à eux. […] il nous semblait que le mouvement était dominé par des hommes apparemment peu disposés à prendre les femmes au sérieux, ou incapables de le faire, et qui considéraient l’homosexualité avec méfiance, voire dégoût. En outre, nous n’étions pas réellement intéressées par l’affiliation.
Jamais d’autre que toi est un roman historique racontant la vie artistique et littéraire à Paris , on croise aussi Michaux, Gertrud Stein, Marguerite Moreno et des acteurs de théâtre un peu oubliés,Foujita, Dali…
A l’approche de la Seconde Guerre mondiale, Lucie qui a déjà souffert de l’antisémitisme pendant son enfance pressent le drame qui se noue et les deux femmes vont chercher un refuge à Jersey.
. Nous allions partir à Jersey, avec ses plages idylliques, ses vallons et ravins verdoyants, son délicieux isolement. Des amis viendraient de temps en temps nous rendre visite, mais nous aurions l’intimité et la paix. Notre vie serait tranquille, nous ferions des photographies. Nous nous aimerions
La paix? c’était sans compter l’invasion des îles anglo-normandes par les nazis qui les fortifièrent en les transformant en véritable bastion. Et les deux femmes deviennent un réseau de Résistance à elles toutes seules.
Plus tard, j’appris que les Allemands avaient un nom pour les gens comme nous, qui refusaient de reconnaître leur présence. Ils nous appelaient les “fantômes”. Comme il était curieux, me disais-je, qu’ils aient pensé à inverser ainsi les choses. Nous les traitions comme s’ils n’existaient pas et pourtant, d’une certaine façon, c’étaient nous qui étions devenus invisibles.
Elles agissent avec leurs talents : les mots et les dessins, rédigeant des tracts illustrés très impertinents dans un allemand parfait que possède Suzanne. Elle font croire que des séditieux sont infiltrés dans les troupes allemandes. Elles collent leurs tracts dans les endroits judicieux jusque dans les poches et les chaussures des officiers allemands. Elles vont même jusqu’à afficher une banderole dans le cimetière autour de l’église comparant la grandeur de Jésus à celle de Hitler. Provocations dans le plus pur surréalisme!
Dénoncées, elles sont incarcérées en 1944 et condamnées à mort. Un suicide raté leur sauvera la vie, leur épargnant la déportation.
Claude Cahun photographiée par Suzanne avec l’aigle nazi dans la bouche.
Des personnalités remarquables, une histoire passionnante.
A lire, même si vous ne vous embarquez pas pour Jersey!
Sercq ou Sark, à l’anglaise? Dans les îles anglo-normandes la toponymie garde les noms français ou normand.
Sous un soleil magnifique, le petit bateau quitte Saint Peter Port à 10h15. Nombreux îlots et rochers pointent hors de l’eau. Nous longeons Herm, ôme plate avec une grand plage de sable. Pendant la traversée, mes rêveries sont alimentées par la lecture de Cézembred’Hélène Gestern. Jamais je n’avais prêté attention à toutes ces îles, rochers près des côtes de la Manche.
Les goélands sont perchés le guano blanc dégouline des pointes. Une compagnie de cormorans se pose sur l’eau, je ne savais pas ces oiseaux sociaux. Passent en « rase-eau » de plus petits oiseaux trapus, au corps compact : peut être des macareux, puffins? Je ne distingue pas le gros bec coloré. Il parait qu’il y en a autour de Sercq. Je les ai ratés en Islande.
Sercq : le phare
Enfin Sercq se profile, précédée de rochers acérés. Le phare est construit à mi-pente de la falaise ; construction blanche étagée sur deux niveaux, soutenant une tourelle trapue portant la lampe. Après avoir longé la côte, le ferry accoste au port. Curieux port aux quais invisibles qu’on atteint par une série de marches en ciment. Autrefois il fallait grimper une échelle de corde. Par un tunnel creusé dans la roche on atteint une place où attendent les tracteurs : une remorque pour les paquets et les valises. On peut dormir sur l’île. Deux autres tracteurs tirent un wagon rudimentaire pour les visiteurs rebutés par la pente.
Sercq : transport en commun
Je suis venue randonner. Je snobbe les tracteurs sur la route goudronnée bien raide. Des flèches de bois signalent des sentiers « l’Avenue » et « La rue des Lâches ». Suivant l »Avenue » je m’engage dans les fougères et les digitales plus hautes que moi en sous-bois. La dénomination « Avenue » » pour cet étroit sentier m’amuse beaucoup. Je comprendrai plus tard que l’Avenue est la rue principale du village qui parcourt l’île ; route de terre poussiéreuse assez large pour les tracteurs et outils agricoles, bordée d’arbres et de haies vives qui m’empêchent de voir la mer. J’ai un plan mais je me repère mal, surtout je n’ai aucune idée des distances
Pas de voitures sur Sercq mais plus chic que le tracteur : la calèche
Je me dirige vers « La coupée » route spectaculaire qui relie le « petit Sark » à la grande île. Dans le petit Sark, j’aurais pu visiter un site préhistorique et une ancienne mine d’argent. Il aurait été avisé de louer un vélo si j’avais voulu parcourir toute l’île dans les 4 heures dont je dispose. Tant pis pour le tourisme! Je préfère marcher. Ces sites sont un peu éloignés et la « grande route » qui coupe le bocage est un peu loin du rivage. Autrefois, sans doute, la campagne bretonne ou normande devait ressembler à ce paysage : prés fauchés et haies vives. Un écriteau prévient de se garder du taureau.
La Coupée
A la sortie de La Coupée un sentier est indiqué « Vallée de Dixmart » ,il s’enfonce dans les fougères et court en balcon le long du rivage. Des prunelliers et du houx l’abritent du vent du large. Les lianes du chèvrefeuille colonisent les arbustes. En fleur, je ne me lasse pas de les photographier. Bientôt il y aura des mûres. Echappée sur la mer bien bleue.
chèvrefeuille
Le sentier bifurque vers des maisons: un hôtel luxueux et plus loin le Café Hugo’s à l’enseigne desTravailleurs de la mer.
Hugo’s
Un sentier descend en sous-bois vers la mer, enjambe un ruisselet. je marche au hasard. L’île est si petite que je ne risque pas de me perdre. je découvre une crique minuscule, déserte.
les plages de Sercq sont parfois desservies par des marches. il faut être motivée par la baignade mais je n’ai pris ni maillot ni serviette. je croise un sentier avec l’écriteau « Rue des Lâches ». j’avais croisé près du port cette Rue des Lâches, à la remontée je décide de le suivre pour retourner vers le port. Une maison est cachée dans la verdure, comment se ravitailler? Je descend d’un bon pas. Si bien que j’arrive au café du port avec une heure d’avance sur l’horaire du bateau. Je m’accorde une glace à la vanille à la crème de Guernesey.
Port creux
Un petit tunnel me mène au Port Creux. « Le plus petit port commercial ».Par vend de nord-Est des navires commerciaux peuvent s’y abriter. L’entrée est défendue par deux jetées. Une jolie barque de bois peint de bleu souligné de jaune m’offre un joli sujet de dessin. Je passe donc une dernière heure sur Sercq à dessiner la barque et les versants très escarpés.
je n’ai pas vu toute l’île mais je rentre ravie de ma journée!
Embarquement avec Brittany ferry à 7h15 à Saint Malo. Avec le Brexit, il faut maintenant un passeport mais pas de visa ni tampon pour les îles Anglo-Normandes. Arrivée 9h à Saint Peter Port . Le décalage horaire nous a offert une heure supplémentaire. la traversée dure 2 heures.
Quittant Saint Malo, je cherche les îlots et îles, j’identifie Cézembre. je suis en train de lire Cézembre de Hélène Gestern cette lecture nourrit ma rêverie.
Nous avons oublié l’adaptateur de prise électrique indispensable avec les prises britanniques. On en vend dans la boutique Duty Free du bateau. Quand nous brancherons les téléphones, il ne faudra pas oublier l’interrupteur dont sont équipées toutes les prises.
Saint Peter Port harbour
A l’arrivée, je me précipite à l’Office de Tourisme pour me procurer cartes et plans. Un petit guide Coastal Walks & Nature Trails in Guernsey (7.95£) sera bien utile. Au distributeur de billets, je prends 100£ qu’il faut dépenser sur place ; les billets de Guernesey n’ont pas cours ailleurs dans le Royaume Uni. Sur le port, je réserve ma place pour Sark. Complet pour mercredi, il reste une seule place mardi matin. Pas de surtourisme à Sark, le ferry est très petit, il faut s’y prendre à l’avance.
Fleur de Jardin – hôtel***
Pour rejoindre notre hôtel Fleur de Jardin, nous réglons le GPS, King s Mills. Il faudra bien se souvenir de rouler bien à gauche dans les petites routes étroites, respecter les priorités dans les carrefours « Filter » régis non pas par une priorité à gauche ou à droite mais par la courtoisie, on ralentit et on laisse passer celui qui attend. Dans les Ruettes,les voitures ne sont que tolérées à la vitesse de 15 mpH (22km/H) et ne dépassent pas les vélos.
la campagne électorale à vélo
Guernesey vote pour le gouvernement de l’île. De petites affichettes fleurissent dans les jardins. Nous suivons la campagne électorale qui pédale devant nous.
Plage de Cobo bay vue des Grandes Rocques
Belle journée à la plage de Cobo bay, une des plus belles plages de sable .Le parking près des Grandes Rocques est équipé d’un kiosque avec des toilettes impeccables, un robinet exprès pour remplir la gourde. Au kiosque toutes sortes de friands, pâtés, gâteaux dont un à la carotte qui paraît fameux et glaces. Il y a même un menu pour chiens avec des glaces pour chiens. Ce qui est un peu paradoxal puisque les chiens sont interdits sur le sable en saison estivale. Ils sont bien présents sur la plage, attention à l’amende pour les maîtres indélicats qui ne ramasseraient pas les crottes : 1000£ quand même!
Et comme à mon habitude, je suis le sentier côtier, vers le nord, dans les dunes jusqu’à Port Soif qui ne correspond pas à un bistro quelconque mais au breton Scorfen raison de la forme arrondie rappelant un étang.
Grandes Rocques
Le château des Grandes Rocques fut construit en 1898 par Lord Saumarez pour y installer une école mais le naufrage du Stella avec 96 victimes a découragé les parents anglais d’y envoyer leurs enfants. Il a été converti plus tard en hôtel. Le cap des Grandes Rocques a été fortifié au XIX ème s. puis par les Allemands. Dépassant Cobo Bay vers le Sud j’arrive à la plage de Vazon où Dominique se baignait avec ses cousins quand elle était petite.
Et pour terminer en beauté cette journée Fish & Chips sur la terrasse au soleil
Ce gros roman (650 p en Poche) m’a accompagnée pendant ces vacances en bord de Manche. Il a guidé mes rêveries en passant devant les rochers, les îlots et les îles, flux et reflux des marées…
Cézembre est une île en face de Saint Malo. Une île chauve, un caillou, une île martyrdont l’histoire est tragique. Fortifiée par les Allemands, elle a subi un pilonnage monstrueux de la part des Alliés. Elle exerce une fascination pour le héros du roman
« J’ai toujours aimé la beauté des ruines ; mais celles-ci, sous leur vêtement de graminées, de mousses et de lichens, ne s’étaient pas tout à fait départies de leur violence originelle. À Cézembre, la nature n’avait pas éteint le souvenir de la bataille sans merci qui s’y était livrée : elle en avait simplement apaisé l’horreur. »
Yann de Kérambrun, le narrateur, est historien. Il enseigne à la Sorbonne et rédige une thèse sur les pirates de la Méditerranée du temps de l’Empire Romain. En instance de divorce, il vient de perdre son père. Son fils part en Allemagne. Il demande un congé sans solde et s’installe dans la maison familiale Les Couërons sur le Sillon à Saint Malo. Il y trouve un véritable trésor : les archives de la Société de propulsion nautique malouine créée en 1905 par son aïeul Octave. Cette société les « vedettes bleues » assuraient les traversées entre les Îles anglo-normandes et Saint Malo. Octave avait pour associés un homme d’affaire de Jersey et un avocat Sainte Croix, très actif dans la politique locale.
Parmi les divers dossiers, il retrouve plusieurs dizaines de carnets des « livres de raison » comptes journaliers, mais pas que. L’historien qui sait déchiffrer de telles archives se lance dans une entreprise au long cours : reconstituer la saga familiale de cette famille d’armateurs malouins. A première vue, l’entreprise s’est transmise de père en fils et a prospéré, Octave a fait construire une belle maison de maître qui est restée dans la famille. Mais des secrets de famille le troublent. Entre temps, on retrouve un squelette à Cézembre, l’entreprise familiale est elle mêlée ? Yann se livre à une enquête minutieuse qui va mobiliser les cousins éloignés qu’il avait perdu de vue. je retrouve les mêmes ressorts qui m’avaient tenue en haleine dans 555, le manuscrit de Scarlatti.
Entrelacées avec l’histoire familiale, les tragédies qui se sont déroulées sur l’île : avant d’être occupée par l’armée allemande, Cézembre fut une colonie pénitentiaire. C’est aussi un site idéal pour la contrebande. Pouvait-on s’échapper de Cézembre à la nage?
Yann se lance le défi de faire la traversée à la nage.
Mais je rêve de plus en plus souvent à cette traversée, que je voudrais réussir en solitaire. Comme si atteindre l’île par mes seuls moyens pouvait me permettre de replonger dans ces époques lointaines dont nous parlait Étienne, lorsque la géométrie des terres et des sables était si différente que les îles Anglo-Normandes n’étaient qu’une péninsule. Je m’imagine, marcheur gagnant le couvent des Récollets, traversant une forêt de chênes baignée par le vent maritime. Ceux que la marée avait saisis, couchés, minéralisés, chassant au fil des siècles la sève et la fibre du bois pour y loger son sel, son fer, sa silice.
Le livre est aussi traversé par l’histoire de la joggeuse mystérieuse, la femme au K-Way turquoise, Rebecca, dont Yann va tomber amoureux. Pas la partie que j’ai préférée.
Et toujours la présence de la mer, de sa puissance, de naufrages comme d’entrainements à la nage. Saint Malo et ses légendes. J’ai adoré la légende de la forêt de Scissy, forêt enfouie sous le rivage depuis des millénaires, fossilisée
On a retrouvé des arbres fossilisés, enfouis dans le sol inondé, qui datent du néolithique. On appelle ça des couërons. — C’est de là que vient le nom de la maison ? — Sans aucun doute. On les reconnaît parce qu’ils sont couchés à l’horizontale, avec des racines qui forment un angle à quarante-cinq degrés avec le tronc. Ce qui veut dire que ces arbres ont commencé à pousser avant la submersion, […] À l’emplacement du Sillon, il n’y avait pas une forêt qui allait jusqu’à Cézembre ? Étienne a souri. — Ah, la fameuse forêt de Scissy ! Ou Querckelonde selon d’autres sources. Hugo l’appelait la « forêt druidique » … Elle aussi, elle fait partie de la légende.
Roman de la mer, saga des armateurs malouin, histoire du XXème siècle, de la guerre…Aussi relation père-fils. Les thèmes abordés sont nombreux et ce roman est décidément très riche.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Hélène Gestern à la manifestation littéraire, Créteil en poche. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de son livre. Mais comme je n’ai pas l’esprit d’à-propos, je ne lui ai pas demandé de photo. Quand je suis revenue, elle avait disparu!
L’île Lihou où Ebenezer et Jim, encore gamins, pris par la marée ont été forcés de passer la nuit
J’aurais aimé que la tempête empêche le ferry d’appareiller pour rester encore quelques jours à Guernesey. Le gros Livre d’Ebenezer Le Page (608 p.) m’a permis de flâner un long moment encore dans la campagne, de revoir avec enchantement les criques, les roches. Peut- être ne suis-je pas objective? L’auteur ne fournit que peu de descriptions précises du décor, et que je m’y suis promenée plus par mes proches souvenirs que par les évocations du livre. Je ne sais pas si un lecteur qui ne connait pas Guernesey aurait une impression aussi vive que la mienne. En revanche, c’est LE livre à emporter si vous préparez un voyage à Guernesey.
cottage
Ebenezer Le Page est né à Guernesey à la toute fin du XIXème siècle, dans une famille où l’on parle encore lepatois guernesiais, ancien patois normand, dont certaines expressions donnent une coloration exotique au texte (en VO en anglais, je ne sais pas, sûrement). Pêcheurs, maraîchers, ils pratiquent déjà la culture en serres, tomates, raisin, pommes de terre de pleine terre. Poules et cochons. Il y avait aussi des carriers
Dans ce temps-là, le Nord tout entier résonnait du bourdonnement des casse-pierres et du grondement provoqué par les roues métalliques des lourds chariots, sur les routes.
Ils y faisaient encore pousser du raisin, mais essayaient de cultiver des tomates sous les vignes. Je trouvais que les tomates étaient un drôle de fruit. Je n’en appréciais pas beaucoup le goût. Mais j’aimais bien le raisin, en revanche. Il s’est avéré que les tomates se vendaient mieux
Les familles guernesiaises ont des patronymes à consonnance françaises comme la toponymie mais Guernesey est sous la domination de la couronne anglaise depuis des siècles. Le père d’Ebenezer est mort pendant la Guerre des Boers (1899-1902) . Si Ebenezer n’a quitté son île qu’une seule fois pour aller à Jersey, son père avait voyagé dans le monde entier comme marin, et ses cousins sont partis en Australie, en Amérique. L’île est petite, mais le monde entier arrive à Saint Pierre-Port et les séismes que furent les Guerres mondiales n’ont pas épargné ses habitants.
Ebenezer raconte les changements qui ont affecté la vie tranquille de sa famille proche et de ses cousins lointains, parce qu’à Guernesey, tout le monde est plus ou moins apparenté. Ses chroniques de l’île sont pleines de saveur et d’humour.
« …des tas d’aristos avaient rappliqué le mois précédent et prononcé des discours sur l’Entente cordiale, et Saint-Pierre-Port était décoré en bleu, blanc et rouge. En réalité, on avait donné comme prétexte à leur venue l’inauguration de la statue de Victor Hugo. C’était un Français célèbre qui avait vécu dans une grande maison à Hauteville, mais c’était avant mon époque. Il écrivait des romans et des poèmes en français ; je n’en ai lu aucun. Dans le temps, je voyais ses livres en vente dans la vitrine de Boots en haut de Smith Street, mais il n’y en a plus maintenant. La statue avait été élevée à Candie Grounds et elle engendrait bien des commentaires. Jusqu’à la dernière minute, certains disaient que ça n’aurait pas dû être autorisé.
Victor Hugo jardin Candie
Personnellement, j’aime bien cette statue. Il se dresse en haut d’un rocher avec la queue de sa redingote qui volette au vent. Il paraît presque vivant. L’ennui, c’est qu’au sommet des Jardins, il y avait une statue de la reine Victoria, et tout ce qu’elle pouvait voir de Victor Hugo, c’était son derrière…
Le livre est composé de trois parties :
La première raconte l’enfance et la jeunesse du héros, ses amitiés très fortes, ses premiers émois amoureux. la guerre de 14 éclate, beaucoup se portent volontaires.
La seconde commence avec la démobilisation des soldats de la Grande Guerre, tous ceux qui ne sont pas revenus…Ayant perdu son grand ami Jim, il se rapproche de son cousin Raymond qui se destine au sacerdoce. Il est beaucoup question de religion : Ebenezer est anglican mais sa mère très pieuse est méthodiste. Curieusement les catholiques qui sont aussi nombreux sur Guernesey sont très peu présents. J’ai eu un peu de mal avec les nuances entre les différents courants méthodistes et anglicans et pas trop compris les prêches.
Les jeunes d’aujourd’hui n’ont aucune idée de l’importance qu’avait la religion sur l’île il y a soixante ou soixante-dix ans. Il n’y avait aucun endroit où aller, à part l’église.
Mariages se font et se défont, des enfants naissent. Puis vient le drame de l’occupation allemande qui a laissé des blockhaus, tours en béton, rationnements et sous-alimentation, marché noir, délation aussi….
La Troisième partie montre la modernisation de l’île, les voitures se répandent, les touristes arrivent . Nombreuses exploitations agricoles se convertissent en pensions de famille ou gîtes touristiques. Avec l’extension de l’urbanisme, le caractère agricole se dilue.
Je me suis attachée à Ebenezer . Dans cette petite île, l’auteur a su faire vivre tout un monde. J’ai refermé à regret le Livre et je l’ai offert autour de moi. J’espère qu’il plaira autant qu’à moi.
A sa sortie en 2008, ce best seller avait connu un véritable emballement, 1225 avis sur Babélio, souvent très élogieux. Je l’avais lu, avec plaisir, certes mais sans souscrire à l’enthousiasme général.
Gentil roman épistolaire, gentille romancière en panne d’inspiration qui noue une correspondance avec un fermier de Guernesey et découvre ce cercle littéraire un peu particulier formé par une soirée arrosée pour échapper au couvre-feu de l’occupant allemand après l’invasion des îles Anglo-Normandes. Des habitants de Guernesey, fermiers, postier, herboriste amateur, femme au foyer…se réunissent pour lire un livre. Ce ne sont pas des bibliophiles, loin de là, l’une d’eux n’avait lu qu’un livre de recettes de cuisine, un autre découvre Charles Lamb et s’enthousiasme de ces contes, un troisième lit un seul auteur : Sénèque.
Juliet, la romancière, va à la rencontre de ces lecteurs un peu particuliers , embarque pour Guernesey et découvre une société rurale différente des mondanités de Londres, une histoire insoupçonnée : l’occupation allemande de Jersey et Guernesey, l’exil en Angleterre des enfants, les privations que les Allemands font subir aux Guernesiais, les déportés venant de l’Est pour le travail forcé…Mais c’est la gentillesse et la simplicité de ses nouveaux amis qui l’atirent. Evidemment, elle va tomber amoureuse du pêcheur-éleveur de cochons, lecteur de Charles Lamb…Gentillet, fleur bleue.
Agréable lecture sans plus.
Tour d’observation en béton
La semaine précédent notre départ pour Guernesey, j’ai repris le livre et l’ai lu avec une attention soutenue. Préparer un voyage, une autre aventure. Sur place, j’ai été ravie de l’avoir lu. Des décennies plus tard, les traces de l’Occupation Nazie sont encore fraîches, le Mur de l’Atlantique avec ses blockhaus, ses tours d’observation en béton témoignent de cette histoire cultivée sur l’île avec de nombreux musées. Comme Juliet, j’ai été séduite par le calme de cette île, la simplicité de la vie, la gentillesse et la courtoisie des habitants. Atmosphère spéciale que ce petit monde clos qui réserve des surprises.
Coïncidence, la semaine dernière, sur les chaines Ciné+ est sorti le film : Le Cercle Littéraire de Guernesey pâle adaptation tournée ailleurs qu’à Guernesey. J’aurais aimé retrouver les endroits précis. Bonne soirée télévision, sans plus.
La tempête attendue sur la Manche est passée vendredi après-midi. Déjà le samedi le beau temps est revenu. Notre ferry pourra appareiller ce midi (13h55) . Après le magnifique breakfast nous quittons Fleur du Jardin et nous avons devant nous une belle matinée pour refaire le sentier côtier une dernière fois sous le soleil des Grandes Rocques à Pembroke. Malgré le vent, les nageurs sont nombreux dans la petite baie abritée de Port Soif.
Belles vagues sur le sentier du Vazon à Port la soif
Nous arrivons 90 minutes avant le départ du ferry et passons les formalités de sécurité (miroir sous le châssis, ouverture du capot du moteur) je maudis silencieusement le Brexit qui a rétabli les frontières. Je comptais poster une carte postale de l’autre côté de la route. On m’interdit fermement de ressortir de l’enclos du port. Le bateau est plus grand, plus beau que celui de l’aller. J’ai encore pris la précaution d’avaler un cachet de Mercalm avant d’embarquer. Nous choisissons un fauteuil à côté de la grande baie vitrée et j’ai regardé la mer, plutôt moins agitée qu’en venant à Guernesey.
Le retour à bord du ferry qui s’éloigne du Cha^teau Cornet
Saint Malo était baigné de soleil. Nous avons garé la voiture sur le parking à l’arrière de la Plage des sablons tout près de l’Hôtel Cunningham où nous avions passé une nuit l’an passé. J’ai repris le sentier côtier avec grand plaisir.
Arrivée à Saint Malo sous le soleil
Nous avions réservé au Brit Hôtel Transat choisi pour son parking et ascenseur bien pratiques pour une étape. Déception, l’hôtel se trouve dans une zone commerciale au-dessus des parkings et bien loin de la ville historique. Comme horizon, l’enseigne Carrefour…les vacances sont bien terminées !
Dimanche 2 octobre : Retour par Domfront et la RN 12
Le donjon de Domfront
Il pleut, il y a même du brouillard, normal le 2 octobre. Nous ne nous attardons pas à Saint Malo et nous pouvons donc choisir l’itinéraire plus lent par la nationale (une trentaine de km en moins de l’autoroute, économie d’essence et de péages). Nous avons aussi le loisir de faire une étape touristique à Domfront.
La ville historique est située sur une butte à l’écart de la route où est perché le donjon. Bien ruiné un pan de muraille donne une idée de ses dimensions impressionnantes. L’histoire de cette forteresse est très bien contée par des panneaux que je recopie studieusement.
Au début du XIème siècle, les Bellême construisent un château de bois. Sous Guillaume le Conquérant, Domfront est rattaché à la Normandie en 1049 et constitue sa principale défense contre le Maine, l’Anjou et la Bretagne.
Le donjon roman fut édifié par Henri 1er de Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant seigneur de Domfront depuis 1092 qui devint Roi d’Angleterre en 1100 puis duc de Normandie 1106. La forteresse restera possession personnelle du roi puis celle des Plantagenet jusqu’au 13ème siècle.
Philippe auguste devient Roi de France en 1160, le domaine royal est peu étendu. Certains seigneurs vassaux possèdent de très gros fiefs. Le roi d’Angleterre Jean Sans Terre fils d’Henri et d’Aliénor d’Aquitaine refuse de s’acquitter de ses devoirs de vassal, le roi de France décide de confisquer tous ses fiefs français dont le Duché de Normandie.
Domfront fortifications
Pendant la Guerre de Cent Ans la vocation défensive l’emporte sur la fonction résidentielle. Le système défensif a été modifié pendant la seconde occupation anglaise (1418-1450) afin de l’adapter à l’artillerie à poudre. Domfront reste la dernière place forte tenue par les Anglais jusqu’en 1450.
Pendant les Guerres de Religion au 16ème siècle le château est occupé tour à tour par les catholiques et les protestants. En 1610 un édit royal ordonne le démantèlement des fortifications. A partir du 17ème les habitants de la cité s’approprient les murs subsistants.
L’église en béton de Domfront
La ville historique comporte de pittoresques maisons à pans de bois autour de l’église Saint Julien en béton édifiée en 1924-1926 par Albert Guilbert, contemporain d’auguste Perret en remplacement de l’ancienne église endommagée par une tempête/ Elle est en béton armé sur un plan carré d’inspiration byzantine. J’aurais volontiers passé plus de temps à visiter l’église, mais aujourd’hui dimanche c’est la messe et je n’aime pas jouer les touristes pendant l’office.
Nous achetons le pique-nique de midi dans la rue commerçante qui court sous la ville haute, andouille de Vire et fromage crémeux du Mont Saint Michel.
Malgré des prévisions météo défavorables, le soleil brille au réveil – 13°C. Nous retrouvons le sentier côtier à l’extrémité est de la Plage du Vazon vers le Fort Hommet, longeant Cobo Bay jusqu’à la Batterie des Grandes Roques et plus loin Portinfer.
La batterie des Grandes Rocques est installée dans un chaos granitique de granite gris clair. Un petit faucon en vol stationnaire fond sur sa proie après avoir « posé » pour la photo. Il a plongé si vite que je n’ai pas vu sa victime. Le sentier sableux court près de l’eau. J’herborise avec PlåntNet. Les fleurs jaunes que j’ai observées hier sont bien du genre Diplotaxis, Diplotaxis tenuifolia, Roquette jaune, mélangées à de la luzerne aux fleurs violet foncé. Il y a aussi quelques pompons rose d’Armeria maritima. Les plaques blanches sont des Lobularia maritima elles ressemblent à des Corbeilles d’argent. Je passe d’une plage à l’autre, sable blanc et rochers gris.
Flore de la dune
Dans un cottage avec un jardin soigné, une écuelle est posée avec un jerrican, à côté, ce panneau :
EAU POUR CHIEN – REFILL THE BOWL
Ce mélange de Français et d’anglais me fait sourire.
Nous avons rendez-vous à 11 heures avec Jackie pour une baignade sur laplage de Cobo. Me baigner le 30 septembre dans la Manche ! Un défi que je ne suis pas sûre de relever. Marée basse, sable fin eau transparente, 17°C tandis que l’air est à 15°C, donc plus chaude que l’air. Pourtant j’ai senti l’eau me glacer et une curieuse impression de brûlure sur la peau. Il faut nager énergiquement pour me réchauffer. La tempête a arraché des paquets d’algues, ficus et laminaires qu’on contourne mais en ce moment l’eau est très calme et on peut nager comme à la piscine. Malgré tout le bain ne se prolonge pas très longtemps. Jackie a cousu des serviettes éponges pour faire des cabines froncées . Dedans, on ne sent ni le vent ni le froid. Nous bavardons tranquillement avec une dame que Jackie connaît. Elles se baignent jusqu’à la fin Octobre, après l’eau est trop froide mais le « bain de Noël » de Guernesey attire des milliers de baigneurs.
Sentier côtier surla dune deu Vazon à Port la Soif
Je continue le sentier côtier à pied jusqu’à la Tour Rousse puis nous reprenons la route côtière dans la paroisse de Vale qui occupe la pointe Nord-Est de Guernesey. De nombreuses tours gardent le littoral, construites sur le même modèle que la Tour Rousse ou que celle de Petit Bôt : rondes, trois niveaux avec des ouvertures verticales trop larges pour qu’on les appelle des meurtrières.
Un petit kiosque bleu a ouvert ses volets à l’arrière de la Plage de Pembroke. Il est tenu par un Monsieur âgé très jovial qui vend des hot-dogs et des sausage-rolls ainsi que des gâteaux- maison et des glaces de Guernesey. Le sausage-roll est un friand garni de chair à saucisse. Chaud mais bien gras. Une affiche annonce une baignade nue dimanche prochain à 5 pm pour une association de charité. Nous déjeunons au pied de la Tour Pembroke. Je continue le sentier qui passe par la Tour 4. Le ciel est couvert, menaçant ; la tempête est attendue à 14 heures. Le vent souffle mais il ne pleut pas encore. Je découvre la très belle Plage de Pembroke à l’abri d’une digue en ciment très haute. Le sable est très blanc, très fin ; l’eau est d’un bleu opaline, turquoise laiteux qu ’on imaginerait volontiers dans un lagon d’une île tropicale plutôt qu’en Manche. Je me déchausse et foule avec grand plaisir la palge qui prend nom de Plage de l’Ancresse. Au bout il y a encore une tour.
Le vent forcit, la pluie tombe avec un quart d’heure de retard sur les prévisions. Sous la pluie nous retournons à Saint Pierre-Port pour la visite du Château Cornet qui occupe un îlot à l’entrée du port. Des remparts, des constructions, casernes, bastions, poudrières, logement du Gouverneur occupent le rocher qui a été relié à la terre ferme par un petit pont. En plus des bâtiments militaire plusieurs jardins agrémentent le château : jardin de plantes médicinales, jardin à la française avec des buis en topiaire très originaux. Sous le soleil la promenade aurait été charmante, les vieilles pierres, les échappées sur la mer, les vues de la ville…mais sous une pluie battante, j’avance à pas pressés pour éviter d’être trempée.
les canons du château Cornet
Le Musée Historique raconte l’histoire du château Cornet et la vie de la garnison au XVIII et reconstituée avec costumes et accessoires. J’espérais en apprendre davantage sur l’histoire de l’île mais c’est l’histoire de la Citadelle qui est l’objet de la visite. La citadelle est sous l’autorité de la Couronne d’Angleterre qui nomme le gouverneur et envoie des soldats venus d’Angleterre coupés de la population de Guernesey et qui ne parle même pas le même langage. Comme je connais mal l’histoire d’Angleterre j’ai du mal à suivre toutes les anecdotes et les péripéties. Les soldats de la couronne sont donc coupés de la population et se sont même opposés pendant la Guerre Civile anglaise (1642- 1651) quand la Citadelle et son gouverneur sont restés fidèles au Roi et Guernesey et ses habitants soutenaient le Parlement. Une effroyable explosion(1672) a soufflé le logement du Gouverneur quand la foudre est tombée sur une poudrière. Les armes exposées ne m’intéressent pas tellement, je passe rapidement également sur toutes les reconstitutions de la Première et de la Seconde Guerre mondiale du Musée de la milice qui raconte l’histoire d’un régiment pendant la Grande Guerre.
château cornet avant l’explosion
Nous passons une très agréable soirée en compagnie de Jackie et Roger venus dîner avec nous au restaurant de Fleur du Jardin. , fish and chips, et risotto aux champignons. Les salles sont pleines. Peu de touristes mais plutôt des gens de Guernesey venus se rencontrer pour boire une bière ou pour dîner. Roger et Jackie connaissent la moitié de la salle. Nous avons partagé avec grand plaisir cette sociabilité de pub britannique. Il a juste manqué les fléchettes que Dominique attendait. Nos amis nous montrent ce que nous n’aurions pas soupçonné : les anciennes cagettes de tomates utilisées comme élément de décor. Dominique retrouve ses souvenirs des serres.